NOTE MAV. Cet article est un MONUMENT DE VÉRITÉ, qui peut sauver de nombreuses vies pour l’éternité. Il m’a fait comprendre clairement ce que je ressentais confusément : Le pourquoi de si nombreuses fausses conversions dans nos églises, et son corollaire, leur manque de puissance et l’absence des fleuves de vie qui devraient en sortir, pour toucher et guérir le monde. Merci au Seigneur pour cette prédication ointe ! Que beaucoup en sortent définitivement transformés

Je ne sais pourquoi, mais il est possible d’être sauvé, d’être né de nouveau par l’Esprit, et même d’être rempli de l’Esprit, sans pour autant être converti, c’est-à-dire sans vivre cet abandon absolu à Dieu que requiert l’apostolicité authentique.

Comprenez-vous cela ?

Ce soir, je crois que le sujet qui est sur le cœur du Seigneur pour nous, c’est la conversion. Il nous faut marquer un arrêt dans le déroulement de ces soirées pour nous poser la question de l’authenticité de notre propre conversion. Je veux lire le récit de la conversion de Paul au chapitre 9 du Livre des Actes des Apôtres. Chose frappante, ce livre des Actes relate ou mentionne trois fois cette conversion. Peut-être n’est-il pas exagéré d’estimer que la qualité de la vie apostolique qui s’ensuivit était en relation directe avec la qualité d’un tel commencement. Autrement dit, il n’est peut-être pas possible, en un sens, d’aller au-delà de ce que nous avons posé dès le point de départ.

Il se peut que parmi nous, certains aient besoin d’un nouveau départ, ou bien de prendre le départ s’il n’a pas encore été pris. S’il n’a jamais été pris, nous serions condamnés à rester fixés, dans notre vie chrétienne, au niveau d’un certain type de réponse, inférieur à ce que le Seigneur désire intensément pour nous.

Nous lisons dans Actes 9:1-16 :

Cependant Saul, qui respirait encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit chez le souverain sacrificateur et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il s’y trouvait quelques-uns, hommes ou femmes, qui suivent cette Voie, il les amène liés à Jérusalem.

Comme il était en chemin et qu’il s’approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. Il tomba par terre et entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus, que tu persécutes ; il te serait dur de regimber contre les aiguillons.

Tout tremblant et stupéfait, il dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Alors le Seigneur lui dit : Lève-toi, entre dans la ville, et l’on te dira ce que tu dois faire. Les hommes qui voyageaient avec lui s’étaient arrêtés, muets de stupeur; ils entendaient la voix, mais ne voyaient personne. Saul se releva de terre, et, malgré ses yeux ouverts, il ne voyait rien ;

on le prit par la main pour le conduire à Damas. Il fut trois jours sans voir, et ne mangea ni ne but. Or, il y avait à Damas un disciple du nom d’Ananias. Le Seigneur lui dit dans une vision : Ananias ! Il répondit : Me voici, Seigneur ! Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, va dans la rue appelée la droite, et cherche, dans la maison de Judas, un nommé Saul de Tarse. Car il prie et a vu en vision un homme du nom d’Ananias, qui entrait et lui imposait les mains, afin qu’il recouvre la vue.

Ananias répondit : Seigneur, j’ai entendu dire par beaucoup combien de mal cet homme a fait à tes saints dans Jérusalem; et il a ici, de la part des principaux sacrificateurs, le pouvoir de lier tous ceux qui invoquent ton nom. Mais le Seigneur lui dit : Va, car cet homme est pour moi un instrument de choix, afin de porter mon nom devant les nations et les rois, et devant les fils d’Israël; et je lui montrerai combien il faudra qu’il souffre pour mon nom.

Prions :

– « Merci, Seigneur bien-aimé, de cette lumière qui a brillé sur un ennemi et qui l’a converti en profondeur, faisant d’un meurtrier le principal apôtre de l’Église. Quelle œuvre extraordinaire, Seigneur ! Elle descend du ciel au moment fixé par toi, en dépit de toutes nos oppositions. Que la parole de ce soir, Seigneur, vienne toucher ceux d’entre nous qui ne sommes pas encore tombés face contre terre devant toi et qui dirigent leurs pas d’après leur propre vision et non la tienne. Que nous soyons abaissés afin d’être ensuite relevés; que nous puissions apprendre ce qu’il nous faut souffrir pour l’amour de ton nom, nous qui devons nous tenir devant des nations, devant des rois, et tout particulièrement en ces derniers temps, devant la maison d’Israël. Viens nous parler, Seigneur, à travers ce passage. Sois loué et remercié de nous donner des paroles de grâce auxquelles ce passage deviendra pour nous une réalité vécue, dans le saint nom de Jésus, Amen. »

Comme je l’ai dit, le point de départ de la vie apostolique en conditionne dans une large mesure l’aboutissement.

