Les pleurs sont une voie menant vers la joie solide. « Le vin doux est celui qui sort du pressoir des yeux », dit Chrysostome. L’âme n’est jamais plus agrandie que lorsqu’elle peut pleurer. Les larmes du lieu secret sont meilleures alors que la musique de la cour.
L’âme d’un chrétien est plus soulagée quand elle peut se décharger par de saintes lamentations. David qui était le grand pleureur en Israël était le doux chantre en Israël. « Mes larmes sont ma nourriture » (Psaumes 42:3). « Les larmes des pénitents », dit Bernard, « sont plus douces que toutes les joies terrestres. «
Un chrétien songe lui-même quelquefois aux faubourgs du ciel lorsqu’il peut pleurer. Quand Anne eut pleuré, elle partit et ne fut plus triste. Le sucre quand il fond est infiniment doux. Quand un chrétien fond en larmes, il détient la plus douce joie. Quand la fille de Pharaon descendit dans la rivière, elle y trouva un petit bébé parmi les roseaux; ainsi quand nous descendons dans la rivière des larmes de repentance, nous y trouvons … Jésus qui effacera toutes larmes de nos yeux. Les pleurs devancent la consolation tout comme la plaie d’une blessure précède le remède.
L’antinomien parle de la consolation, mais tourne en dérision les lamentations dues au péché. Il ressemble à un patient stupide qui, ayant reçu la prescription de prendre une pilule, lèche le sucre, mais jette la pilule. Le libertin est entièrement pour la joie et le réconfort. Il lèche le sucre, mais jette la pilule amère de la repentance. Si nous avons la vraie consolation, nous devons l’avoir suivant les voies et méthodes de Dieu. Le chagrin causé par le péché conduit à la joie : « J’ai vu ses voies, et Je le guérirai; Je lui servirai de guide, et Je le consolerai, lui et ceux qui pleurent avec lui. » (Esaïe 57:18).
Le vrai soleil de la joie est celui qui vient après une pluie de larmes. Nous pourrions aussi bien nous attendre à une récolte sans semences, qu’à une consolation sans les larmes de l’Evangile.
Remarquez que Dieu garde Son meilleur vin pour la fin. Tout d’abord Il prescrit les larmes pour le péché et ensuite Il donne le vin de la consolation. Le diable fait tout à fait le contraire. Il présente le meilleur en premier et réserve le pire pour la fin. Il montre d’abord le vin miroitant dans le verre, vient ensuite la morsure du serpent. (voir Proverbes 23:32). Satan met ses plats délicats devant la vue des hommes. Il leur présente le péché coloré de beauté, adouci par le plaisir, argenté par le profit et ensuite, après coup, la triste addition est introduite. Il a d’abord montré l’appât de l’argent à Judas, et l’a ensuite frappé avec le crochet. C’est la raison pour laquelle le péché a tant de disciples, parce qu’il présente le meilleur d’abord. D’abord, les couronnes d’or, viennent ensuite les dents du lion (Apocalypse 9:7,8).
Remarquez, les larmes de l’Evangile ne sont pas perdues; elles sont les graines de la consolation. Tandis que le pénitent verse des larmes, Dieu déverse la joie.
« Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse. » (Psaumes 126:5).
Le but de l’onction et de la venue de Christ dans le monde était qu’Il console ceux qui pleurent (Esaïe 61:3). L’apôtre peut alors à propos appeler cela « une repentance dont on ne se repent pas » (2 Corinthiens 7:10). Un homme doit se repentir de son ivresse; il doit se repentir de son impureté; mais il ne doit jamais se repentir de sa repentance, parce qu’elle est la porte d’entrée de la joie.
« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.«
Voici le doux fruit d’une réserve amère. Christ fit remplir d’eau les vases de terre, et transforma ensuite l’eau en vin (Jean 2:9). Ainsi, quand l’œil, ce vase de terre, a été rempli d’eau, alors Christ transformera l’eau des larmes en joie. « Les saintes larmes », dit Basil, « sont la semence de laquelle la fleur de la joie éternelle croît. »
Raisons pour lesquelles celui qui pleure sera consolé
Parce que les larmes sont faites à dessein pour cette fin. Les larmes ne sont pas prescrites pour elles-mêmes, mais afin qu’elles puissent conduire à quelque chose d’autre, afin qu’elles puissent établir un enchaînement vers la consolation. Ainsi donc nous semons dans les larmes afin que nous puissions récolter dans la joie. Les saintes larmes sont un médicament spirituel. Maintenant, un médicament ne se prescrit pas pour lui-même, mais en vue de rétablir la santé. Ainsi les larmes de l’Evangile sont tout désignées pour cette fin précise, celle de produire la joie.
Celui qui pleure spirituellement est la personne la plus propice à la consolation. Quand le cœur est brisé à cause du péché, il est maintenant le mieux disposé à la joie. Dieu verse l’huile d’or de la consolation dans des vases brisés. Le cœur de celui qui pleure est vidé d’orgueil et Dieu remplit le vide de Sa bénédiction. D’abord, les consolations de l’Esprit de Dieu sont posées par une conviction profonde:
« Et quand Il (c’est-à-dire le Consolateur) sera venu, Il réprouvera (ou convaincra) le monde de péché » (Jean 16:7,8).
