Vous n’ignorez pas que l’Europe vit probablement la plus grande crise de son histoire depuis 1945. Lors de la crise de Cuba quand les soviétiques voulaient y installer des bases militaires les USA ont menacé d’utiliser l’arme nucléaire. Le monde a retenu son souffle mais la crise s’est terminée par un règlement « amiable » ; les USA s’engageant à ne pas envahir Cuba et les soviétiques à retirer leurs missiles nucléaires.
Aujourd’hui nous nous trouvons dans une situation aussi dramatique voire plus puisque cette fois, les armes parlent.
En 2015, à l’initiative du président Hollande, afin de proposer une solution acceptable, les dirigeants russes, allemands et ukrainiens, sans les USA, ont réussi à trouver une solution pacifique qui devait, si ces accords avaient été appliqués, éloigner le spectre de la guerre.
Ces accords impliquaient principalement, l’arrêt des bombardements dans les régions séparatistes, un échange de prisonniers, le retrait des armes lourdes et surtout, une large autonomie de ces provinces avec en parallèle la non intervention de l’armée russe.
Pourtant les bombardements n’ont jamais cessé et ont entrainé la mort de 12 à 14 000 personnes.
Dès 2014, les USA entreprenaient un soutien massif à l’armée ukrainienne et particulièrement à des structures paramilitaires dont le fameux régiment Azov. Deux sénateurs américains (Connyer et Yoho ) obtenaient en 2015 dans un premier temps l’arrêt du financement et de l’assistance à ces milices en raison de leur idéologie ultra nationaliste, voire nazie (texte de l’amendement Yoho-Connyers) et nostalgique des régiments ayant combattu au côté de l’armée hitlérienne en Ukraine. Malgré cela, le pentagone obtenait en 2016 la levée de cette interdiction. Ce régiment s’illustrait par d’âpres bombardements sur les régions séparatistes dans le silence absolu de l’Europe. L’Obs, dans un article du 3 décembre 2013 avait relaté d’ailleurs la célébration, organisée par le parti Svoboda ouvertement nationaliste et soutien du gouvernement de Kiev, du 70eme anniversaire de la division SS Halichyna à Brody en présence d’anciens SS ukrainiens.
En avril 2019 le peuple ukrainien rejetait catégoriquement son président qui devait se retirer avec un score lamentable de 16% au premier tour.
Volodymir ZELENSKY gagnait les élections, particulièrement dans les provinces de l’Est avec la promesse d’un cessez-le-feu dans le Donbass.
Pourtant, une fois en place, sous les pressions britanniques et américaines, le président ZELENSKY reprenait les bombardements sur les provinces de l’Est.
La France et l’Allemagne, signataires et donc garantes des accords de Minsk s’abstenaient de toute action. La crise débouchait en février 2022 par l’invasion par l’armée russe d’une partie de l’Ukraine.
Au bout de quelques jours, ZELENSKY se déclarait prêt à une négociation avec la Russie. Il faisait volte-face sous la pression encore une fois de la Grande Bretagne, des USA et de la présidente non élue de la commission européenne et depuis se mure dans un jusqu’auboutisme dangereux.
Le président français, sans aucune consultation du parlement, impliquait lourdement militairement le pays dans ce conflit. Quelque soient les responsabilités des uns et des autres, il ne s’agit pas ici de réécrire l’histoire mais simplement de constater qu’en vertu des conventions de la Haye de 1903 :
Convention V, sauf à perdre leur neutralité, les États tiers ne doivent autoriser que des corps de combattants soient formés ou des bureaux d’enrôlement ouverts sur leur territoire au profit de belligérants. Le transport sur leur territoire de troupes, munitions ou matériel vers un pays belligérant en est prohibé. De même, il est interdit d’installer des moyens de communication avec les forces belligérantes que ce soit sur terre ou mer ainsi que l’utilisation d’installations (…) à des fins purement militaires (…).
Mais, un État qui ne veut pas être considéré comme cobelligérant, doit appliquer les mesures concernant les exportations ou transport de matériel de guerre et l’utilisation de moyens de communication « uniformément » à l’égard des belligérants. En effet, et c’est important, si cet État s’en dispensait, il en perdrait de facto son statut de neutralité !
Aussi, un État qui se prétend neutre et reçoit sur son territoire des troupes appartenant aux armées belligérantes, doit autant que possible les interner !
De même, selon la Convention XIII, un État neutre, ne doit pas remettre à un belligérant, à quelque titre que ce soit, directement ou indirectement, (des vaisseaux de guerre), des munitions, ou matériels de guerre ! Quid des lots de munitions, de canons Caesar et autres armements sophistiqués que le gouvernement livre à l’armée ukrainienne sans avis de la représentation nationale alors que nos propres hôpitaux manquent de moyens ?
Attendu qu’en 2015 déjà, monsieur George Friedman, politologue reconnu aux USA et ancien patron d’une agence privée de renseignement américain et lui-même proche des services américains, annonçait clairement la stratégie des États-Unis pour l’Europe dans une conférence donnée le 4 février 2015 au Chicago Concil on Global affairs, Il déclarait « aucun pays ne peut rester en paix, surtout les USA (…) L’Europe subira le même sort que les autres pays, ils auront leurs guerres, y laisseront des vies ». Il ajoute, « nous n’avons pas de relation avec l’Europe, nous avons des relations avec la Roumanie, avec la France, il n’y a pas d’Europe ». Il précise « l’intérêt primordial des USA pour lequel nous avons fait des guerres (…) a été la relation entre l’Allemagne et la Russie parce qu’ils représentent la seule force qui pourrait nous menacer et nous devons nous assurer que cela n’arrive pas. Que feriez-vous si vous étiez ukrainien ? Il est essentiel d’établir le dialogue avec le seul pays qui vous aidera, et ce pays ce sont les USA. Il y a 10 jours le général Hodges, commandant de l’armée américaine en Europe s’est rendu en Ukraine pour y annoncer que les formateurs américains viendraient désormais officiellement et non plus officieusement. Il a remis des décorations à des soldats ukrainiens ce qui est contraire au règlement de l’armée qui ne permet pas de décorer des étrangers mais il l’a fait pour montrer que dorénavant ils faisaient partie de son armée ». L’orateur confirmait ainsi que les USA ont agi en dehors du cadre de l’OTAN parce que ce cadre prévoit l’unanimité. Friedman reconnaît que l’objectif n’est pas de tuer la Russie mais de lui faire mal. Il poursuit « les USA ont un intérêt fondamental, ils contrôlent tous les océans du monde par conséquent nous pouvons envahir les peuples et ils ne peuvent pas nous envahir » puis plus loin « la politique que je recommande est celle que Reagan avait adoptée envers l’Iran et l’Irak, il a financé les deux côtés de sorte qu’ils se sont battus entre eux, c’était cynique, immoral et ça a marché. Ce point est essentiel : les USA ne peuvent pas s’occuper de l’Eurasie (…) car nous serions en infériorité numérique. Nous pouvons vaincre une armée nous ne pouvons pas occuper le terrain (…) nous avons donc la possibilité de soutenir des puissances rivales afin qu’elles se concentrent sur elles même en leur procurant soutien politique, économique et militaire et faire comme au Vietnam, en Irak et en Afghanistan par des mesures de désorganisation, dont l’objectif n’est pas de vaincre l’ennemi mais de le déstabiliser. C’est ce que nous avons fait dans chacune de ces guerres. Notre erreur, car nous sommes stupides, c’est de se dire : ça a été facile, pourquoi ne pas construire une démocratie et c’est à ce moment que la démence nous frappe. Les USA ne pouvant pas constamment intervenir en Eurasie, la solution serait d’intervenir de manière sélective et rarement et en dernier recours. La Grande Bretagne n’a pas occupé l’Inde, elle a monté différents états qu’elle a dressés les uns contre les autres.