Chez beaucoup d’entre nous, il y a un dysfonctionnement; nous ne marchons pas dans la plénitude, car il y a eu un manque au point de départ.

Je pourrais disserter longuement sur les carences dans la prédication actuelle de l’Évangile, lequel devient une sorte de formule en vue de l’obtention du salut, plutôt qu’un enracinement dans la foi très sainte, comme ce que connurent les païens de Thessalonique, qui par la prédication apostolique de l’Évangile se détournèrent des idoles

« pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir »

(I Thessaloniciens 1:9-10).

Ces paroles prouvent qu’ils entendirent une présentation bien plus complète, bien plus puissante de l’Évangile que la plupart d’entre nous. Aussi, dès le moment de leur conversion, leur vie manifesta-t-elle une qualité particulière, marque spécifique de leur église.

Leur vie reflète leur commencement, comme notre vie reflète notre commencement.

Mais Dieu soit loué, car si un commencement défectueux, inadéquat, a affecté notre manière de marcher, Dieu a les moyens de nous faire prendre un nouveau départ.

Je vois là une sorte de parallèle avec la « grande traversée » qu’Israël eut à faire avec Josué. Le nom « Jourdain » veut dire, littéralement, « descente dans la mort ».

Traverser le Jourdain, c’est laisser derrière soi ceux qui, pendant quarante ans, ont erré de-ci, de-là dans le désert religieux jonché des cadavres de ceux qui n’avaient pas le cœur entier d’un Caleb ou d’un Josué (Caleb signifie : « au cœur entier« ).

Sur toute une génération, deux hommes seulement connurent le privilège d’être accueillis dans le pays de la promesse et de participer à la prise de ce pays.

C’est devant pareille croisée des chemins que nous nous tenons aujourd’hui.

Il est temps de passer sur l’autre bord. Et la pensée qu’il était indispensable d’effectuer ce passage a pesé lourdement sur mon cœur pendant tout mon séjour auprès de vous ici, et pendant les jours précédents.

Saviez-vous que toute la maison d’Israël n’avait pas traversé le Jourdain, mais que les tribus de Gad, de Manassé et de Ruben avaient choisi de rester en-deçà ? Elles restèrent là parce que la terre était fertile, que l’herbe était drue, et qu’en bons éleveurs de bétail ils avaient vu là une source de profit immédiat.

Ils refusèrent de courir le risque de la foi quant à ce qui se trouverait sur l’autre bord.

Ils supplièrent Moïse et il exauça leurs supplications. Mais dès lors, ils ne jouèrent plus le moindre rôle dans l’histoire d’Israël. Un seul fait affligeant nous rappelle cette tribu de Gad : les Gadaréniens, dans le Nouveau Testament, étaient ces éleveurs de porcs qui allaient refuser d’accueillir un Libérateur dont les actions s’avéraient coûteuses pour leur chair.

Ils aimaient mieux conserver leurs troupeaux qu’accueillir celui qui chassait les démons, précipitait les troupeaux dans la mer.

Quel commentaire que cet épisode, quant aux conséquences de ce refus de traverser : restés du mauvais côté, les Gadaréniens ont dépéri ! La raison, me semble-t-il, est invariablement la même : la satisfaction de notre chair.

En-deçà du passage, nous sommes assurés du nécessaire pour nos « troupeaux », c’est-à-dire du nécessaire pour nos intérêts immédiats.

Aujourd’hui comme alors, il est absolument nécessaire de passer d’un bord à l’autre, de peur que nos cadavres ne jonchent cette rive qui est en-deçà, ou que nous ne soyons la proie de cette affligeante dégénérescence qui affecta les tribus de Gad et de Manassé.

Ils se fixèrent l, refusant de passer sur l’autre rive, au nom de leurs troupeaux. Nous venons de voir ce qu’était devenu le pays des Gadaréniens au temps de Jésus, des siècles plus tard. A l’heure actuelle, l’histoire n’a même pas retenu leur souvenir; ils n’y ont contribué en rien.

