C’est devenu la marque de ce gouvernement : au prétexte fallacieux de vouloir sans cesse combiner tout et son contraire, l’État n’assume plus ses décisions. Et pour cause : elles ne sont jamais claires et encore moins cohérentes.
Refusant de rendre la vaccination obligatoire en prétendant préserver les libertés individuelles, il s’est arrangé en sous-main pour « faire une vie de merde », comme l’aurait dit le porte-parole Attal (Libération 21 juillet 2021), à ceux qui la refusent. Idem avec le passe sanitaire. Un temps épargnés, les soignants ont dû capituler eux aussi. On comprend mieux pourquoi on veut absolument nous faire adopter les coutumes d’Halloween : la Macronie ne gouverne que par le « Trick or Treat ! » : farce (coup de bâton) ou friandise.
Traités d’obscurantistes, de complotistes et parfois même de criminels, la plupart des réfractaires à la vaccination ont fini par céder devant les sanctions ; ils sont toutefois encore quelques milliers à résister, dont 7.930 soignants, selon les chiffres donnés, la semaine passée, par le ministre délégué à l’Autonomie Mme Brigitte Bourguignon ; ceux-là ont été suspendus et sont donc privés de leurs revenus.
Mais l’État est lâche (voir plus haut). Et puis les élections approchent et il ne ferait pas bon se mettre les populations à dos. Certes, elles sont devenues terriblement moutonnières, mais on ne sait jamais, il suffirait que les gilets jaunes remettent le couvert… Ce qu’on craint, sans doute, en haut lieu car le quartier de l’Élysée ressemble à Fort Knox.
7.930 soignants sans boulot et sans revenus, quand on pleure après les personnels hospitaliers et sans compter ceux qui ont démissionné et sont partis voir ailleurs si l’on continuait de les applaudir tous les soirs à 20 heures, ce n’est pas rien.
Dans un pays où la manne de l’État tombe sur le dernier arrivé, on ne peut tout de même pas les laisser sans ressources. Alors, comment faire ? Le chômage, peut-être ? Hors de question, avait déjà dit, en août, Élisabeth Borne, ministre du Travail. Il n’y a pas, en l’occurrence, « rupture de contrat », donc c’est niet.
Alors, ils ont eu une idée, chez M. Castex : passer par la CAF pour demander aux départements de verser le RSA, le revenu de solidarité active, aux salariés en rébellion contre le passe sanitaire. Une entourloupe de belle envergure. Tout content de sa trouvaille, le cabinet de l’illustre Olivier Véran, ministre de la Santé, l’a déclaré au Parisien : puisque « aucun dispositif spécifique n’est prévu » pour ces personnes, « c’est le droit commun qui s’applique pour elles, comme pour n’importe quelle personne en situation de précarité ».
Oui, mais voilà, quinze départements dirigés par le PS ont déjà dit non, eux aussi. Question d’équité : cette mesure introduirait une « inégalité de traitement » vis-à-vis des autres allocataires du RSA, déclare le président du conseil départemental du Gers. Si l’on respecte les critères légaux d’attribution du RSA, ces gens-là y échappent. Or « avec cette nouvelle règle, un cadre non vacciné et jusqu’ici bien payé touchera le RSA comme une personne en difficulté. Il y a une rupture d’égalité républicaine », disent ces élus. Ce que l’un résume par cette phrase : en bonne communication, c’est un « acte de générosité mais offert avec le portefeuille des autres ».
C’est surtout, une fois encore, la preuve que l’État macronien cultive l’art de se défausser de ses responsabilités.
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