ÉDITO – Et si on appliquait le principe du “pollueur-payeur” à l’information ?
“Ne touche pas ça !” Combien de fois un parent a dit à son enfant de ne pas toucher tel objet, parce que c’est dangereux ou bien parce que “c’est sale !”, afin d’éviter que leur progéniture ne prenne des risques ou ne se salisse ? Eh bien, désormais, il en est de même du traitement de l’information.
Les Français se détournent des médias et des journalistes parce qu’ils deviennent toxiques et polluent leur vie de tous les jours. C’est une pollution lancinante, comme un nuage de fumée omniprésent qui embrume et étouffe au quotidien.
Sources biaisées, raccourcis, messages martelés, manipulations de symboles, story-telling et polémiques stériles : au lieu d’agir comme un simple médiateur entre l’événement et le public, tout est utilisé pour piéger l’attention, détourner les débats des vrais enjeux, dénaturer un sujet, voire faire peur. Même la science peut être instrumentalisée pour plonger l’auditoire dans la confusion.
Pour ce qui est de “la malbouffe”, nous avons McDonald’s, Quick, KFC et compagnie. Mais il reste encore beaucoup de bonnes tables, bien heureusement, dans notre pays. En matière de “malinformation”, c’est une autre histoire. Si nous avons BFMTV, LCI, CNEWS et consorts, il n’y a plus que des gâte-sauces au sein des médias mainstream, y compris dans le giron du service de l’audiovisuel public.
Quant à la presse papier, que nous reste-t-il ? Comme tant d’autres journaux, Le Figaro (à l’exception du courageux et lucide Ivan Rioufol) s’est fourvoyé dans le traitement de la crise sanitaire et Le Monde Diplomatique a attendu deux années pour publier un article pertinent à propos des intérêts mercantiles de l’industrie du vaccin.
Partout la pollution règne. Pour se donner encore tant soit peu un vernis de crédibilité, les bonimenteurs qui exercent au sein des médias dévoyés doivent maintenant avoir recours au subterfuge du “fact-checking”.
Généralement financés indirectement par les GAFAM, les fact-checkers ajoutent quelques pneus au brasier de la désinformation. Leur but est de légitimer l’enfumage. À grands renforts d’attaques ad hominem, ils excluent tous les avis intelligents et divergents qui permettent d’y voir plus clair.
Une fois atteint ce degré de pollution, c’est l’obscurité complète. Les mensonges médiatiques se multiplient, la probité devient l’exception… Mais comment sortir de ce traquenard ? En faisant payer les pollueurs, pardi !
Dans un premier temps, il faudrait diligenter des agences publiques, indépendantes et sans conflits d’intérêts pour assurer la dépollution des sols souillés de l’information. De nos jours, si l’on est capable de revaloriser des friches industrielles, pourquoi ne serait-il pas possible de revaloriser l’info polluée ?
À l’instar des médecins qui soignent leurs patients en accord avec le serment d’Hippocrate, ces agences devraient veiller à la bonne santé informationnelle des Français et au respect de la Charte de Munich par les journalistes. Voilà bien un objectif d’utilité publique.
Techniquement, qu’est-ce que la loi du pollueur-payeur ? Son principe repose sur l’éthique des responsabilités. Pour le bien de l’environnement, il fait prendre en compte par chaque acteur économique les “externalités négatives” de son activité.
En somme, le pollueur doit prendre en compte le coût d’une pollution que son activité économique génère. Il doit alors intégrer dans son modèle économique la totalité des coûts liés à sa production, coûts privés et coûts externes.
C’est un des mécanismes clefs des politiques environnementales actuelles. Il peut être appliqué par des instruments à la fois réglementaires (des normes ou des interdictions…), des instruments économiques (redevances, subventions, incitations à la mise en conformité…) et autres instruments fiscaux.
Et officiellement tout le monde s’en réjouit ! Les médias mainstream en tête. Donc, j’insiste : appliquons aux médias le principe du pollueur-payeur. Le traitement de la crise sanitaire l’a montré : la diffusion de fausses informations peut polluer l’existence des Français et gravement nuire à leur santé.
Comme par exemple le fait d’affirmer que les confinements sont une mesure efficace contre les virus respiratoires. Affirmer, en suivant des modélisations dignes de Nostradamus, que ces enfermements issus du Moyen-Âge ont permis “d’aplatir la courbe des hospitalisations”. Affirmer qu’il n’y avait pas d’alternative, pas de traitement efficace contre le SARS-CoV 2 et que ce virus représentait un danger pour toute la population, sans distinction d’âge.
Cette terrible pollution, une marée noire de désinformation, a influencé l’opinion publique. Elle a entraîné un coût économique, structurel et psychologique dévastateur à court terme et qui s’annonce catastrophique à moyen ou long terme. Or, c’est avec l’argent des contribuables et par le truchement de leur endettement sur au moins les trois générations à venir et à hauteur de quasiment l’entièreté du PIB que ce coût est pris en charge.
Il serait donc logique que ce coût soit supporté par les organes de presse qui ont relayé ces fausses informations sur le fondement desquelles le gouvernement et le parlement ont imposé aux citoyens et aux entreprises ces mesures déraisonnables, ces obligations et interdictions contre productives.
Qui pollue doit payer !
Quand un médecin reçoit un cachet de l’industrie pharmaceutique pour inclure un patient dans un essai clinique et qu’il ne le dit pas à son patient : il y a comme un problème. C’est la même chose pour le journaliste qui s’autocensure et ne parle pas de sujets qui iraient contre les intérêts de son patron ou de l’exécutif en place. Agir aux ordres, ne suivre que l’argent… Comme quoi l’argent, cela pollue aussi les esprits.
À moins de considérer le spectacle de l’info sur les chaînes de télé comme un grand guignol permanent et de le renommer « télé-réalité », en mettant un petit carré blanc sur l’écran… Il faudrait alors ajouter cette mention :
« Ces images et informations sont dangereuses pour votre santé ou pourraient en choquer certains. Veillez à pratiquer chaque jour votre libre arbitre et à penser par vous-mêmes. »
Respecter dans un premier temps l’obligation faite aux médecins de plateau télé, et autres experts du genre, à déclarer leurs conflits d’intérêts serait déjà une réussite !
Le même type d’avertissement peut être fait à l’attention des fact-checkers :
« Attention, vous regardez une fiction. Toute ressemblance entre un fact-checker et un journaliste n’est que pur hasard ».
D’ailleurs, pourquoi ces fact-checkers ne tenteraient pas plutôt leur chance à Hollywood ? Tant qu’à mentir, autant se mettre à rédiger des scénarii… Et si quelques politiques, dont ceux qui chantaient sur tous les tons “tous vaccinés, tous protégés”, pouvaient eux aussi préférer faire une carrière d’acteurs outre-Atlantique, nul ne s’en plaindra.
Au milieu de tout ce trouble, France-Soir a essayé de rester fidèle à la Charte de Munich, au service des citoyens et de l’information. Celle qui ne pollue pas mais qui veut éclairer le lectorat. Sans subvention. Sans publicité. Sans conflit d’intérêts. Librement et avec indépendance. Avec une certaine idée de ce que devrait représenter le “quatrième pouvoir”. Son effectivité est vitale à la démocratie.
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