Ce reportage m’est apparu être à la hauteur de son abominable réputation.
Le personnage central est un brave garçon qui est censé être allé se promener et manifester paisiblement vers la frontière israélienne et avoir reçu sans raison une balle qui lui a fait perdre sa jambe et a brisé son espoir de devenir cycliste. Il ne faisait pas de politique, bien sûr. Un autre garçon est montré longuement. Il a perdu sa jambe lui aussi. Il est plus jeune. Il était allé lui aussi vers la frontière, pour s’amuser dit-il, et il est censé avoir tout juste jeté quelques pierres et s’être trouvé puni de ses actes innocents de manière atroce. Des lanceurs de cerfs volants incendiaires sont montrés brièvement. Des groupes de jeunes gens disent qu’ils veulent tuer des Juifs et rentrer chez eux, dans leurs villages détruits par Israël. Un membre du Hamas est montré venant soutenir des manifestations « spontanées et issues du peuple ». Un porte-parole de l’armée israélienne explique brièvement comment l’armée israélienne s’y prend pour blesser aussi peu de gens que possible. Mais pour que le spectateur n’ait aucun doute sur le fait qu’il est membre d’une armée criminelle, un membre dirigeant de l’organisation d’extrême gauche Breaking the Silence vient aussitôt apporter le contrepoint et expliquer que les soldats israéliens ont l’ordre de tirer sur des civils désarmés.
Le reportage ne montre, bien sûr, aucun terroriste armé caché derrière des enfants et des adolescents utilisés comme boucliers humains. Son auteur ne montre pas non plus les dégâts immenses causés par les cerfs volants incendiaires. Il ne dit pas un seul mot sur les incitations à la haine génocidaire anti-juive diffusée sans cesse par le Hamas, sur la brutalité extrême du règne du Hamas à Gaza. Il ne semble pas gêné lorsqu’il entend des appels à tuer des Juifs, et se contente de les retransmettre. Il ne semble pas gêné non plus lorsqu’il entend des garçons qui n’ont pas vingt ans dire qu’ils veulent « rentrer chez eux » alors qu’ils sont nés à Gaza et n’ont jamais posé un orteil sur le territoire d’Israël.
Il va jusqu’à relater pieusement que ceux qui sont morts en faisant des attentats anti-juifs sont honorés en tant que martyrs (shahid), et ne semble pas savoir quoi que ce soit sur la notion de martyr dans l’islam et sur le rapport de celle-ci au djihad, qui implique de tuer des infidèles parce qu’ils sont infidèles. Il prend pour argent comptant tout ce que lui dit le dirigeant de Breaking the Silence, sans expliquer ce qu’est Breaking the Silence (et il n’explique pas non plus ce qu’est le Hamas).
Le reportage est un reportage de propagande anti-israélienne et ne peut qu’inciter à la haine.
Impossible pour un spectateur non averti de ne pas en déduire que les Arabes de Gaza sont sympathiques, non violents, opprimés injustement par les odieux Israéliens qui ont volé leurs terres et tirent sur de pauvres manifestants pour les mutiler par une vicieuse et arbitraire cruauté. Et impossible dès lors de ne pas détester les Israéliens.
Que ce soit un reportage de propagande anti-israélienne est effroyablement logique. Tout journaliste qui passe la frontière d’Israël vers Gaza, passe d’une démocratie pluraliste à un territoire tenu par un régime totalitaire, islamique, terroriste, agresseur et antisémite, et sait qu’il devra se plier aux exigences du régime susdit.
Que le reportage soit un reportage de propagande jusqu’à la dernière seconde et ne contienne pas un milligramme de réserve sur le régime susdit et pas le moindre écart avec les exigences de celui-ci est effroyablement logique aussi : la condition pour qu’un journaliste allé à Gaza puisse revenir à Gaza s’il le désire est qu’il se conduise avec une docilité complète.
Que le reportage soit diffusé sur une grande chaine de télévision française dans une émission censée informer est abject et scandaleux.
En occultant tout ce qu’il occulte, en déformant la réalité, en reprenant à son compte des falsifications des faits, l’auteur du reportage ment et désinforme. En incitant à la haine envers Israël comme il le fait, il se place au service d’une organisation terroriste islamique. En incluant sans rien dire des appels au meurtre de Juifs, il se fait le porte-voix d’appels au meurtre de Juifs.
Je comprends et partage l’indignation des principales organisations juives françaises.
Quand je vois des « reportages » tels que celui-ci, je ressens un immense dégout : mentir, désinformer, et se placer au service d’une organisation terroriste islamique est criminel, se faire le porte-voix d’appels au meurtre de Juifs est se rendre complice de meurtres potentiels, et parfois effectifs.
Quand je vois des dirigeants politiques français ne rien dire quand sont diffusés des « reportages » tels que celui-ci, puis « déplorer » l’assassinat de Juifs sur le sol français, je ressens un dégout identique : on ne peut accepter en silence que soient diffusés des « reportages » tels que celui-ci, et déplorer ensuite l’assassinat de Juifs sans être d’une hypocrisie sans nom.
C’est, hélas, une réalité qu’il faut regarder en face : des « reportages » tels que celui-ci sont fréquents à la télévision française.
C’est une autre réalité qu’il faut regarder en face : les hommes politiques français qui s’offusquent ou s’indignent de la diffusion de tels « reportages » et disent ce qui doit l’être se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une seule main.
L’indignation des principales organisations juives françaises est légitime. Je crains, cela dit, que des tendances très lourdes soient à l’œuvre et que, au vu de ce que devient la France, la lutte contre ce qui a conduit des dizaines de milliers de Juifs à quitter le pays et des milliers d’autres qui ne se résignent pas à partir ou ne le peuvent pas soit une lutte désespérée. J’espère me tromper, bien sûr.
France 2 est une chaine estropiée. Toutes les chaines de télévision française sont des chaines estropiées. La vie politique française est elle-même estropiée. La presse écrite le plus souvent ne vaut pas mieux.
Et les Français non juifs qui réagissent sont de moins en moins nombreux.
Je déteste ce que ce pays devient.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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Et voilà ce qu’il se passe le lendemain de la diffusion de ce reportage !…
https://www.francetvinfo.fr/france/ile-de-france/des-tags-antisemites-retrouves-sur-le-campus-de-hec_2983135.html
Je viens d’écrire à France 2 sur leur site web pour dénoncer cet odieux parti-pris. A la fin de son texte, Guy Millière nous interpelle : j’ai voulu réagir ! Même si je ne me fais pas d’illusions, j’ai voulu « sonner de la trompette », ne pas me taire et exprimer ma solidarité pour Israël… une goutte d’eau mais comme toujours, s’ils reçoivent plein de courrier, au moins ils verront que leur impartialité ne passe pas comme une lettre à la poste !