Témoignage : Nuit de secousse. Muriel Max

Il était 2h30 du matin à l’aube du 5 février 2024, je n’avais pas très envie d’aller me coucher : il y a tant à faire encore, tant de souffrance, de lassitude et de confusion, il a fallu que je me raisonne pour enfin rejoindre ma couette. Puis à peine couchée, étrangement, il y a eu un bruit mat à ma droite et le tic-tac de mon réveil m’a semblé plus perçant qu’à l’accoutumé. Quelque minutes plus tard tout a basculé.

Une terrible explosion s’est abattu dans mon petit village, un gigantesque souffle a secoué ma maisonnette et affolé mon chat. En quelques secondes seulement, cette déflagration a ravagé une partie de ma rue !

Je me suis précipitée pour voir et là, devant moi, les dégâts sont immenses. La maison qui me fait face n’est plus qu’un gigantesque amas de débris et de gravats : la maison de deux étages s’est littéralement effondrée. Partout autour les dommages sont tout aussi surprenants : garage, voitures, fils électriques, tout me parait sur le moment surréaliste.

Mon téléphone à la main, je vais droit sur la maison qui n’en est plus une parce que je connais le couple qui y habite et je sais aussi qu’ils sont en dessous. Alors je crie encore et encore :

– « Vous m’entendez ? Vous êtes blessés ?!! »

Il n’y a pas de réponses et je sens soudain un immense chagrin m’envahir quand un jeune homme me rejoint. Il appelle les pompiers et de le savoir là m’apaise un peu. Je continue à crier et d’autres voisins arrivent. Puis des voix s’élèvent soudain, des voix comme étouffées, ou devrais je dire plutôt des plaintes, se font entendre : enfin ! Ils sont vivants !

Puis durant un quart d’heure, les hommes du village venus nous rejoindre ont tenté de dégager les gravats pour secourir les blessés, en vain : ce sont les pompiers arrivés en force avec des équipements adéquats qui ont pu dégager et délivrer ces malheureux.

Pour l’homme, ils ont mis 10mn environ ; quant à la femme il a fallu plus de temps : tous les deux ont du être transportés finalement par hélicoptère, trop amochés sans doute.

Le jour se lève doucement et je peux constater la désolation qui m’entoure. Certains prennent des photos pour l’assurance : leurs voitures sont détruites.

Un voisin vient me voir, il veut savoir pourquoi sa voiture, bien qu’éloignée, est touchée, il pense qu’il y a eu des gens malveillants pendant que les efforts étaient déployés pour sortir le couple âgée des décombres : un comble !

Et là, il regarde ma maison, mon jardin et me dit :

• « ben, vous avez eu de la chance vous ! »

Je me retourne et je ne peux que constater cette affirmation, bien que j’ai préféré lui dire qu’il s’agissait plutôt d’une bénédiction.

Mais il a raison, Il y a bien des débris partout qui ont été projetés par le souffle de la déflagration et c’est bien là que ça peut paraître des plus surprenants : des gros éclats de bois, des bouts de charnières de fenêtres sont effectivement éparpillés sur l’herbe, sur les deux côtés de ma porte et même autour de ma voiture mais rien, absolument rien n’a été endommagé ! Un miracle, un véritable miracle que je n’ai pas été touchée, ni moi, ni ma maison alors que je me trouvais à 7 mètres de l’habitation à présent sinistrée. Des vitres se sont brisées de l’autre côté de chez moi, à coté et même derrière chez moi mais pas une seule dans ma demeure !

Le voisin ramasse quelques débris, et s’étonne encore de ma « veine » mais moi, je remercie, en pensée, silencieusement mon Dieu tout comme je l’ai fait pour ce couple durant toute l’opération de sauvetage.

Je commence seulement à prendre conscience de ce miracle et à mesurer la dimension de cette incroyable protection.

« Aucun malheur ne t’arrivera, Aucun fléau n’approchera de ta tente. Car il ordonnera à ses anges De te garder dans toutes tes voies; » Psaume 91.10.11

Il fait tout à fait jour à présent, mon chat traumatisé se cache, et moi j’observe les gendarmes qui prennent des photos puis des hommes commencent à déblayer cette montagne de désolation.

L’homme ne survivra pas. Quant à la femme…

Blog de Muriel Max