source –  JForum.fr
Le 6 décembre 2017, le Président des Etats-Unis Donald Trump a reconnu Jérusalem comme étant la capitale d’Israël. Bien que cette décision (annoncée lors de la campagne présidentielle américaine) ne soit qu’une reconnaissance de la réalité factuelle, elle suscite un grand émoi au sein de la communauté internationale : il s’agirait d’une décision unilatérale, regrettable, extrêmement grave (à  l’origine d’un isolement diplomatique), d’un obstacle aux pourparlers de paix avec les palestiniens, d’une provocation…

Pour sa part, le Premier Ministre Benjamin Netanyahu a qualifié cette décision d’évènement fondamental :  » Il y a des moments importants dans l’histoire du sionisme, la Déclaration Balfour, la fondation de l’Etat, la libération de Jérusalem et l’annonce de Trump « .
La décision américaine pose naturellement un gros problème pour le Monde de l’Islam : celui-ci ne reconnaît pas Israël en tant qu’Etat souverain, tel un déni de la réalité. Or, comme les pays musulmans ne font pas figurer le nom d’Israël sur les cartes du monde (mais simplement le mot « Falastin« ), la décision de Trump conscientise le phénomène. Leur problème n’est pas Jérusalem mais bien Israël.
Cette dénégation a installé les musulmans dans un déni de la réalité (depuis 70 ans), à  rapprocher de celui décrit par  Sigmund Freud  dans son traité sur la psychanalyse. Le déni de réalité y est présenté comme un moyen de défense, une réponse aux conflits et au stress qui conduit les sujets à  refuser de reconnaître des aspects douloureux de la réalité (comme par exemple un deuil).
Le déni de réalité se rencontre dans les situations de traumatisme important. Il permet d’exclure, de façon active mais inconsciente, certaines informations de l’attention. Autrement dit, le sujet édulcore les difficultés de la vie dans un mécanisme d’auto illusion : il nie la réalité pour qu’elle soit conforme à  sa projection fantasmée.
Pour le mouvement terroriste Hamas, le déni de réalité consiste à  persévérer sur son mode de pensée et sa doctrine publiée en août 1988 : il se présente comme le bras d’Allah pour défaire Israël, cette entité qui a vocation à  disparaître tel un accident de l’histoire. Ainsi, l’ancien responsable du Hamas,  Khaled Mechaal  a-t-il annoncé que les manifestations arabes et internationales en solidarité avec Jérusalem allaient contraindre les Américains à  annuler leur décision, avant de lâcher sa prophétie : «  Je suis convaincu que 2017 mènera à  la disparition d’Israël « .
Aussi, son déni de la réalité l’amène-t-il à  suggérer (naïvement) une réconciliation des palestiniens, une réorganisation des institutions nationales, et l’adoption d’une stratégie de lutte unifiée (au moyen d’un soulèvement général et d’une résistance sous toutes ses formes pour y parvenir). Il espère ainsi que les Etats musulmans inciteront les Etats-Unis à  faire marche arrière et que  » la colère dans leurs pays forcera le monde à  nous respecter et obligera Trump à  revenir sur sa décision « .
Le déni de réalité chez les membres du Fatah (OLP) de Mahmoud Abbas s’illustre différemment. Le Mouvement de Libération de la Palestine (qui, en dépit du nom, se dit engagé sur des pourparlers de paix avec Israël) préconise de revoir les accords d’Oslo car  » la ville de Jérusalem constitue l’une des questions de la solution finale or le président Trump l’a sortie de ce cadre. Les négociations ne sont donc plus possibles parce que Jérusalem est désormais à  l’écart de la voie politique. « .
Selon lui, l’administration de Trump a franchi toutes les lignes rouges, et transgressé les résolutions internationales, en particulier la résolution du Conseil de sécurité n °478, qui considère Jérusalem comme  » une ville occupée « . Il appelle donc les Nations Unies à  délimiter les frontières de l’Etat de Palestine à  celles de 4 juin 1967, et les pays européens, la Russie et la Chine à  créer une alternative politique à  la celle empruntée par les Etats-Unis.
Sur ce point, et à  la décharge des palestiniens (et du monde de l’Islam), il convient de reconnaître que la communauté internationale entretient savamment ce déni de réalité en refusant les mutations géopolitiques. Il suffit, pour s’en rendre compte, de reprendre  la résolution 242 du 22 novembre 1967  sur la condamnation d’Israël après son occupation de la Cisjordanie. Le texte s’articule sur deux point :  » a- le retrait des forces armées israéliennes des (ou de) territoires occupés au cours du récent conflit (certes), et  » b- …du respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à  l’intérieur de frontières sûres et reconnues, à  l’abri de menaces ou d’actes de violence.

