115,7 % du PIB, 2.650 milliards d’euros, soit 40.407 € par Français : telle est, en 2020, la dette de la France, une dette colossale, jamais atteinte en temps de paix, explique Le Monde, le 26 mars.
Il n’y a qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale que nous avions un taux plus élevé (145 % !). Le gouvernement, néanmoins, peut se satisfaire que le déficit soit moindre que celui annoncé : on prévoyait, au plus fort de la crise sanitaire, une dette à 120 % du PIB et un déficit à 11,3 %. Ce dernier, pour finir, n’a été que de 9,7 %.
Avant la crise du Covid-19, nous étions à 97,6 % du PIB et à 3,1 % de déficit, chiffres déjà très mauvais, car nous étions alors en période de prospérité et le déficit aurait dû être bien moindre.
En 2020, le PIB a plongé de 8,2 % et nous avons plus dépensé et encaissé moins : les dépenses des administrations publiques (État, collectivités et Sécurité sociale) ont progressé de 73,6 milliards (+5,5 %), dues à la hausse des prestations sociales, à celle des rémunérations dans le milieu hospitalier et des nombreuses aides versées aux entreprises. En outre, les recettes ont diminué de 61,3 milliards (-5 %) du fait d’un rendement moindre des impôts et des cotisations sociales.
Il est normal, en temps de crise, que le déficit s’accroisse avant de revenir doucement à la normale. On prévoit un déficit de 8,5 % en 2021, ce qui reste énorme ; or, la crise sanitaire a tendance à s’aggraver, compromettant la croissance attendue. La Banque de France ne prévoit que 1 % de croissance du PIB au premier et au second semestre 2021, ce qui est un chiffre honorable, mais loin de 5 % à 6 % annuel un temps espéré. La secousse économique de 2020 a été bien plus forte que celle encaissée en 2008. En 2009, les dépenses avaient crû de 4,1 % et les recettes diminué de 3 %, pour un déficit total de 7,2 %. Nous avions dû attendre 2017 pour que la dette se stabilise enfin à un haut niveau. Les espoirs de ramener, en 2022, le déficit à 0 % ont été enterrés avec la crise des gilets jaunes. La crise de 2020, qui se prolongera pendant des années, se produit alors que nous étions déjà dans une situation catastrophique. N’oublions pas que François Fillon parlait d’État en faillite en 2008 alors que la dette n’était qu’à 73 % du PIB !
On nous a seriné longtemps que les taux d’intérêt étant négatifs, s’endetter revenait à s’enrichir. Mais la brusque tension sur les taux qui sont revenus en terrain positif pour les prêts sur 10 ans a balayé ces illusions. 1 % sur 2.650 milliards d’euros nous coûtera 26,5 milliards de plus de déficit, ce qui reste supportable, même si c’est le quart de l’impôt sur le revenu, mais si nous glissons à 5 % (ce qui peut arriver très vite), nous devrons alors sortir de nos poches vides 132,5 milliards. Tout bonnement impossible.
Or, la France n’a absolument pas conscience de ces difficultés et des voix s’élèvent de partout pour exiger d’augmenter les dépenses en instituant le RSA pour les jeunes (+27 milliards), voire le revenu universel (au minimum +120 milliards). Le rêve de l’argent magique ne veut pas mourir, la France danse sur un volcan qui va bientôt exploser et le réveil sera atroce.
Les moyens pour éliminer le déficit qui seront mis en place risquent d’être intolérables : verra-t-on la suppression du RSA et la diminution de 30 % des pensions ?
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