On peut donc affirmer que la conversion (celle de Paul comme la nôtre) joue un rôle capital.

Au début du récit, on trouve ces mots :

« Il était en chemin…« 

Il y a davantage à espérer, à mon avis, d’un ennemi de Dieu qui est « en chemin » en toute sincérité, même s’il erre, que de ceux qui se disent amis de Dieu et qui ont depuis longtemps cessé de cheminer, mais font du « sur place », installés bien au chaud quelque part.

Il y a plus d’espoir pour la conversion d’un ennemi, pour lamentable que soit son erreur, car l’erreur est alors le signe d’une soif intense de Dieu, pour grand que soit le degré d’égarement, que pour la conversion de ceux qui, parmi nous, sont enfermés dans un cocon de doctrines et de crédos irréprochables, et qui ne cheminent pas du tout !

Ces paroles : « Il était en chemin » suscitent un frémissement dans mon esprit. Saul serait-il passé par cette conversion s’il avait cherché un lieu où on est à l’abri des « coups de tabac », bien installé dans cette pensée orthodoxe traditionnelle dont se satisfaisaient la plupart de ses contemporains ?

« Mais alors qu’il était « en chemin,…tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. »

Je me demande si la condition, pour que nous aussi, nous recevions cette lumière-là, n’est pas, justement, d’être en chemin ?

Est-ce que lorsque le Seigneur voit notre quête, il n’y a pas plus d’espoir pour nous d’être saisis par la lumière divine, que si nous nous satisfaisons de faire du « sur place » ?

Mais tant que cette lumière-là n’a pas resplendi, tant qu’une lumière venue d’en haut n’a pas brillé sur nous, nous sommes dans l’incapacité d’avancer. Toutes choses viennent de la main de Dieu, cette main puissante et souveraine.

Et les yeux du Seigneur ne cessent de parcourir la terre, pour chercher ceux qui ont un cœur bien disposé envers lui.

S’il n’en était pas ainsi, je ne serais pas en train de vous parler ce soir.

Je n’aurais pas la foi, et serais mort depuis longtemps.

Mais, alors même que j’étais athée, ennemi de Dieu, « respirant la menace et le meurtre contre l’Église« , il y a trente ans, plein de cette hostilité véhémente que connaissait Saul, je fus arrêté en chemin. Sans doute Dieu a-t-il vu, malgré mes égarements, malgré mon hostilité envers l’Église et envers la foi, incapable que j’étais d’articuler le Nom de Jésus sinon pour jurer et blasphémer, que mon cœur avait soif de vérité, et que je consentais à « être en chemin« .

Je crois qu’une telle disposition plaît à Dieu, y compris après la première rencontre avec lui !

Combien j’aime la façon dont le Seigneur alla à la rencontre de Saul, qui tomba à terre et entendit une voix disant :

« Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ».

Si on examine en quoi consiste exactement la conversion, la nature du retournement qu’elle produit obligatoirement, on voit que c’est cette persécution-là qui est l’erreur fatale. Si elle parvient à son terme, cette erreur nous amènera à persécuter Dieu et l’Église.

Pourquoi me persécutes-tu ?

Cette erreur consiste à accorder plus d’importance au « tu » qui nous désigne qu’à la personne du Seigneur lui-même.

Pourquoi me persécutes-tu, toi ?

Pourquoi célèbres-tu et élèves-tu tes intérêts personnels, ces intérêts tout pétris de piété, ces intérêts que tu crois sanctifiés, au-dessus de ma Personne ? »

C’est maintenant qu’il me faut faire entièrement confiance au Saint-Esprit, pour qu’il se saisisse de cette question si simple mais bien plus profonde que tout ce qu’on peut en dire, afin qu’il révèle à chacun le point capital.

Nous ne sommes pas convertis tant que la Personne du Seigneur n’a pas priorité sur ce « tu » par lequel il nous désigne. C’est là que se trouve le piège mortel, la possibilité de nous égarer complètement.