Or, n’en déplaise à  la communauté internationale, la résolution 242 concernait la Jordanie qui avait annexé la Cisjordanie le 24 avril 1950, non la Palestine.

Il en est de même de la résolution 478 du 20 août 1980 qui demande à  mettre fin à  l’occupation de Jérusalem (suite à  la résolution 476 du 30 juin 1980 qui a condamné le vote par la Knesset qui a fait de Jérusalem la capitale  » une et indivisible de l’Etat d’Israël « ). Comme le 31 juillet 1988, la Jordanie a renoncé unilatéralement à  la Cisjordanie, elle n’est donc plus occupée et les résolutions 242, 476 et 478 sont désormais caduques. (Le Hamas a d’ailleurs publié sa Charte visant à  la destruction d’Israël le 18 août 1988, pour protester contre la décision jordanienne).
Le déni de réalité de la communauté internationale s’illustre par sa volonté de substituer le concept  » territoire palestinien occupé  » à  celui de  » territoire jordanien occupé  » alors que la Palestine n’a jamais été occupée et que la Jordanie ne l’est plus.
Ainsi, l’Assemblée générale des Nations Unies a, le 30 novembre 2017, adopté 6 résolutions (à  151 voix contre 6) réaffirmant : « que toute mesure prise par Israël, puissance occupante, en vue d’imposer ses lois, sa juridiction et son administration à  la Ville sainte de Jérusalem est illégale et, de ce fait, nulle et non avenue et sans validité aucune. « .
Ce faisant, la communauté internationale refuse d’accepter que Jérusalem n’est pas occupée et que seule, la Jordanie en a changé le statut.
Dans son désir de ménager la susceptibilité des Etats musulmans, la communauté internationale s’accroche-t-elle à  son déni de réalité en refusant de reconnaître Jérusalem comme étant la capitale d’Israël et les étapes géopolitiques qui ont rendu les prérogatives d’Israël sur sa capitale Eternelle, incontestables.

La décision courageuse du Président Trump le 6 décembre 2017, n’a fait que mettre un terme au déni d’une réalité incontestable que la communauté internationale refuse d’admettre   (sans pour autant impacter la réalité juridique du statut de Jérusalem).

Le déni, dans le monde de l’Islam, pourrait également toucher à  sa fin prochainement. Le Prince héritier d’Arabie Saoudite  Mohamed Ben Salman al saoud  a également compris l’urgence de mettre un terme au déni de réalité : il aurait, selon le New York Times, proposé aux palestiniens (le 5 décembre 2017) d’accepter d’établir leur capitale à  Abus Dis non loin de Jérusalem, ce qui permettrait de prendre en considération leur desiderata tout en respectant la réalité géopolitique. Cette position dans le monde arabe est révolutionnaire : non seulement elle consacre Jérusalem comme étant la capitale d’Israël, mais surtout, elle admet qu’Israël existe bel et bien.

Ainsi, grâce à  Trump et Ben Salman, la communauté internationale et le monde de l’Islam devraient   prochainement sortir de leur déni pathologique de la réalité.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach