La Table des Nations (d'après Genèse 10)La Table des Nations (d’après Genèse 10)

« Fils de l’homme, tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, vers le prince de Rosch, de Méschec et de Tubal, et prophétise contre lui » (Ézéchiel 38:2). « Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre, leur nombre est comme le sable de la mer » (Apocalypse 20:8).

 

Gog et Magog, des mots que l’on associe généralement à la guerre finale, au conflit ultime des nations dans une bataille apocalyptique qui devrait s’achever par un grand carnage. Gog et Magog, monstres noirs dont la simple évocation s’illustre d’images de guerres et de fin des temps. Gog et Magog ? Mais qu’est-ce donc exactement ? Quels sont donc ces sinistres personnages ? Qui sont-ils et d’où viennent-ils ? C’est à ces questions que nous allons essayer de répondre en voyant tout d’abord ce que la Bible en dit, et ensuite ce que nous apprennent les commentateurs qui ont abordé ce sujet au fil des siècles passés. Mais avant d’aborder le personnage de Gog lui-même, il nous faut tout d’abord identifier ce « pays de Magog » afin de bien comprendre ce qui va suivre.

Le pays de Magog

« Voici la postérité de Noé, Sem, Cham et Japhet. Il leur naquit des fils après le Déluge. Les fils de Japhet furent Gomer, Magog, Madaï, Yavan, Tubal, Meschec, et Tiras »  (Gen. 10:1, 2). 

Le livre de la Genèse nous apprend que Magog était le fils de Japhet, fils de Noé. Magog était donc le petit-fils de Noé. La postérité de Japhet (dont le nom signifie « qui s’étend ») couvrit ce que l’on appelle aujourd’hui le Monde Occidental et une partie de l’Asie. Sept frères vont se partager d’immenses étendues de terre, de plaines et de montagnes. Leurs descendants iront jusqu’au-delà des mers pour s’y établir. Ils ne cesseront de reculer les frontières du monde connu.

Selon l’historien romain Flavius Josèphe, qui vécut au premier siècle de notre ère, les Gaulois étaient nommés « Gomoriens » parce qu’ils auraient été issus de Gomar (probablement le « Gomer » de la Bible). Il ajoute que « Magog fonda les Magoguiens, appelés « Scythes » par les Grecs. Pline, auteur latin de l’époque de l’ère chrétienne, écrit quant à lui que « Hiéropolis (en Turquie actuelle), prise par les Scythes, fut plus tard appelée Magog« . Madaï engendra le peuple Médo-Perse. La postérité de Yavan peupla la Grèce et ses îles. Quand à Tiras, il serait l’ancêtre des Thraces dont le territoire s’étendit sur la Bulgarie, la Turquie, et une partie de la Grèce actuelles. Certains commentateurs ont attribué la paternité des villes de Tobolsk et Minsk, en Russie, à Tubal et Meschec.  Hérodote, historien grec du cinquième Siècle avant notre ère, cite Meschec et Tubal qu’il identifie à un peuple appelé les Samaritains et les Muschovites. S’agirait-il des « Moscovites », habitants de l’actuelle Moscou ? Toujours selon Flavius Josèphe, les peuples connus de son temps sous les noms de Muschévi et Thobélites  sont issus respectivement de Meschec et Tubal. Selon lui, ces peuplades habitaient dans le Nord, au-delà du Caucase. Les auteurs byzantins et arabes mentionnent souvent un peuple du nom de Ros ou Rus qui habitait dans les régions du Taurus, dans le voisinage de la Volga. Nous possédons là les premières traces historiques de la nation russe.

En 1710, l’évêque anglican Lowth, Professeur à Oxford, traducteur de la Bible et enseignant de poésie biblique, écrivait : « Rosh désigne dans Ézéchiel, les habitants de la Scythie (pays des Scythes) dont les russes modernes tirent leur nom ». Wilhem Genesius, orientaliste allemand du dix-neuvième Siècle, écrit : « Meschec fut le fondateur du peuple Moschi (mot grec dérivé de l’hébreu Meschec). Moschi serait la racine du nom de Moscou ». Genesius conclut que ces peuples sont probablement à l’origine de la population russe actuelle. Les avis convergent donc vers la Russie comme étant la patrie de Gog et Magog. Pour Despagne, Rosh, Méschec et Tubal pourraient être la Russie, sa capitale européenne, Moscou, et sa capitale asiatique, Tobolsk. Il voit, en Gog, « l’ennemi du Nord » de Joël 2:20, associé au thème eschatologique du « Jour de l’Éternel ».

