Emmanuel Macron a commencé à chuter dans les sondages. Ce n’est, je pense, qu’un début [un nouveau sondage indique qu’il chute encore de 14 points à 40% d’opinions favorables].
Comme je l’ai écrit depuis que sa candidature a émergé, Emmanuel Macron est essentiellement un produit préfabriqué, vendu par les grands médias. C’est un Président vide et inconsistant dont le vide et l’inconsistance sont dissimulés derrière une arrogance autoritaire et quelques coups d’éclat dont l’effet retombe rapidement.
C’est un homme qui a été élu par défaut, parce que le candidat de la droite modérée s’est démoli lui-même et a été démoli, et parce que la droite modérée était devenue inconsistante, ce qui explique sa décomposition actuelle. C’est un homme qui s’est fait élire par la diabolisation de Marine Le Pen. C’est un homme dont le programme était empli de phrases creuses et contenait de rares promesses, déjà trahies pour la plupart.
C’est un homme qui, lorsqu’il se laisse aller et livre le fond de sa faible pensée, peut dire des phrases monstrueuses que des phrases plus nobles écrites par quelqu’un d’autre pour qu’il les lise ne parviennent pas à effacer. C’est un homme qui ne dit strictement rien sur les problèmes les plus graves que connaît le pays. C’est un homme qui est, dès lors, à la merci de grèves, d’émeutes, d’attentats. C’est un homme qui s’est acquis la défiance et le mépris de l’armée, et en qui la police n’a aucune confiance.
C’est un homme qui a fait entrer dans son gouvernement des idéologues tels que Nicolas Hulot, et qui a placé a l’assemblée des gens sans la moindre consistance aux fins qu’ils votent ce qu’on leur demande de voter sans avoir compris quoi que ce soit au texte qui sera voté.
Si grèves, émeutes ou attentats se produisent, les conséquences pourraient être très lourdes. Or, dans un pays où sont présents chômage, pauvreté, zones de non-droit, migrants incontrôlés, islamistes revenus de l’État Islamique désormais détruit, grèves, émeutes et attentats sont de l’ordre du probable.
Si des conséquences très lourdes se profilent et s’il devient visible qu’un chef de l’exécutif a dépassé de beaucoup son seuil de compétence, des élections anticipées peuvent avoir lieu et une alternance se produire.
La France est dans une situation où aucune alternance n’est véritablement envisageable, vu l’état de la droite et celui du Front National. Quand aucune alternance n’est possible et qu’il faudrait une alternance quand même, il reste le chaos et la déliquescence. Je crains que chaos et déliquescence se profilent.
Je dois dire que cette crainte m’habite depuis plusieurs années. J’ai expliqué dans un petit livre appelé Voici revenu le temps des imposteurs* qu’un travail de sape de longue haleine avait été mené par la gauche, qui avait pris le contrôle des médias, de l’éducation, de la culture, de l’édition, et par un effet d’entraînement de tous les appareils politiques.
J’ai expliqué que le but recherche était celui qui avait été défini par un communiste italien des années 1930, Antonio Gramsci, et que ce but avait été nomme par Antonio Gramsci « hégémonie »: l’hégémonie, disait-il, implique la prise de contrôle susdite, avec pour but que tous les débats, toutes les idées énoncées se situent sur le terrain tenu par la gauche et que toute idée différente soit éliminée.
En tant que communiste, Antonio Gramsci voulait la destruction des sociétés capitalistes démocratiques occidentales de façon à ce que, dans les décombres, puisse advenir la société radicalement différente rêvée par les communistes. Je disais dans « Voici revenu le temps des imposteurs » que la France était quasiment dans une situation d’hégémonie. Je le pense plus que jamais. J’ajoutais que la destruction était en cours, car, et j’insistais sur ce point, l’hégémonie aboutit a l’anéantissement des repères qui permettent a une société de fonctionner. Je disais que des anéantissements s’appellent anomie*.
- * Larousse: Désorganisation sociale résultant de l’absence de normes communes dans une société.
Je pensais que l’anomie en France était très proche. Je le pense plus que jamais, et je l’écris sans aucune joie. Je pense plus que jamais qu’Emmanuel Macron a été élu parce que la France s’approche de l’anomie. Je pense plus que jamais qu’il sera le Président de l’anomie et qu’une crise majeure se prépare en France. La crise majeure a sans doute déjà commencé.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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