Fraîchement revenu d’une triomphale tournée dans les bars de Kinshasa (qui, peut-être, « résonnent encore de ses rengaines », comme dans la chanson de Jean-Pax Méfret), le président de la République a fait fort, cette semaine. Pour la Journée internationale des droits des femmes, il a voulu rendre hommage à Gisèle Halimi, avocat anticolonialiste et militante pro-avortement, en concluant son discours – un discours pénible et grandiloquent comme il les aime – par la proposition de constitutionnaliser le recours à l’IVG. Le 9 mars au soir, il doit dîner avec des représentants des différentes religions afin d’y aborder le sujet de l’euthanasie. Il les reçoit, évidemment, dans une sorte d’égalité folklorique, chacun avec son costume rigolo et ses positions rétrogrades. Dans cette configuration, ils auront tous l’air d’être des représentants qui vendent, sous des marques différentes, le même aspirateur. La République laïque est maligne avec ses ennemis. Ce sujet a, de toute façon, déjà été débattu dans une convention citoyenne afin de fournir les excuses préalables à un vote sans discussion : les « citoyens » se sont même prononcés en faveur de l’euthanasie des enfants. Alors…
C’est curieux, vous ne trouvez pas, cette obsession pour l’arrêt de la vie, au gouvernement ? Les catholiques, il y a quelques années, parlaient de « culture de mort », reprenant les mots de saint Jean-Paul II dans Evangelium vitae, pour caractériser le monde utilitariste moderne dans lequel il n’y a ni miséricorde ni dignité de la personne. Cette fois, il ne s’agit plus d’une culture : il s’agit d’une religion. L’inscription de l’IVG dans la Constitution permettra que cette « avancée » qui, dans les faits, tue 200.000 bébés français chaque année, ne puisse plus être remise en question. L’euthanasie passera, ne soyons pas naïfs : après avoir donné quelques gages aux croyants de toutes les chapelles, lors d’un dîner de dignitaires, Macron prononcera quelques mots old school sur le sens du sacré, la recherche de spiritualité. Il rappellera peut-être qu’il avait lui-même demandé le baptême à l’adolescence. Ensuite, il fera exactement le contraire de ce qu’il aura dit et la loi sur l’euthanasie chassera la prudente loi Leonetti.
Il ne suffit pas, toutefois, de tuer les enfants dans le ventre de leur mère ou de terminer les vieux en débranchant les pieds de perf’. Il faut encore convaincre ceux qui sont en âge de perpétuer leur pays de ne pas le faire. Pour cela, pas besoin du gouvernement : il y a les médias. La promotion de la stérilisation sur les différents réseaux sociaux (vasectomie, ligature et tutti quanti), les documentaires consacrés, à la télévision publique, aux mères qui regrettent de l’être (lire l’article de Marie-Camille Le Conte dans ces colonnes), les podcasts de France Culture pour dénigrer les familles, la récente interview de Geoffroy de Lagasnerie sur France Inter pour opposer la famille « ennuyeuse » aux « amis »… tout ça participe du même dessein.
La gauche veut du social. Macron et son orchestre ne savent pas faire ça : ils n’aiment pas les pauvres, et comment le pourraient-ils, puisqu’ils ne les connaissent pas… Pour donner des gages, il ne reste que le sociétal : la gratuité des capotes, l’IVG dans la Constitution, l’éducation sexuelle à l’école, les vaccins gratuits contre les papillomavirus pour les adolescents. Renaissance est le parti du cul et du fric. C’était donc ça, le nouveau monde ? En fait, comme le dit Charette imaginé par Michel de Saint-Pierre, « il est vieux comme le diable, leur monde ». Leur religion est la mort, celle des enfants avortés, des vieux débranchés, des couples stériles. Il y a d’autres adorateurs de la mort dans le monde, notamment, en Inde, les sectateurs de Kali, déesse de la « déconstruction ».
Signalons, pour finir, qu’un autre dieu hindou porte le nom de Kali : celui de l’âge sombre des prophéties védiques, l’âge de la mort, le Kali Yuga. Il paraît qu’on y verra des choses étonnantes : les puissants ne seront adulés que sur leur richesse ; seul le désir sexuel guidera des unions éphémères ; « ceux qui ne connaissent rien à la religion s’élèveront en haut de l’échelle et se prononceront sur des principes religieux » ; « les gens ne protégeront plus leurs parents âgés » ; « les soi-disant intellectuels et prêtres seront esclaves de leur ventre et de leurs organes génitaux » ; « les hommes […] seront prêts à tuer jusqu’à leur propres parents ». Peut-être qu’un dignitaire religieux signalera, à table, à notre Président qu’il est lui aussi un dignitaire religieux : le brahmane de la putréfaction.
Laisser un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.