Si le chapitre dix de la Genèse est appelé « la table des nations », il est intéressant de noter que le mot hébreu « toldot », que l’on traduit par « postérité » ou « descendance », peut également se traduire par « histoire ». Il y a, dans le mot « toldot », à la fois la notion de ce qui est passé, mais aussi de ce qui va s’accomplir dans le Futur. En effet, si Genèse 10:1 annonce le Futur et les générations à venir, le chapitre 5 de la Genèse raconte le Passé et les générations qui sont venues et qui ont été, d’Adam à Japhet. Magog inscrit son histoire dans cette continuité. De nombreux commentateurs, au travers du temps, ont donc identifié Magog comme un peuple occupant les territoires qui forment aujourd’hui la Russie. C’est un avis général. « La prochaine guerre ne sera pas contre les Arabes mais contre les Russes », avait dit Moshè Dayan en 1968. En effet, lorsque l’Egypte a attaqué Israël, c’était avec des armes fournies par l’URSS. Quant aux conseillers de l’armée égyptienne, ils venaient tout droit du Kremlin. L’Histoire se répète et les pièces se déplacent sur l’échiquier du monde.

Voyons maintenant le personnage de Gog. Qui est-il ?

Qui est Gog ?

Le mot « gog » pourrait venir du sumérien « Gug », qui signifie « ténèbres ». 

« Fils de l’homme, tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, vers le prince de Rosch, de Méschec et de Tubal ». Nous avons vu que « Meschec » et « Tubal » étaient les fils de Japhet, les petits-fils de Noé. Ceux-ci, parmi leurs frères, peuplèrent ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la Russie actuelle, appelée dans la Bible « le pays du Nord ». Mais comment comprendre l’expression « vers le prince de Rosh » ? Il est prince, il occupe donc une haute fonction dans le pays de Magog. En hébreu, le mot « rosch » signifie « la tête » ou « le chef ». On peut donc considérer le prince dont il est fait mention ici comme étant de famille royale et régnant sur les populations issues de Méschec et Tubal. A moins que « Rosch » ne soit lui-même à l’origine d’un peuple qui porte son nom. Toujours est-il que Gog est à la tête de cette coalition. Il est « Le prince qui gouverne sur les armées de Méschec et Tubal ». L’équivalent actuel du Général en chef de l’Armée Rouge. Voyons maintenant ce que nous dit l’apôtre Jean concernant ce personnage. « Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre, leur nombre est comme le sable de la mer » (Apoc. 20:8).

« Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre ». Ce qui sous-entend qu’avant que les armées de Gog ne déferlent sur le pays d’Israël, comme l’annonce le prophète Ézéchiel, il aura préalablement opéré une action de coalition de plusieurs nations. « Il sortira pour séduire… » ses futurs alliés. On peut donc imaginer ce chef se déplaçant en voyage officiel dans différentes nations avec voiture blindée et gardes du corps. S’il a l’intention de  les « séduire », c’est qu’il n’est pas en mesure de les y forcer. C’est une information. Bien qu’il dispose d’un certain pouvoir et d’une autorité certaine, il ne peut obliger ces nations à le suivre dans son projet. Il lui faudra donc argumenter afin de les convaincre du bien-fondé de son action et de leurs intérêts à s’y joindre.

« Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre« . Il ne cherchera pas forcément à convaincre toutes les nations, mais celles qui sont susceptibles de trouver dans cette action conjointe un intérêt personnel. Ces nations sont disséminées « aux quatre coins de la terre ». Encore de nos jours, et plus que jamais, les nations se sont alliées entre elles selon divers accords : économiques, politiques, commerciaux, militaires, en vue d’une protection conjointe en cas de conflit avec un autre pays qui ne serait pas membre de l’alliance. Méschec et Tubal ne seront pas seuls. Ézéchiel cite leurs alliés.

