» Les crimes de l’extrême civilisation sont certainement plus atroces que ceux de l’extrême barbarie par le fait de leur raffinement. «  (Jules Barbey d’Aurevilly)


« Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu «  (Mat 10 :26)

 » Et tout le peuple répondit : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! « 

Beaucoup d’encre a coulé à  propos de la Shoah, beaucoup trop, diront certains, pas assez, dirons-nous, car c’est, pour nous chrétiens, LE sujet brûlant dont nous ne parlerons jamais suffisamment, non pas pour nous étendre dans des évocations macabres sans fin qui, bien qu’elles en soient inséparables, n’ajouteraient pas grand-chose au VRAI débat, qui lui, est encore loin d’être clos, parce qu’il est nécessaire de connaître la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, après des années de mensonges, de dissimulations, de souffrances et aussi d’accusations.

Le fait que cette douloureuse question revienne sans cesse sur la scène des débats, prouve bien que nous n’aurons jamais la conscience tranquille, tant que les véritables causes, les véritables responsables, les véritables enjeux et les véritables buts de cet odieux crime, ce génocide planétaire, ne seront pas clairement et définitivement établis une fois pour toutes. La Shoah, c’est une gangrène qui ronge nos cœurs, simplement parce que la  » question juive  » est au centre même de l’avenir et du sort de l’humanité.

Que s’est-il réellement passé en Europe et dans le monde pendant que des centaines de milliers de nos frères Juifs, et d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards  » indésirables  » se faisaient massacrer ? Comment ont réagi les dirigeants des nations ? Quelles sont les véritables origines du nazisme et de l’antisémitisme ? Autant de questions que beaucoup se posent avec raison. Nul, sauf Dieu ne peut sonder le cœur de l’homme et connaître ses vraies motivations, aussi les informations que nous parvenons à  grand ‘peine à  glaner peuvent nous permettre de nous rapprocher un peu plus chaque jour de la vérité mais, demeureront toujours des zones d’ombre…Nous devons continuer à  chercher à  savoir, non seulement par amour et respect pour le Peuple élu et pour le genre humain en général, mais aussi parce que hélas l’Histoire se répète, et nous ne sommes pas certains que de pareilles horreurs ne referont pas surface un jour ou l’autre…

La Shoah… qu’est-ce au juste ?

Le mot SHOAH vient de l’hébreu : שואה, qui signifie  » catastrophe  » ou  » anéantissement « . C’est le massacre organisé, planifié, mis en œuvre inexorablement et méthodiquement de plus de six millions de juifs pendant la seconde guerre mondiale. Certains ont employé le terme d' » holocauste  » qui est impropre, car il suppose un sacrifice à  Dieu, ce qui n’est pas le cas. Si sacrifice il y eut, ce fut plutôt un gigantesque sacrifice humain d’origine démoniaque, destiné à  éliminer une race et à  satisfaire les instincts cruels et la cupidité d’une poignée de criminels. Le terme de génocide est celui qui convient le mieux, car il vise une race particulière. Il y a eu d’autres génocides (Rwanda, Arménie, Cambodge…) dont l’objectif était identique, à  savoir l’éradication systématique d’un peuple.

Nous reviendrons dans la suite de cette chronique sur les raisons qui ont poussé les tortionnaires de l’Allemagne nazie à  l’extermination particulière des juifs, et nous tenterons d’expliquer les obscurs secrets intrinsèquement liés à  cette  » idéologie  » perverse du nazisme, incarnée par la personnalité non moins obscure et perverse d’Adolf Hitler.

Pour l’heure, ce qui nous intéresse ici est d’étudier le contexte européen et outre-Atlantique lors de la Shoah et d’analyser, même brièvement, les comportements des différents protagonistes de la guerre de 1939-1945 vis-à -vis des juifs.

Rappelons quelques chiffres :

En France, sous le régime de Vichy, près de 76.000 juifs ont été déportés. Au moins 3000 d’entre eux sont morts en France dans des camps d’internement, surtout en zone libre avant les déportations (camps de Gurs, Beaune-la-Rolande, Pithiviers…). Le nombre de juifs exécutés ou abattus sommairement avoisine un millier au minimum. Le total des victimes de la  » solution finale  » en France est proche de 80000. Les trois quarts des 330.000 Juifs dont 19.000 français et 140.000 étrangers vivant en France en 1940 ont pu survivre à  la guerre et aux déportations. Sur les 73.853 déportés des 74 grands convois, seuls 2.600 ont survécu. Plus de 11.000 enfants ont été déportés et ne sont pas revenus ; environ 2.000 étaient âgés de moins de 6 ans…

Ainsi 25% des Juifs de France ont été victimes de la  » Solution finale « . Parmi les 80.000 déportés, 25.000 étaient de nationalité française et 55.000 de nationalités étrangères. Parmi les ressortissants français, 8.000 enfants étaient nés de parents étrangers mais étaient français par déclaration à  la naissance en application du droit du sol, 8.000 étrangers avaient obtenu leur naturalisation. Le nombre de Juifs français de souche déportés s’élève donc à  une dizaine de milliers.

