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Étude n°2

 

E : LA VIE RELIGIEUSE

Chaque ville, chaque village possédait une ou plusieurs maisons de réunions publiques consacrées à la lecture de la Loi et à la prière.

Esdras, en établissant les synagogues, fit œuvre de génie. Nulle institution n’a plus contribué à donner à la religion de Moïse la vitalité qu’elle possède encore aujourd’hui. Elle lui permettait de vivre indépendamment du Temple et de ses cérémonies. Avec son manuscrit de la Loi, tout Juif, où qu’il se trouve, peut fonder une synagogue. Il emporte jusqu’au bout du monde sa religion avec lui. Le judaïsme n’a plus besoin de Jérusalem et des sacrifices pour subsister. Il est partout où quelques fidèles s’assemblent et lisent la Thorah.

Il ne faut pas confondre la synagogue avec une église. Elle est un établissement laïc où le prêtre n’a pas une place prépondérante. Le premier à la synagogue, c’est le docteur, c’est quiconque est capable d’enseigner.

Les Pharisiens, ces vrais continuateurs d’Esdras, favorisèrent beaucoup l’établissement des « maisons de prière ».

Le nombre de ces établissements était considérable au premier siècle. La seule ville de Jérusalem en avait de 460 à 480. Elles se touchaient, pour ainsi dire ; chaque rue en renfermait plusieurs. Il semble, en vérité, que chaque famille ait eu la sienne.

 

On s’y réunissait, non seulement le samedi, jour du sabbat, mais encore le lundi et le jeudi. En outre, elle était ouverte trois fois par jour pour les prières.

Le Temple n’instruisait pas, on n’y apprenait rien. Il était bâti par Salomon (Xe siècle av. J.-C.), reconstruit plusieurs fois. Le Temple est le lieu de la Présence divine, on y offre des sacrifices et les fidèles y montent en pèlerinage trois fois par an. Aucune prédication n’y était prononcée et on savait d’avance par cœur les formules de bénédiction que les prêtres y réciteraient; ne valait-il pas mieux aller apprendre à la synagogue? La vraie édification ne se trouvait-elle pas plus facilement dans l’étude de la Loi, où l’on découvrait toujours des nouveautés, que dans la contemplation stérile d’un sacrifice? Et, en effet, le premier but de la synagogue était d’instruire.

Au Ier siècle, chaque synagogue possédait au moins les cinq rouleaux de la Torah (la « Loi de Moïse » ou Pentateuque), le rouleau d’Ésaïe – le prophète le plus lu – celui des Douze petits prophètes et celui des Psaumes.

La salle était garnie de bancs et, à l’extrémité, sur l’estrade, on apercevait une espèce de tribune. Sur le sol on répandait de la menthe pour parfumer et purifier l’air. Les premières places étaient payées et fort enviées. Les Docteurs de la Loi, les Pharisiens, les personnages importants de la communauté avaient soin de les occuper de bonne heure. Ils étaient d’autant plus en vue qu’ils avaient le visage tourné vers le peuple et le surveillaient ; la foule des simples fidèles venait ensuite et les nouveaux convertis restaient debout à la porte.

 

La synagogue étant destinée à tenir lieu du Temple, on avait une tendance à y distinguer des parties plus sacrées que d’autres. La place des pauvres et des païens était près de l’entrée et figurait le parvis des Gentils. Au fond de l’édifice, au contraire, le parquet plus élevé représentait la cour des prêtres et le sanctuaire. Il est probable aussi que les hommes étaient séparés des femmes comme dans le Temple. Le christianisme, dès son origine, eut soin d’éviter ces distinctions et de proclamer l’égalité des croyants dans l’intérieur des Églises.

Tous les actes du culte pouvaient être célébrés : la circoncision, les mariages, les services funèbres. Un des dix fondateurs de la synagogue s’en chargeait ; ce qui était d’autant plus facile que ces cérémonies étaient beaucoup plus civiles que religieuses.

Les docteurs fixèrent à dix le nombre de personnes nécessaires pour fonder une synagogue.

Le service du Sabbat était fait par sept personnes désignées par le président.

S’il se trouvait, par hasard, un prêtre dans l’assemblée, il était appelé le premier à prendre la parole. Les lévites venaient ensuite, puis les simples laïques. Les enseignements peuvent être soumis à discussion.