« Afin de les rassembler pour la guerre, leur nombre est comme le sable de la mer ». Quels que soient les arguments qu’a utilisé le Prince de Rosch pour convaincre ses alliés, il a réussi. Il dispose maintenant d’une armée imposante afin de réaliser son projet d’invasion. « Leur nombre est comme le sable de la mer ». 

Des noms du Passé

« Fils de l’homme, tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, vers le prince de Rosch, de Méschec et de Tubal, et prophétise contre lui » (Ézéchiel 38:2). Une question se pose. Pourquoi Ézéchiel fait-il mention des fils de Japhet : Magog, Meschec, Tubal… plutôt que de citer nommément les peuples qui lui sont contemporains ? Bien au contraire, il se réfère à leurs origines, à leurs « pères fondateurs », pourquoi ? Ézéchiel sait qu’il prophétise pour un temps éloigné, mais il se réfère cependant au livre de la Genèse et à la première génération née après le Déluge. Reprenons le texte : « Voici la postérité de Noé, Sem, Cham et Japhet. Il leur naquit des fils après le Déluge. Les fils de Japhet furent Gomer, Magog, Madaï, Yavan, Tubal, Meschec, et Tiras » (Gen. 10:1, 2). Comme si Ézéchiel, au travers de cet anachronisme, voulait nous dire quelque chose, comme s’il désirait attirer notre attention, nous transmettre une information. Mais laquelle ? Et pourquoi ? Avait-il découvert quelque chose qu’il a laissé comme en filigrane dans le texte ?

D’autres auteurs bibliques utilisèrent ce principe dans leurs écrits. L’un d’eux est l’apôtre Jean. Celui-ci écrivit dans son livre : « C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête car c’est un nombre d’homme… » (Apoc. 13:18). Osée, un autre prophète, dira quelque chose de similaire : « Que celui qui est sage prenne garde à ces choses. Que celui qui est intelligent les comprenne ! » (Osée 14:9). Le Seigneur Jésus, lui-même a utilisé ce principe en disant : « Que celui qui peut comprendre comprenne » (Matth. 19:12). A chaque fois, il y a, derrière le texte, un sens caché. Mais alors, quel message Ézéchiel nous aurait-il laissé derrière ce texte ? S’il fait référence à la première génération post-diluvienne, c’est que c’est à cette époque qu’il faut chercher la clef. Il y a là, quelque part, un « trésor caché dans le sable ».

Or, que s’est-il passé à cette époque ? Les hommes ont commencé à se répandre sur la Terre. Ils se multiplièrent, formèrent des peuples, puis des nations qui devaient, plus tard, devenir des empires, c’est pourquoi Ézéchiel nous parle d’un « prince de Rosh, de Meschec et de Tubal ». Se pourrait-il alors que ce conflit, auquel se préparent les alliés de Gog et Magog, trouve en réalité son origine à l’époque de l’après-Déluge ? Si Ézéchiel mentionne les noms de ceux qui furent à l’origine de l’humanité post-diluvienne comme alliés auxiliaires de Gog, c’est peut-être aussi parce que ceux-ci incarnent ces peuples nombreux qui, au travers des siècles, vont recouvrir la terre de leur descendance. Ceux-là même qui, en leur temps, se joindront à Gog, tout comme l’auraient peut-être fait leurs ancêtres, comme le dit le prophète Esaïe : « Les descendants de ceux qui t’humiliaient viendront s’humilier devant toi » (Esaïe 60:14). En réalité, cette parole s’est déjà en partie accomplie. La génération des enfants de nazis a vécu une grande repentance en apprenant ce qu’avaient commis leurs pères. De jeunes Allemands se sont ainsi rendus en Israël afin d’apporter leur aide au peuple, après avoir visité le Yad Vashem, le Mémorial du génocide juif par les nazis, à Jérusalem. Et le verset 14 se termine ainsi : « Ils t’appelleront ville de l’Éternel, Sion du Saint d’Israël ».