Pourquoi la conviction vient-elle avant la consolation ? La conviction nous prépare à la consolation. Par la conviction, l’Esprit dispose tout doucement le cœur à rechercher Christ et ensuite à recevoir Christ. Une fois que l’âme est convaincue de péché et de l’enfer qui le suit, un Sauveur est précieux.
Les consolations de l’Esprit rendent humbles. Plus on verse de l’eau dans un seau, plus bas il descend; plus le bateau est chargé de douces épices, plus bas est le niveau sur lequel il navigue. Plus un chrétien est rempli des douces consolations de l’Esprit, plus bas il navigue dans l’humilité. Plus un arbre est rempli de fruits, plus bas la branche pend. Plus nous sommes remplis « du fruit de l’Esprit, de joie et de paix » (Galates 5:22), plus nous nous plions dans l’humilité.
Pour ceux qui disent qu’ils ont la consolation, mais sont orgueilleux, qui ont appris à mépriser les autres et sont montés au-dessus des ordonnances, leurs consolations sont des illusions. Le diable est capable, non seulement de « se déguiser en ange de lumière » (2 Corinthiens 11:14), mais aussi de se déguiser en consolateur. Il est facile de fabriquer de la fausse monnaie, de recouvrir d’argent le cuivre et d’y apposer l’image du roi. Le diable peut recouvrir d’argent des fausses consolations et les faire paraître comme si elles avaient le cachet du Roi du ciel sur elles. Les consolations de Dieu rendent humbles. Quoiqu’elles élèvent le cœur dans la reconnaissance, elles ne le font pas cependant haleter dans l’orgueil. Les consolations réservées à ceux qui se lamentent sont des « consolations qui remplissent ». « Le Dieu de toute espérance vous remplira entièrement de joie … » (Romains 15:13). « Demandez… afin que votre joie soit parfaite » (Jean 16:24).
Quand Dieu déverse les joies du ciel, elles remplissent le cœur et le font éclater. « Je suis comblé de joie » (2 Corinthiens 7:4).
Les consolations que Dieu donne à Ses enfants qui pleurent transportent et ravissent infiniment. Si délectables sont-elles et si admirables, qu’elles causent une jubilation qui, comme certains érudits disent, est si grande qu’elle ne peut pas être exprimée. De toute les choses, la joie est ce qu’il y a de plus difficile à déchiffrer. Elle est appelée « la joie ineffable. » (1 Pierre 1:8). Vous pouvez plus facilement goûter le miel que dire combien il est doux. Le vin de l’Esprit peut adoucir les eaux de Mara. Ceux qui sont possédés de ces consolations célestes peuvent cueillir les raisins dans les épines et aller chercher le miel provenant de la dépouille du lion. Ce sont en effet des consolations fortes qui peuvent tenir debout dans l’épreuve ardente et transformer la flamme en lit de roses. Combien puissante est cette consolation qui peut rendre un chrétien glorieux dans les tribulations! (Romains 5:3). Un croyant n’est jamais aussi triste qu’il ne soit capable de se réjouir. L’oiseau du paradis peut chanter en hiver.
Les consolations des enfants de Dieu qui pleurent sont des consolations qui tranquillisent le cœur. Elles engendrent une douce résignation et le repos dans l’âme. Le cœur d’un chrétien est dans une sorte de confusion, comme l’aiguille dans la boussole; il tremble et tremble jusqu’à la venue du Consolateur. Certaines créatures ne peuvent pas vivre en dehors du soleil. Un chrétien est même mort dans le nid, à moins qu’il ne puisse avoir la lumière du soleil du visage de Dieu.
« Ne me cache pas Ta face, de peur que je ne ressemble à ceux qui descendent dans la fosse » (Psaumes 143:7).
Les consolations de l’Esprit sont des consolations qui demeurent. De même qu’elles abondent en nous, de même demeurent-elles avec nous. « Il vous donnera un autre Consolateur afin qu’Il demeure avec vous éternellement » (Jean 14:16). Les consolations terrestres sont toujours sur le bout de l’aile, prêtes à s’envoler. Elles ressemblent à une inondation, ou un éclair. Toutes les choses d’ici-bas sont passagères, mais les consolations dont Dieu nourrit Ses enfants qui sont dans le deuil sont immortelles. « Il nous a aimés et nous a donné une consolation éternelle »(2 Thessaloniciens 2:16). Quoiqu’un chrétien n’ait pas toujours un rayon de consolation, il en possède néanmoins une aube dans son âme. Il a toujours une terre d’espérance et une racine de joie. Il y a à l’intérieur de lui quelque chose qui fait tenir bon son cœur et dont il ne voudrait d’aucune façon se séparer.
Voici, alors, le privilège de celui qui pleure: il sera consolé. David qui était le grand pleureur d’Israël était le doux chantre d’Israël. La colombe qui pleure sera couverte des plumes dorées de la consolation. Oh, combien rares et excellentes sont ces consolations!
Référence: The Beatitudes (Les Béatitudes), Thomas Watson
Source:The Watchword
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