L’ordre du service était certainement fixe et invariable au temps de Jésus-Christ. Le moment principal de l’office était celui de la lecture de la Loi, car on était réuni avant tout pour l’entendre et pour l’étudier. La prière précédait cette étude et la lecture d’un passage choisi des Prophètes, suivie de la bénédiction, terminait les exercices religieux.

Les synagogues étaient très fréquentées. Tous les Juifs sans exception s’y rendaient régulièrement et en être expulsé était le dernier des affronts. Tous vos biens étaient confisqués.

 

F : LE SABBAT

 

Le Sabbat est le jour de repos hebdomadaire dans le judaïsme, du vendredi soir au samedi soir. Il est consacré à Dieu, en souvenir de la création.

Essayons de donner une idée de l’incroyable minutie avec laquelle le Sabbat avait été réglementé par les Docteurs de la Loi. En effet, il fallait savoir exactement ce qui était permis et ce qui était défendu. Les ordonnances du Pentateuque avaient été soigneusement étudiées et commentées. La science des Docteurs de la Loi était précisément de bien connaître les défenses et les permissions. On décida que trente-neuf espèces de travaux seraient interdites. En voici la nomenclature :

1° semer; 2° labourer ; 3° moissonner ; 4° lier les gerbes ; 5° battre en grange ; 6° vanner ; 7° nettoyer le grain ; 8° moudre ; 9° tamiser ; 10° pétrir ; 11° cuire ; 12° tondre la laine ; 13° la blanchir 14° la carder ; 15″ la teindre ; 16° filer 17° ourdir la toile 18°, faire deux points ; 19° tisser deux fils 20° détacher deux fils ; 21°, faire un nœud ; 22″ défaire un nœud ; 23° coudre deux points ; 24° faire une déchirure qui exigerait au moins deux points de couture pour être raccommodée ; 25″ s’emparer d’un gibier, d’un cerf par exemple ; 26° le tuer; 27° le dépouiller ; 28° le saler; 29° préparer la peau ; 30° racler les poils ; 31° le couper en morceaux ; 32° écrire deux lettres de l’alphabet ; 33° effacer pour écrire deux lettres de l’alphabet ; 34° bâtir ; 35° démolir, 36°, éteindre le feu ; 37° l’allumer ; 38° forger ; 39° porter un objet d’un endroit à un autre.

 

Ce n’était pas tout, chacune de ces défenses exigeait un certain nombre d’explications. Citons-en quelques exemples : la défense de faire et de défaire un nœud paraissait bien vague ; de quels nœuds s’agit-il ? Les Rabbins répondaient gravement : « On serait coupable de faire ou de défaire un nœud de chamelier et un nœud de batelier. » Rabbi Meïr disait : « Si un peut défaire le nœud d’une seule main on est innocent. Et puis on peut faire certaines espèces de nœuds ; une femme peut nouer les cordons de sa robe, les rubans de son bonnet, sa ceinture ; on peut nouer ses chaussures et ses sandales ; on peut fermer des outres de vin et d’huile et un pot qui renferme de la viande ».

Il était encore défendu d’écrire deux lettres de l’alphabet, mais si on les écrit dans des langues différentes ou avec des encres de différentes couleurs, ou encore l’une de la main droite et l’autre de la main gauche, est-on coupable ?  A-t-on violé la Loi ?  Oui, répondent les Rabbins., qui ont prévu tous ces cas. « Celui qui écrit ces deux caractères sur deux pans de mur formant un angle et de manière qu’on puisse les lire ensemble est coupable ; mais si vous écrivez ces deux lettres avec la poussière dit chemin, avec du jus de fruit, avec du sable, en un mot avec une substance facile à enlever, alors vous êtes innocent ».

La défense d’allumer du feu était déjà dans le Pentateuque, mais elle fut complétée, et on défendit aussi de l’éteindre. « Cependant si un païen s’offre pour éteindre un incendie le jour du Sabbat, on ne doit rien lui dire, ni : éteint-le, ni : ne l’éteint pas.  On n’est pas tenu de le forcer au repos ».

Cette défense d’éteindre le feu s’étendait aux lampes et aux flambeaux, mais ici encore on précisait : « Si quelqu’un éteint une lumière par crainte des païens, des voleurs, des mauvais esprits où à cause d’une maladie pour pouvoir dormir, il est innocent, mais s’il le fait pour économiser l’huile ou la mèche, ou ne pas abîmer sa lampe, il est coupable ».  « On peut placer sous la lampe une assiette qui recueille les étincelles, mais il ne faut pas mettre d’eau dans cette assiette, ce serait éteindre les étincelles et violer la Loi ».