Au sujet de la Russie il est très clair « Les Russes vont-ils créer une zone tampon qui serait une zone neutre ou bien l’occident s’introduira-t-il tellement loin en Ukraine et s’installera à 100 km de Stalingrad et 500 de Moscou. Pour la Russie, le statut de l’Ukraine représente une menace pour sa survie. Les Russes ne peuvent laisser faire, et la question pour les USA, dans le cas où la Russie s’accroche à l’Ukraine est : où cela s’arrêtera-t-il ? Ce n’est donc pas un hasard si le général Hodges parle du pré-positionnement de troupes en Roumanie, Bulgarie, Pologne et Baltique. Par ces actions, les USA préparent l’intermarium, c’est à dire (un mur) de la mer noire à la Baltique dont rêvait Pilsudski, c’est la solution pour les USA. La question sans réponse est : que va faire l’Allemagne ? La véritable inconnue c’est les Allemands. Pendant que les USA mettent en place un cordon entre l’Europe et la Russie, pas en Ukraine mais à l’Ouest, comment tirer parti des Ukrainiens ? Est-ce que les Russes pensent la même chose, nous ignorons la position allemande. L’Allemagne est dans une position particulière, l’ancien chancelier Schröder est membre du conseil d’administration de Gazprom et ils ont une relation très complexe avec la Russie. Les Allemands doivent exporter et les Russes peuvent acheter (….) Pour les USA, la peur primordiale est la technologie allemande, le capital allemand. Avec les ressources naturelles russes, la main d’œuvre russe, la seule combinaison qui fait très peur aux USA. Alors comment cela va se jouer ? eh bien les USA ont déjà joué, c’est la ligne droite de la Baltique à la mer noire. Quant aux russes, ils ont mis leurs cartes sur la table : une Ukraine neutre.
Dans cette conférence que tout le monde peut écouter sur internet, tout est bien expliqué et prévu. Les USA ne voulaient absolument pas d’une alliance Germano-Russe et ils y sont parvenus.
John Mearsheimer, professeur émérite de l’université de Chicago, spécialiste reconnu de l’OTAN et de la guerre froide prédisait dès 2008 un conflit au cas où l’OTAN s’étendrait à l’Est. Il récidivait en 2015, affirmant que l’Ukraine aurait tout à perdre car, selon lui, la neutralité de l’Ukraine est vitale pour la Russie et ne l’est pas pour les USA. Dernièrement, en aout 2022, lors d’une conférence à l’institut Robert Schuman qui n’est pas connu pour être un soutien du Kremlin, il n’hésitait pas à déclarer « si nous continuons à aider militairement l’Ukraine, elle sera détruite ». Pour lui, seule la neutralité de l’Ukraine peut mettre un terme à la crise. Que n’est-il entendu !
Aujourd’hui, même les accords de Minsk II sont obsolètes. En effet, pour les Russes qui demandaient l’autonomie des provinces de l’Est, ce ne semble plus à l’ordre du jour. Ne serait-il pas temps de prendre en compte l’immense danger que représente la continuation du conflit ?
Mearsheimer dont la sagesse rejoint l’expérience, est assez pessimiste au cas où l’occident persisterait à alimenter la guerre. Les USA se sont tellement impliqués qu’ils ne pourraient plus reculer sauf à perdre définitivement leur crédibilité déjà sérieusement entamée. Ce qui n’était qu’un problème non vital, ils l’ont, par leur obstination à nuire à l’axe Berlin Moscou, transformé en problème existentiel. Le parapluie américain porte bien son nom, un parapluie ne sert qu’en cas de pluie ordinaire mais est inutile dans l’orage où la tempête car il se replie ou s’envole !
Pour la Russie, nul doute que l’affaire ukrainienne est vitale. Ils ne reculeront pas, et ce n’est pas quelques 5 ou 10 000 kilomètres carrés perdus sur les 120 à 130 000 occupés qui changeront la donne. Sans négliger le courage des combattants ukrainiens, on ne peut nier que les difficultés de l’armée russe viennent surtout du surarmement, du surentraînement, du suréquipement de l’armée ukrainienne. L’OTAN était donc bien présente en Ukraine et depuis longtemps !
