Source :Constitutionnaliser la vie
Dimanche, 3 mars 2024
C’est alors que j’ai découvert que j’étais enceinte.
J’ai tourné le problème dans tous les sens, pendant des jours et des jours, et j’en suis arrivée à la conclusion que nous ne ferions pas un meilleur couple avec un enfant entre nous. J’ai proposé au monsieur d’accepter cet enfant, même sans vivre avec moi. Furieux, il a refusé.
J’ai retourné le problème dans tous les sens pour arriver à la conclusion que même s’il faisait défaut, j’allais mener cette grossesse à terme. Je ne l’avais pas voulue, mais elle était là.
J’ai commencé à vivre dans cette perspective que je portais la vie et que j’allais avoir un enfant. J’étais sûre de mon choix : j’avais déjà avorté, je ne recommencerais pas.
Bienvenue la vie.
Je ne dirai pas ici l’étendue de l’horreur qui s’est abattue sur moi dès que j’ai prévenu les miens de ma situation et de ma décision. Mais en voici quelques bribes :
Avorte ! Tu refuses le mariage au père et tu lui fais un enfant dans le dos ?
Avorte !
Tu t’imagines qu’on va t’aider à l’élever, et quoi encore ?
Avorte !
Tu as un désir d’enfant, à ton âge c’est normal, mais cet enfant ne t’a rien demandé : avorte !
Tu oses imposer une vie sans père à un enfant ?
Avorte !
Comment peux-tu être assez égoïste pour mener à terme une grossesse alors que tu es seule et n’en as pas les moyens ?
Avorte !
Tu refuses d’épouser le père parce que c’est un salaud ? Mais ton enfant sera un enfant de salaud !
Avorte !
Égoïste !
Avorte !
Salope !
Avorte !
Ça a duré des semaines pendant lesquelles je n’ai pas dormi, me rongeant les poings, serrant les dents à me les briser, maigrissant à vue d’œil.
Mon bébé, ne t’inquiète pas, ça ira, on y arrivera. Pardon mon bébé, je ne t’abandonnerai pas. Ils vont peut-être s’adoucir. Ton père changera peut-être en te voyant. Et puis même si ce n’est pas le cas, je ne t’abandonnerai pas. On va y arriver mon bébé, on va y arriver.
Une nuit, j’ai rampé jusqu’à mon téléphone pour appeler les urgences quand j’ai senti le sang couler entre mes jambes.
Fausse-couche.
« Ils » étaient contents.
Et moi j’avais compris.
Je demande qu’on inscrive dans la Constitution le droit inaliénable des femmes de donner la vie.
Et le devoir impérieux de la société de les aider à le faire dans les meilleures conditions possibles.
Marion Sigaut
Le 3 mars 2024
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