 

La dernière des trente-neuf défenses prêtait beaucoup aux développements : défense de transporter un objet d’un endroit à un autre. De quelle grosseur doit être l’objet ?  Les Rabbins répondaient que la Loi était violée « si on transportait autant de nourriture qu’il en faut pour faire la grosseur d’une figue sèche, autant de lait qu’il en faut pour faire une gorgée, autant d’huile qu’il en faut pour oindre le petit doigt, autant d’eau qu’il en faut pour humecter les yeux, autant d’encre qu’il en faut pour écrire deux lettres de l’alphabet…. etc., etc. « Il était interdit de transporter deux vêtements ne faisant pas partie du même habillement ».

 

D’après Rabbi Meïr, un estropié pouvait sortir avec sa jambe de bois ; Rabbi José, au contraire, ne le lui permettait pas. Dans un incendie il était permis de sauver les manuscrits de la Loi et des Prophètes, l’étui qui les renfermait, les Tefillins, et leur étui; si l’incendie survenait le vendredi soir, on pouvait sauver une quantité de nourriture suffisante pour les trois repas du lendemain ; s’il survenait le samedi avant midi, on ne pouvait plus emporter de nourriture que pour deux repas et pour un seul s’il se déclarait dans l’après-midi.

 

Outre les trente-neuf travaux interdits, il y avait un certain nombre de défenses faites à la fois pour le Sabbat et pour les jours de fête où cependant le repos était moins rigoureux.

On ne pouvait monter sur un arbre ou sur un animal, nager, danser, tenir un conseil, s’éloigner de plus de deux mille coudées (environ neuf cents mètres) de l’endroit où l’on se trouvait lorsque le Sabbat a commencé. Un espace de deux mille coudées s’appelait : Le chemin de sabbat.

Le soin des malades semble avoir été strictement interdit au premier siècle. Il est probable que ces questions de secours aux blessés, de guérisons des malades et en général d’actes d’humanité accomplis le jour du Sabbat étaient fort discutées au temps de Jésus-Christ.

On était plus humain pour les animaux, car il n’était pas défendu de soigner ses bestiaux et de les mener boire le jour du Sabbat. Il était permis de conduire son chameau avec une corde et son cheval avec sa bride. « Et, non seulement, disent encore les Talmuds, il n’est pas interdit de mener sa bête à l’abreuvoir le jour du Sabbat, mais on peut puiser de l’eau pour elle; cependant, il faut prendre garde de ne pas porter l’eau.  On doit la mettre devant l’animal, et il s’approche et boit de lui-même ». On comprend la sainte indignation de Jésus : « Vous menez votre âne à l’abreuvoir et vous ne voulez pas que je guérisse un malade ».

 

G : LA PIÉTÉ

 

D’une manière générale les Pharisiens ne laissaient rien à l’initiative du fidèle. Sa vie entière était réglementée avec la minutie la plus puérile. On lui disait tout ce qu’il avait à faire pour marcher, pour s’arrêter, pour travailler, pour se reposer, pour manger, pour dormir, pour voyager. Du matin au soir, de l’enfance à la vieillesse, le formalisme était là, le poursuivant, le contraignant, l’asservissant. Sa vie morale ne pouvant se développer, son individualité elle-même était étouffée et réduite à l’impuissance.

Nous parlons ici des pieux subissant l’influence du Pharisaïsme. Ils nous importent avant tout parce que c’est contre eux que le Christ s’est élevé ; c’est le spectacle de leurs pratiques et l’étude de leur fausse dévotion qui ont provoqué la grande réaction spiritualiste de l’enseignement de Jésus.

 

A côté d’eux, il faut remarquer la foule des indifférents, de ceux qui trouvaient la religion ennuyeuse, et qui vivaient sans croyances. On ne doit pas se figurer, en effet, que le peuple entier fût religieux. La Palestine avait ses matérialistes pratiques comme tous les autres pays du monde et le premier siècle ne s’est pas distingué en cela des autres siècles. Ceux-là, s’ils étaient riches, se déclaraient Saducéens et abritaient leur indifférence derrière ce titre qui leur servait d’enseigne. S’ils étaient pauvres, ils ne se laissaient pas absorber comme les ouvriers de nos jours par le travail quotidien, car le pauvre se contentait alors de peu et la vie n’avait pas les mêmes exigences que dans notre Occident moderne.