– 75.000 juifs ont été déportés, soit 25% de l’ensemble des juifs en France, nationaux ou apatrides ; – 50.000 juifs ont été arrêtés dans la zone Nord occupée ; – 38.000 juifs ont été arrêtés à  Paris ; – 25.000 sont des Juifs nationaux ; – 50.000 sont des Juifs non nationaux : Polonais, Allemands, Russes, Roumains, Grecs, Turcs, Hongrois… – 42.800 sont des hommes ; – 32.000 sont des femmes.

Les lieux de déportation :

– 69.000 à  Auschwitz – 2.000 à  Maïdaneck – 2.000 à  Sobibor – 1.000 à  Kaunas – 1.000 à  Buchenwald et Bergen Belsen – 3.000 ont survécu.

Près de 30.000 otages auraient été exécutés en France pendant la guerre. Le nombre des morts au maquis et des exécutions sommaires n’est pas connu avec certitude. La réaction de l’opinion après 1942 et l’attitude courageuse d’un certain nombre de Français ont permis de sauver entre 220 et 250.000 Juifs. Cependant, près de 80.000 déportés et plusieurs milliers de résistants et d’otages ont été livrés aux bourreaux sur ordre du gouvernement de Vichy ou avec sa complicité active. (*)

Qu’en est-il des autres pays, et particulièrement les pays Alliés ?

 » Que savaient les Alliés ? »

À question simple, réponse complexe.  » Tout « , ont cru pouvoir affirmer certains historiens dans les années 1970 et 1980 en se fondant sur la masse de rapports et de témoignages parvenus à  Londres et à  Washington relatant les persécutions commises contre les juifs d’Europe par le régime nazi.

Mais, outre la difficulté qu’il y a à  penser l’impensable, il convient de souligner que ces éléments, noyés dans le flot quotidien d’informations venues de tous les fronts de la Seconde Guerre mondiale, furent longtemps fragmentaires, imprécis, mêlés de faits douteux qui pouvaient passer – parfois à  juste titre – pour des rumeurs ou des fantasmagories.

De sorte que la question n’est pas seulement de savoir de quels renseignements disposaient les dirigeants américains et britanniques, mais à  partir de quand il leur a été possible de se faire une vision claire, cohérente,  » acceptable  » de ce qu’on n’appelait pas encore le  » génocide « .

Dès l’invasion de l’URSS, les services secrets britanniques, qui ont réussi à  décrypter une partie des codes utilisés par les nazis, mentionnent les exécutions massives perpétrées par l’armée allemande en territoire soviétique et identifient bientôt les populations juives comme étant les victimes principales de ces  » boucheries « . Une succession de rapports, certains lus et annotés par Churchill, décrivent quasiment au jour le jour les prémices de ce qu’on nommera beaucoup plus tard  » la Shoah par balles « .

Dans une note de synthèse, le 12 septembre 1941, les services britanniques estiment que les chiffres collectés constituent «  une preuve décisive d’une politique d’intimidation sauvage, sinon d’une extermination définitive » (des juifs) (1). Le même jour, l’état-major du Secret Intelligence Service (SIS) indique que les rapports d’exécutions ne figureront plus dans les comptes rendus destinés au Premier ministre :  » Le fait que la police exécute tous les juifs qui lui tombent entre les mains devrait être suffisamment connu désormais.  » La priorité, pour le SIS, n’est pas là  : c’est d’informer le gouvernement sur la situation militaire et la capacité de résistance de l’Armée rouge. (…)

Le 30 juillet, soit quelques jours après l’inspection de Himmler à  Auschwitz au cours de laquelle il avait approuvé le projet d’extension du camp, un industriel allemand nommé Schulte révéla à  un collègue suisse l’existence d’un plan d’extermination des juifs d’Europe et lui demanda de transmettre l’information à  Churchill et à  Roosevelt. Celle-ci parvint à  Gerhart Riegner, représentant du Congrès juif mondial à  Genève, qui la communiqua aussitôt aux consulats américain et britannique. Le télégramme de Riegner, daté du 8 août, mérite d’être cité intégralement :