Yad Vashem

Un conflit fraternel

Gog et Magog projettent d’envahir le pays d’Israël. Or, à l’époque de Noé, il n’y a ni peuple Juif, ni Etat d’Israël. Comment les fils de Japhet auraient-ils pu envisager ou même présager une telle éventualité ? Pour tenter de répondre à cette question, il nous faut nous référer au nom de celui qui fut le père de cette future coalition : Japhet. Japhet, dont le nom signifie « qu’il étende ». Japhet est, par nature, un expansionniste. La propension de Japhet à toujours vouloir « étendre ses limites » peut, peut-être, expliquer en partie son projet d’invasion. Le peuple Hébreu était un peuple sémite, de la descendance de Sem, frère de Japhet. Un conflit territorial aurait-il germé à l’époque des fils de Noé ? Ce n’est qu’une supposition. Mais cet hypothétique conflit larvé aurait pu très bien subsister durant des siècles, créant guerres et querelles, jusqu’à trouver son dénouement dans la plaine de Jizreel, en confrontant les descendants de Japhet avec ceux de Sem dans cette bataille ultime qui devra se dérouler à Armageddon. « Des frères sont plus intraitables qu’une ville forte, et leurs querelles sont comme les verrous d’un palais », dit le Livre des Proverbes (Prov. 18:19). Un élément pourrait confirmer l’hypothèse d’un conflit fraternel.

« Ce sont là les fils de Noah et c’est leur postérité qui peupla (hébr. « naphats ») toute la terre » (Gen. 9:19). « Naphats » peut avoir plusieurs significations. Il peut signifier « disperser », mais aussi « briser, rompre, mettre en morceaux, pulvériser ». Divers textes bibliques utilisent le mot « naphats » pour parler d’un vase brisé en morceaux avec l’idée d’un acte violent. Ce mot a donc une connotation très forte (d’autant que le vase est également symbolique puisqu’il représente aussi le corps humain). L’usage de ce mot pour parler de la dispersion des peuples peut laisser supposer que l’extension géographique des populations post-diluviennes ne se serait peut-être pas déroulée de façon fluide et progressive. Au contraire, l’utilisation du mot « naphats » pourrait laisser supposer qu’après que les hommes aient commencé à se multiplier, des désaccords survinrent entre différents groupes ou familles et qu’il y ait eu divisions, séparations, ruptures, voire peut-être même des guerres tribales. La semence de ce qui allait devenir plus tard un conflit fratricide, et  qui ne cesserait de se développer à travers les siècles jusqu’à nos jours, était déjà présente à l’aube de l’humanité post-diluvienne (extrait de l’article « Noé et la nouvelle génération » sur le blog-source).

Ces « querelles » auraient-elles subsisté jusqu’au temps d’Ézéchiel ? A-t-il entrevu, de loin, l’issue de ce conflit fratricide dans la plaine de Mégiddo ?  

Quand cela arrivera-t-il ? 

Pour répondre à cette question, il nous faut nous arrêter sur deux expressions à consonance eschatologique utilisées par Ézéchiel. « Dans la suite des années » (be aharit ha shaamîm – 38:8), et « dans la suite des jours » (be aharit ayiamîm – 38:16). Deux locutions qui ressemblent beaucoup à une autre, plus usitée : « dans la suite des temps ». Mais Ézéchiel utilise ici des formulations qui lui sont propres et qui ne se retrouvent pas ailleurs, ni après ni avant lui. Une fois encore, il attire notre attention sur quelque chose qui concerne le déroulement des événements qu’il évoque. Ézéchiel semble dater l’origine du conflit fraternel à une époque reculée, n’hésitant pas à rappeler au souvenir le nom des fils et des petits-fils de Noé. Bien qu’il se réfère à une période extrêmement reculée pour dater l’origine du conflit, il n’hésite pas à en profiler l’issue « dans la suite des années ». Il se peut que le dénouement final lui semble relativement proche, au regard du temps qui s’est écoulé depuis.

Si l’utilisation d’une locution unique révèle un événement à caractère unique, les Sages d’Israël évoquent cependant la « Guerre de Gog » comme une événement qui s’est déjà produit à plusieurs reprises dans l’Histoire, mais avec une moindre portée que celle qui aura lieu lors de son accomplissement final. Comme les grondements sourds d’un volcan annoncent une éruption soudaine, les événements prophétiques majeurs sont toujours précédés de signes annonciateurs. Ainsi, les contractions de plus en plus rapprochées de la femme en travail annoncent que le moment de la délivrance approche.

Où faut-il situer cet événement dans la chronologie biblique ?

Une autre indication nous est donnée pour situer cet événement dans le temps. L’emplacement des chapitres 38 et 39 dans le livre d’Ézéchiel. Ceux-ci viennent tout de suite après le chapitre 37, qui décrit la restauration de l’Etat d’Israël en tant que peuple et nation. Mais les chapitres 38 et 39 s’inscrivent, dans leur déroulement historique, entre les versets 13 et 14 et entre les versets 22 et 23 du chapitre 37. Pourquoi ? Parce que la première partie de ce chapitre 37 décrit effectivement un peuple à nouveau rassemblé, mais dans lequel l’Esprit de Dieu n’est pas encore (« Je mettrai mon Esprit en vous »,  vs. 14). La deuxième partie du chapitre 37 commence avec le verset 15. Cette deuxième partie est elle-même divisée en deux. Le verset 22 commence par ces mots : « Je ferai d’eux une seule nation ». Cela s’est réalisé. Le verset 23 se termine par ces mots : « Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu ». Cela doit encore s’accomplir parce que la majorité de la population israélienne est aujourd’hui soit athée, soit éloignée de Dieu. Le peuple d’Israël  reconnaîtra son Messie lorsque celui-ci viendra à la tête de ses armées célestes, pour mettre fin à la guerre de Gog et Magog. Le Retour du Seigneur introduira une ère de Paix et de Justice décrite dans les chapitre 40 à 48 du livre d’Ézéchiel.

L’accomplissement de la première partie de la prophétie d’Ézéchiel 37 (la restauration de l’Etat d’Israël en 1948, reconnue par les Nations Unies) laisse supposer que la seconde partie devrait bientôt s’accomplir également. L’Etat d’Israël a aujourd’hui soixante-dix ans. Soixante-dix ans, c’est le temps qu’a duré l’exil à Babylone. Après soixante-dix ans, il y eut un édit de Cyrus qui permit le retour des Juifs de tout l’empire Perse en terre d’Israël. Il y a aujourd’hui, soixante-dix ans après la fondation de l’Etat d’Israël, un retour massif des Juifs dans la patrie de leurs ancêtres. Soixante-dix années représentent un cycle prophétique important dans l’histoire du peuple d’Israël. Ce détail n’a pas échappé à ses adversaires comme à ses ennemis les plus farouches. C’est pourquoi la virulence de leurs attaques n’est que plus déterminée. Détail intéressant : la valeur numérique (Guématria) des mots « gog vè magog » (Gog et Magog) vaut soixante-dix ! Soixante-dix étant le nombre de nations répertoriées dans la table des Nations de Genèse 10. Il y a aujourd’hui plus de soixante-dix pays, mais tous sont issus de ces soixante-dix (Ps. 87:4, 5).

Un rendez-vous à ne pas manquer !

Mais l’Agenda Prophétique ne peut manquer un rendez-vous. Le Seigneur Jésus a donné des indications à ses disciples quant au temps où ces choses devront se produire. Voici ce qu’il dit :

« Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez que sa désolation est proche… Car ce seront des jours de vengeance pour l’accomplissement de tout ce qui est écrit car il y aura une grande détresse dans le pays, et de la colère contre ce peuple et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis… alors on verra le Fils de l’Homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire. Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes parce que votre délivrance approche » (Luc 21:20 à 28). 

Gog pensera agir de sa propre initiative, mais il obéira, en réalité, à une convocation divine adressée aux nations. Gog montera contre un pays en paix, celui qu’Ézéchiel et Daniel appellent « le plus beau des pays » (Ez. 20:6, 15 – Dan. 8:9, 11:16, 41). Celui que Dieu appelle « son pays ». « Dans la suite des jours, je te ferai marcher contre mon pays » (Ez. 38:16). 