 

Tous ceux qui ne pratiquaient pas étaient fort méprisés par les pratiquants. On les appelait des pécheurs, des gens de mauvaise vie, non que leur conduite fût immorale, mais parce qu’ils ne se soumettaient pas aux exigences de la Loi traditionnelle et n’acceptaient pas de porter le joug, pharisien.

C’était aussi en Galilée que se trouvait le plus grand nombre de Juifs vraiment pieux et qui savaient garder un sentiment religieux profond en dehors des formes obligatoires et des rites consacrés. Ces Galiléens montaient en pèlerinage au Temple et s’y rendaient avec une piété vraie, naïve, qui faisait sourire les formalistes et les prêtres.

Le fanatisme religieux se confondait absolument avec le fanatisme politique. La présence de l’étranger, le centurion romain que l’on rencontrait partout, le soldat grossier qui pouvait tout se permettre, entretenaient et exaltaient la haine dans tous les cœurs, Cette haine ira en grandissant, elle éclatera çà et là en émeutes vite réprimées jusqu’à l’explosion de rage et de désespoir de l’an soixante-six, qui durera quatre années, et mettra fin à l’existence nationale de ce peuple.

 

Deux mots résument les sentiments habituels qui remplissaient l’âme d’un Palestinien au premier siècle : pratiquer la Loi et haïr l’étranger. Nous avons déjà insisté en parlant des passions politiques des Juifs sur l’état d’exaltation constante dans lequel ils vivaient. Il faut y revenir ici en parlant de la piété, car ils considéraient leur acharnement même comme un grand devoir de leur religion.

C’était un duel à mort qui avait commencé entre Rome et Jérusalem soixante-trois ans avant Jésus-Christ. Pendant la vie du Christ, l’effervescence du peuple entier allait chaque jour grandissant ; cette haine toujours allumée, cette fièvre ardente qui excitait les partis, contrastent étrangement avec la douceur parfaite et la paix profonde qui animent tout l’enseignement de Jésus.

 

Il faut se reporter aux époques les plus troublées de notre histoire nationale pour se faire quelque idée du milieu dans lequel le Christ se trouvait constamment à Jérusalem. Les crimes, d’Hérode avaient monté toutes les têtes ; les Romains inspiraient une véritable horreur.

La mort d’un Jean-Baptiste, c’est-à-dire d’un des plus grands hommes, de son temps, grand par son éloquence, grand par sa popularité, grand surtout par sa foi religieuse et, par l’austérité de son patriotisme et de sa vie, résultait du caprice d’un tétrarque pris de vin, donnant la danse de sa belle-fille en spectacle à ses courtisans. On comprend, en présence de tels faits, que les passions populaires fussent effroyables et que les Juifs détestassent leurs rois comme ils délestaient les Romains.

La haine de tout ce qui n’était pas Juif était sans cesse ravivée par l’espérance messianique. Cette espérance était la raison d’être de toutes les passions religieuses des exaltés. La foi en l’apparition prochaine du Libérateur était dans les cœurs de tous, et sans elle on ne peut comprendre ni les mœurs religieuses de cette étrange époque, ni l’enseignement du Christ et des docteurs de la Loi.


MAV : Je rappelle ce que j’ai mis dans le préambule:

 J’ai trouvé ce livre essentiel, vital, pour beaucoup de chrétiens au final bien mal enseignés, à une heure où les événements se précipitent et où une meilleure connaissance de notre Grand Dieu est indispensable pour avoir les yeux tournés vers le ciel, et non vers la terre où il n’y a que ruine, désespoir, peur, terreur, et quand tout empire, presque chaque jour.

Comme l’a dit notre Dieu par son prophète Osée :

 » Osée 6:3 Oui, cherchons à connaître l’Eternel, efforçons-nous de le connaître. Sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore, et il viendra vers nous comme la pluie, comme les ondées du printemps qui arrosent la terre. »

Cette connaissance grandit dans la lecture de la Bible. Merci à Dominique de nous transmettre le fruit de son formidable travail. Je publierai un chapitre par semaine, chaque samedi – si je peux ! – car il y a largement matière à méditation dans chacun d’eux. Mais vous pouvez aussi demander à Dominique la totalité du livre dès maintenant, si vous avez soif de vous plonger bien plus vite et loin dans cette lecture. Nous avons tous, toujours, besoin d’être enseignés dans la vérité.


LIVRE DE DOMINIQUE :

 Ce livre vous est proposé gratuitement, donc, si on vous en demande de l’argent, refusez.

Auteur : Dominique Verheye, dans l’écoute du Saint Esprit. verheyed@gmail.com