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DIEU A TROIS « MASQUES » …

« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. (…) Et l’Éternel dit: Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre » (Genèse 11:1.7-9).

Tout comme la création n’est pas juste un moment de l’histoire mais un processus où Dieu est continuellement à l’oeuvre, la confusion du langage est aussi un processus continu.

Quand j’apprenais ma langue maternelle, l’adverbe « trop » exprimait un excès négatif: « il fait trop froid », « il est trop arrogant », « c’est trop cher ». A la limite, on pouvait l’employer dans des tours de modestie « vous me faites trop d’honneur ». En revanche, non, on ne l’employait pas avec un sens positif comme lorsque j’entends si souvent les jeunes dire « c’est trop bon ». Je redoute que, sur cette pente, « trop » finira par ne plus se distinguer de « très », déjà que les deux mots ont l’inconvénient de se ressembler.

Je pourrais multiplier les exemples. Dans le français de mon temps, on ne pouvait « renseigner » qu’une personne. Je suis bien perplexe quand je l’entends employer pour compléter les rubriques d’un formulaire.

Evidemment, le français de mon temps n’était plus non plus celui de mes aïeux. S’ils avaient dit « il s’assit incontinent », cela aurait voulu dire que la personne s’était assise sans avoir attendu d’être invitée à le faire. Ils auraient eu grande peur d’un pays « formidable » et, s’ils regrettaient d’aventure que quelqu’un pérît étonné, c’était à entendre que la foudre lui fût tombée sur le chef, pardon, la tête. Ils auraient compris qu’une certaine affaire avait tourné en os de boudin et auraient dit avec sagesse que mariage plus vieux est mariage heureux.

C’est par la multiplication de ces altérations de sens qu’il finit par se former des dialectes nouveaux qui deviennent des langues graduellement inintelligibles les unes pour les autres.

Une porte est pour nous un point de passage dans un bâtiment ou d’une pièce à l’autre. Nous ne voyons plus la parenté avec les mots anglais « ford », allemand « Furt » et vieux flamand « voorde » qui désignent le gué, lequel permet de passer d’une rive à l’autre. Nous ne voyons plus non plus la parenté avec le mot norvégien « fjord », porte d’entrée dans une vallée depuis la mer. Et je pourrais donner une myriade d’exemples, comme « lekhem » qui signifie « pain » en hébreu alors que « lakhm » signifie « viande » en arabe, de même que « mat » signifie « nourriture » en suédois tandis que « meat » signifie « viande » en anglais et que « viands » signifie « nourriture ».

Le mot « persona » a l’air latin. Mais il ne faut pas se fier aux apparences ! C’est, en réalité, un mot emprunté par les Romains aux Etrusques, leurs voisins.

Malheureusement, les Etrusques parlaient une langue qui nous reste mystérieuse. Nous la devinons plus que nous la traduisons. Elle ne peut être une proche parente des langues indo-européennes telles que le latin, le grec, le sanscrit, l’avestique ou le hittite. Au vu d’inscriptions, on est certain de sa parenté avec la langue qui était parlée dans l’île de Lemnos avant qu’elle ne devienne hellénophone. La thèse selon laquelle les Etrusques seraient venus d’Anatolie paraît même confirmée par des recherches génétiques.

Mais, malgré ces progrès dans la connaissance de l’histoire de ce peuple, nous ne pouvons pas percer l’étymologie des mots de sa langue.

Quoi qu’il en soit, « persona » désignait le masque, LE MASQUE expressif que portaient les acteurs étrusques quand ils jouaient une pièce de théâtre. Quand un même acteur jouait un autre personnage dans une même pièce, il changeait de « persona », c’est à dire de masque.

Les Romains le savaient bien que leur mot « persona » signifiait « masque de représentation théâtrale » et ils savaient donc aussi qu’ils utilisaient le mot avec un sens figuré quand ils parlaient de différentes personnes.

Mais nous, à cause de la confusion babélienne, nous le perdons complètement de vue.

Nulle part dans la Bible ne se lit le mot « trinité » et il ne s’y dit pas non plus que Dieu serait trois personnes dans l’acception actuelle du mot.

Mais, quand les théologiens des premiers siècles tentaient d’expliquer la foi chrétienne dans des lettres en latin, il faudrait se souvenir que, eux, savaient encore que le mot « persona » désignait d’abord ces masques de théâtre que l’acteur changeait quand il jouait un autre rôle dans une même pièce.

Alors, quel terrible malentendu si, au commencement, les Chrétiens romains voulaient dire que le même Etre divin se présentait sous trois « personæ » différentes, c’est à dire trois masques différents, celui d’un Père omnipotent, omniscient, créateur ; celui d’un Fils, voix éternelle créante ayant pris chair d’homme à un moment de l’histoire ; celui d’un Esprit insufflant toute la création et jusqu’au coeur de l’homme.

« Ecoute, Israël! l’Eternel, notre Dieu, l’Eternel est UN » (Deutéronome 6:4).