« Reçu nouvelle alarmante qu’au quartier général du Führer discussion et examen d’un plan selon lequel après déportation et concentration à  l’Est tous les juifs des pays occupés ou contrôlés par l’Allemagne représentant 3,5 à  4 millions de personnes doivent être exterminés d’un coup pour résoudre définitivement la question juive en Europe. Exécution prévue pour l’automne, méthodes à  l’examen, y compris acide prussique. «  À quoi Riegner ajouta, par rigueur intellectuelle :  » Transmettons information sous toutes réserves, son exactitude ne pouvant être confirmée. « 

(…) Un dernier document, bien plus tardif, achèvera de donner un tableau à  peu près complet de la solution finale : il a été rédigé au printemps 1944 par Rudolf Vrba et Alfred Wetzler. Ces deux déportés slovaques ont réussi à  s’évader d’Auschwitz le 7 avril 1944. Leur rapport, d’une trentaine de pages, est achevé à  la fin du mois et aussitôt traduit en plusieurs langues. Remis en Suisse au représentant de l’OSS (Office of Strategic Services, ancêtre de la CIA), il parvient aux Etats-Unis à  la mi-juin. Il décrit avec précision l’activité et le modus operandi de la plus grande usine de mort jamais conçue : la sélection, les chambres à  gaz, le calendrier des déportations, tout est là . Mais il est bien tard…  » (Source : Le Nouvel Observateur N °2365 du 4 au 10 mars 2010).

Winston Churchill, en août 1941, dénonça les  » exécutions perpétrées de sang-froid contre les patriotes russes qui défendent leur terre natale « , sans savoir réellement qu’il s’agissait des juifs ( !), et dans un rapport daté du 22 janvier 1942 il est bien fait état d’une politique d’extermination envers les juifs menée par l’Allemagne.

Mais la Grande Bretagne restera extrêmement  » discrète  » vis-à -vis de l’opinion publique nationale et internationale et ne souhaitera pas divulguer de renseignements précis sur ce meurtre organisé. Tous les gouvernements alliés avaient même signé une motion de censure commune en 1942 au Saint James Palace de Londres appelant à  ne juger les responsables de crimes civils seulement qu’après la fin de la guerre…en réalité les états étaient réservés à  l’idée de trop divulguer d’informations se focalisant sur les juifs, par peur de donner l’occasion à  la propagande nazie de répandre l’idée que les Alliés faisaient la guerre pour le compte des juifs, ce que l’extrême droite américaine avait laissé entendre lors de sa campagne contre Roosevelt et son  » Jew Deal « .

Quoiqu’il en soit des atermoiements et tergiversations des divers bords, les juifs n’ont pas fait l’objet de l’attention qu’ils étaient en droit d’attendre concernant leur sort et on peut affirmer avec certitude que les pays européens et l’Amérique ont été très peu motivés par cette cause dramatique. Concernant les États-Unis, le secours aux Juifs n’a jamais constitué une priorité pour le gouvernement et nous comprendrons pourquoi ultérieurement. Le 19 avril 1943, les représentants américains et britanniques se rencontrèrent aux Bermudes pour résoudre les problèmes des réfugiés de guerre. Aucune proposition d’importance ne fut envisagée. En janvier 1944, Roosevelt créa, au sein du ministère des finances, un Bureau des réfugiés de guerre chargé de faciliter l’aide aux réfugiés en péril. Le port de Fort Ontario, dans l’Etat de New-York, devait accueillir les réfugiés, mais ceux qui y parvinrent ne provenaient pas des zones occupées par les nazis, mais des zones libérées.

Au printemps 1944, les Alliés furent enfin au courant des exactions perpétrées par les gaz Zyklon B à  Auschwitz-Birkenau. Les dirigeants juifs implorèrent en vain le gouvernement des États-Unis de bombarder les chambres à  gaz et les voies ferrées menant au camp. Mais l’aviation américaine se contenta de bombarder la zone industrielle d’Auschwitz-Monowitz, à  moins de quinze kilomètres des chambres à  gaz de Birkenau. Les États-Unis maintinrent leur politique de non-ingérence et de non-intervention et ne bombardèrent ni les chambres à  gaz ni les voies ferrées.

En 1944, la bataille de France était à  son comble et les objectifs stratégiques ne concernaient pas les camps de la mort. D’ailleurs 80% des Juifs d’Europe avaient déjà  été assassinés et près d’un million avaient péri dans les camps. Détail de l’Histoire sans aucun doute pour les nations belligérantes à  ce moment-là  qui avaient d’autres préoccupations, entre autres celles de rentabiliser une guerre destinée avant tout à  enrichir les marchands de canons et faire fonctionner à  plein les mines de charbon et d’acier…

 » On croit mourir pour la patrie; on meurt pour des industriels.  » (Anatole France)

Soyez bénis

(*) Source :  » B §S Encyclopédie «