Le Seigneur m’a donné en 1928, alors que j’étais jeune évangéliste dans le Jutland, une vision qui m’a bouleversé. J’étais à cette époque là dans une confusion spirituelle car le pasteur qui était responsable de ma formation voulait quitter l’Eglise Apostolique. J’en ai parlé à deux pasteurs qui tous deux m’ont dit :
– « Cette vision est du Seigneur, mais tu ne peux en parler maintenant. Personne ne l’acceptera. »
– « Mais que faire? » leur ai-je répondu?
– « Attendre. »
J’ai attendu : cinquante ans environ. L’un des deux frères est décédé. Et l’autre, le pasteur Anders Christiansen, m’a un jour dit :
– « Le temps est maintenant venu que tu parles de cette vision. Il faut prier pour qu’elle soit acceptée.
« Je me rendais en bicyclette dans une ville assez éloignée. J’étais heureux et serein, chantant en langues tout en pédalant. Tout à coup j’entendis un chant dans le lointain, sans que je pusse distinguer les paroles; cela s’amplifiait et je me sentis comme ravi en esprit, comme si quelque chose en moi s’élevait hors de mon corps. Je continuais à pédaler, mais j’avais l’impression d’être au-dessus du paysage.
Soudain j’entendis une voix qui me disait: « Regarde en bas ! ». Je vis une gigantesque croix… « Approche et regarde ». La croix était comme une immense prison reconnaissable aux barreaux des fenêtres et à des cellules semblables à des cours intérieures. Des extrémités de cette croix émanait un rayonnement.
Sur la branche verticale de la croix, une main avait écrit: « Eglise protestante ». Sur la branche horizontale: « Eglise catholique ». Sur cette même prison la main inscrivait les noms des dénominations: « baptistes, pentecôtistes, apostoliques, congrégationalistes, salutistes, luthériens, quakers, etc. ». Chaque cellule était pleine de gens qui criaient, et de chacune d’elles venaient des affirmations qui les typifiaient.
Alors une voix s’éleva et dit: « Pourquoi tout ce monde reste-t-il prisonnier? Mais je pars proclamer la grâce pour tous ».
La voix encore m’exhorta à regarder. Je vis cette prison entourée d’une immense et splendide prairie verdoyante, parsemée de bosquets, de fleurs, d’arbres, et remplie de brebis et d’agneaux. Un magnifique ruisseau la parcourait et les brebis venaient s’abreuver à son eau claire. De cette prairie montait cette musique d’une indescriptible beauté, que j’avais entendue. La voix retentit encore en disant: « Moi je suis le bon berger, le bon berger donne sa vie pour ses brebis ». Une question s’impose alors à moi: « Mais Seigneur que signifie cela »?
Tout à coup le ciel s’assombrit, le tonnerre se fit entendre et des nuages menaçants arrivèrent. J’étais dans l’angoisse et je demandai: « Seigneur qu’est-ce qui va arriver »? Le feu descendit du ciel et en un instant détruisit le bâtiment en forme de croix.
Mais avant cela, la belle prairie s’était évanouie sans que je m’en aperçusse.
Bouleversé je posai alors cette question: « Mais Seigneur où est l’Eglise »? « Je te l’ai fait voir. C’est mon troupeau et je suis le Bon Berger ».
-Seigneur, ai-je dit, je ne peux pas rester sans église, sans pasteur, révèle-moi dans quelle église je dois prendre place… »
Je ne sais pas comment expliquer avec précision cette vision, mais je pense que les brebis de la prairie sortaient de toutes les dénominations emprisonnées. Quand la vision s’est achevée, je pédalais toujours. J’avais fait une centaine de kilomètres en plus et j’avais dépassé la ville où je devais aller… »
C’est ça, tout à fait ça…