Dieu ramènera le peuple Juif dispersé parmi les nations dans ce pays et répandra sur eux son Esprit (Ez. 39:28, 29). Ce peuple qui a échappé au génocide de la Shoah (improprement appelé « Holocauste »), durant la dernière Guerre Mondiale, sera à nouveau menacé par les armées de Gog, animées du même esprit génocidaire. « Tu t’avanceras comme une tempête (shoah) » (Ez. 38:9)… « sur un peuple recueilli des nations » (38:12). De ces mêmes nations de qui furent extirpées, avec une violence et une cruauté inouïes, six millions de personnes pour être sauvagement assassinées.

Gog partira « des extrémités du Septentrion » (de la Russie : 38:15). « Tu t’avanceras contre mon peuple d’Israël, comme une nuée qui va couvrir le pays, dans la suite des jours, je te ferai marcher contre mon pays » (38:16). 

L’expression « dans la suite des jours », propre à Ézéchiel, a une connotation eschatologique. On comprend qu’il s’agit des « temps de la fin ». Mais en même temps, cette expression situe cette action peu de temps après ce qui est relaté précédemment dans le texte. Cette expression « dans la suite des jours » a donc un double sens. Elle indique deux temps différents. Elle annonce à la fois l’époque à laquelle ces choses vont arriver, et en même temps, elle les situe juste après les événement évoqués précédemment. L’objectif de Gog est « le pays d’Israël ». Du point de vue de Gog, c’est Israël son objectif. Du point de vue de Dieu, c’est son peuple qui est attaqué.

Il y a aujourd’hui, en Israël, plus d’un million de personnes venues de l’ex-URSS et ayant fait leur aliyah en eretz Israël. Un million de personnes d’origine et de culture russophones vivent aujourd’hui en Israël (compte-tenu des mariages mixtes et des enfants n’étant pas reconnus comme Juifs) alors que la population israélienne est actuellement de huit millions et demi. Lorsque Gog montera contre Israël, il sera confronté à de jeunes soldats de Tsahal parlant sa langue. Étrange paradoxe. Néanmoins, lorsque Dieu parle des différentes populations qui forment la nation israélienne, Il l’appelle « mon peuple d’Israël ». On pourrait rétorquer à cela qu’à l’époque d’Ézéchiel, Israël constitue une ethnie bien définie alors qu’aujourd’hui, la population israélienne est constituée de Juifs de différentes nations. C’est exact ! Mais Ézéchiel parle pour notre époque. La prophétie concerne notre temps. « Tu t’avanceras contre mon peuple d’Israël… je te ferai marcher contre mon pays« .

Il est important de souligner ici un fait indéniable. Cette terre d’Israël est la propriété de Dieu. Aucun homme, aucune nation ne peut prétendre que cette terre lui appartient car elle appartient à Dieu seul et Il la donne à qui il veut. Contester le plein droit au peuple israélien de vivre sur cette terre, c’est également contester le fait qu’elle soit propriété de Dieu seul. Qui voudra prendre ce risque ? Gog ! La nation qui montera à la suite de Gog contestera cette légitimité de Dieu sur sa propriété. Quelle est la nation qui aura une telle prétention ?

« Je te ferai marcher contre mon pays » dit Dieu. Gog pense avoir l’initiative de cette invasion, mais celle-ci a été voulue de Dieu pour la destruction des ennemis de son peuple. « Là sont Méschec et Tubal et toute leur multitude, et leurs sépulcres sont autour d’eux… ils sont descendus au séjour des morts avec leurs armes de guerre, ils ont mis leurs épées sous leurs têtes et leurs iniquités ont été sur leurs ossements » (Ez. 32:26, 27). Cette guerre fera un très grand nombre de morts dans les rangs des armées de Gog. La mise en sépulture prendra plusieurs mois. Il est possible que des charniers soient ouverts en vue de recevoir les corps des soldats morts, en attendant qu’il puisse leur être attribué une sépulture individuelle.

Gog revient sur la scène

A la fin de l’ère messianique, au bout des mille ans, Gog et Magog réapparaîtront sur la scène de l’Histoire pour une ultime révolte des nations contre « la ville bien-aimée », Jérusalem (Apoc. 20:7 à 9). Cela se fera à l’instigation du Satan qui aura été libéré de son abîme « pour peu de temps ». Ce sera la dernière révolte des nations « qui sont aux quatre coins de la Terre », vaine tentative pour détruire la cité des saints. Ultime révolte de l’homme contre son Dieu.

JiDé