Ce qui est tragique, c’est qu’il nous arrive de passer toute notre vie à mettre le « tu » par lequel Dieu nous désigne avant la Personne du Seigneur Lui-même, tout en étant remplis de piété. Il faut donc un arrachement à cette manière d’être, une correction radicale de la trajectoire. De ces deux réalités, il faut que l’une prenne le pas sur l’autre : que la Personne du Seigneur prenne le pas sur la nôtre. Sinon, assurément d’une manière ou d’une autre, nous persécutons Dieu : nous lui faisons obstacle, alors même que nous prétendons mettre toutes nos forces à son service ! N’est-ce pas là le fidèle portrait de Saul ?

Notez le bien : Saul n’avait rien de l’athée qui a délibérément pris position contre Dieu; il était au contraire rempli de zèle pour Dieu. L’erreur qui lui fit persécuter le peuple de Dieu, et Dieu lui-même au travers de ce peuple, était le fait d’un homme pieux qui, en dépit de toutes ses bonnes intentions, mettait sa propre personne au-dessus de la Personne de Dieu.

Où en êtes-vous ce soir ?

Si un homme rempli d’intentions aussi droites et d’autant de zèle pour Dieu a pu commettre cette erreur si grave, si fatale (s’emparer des hérétiques et les ramener à Jérusalem), à combien plus forte raison ne sommes-nous pas capables de commettre une erreur aussi grave, aussi fatale ?

Le nœud de la question est le motif qui nous fait donner plus de place à notre propre moi qu’à la Personne de Dieu.

Cette attitude est typique de l’Église actuelle, même dans ce qu’elle a de meilleur, de plus charismatique.

Ce qui continue de primer, c’est notre moi. Nous continuons à poser la question :

– « Qu’est-ce que cela nous apporte ? »

C’est le signe d’un entêtement, d’un égocentrisme spirituel dont nous n’avons pas conscience. De quelque manière qu’il s’exprime, il ne peut être délogé que par une conversion en profondeur. En réalité, la conversion, c’est cela.

Il est possible que nous soyons sauvés, et même remplis du Saint-Esprit; pourtant, ce problème profond que je viens d’évoquer reste parfois entier tant qu’une lumière ne tombe pas du ciel pour nous faire tomber face contre terre.

Même au cours des deux soirées précédentes, n’avons-nous pas assimilé la Parole de Dieu de manière à la faire cadrer avec nos propres structures mentales préétablies, ces structures qui servent à nous affirmer nous-mêmes, détournant ainsi à notre profit cette Parole par laquelle Dieu voudrait nous détrôner, et, s’il le faut, nous dévaster ? Je vais répéter ce que je viens de dire : combien sommes-nous à avoir écouté la Parole, et à l’avoir reçue en la filtrant à travers notre subjectivité, en l’adaptant à tout ce qui, dans notre vie, est déjà bien en place, à nos propres catégories ? Combien sommes-nous à avoir trouvé un moyen de faire cadrer cette Parole avec notre propre image de nous-mêmes, avec la spiritualité qui est la nôtre, la vocation qui est la nôtre ?

Pour être inconsciente, cette démarche n’en est pas moins une manière de nous placer nous-mêmes au-dessus de la Parole, en décidant nous-mêmes de ce qui, dans cette Parole, pourra s’adapter sans douleur aux catégories qui ont déjà reçu notre approbation.

Au lieu de permettre à la Parole de dévaster ces catégories, nous nous élevons en arbitre au-dessus d’elle. Nous la modelons avec soin afin de pouvoir l’intérioriser confortablement; nous la célébrons et la nommons « Parole de Dieu », nous applaudis- sons celui qui l’a apportée, et nous croyons qu’ainsi nous avons rendu service à Dieu.

Comprenez-vous pourquoi nous avons absolument besoin d’être convertis ? Cet égocentrisme atteint en nous des profondeurs que nous ne pouvons sonder, Comble de l’ironie, c’est dans le domaine spirituel qu’il pousse ses racines les plus profondes. Y-a-t-il pire offense à Dieu, pire moyen de donner plus d’importance à notre personne qu’à la Sienne, que cette façon d’entendre la Parole et de la recevoir de manière conditionnelle ?

C’est un processus totalement inconscient, auquel nous nous livrons depuis des années, passant ainsi à côté du vrai sens de cette Parole et des intentions de Dieu qui nous l’envoie.