Toujours selon Mearsheimer qui connaît bien son sujet, si la Russie devait être en difficulté alors elle n’hésiterait pas à utiliser son armement de destruction selon la stratégie utilisée jusqu’à présent de l’escalade contrôlée… Ne jouons pas avec les mots, la Russie, sous la pression populaire, utilisera dans un premier temps des armes tactiques destructrices. C’est du moins un pari risqué des USA. Ces derniers poussent Poutine à cette extrémité, comptant sur une réaction mondiale qui déstabiliserait la Russie. Pari risqué car, s’ils ont affirmé que ce serait une ligne rouge, que feront ils après ? Et des lignes rouges, combien ont déjà été franchies allègrement ? Quoiqu’il en soit, Ils ne pourront pas fournir l’équivalent aux ukrainiens sans déclencher le décompte final. Si les réactions en chaine dans le monde ne se font pas, et rappelons que ce que nous appelons à tort la communauté internationale ne correspond en réalité qu’à la partie occidentale c’est à dire moins de 15% de la population mondiale, il ne leur restera qu’à replier le parapluie et à s’en aller – comme à leur habitude quand la tempête s’aggrave, après une négociation qui au mieux mettra en acte la neutralité d’une Ukraine détruite.
Mais il ne s’agit ici que de la fin de crise la plus optimiste. En effet, il y a tout lieu de craindre que, si la Russie était en difficulté, elle se résigne à mettre en œuvre des armements dont l’Ouest n’a pas la parade. Nul besoin d’utiliser le nucléaire stratégique, ses armes nouvelles sans contre mesure permettront de détruire en profondeur l’Ukraine de façon désastreuse pour sa population. Entendons le professeur Mearsheimer : continuer d’armer l’Ukraine c’est la conduire à sa destruction !
Monsieur (Madame) le député (sénateur), si l’interventionnisme de la France et de l’Union Européenne était réellement dû à des principes qu’ils soient moraux ou purement légaux (intangibilité des frontières), alors pourquoi n’intervenons-nous pas au même titre en Arménie qui est victime d’une lâche agression ? Vous avez ici la preuve que cet interventionnisme qui se cache derrière ces pseudos principes n’est qu’un soutien à une politique hostile à une alliance entre la Russie et l’Europe. Ouvrons les yeux !
Quelle que soit l’opinion que l’on a du président Zelensky, on a pu se rendre compte récemment soit de la fragilité des informations qui lui parviennent de la part de ses services de renseignements, soit, au pire, d’une forme de jusqu’auboutisme belliqueux (affaire du missile ukrainien tombé en Pologne). On prend conscience qu’une erreur aussi fondamentale peut entraîner l’Europe dans une désastre nucléaire car qu’en aurait-il été s’il avait eu en ses propres mains le pouvoir de réagir ?
Enfin, prenez vos responsabilités devant l’Histoire, exigez un débat au parlement, écoutez les sages qui nous mettent en garde. Ignorer cette démarche c’est vous rendre complice au mieux de la destruction de l’Ukraine et de son peuple, au pire de la destruction de l’Europe de l’Ouest car ne vous y trompez pas, jamais les USA ne se risqueront à subir les bombardements stratégiques de la part de la Russie. N’oubliez pas que vous êtes élus et que Madame Von der Leyen, ne l’est pas ! C’est à vous de décider.
C’est votre rôle, c’est votre honneur, c’est votre courage ! L’histoire vous jugera. Laissez-y votre nom en ayant évité à l’Europe un désastre annoncé.
Conférence de G Friedman
https://www.youtube.com/watch?v=emCEfEYom4A
Conférence de John Mearsheimer
https://www.youtube.com/watch?v=YxjqOItAZSo
https://leplus.nouvelobs.com/contribution/980272-ukraine-j-ai-assiste-a-une-commemoration-d-une-division-ss-une-autre-realite-du-pays.htmlruction
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