Aussi le Seigneur dit-il ce soir :

« Arrêtez ! Je n’irai pas plus loin. Je n’ouvrirai pas les saints trésors de la foi apostolique à un peuple qui va s’en emparer et se les approprier de façon à les adapter à ses structures mentales préexistantes, car en ce faisant, il trouve le moyen d’élever ce que la Parole aurait dû dévaster. »

Dans la pratique, nous nous plaçons au-dessus de la Parole de Dieu, en décidant dans quelle mesure nous l’accepterons, dans quelle mesure nous lui ferons confiance. Nous décidons nous-mêmes jusqu’à quel point, en fait, nous l’intérioriserons et la mettrons en pratique.

Est-ce que vous vous rendez compte que nous n’arrêtons pas de faire cela ? Notre Dieu est saint. L, en notre présence, il épanche son cœur pour nous, et voilà que consciemment ou inconsciemment nous calculons, nous supputons jusqu’à quel point il serait réaliste de recevoir cette Parole-là et de nous y conformer !

Je crois que le malaise profond de l’Église s’explique par ce que je viens de dire. Voilà la raison pour laquelle l’Église manque tant de fraîcheur, la raison pour laquelle elle ne marche pas de foi en foi et de gloire en gloire;

La raison pour laquelle les cultes sont remplis de « prédications » plutôt que de la Parole de Dieu, dont le propre est d’exiger une réponse, un changement, ce qui est précisément pourquoi la Parole nous est donnée.

Nous l’écoutons, mais sans être déterminés à la mettre en pratique. Nous nous bornons à en approuver le caractère biblique et à y prendre plaisir. Ne voyez-vous pas que nous nous approchons de la Parole avec toute une mentalité qui fait justement barrage à ce que cette Parole a de plus précieux, et à ce qu’il y a de plus précieux dans l’intention de Dieu ?

Si nous ne permettons pas à la Parole de nous changer, existe-t-il quelque autre moyen par lequel nous puissions être changés ?

Nous ouvrons-nous totalement à la Parole, nous dépouillant de tout à-priori, afin qu’elle fasse en nous son œuvre jusqu’au bout ? Consentons-nous à dire :

« Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole ? »

Je ne sais où cela me mènera. Cela pourrait entraîner la perte de ma maison, de mon niveau de vie, de toute ma façon d’être; la perte de ce pourquoi j’ai travaillé depuis si longtemps, de choses qui ne sont pas intrinsèquement mauvaises.

Mais tant que nous ne parvenons pas à cette attitude de cœur qui consiste à demander sans cesse, chaque fois que nous entendons la Parole, « Qu’il me soit fait selon ta Parole« , nous ôtons à cette Parole son caractère divin et nous ne lui permettons pas d’accomplir son œuvre en nous.

Nous la réduisons à l’état de banale « prédication » que nous nous réservons le droit d’approuver ou de rejeter.

À quoi Marie s’engageait-elle quand elle répondit :

« Qu’il me soit fait selon ta parole » ?

… À rien de moins qu’à l’acceptation d’une grossesse qu’elle ne saurait expliquer à personne dans cette génération de gens pieux, remplis de leur propre justice, disposés à lapider à mort sur le seuil de la maison paternelle toute femme enceinte pour des raisons suspectes.

Même encore, le Talmud, ce commentaire rabbinique, fait allusion à Marie de façon voilée et suggère qu’elle était enceinte de quelque soldat romain.

Est-il possible de rendre compte autrement d’une grossesse inexplicable ?

Quand Marie déclara : « Qu’il me soit fait selon ta parole« , elle voulait dire :

« Je consens à supporter toutes les conséquences de cette parole, même si elle devait attirer sur moi une mort déshonorante, alors qu’en réalité, je suis une vierge d’Israël. »

Écoutez-moi bien : quand Dieu trouve un cœur tel que celui-là, il n’y a pas de limite à l’œuvre divine qui peut alors commencer. Quand je pense au potentiel qui est réuni dans cette salle ce soir ! (et je ne parle pas seulement de cette assemblée-ci, mais aussi à ceux qui n’en font pas partie). Quand je pense à ce que les personnes qui sont ici pourraient représenter dans l’œuvre divine des temps de la fin pour un monde ébranlé et détruit par la violence, la souillure, les perversions et les corruptions en tous genres, pour ce monde qui attend les envoyés de Dieu, je sens quelque chose comme la frustration du Seigneur, qui ne peut accomplir ces choses que lorsque les siens reçoivent sa Parole dans cette même disposition virginale, en acceptant toutes les retombées quelles qu’elles soient !

« Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole. »

Si vous acceptez dans votre cœur la pensée d’être inévitablement conduit à une mort sous une forme ou sous une autre, vous vous épargnerez l’exaspération inutile qu’il y a à se demander quelle forme prendra l’accomplissement de cette Parole dans votre cas particulier.

Qu’il s’agisse de lapidation sur le seuil de la maison paternelle, de disgrâce, de rejet par les hommes, d’hostilité, d’incompréhension, de huées, d’invectives ou de quelque autre opprobre, avec tous les dangers physiques ou moraux qui s’y attachent, qu’importe ?

Dieu attend toujours, et n’a jamais eu d’autre point de départ pour ses œuvres, en dehors de celui qui dira :

« Qu’il me soit fait selon ta Parole ».

Soyons attentifs à la réaction de Saul quand il se retrouva en face de Jésus qui lui disait :

« Saul, tu as célébré et exalté ta propre personne en lui donnant plus de place qu’à la mienne ».

Saul prononça une parole forte, une parole apostolique, dont l’écho a retenti tout au long de la carrière qui s’ensuivit :

« Seigneur, que veux-tu que je fasse ? »

Je tiens à ajouter que chaque fois que nous prononçons le mot « Seigneur » sans que ce terme implique tout le reste du propos de Paul, « Que veux-tu que je fasse ? » nous jouons avec une chose sainte et nous prenons le Nom du Seigneur en vain.

Bien-aimés, j’ai une question à vous poser.

Quand avez-vous, pour le dernière fois, passé avec Dieu un contrat qui vous engageait de façon aussi inconditionnelle que cet acte initial de Paul au début de son parcours apostolique ?

Cette question qu’il posa inclut toutes les autres questions possibles :

« Seigneur, que veux-tu que je fasse ? »

Pas l’ombre d’un « si« , ni d’un « mais« , ni d’une condition quelconque. Ni stipulation, ni garantie, ni requête; il ne demanda même pas d’être illuminé, de comprendre, ni de recevoir quelque explication.

Si le Seigneur est le Seigneur, nous n’avons qu’une seule chose à faire : tomber à terre devant Lui, en élevant vers Lui ce seul cri dont l’écho durera aussi longtemps que durera notre vie terrestre :

« Seigneur, que veux-tu que moi, je fasse ? »

Nous poussons ce cri une seule fois, mais ou bien son écho retentit jusqu’à la fin de nos jours, ou bien notre vie n’a rien d’apostolique. Voilà la principale raison d’être de la parole que nous entendons ici ce soir.

Il se trouve que mon porte-document est plein de messages excellents, mais je n’ai pas la liberté d’en utiliser ou d’en citer un seul, malgré la joie que j’aurais à répandre ici cette semence précieuse et sainte que Dieu m’a confiée.

En effet, toute parole qui sort de ma bouche, tout service que j’accomplis, ou que vous accomplissez, doit découler de cette unique question :

« Seigneur, que veux-tu que je fasse ? »

Combien de carrières apostoliques sont en jachère ici ce soir ? Combien de prophètes y a-t-il dans cette salle ? Combien d’évangélistes, de docteurs, de pasteurs ? Combien de femmes appelées à cet enfantement spirituel qu’est la prière d’intercession ?

Combien d’appels divins en suspens, dans l’attente de cette question : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » qui n’est pas encore parvenue aux oreilles de Dieu, n’a pas été prononcée devant lui sans l’ombre d’une réserve, par des gens qui ont déposé toutes leurs qualifications humaines ?

Cette parole est l’expression de l’abandon total, de l’abandon apostolique.

Et tant que le Seigneur ne l’a pas entendue, il ne vous dira pas ce que vous avez à faire. Qu’il y ait des œuvres à accomplir, c’est l’évidence même. Mais elles ne pourront être accomplies que dans la puissance que Dieu confère à ceux à qui Il peut confier de telles œuvres.

L’Esprit est donné sans mesure à ces fils dont le but n’est plus de se satisfaire eux-mêmes, et qui désormais ne vivent plus pour eux-mêmes, mais qui puisent leur vie dans cette seule question : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ?« 

Vivre ainsi, c’est la vraie vie !

Tout ce qui reste en-deçà est privation.

Tout ce qui reste en-deçà est au conditionnel, est d’ordre inférieur.

En-deçà, on s’expose aux craintes, aux doutes, à l’instabilité, à tout ce qui rend infirme, entraîné dans le compromis, attirant l’attention sur nous.

 

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