La chronique hebdomadaire de Michel-André

« On est toujours sûr de tomber, au hasard des journées, sur un Français, souvent intelligent par ailleurs, et qui vous dit que les Juifs exagèrent vraiment. Naturellement, ce Français a un ami juif qui, lui, du moins… Quant aux millions de Juifs qui ont été torturés et brûlés, l’interlocuteur n’approuve pas ces façons, loin de là . Simplement, il trouve que les Juifs exagèrent et qu’ils ont tort de se soutenir les uns les autres, même si cette solidarité leur a été enseignée par le camp de concentration. » (Albert Camus, 1947)

 » Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu  » (Mat 10 :26)

Église catholique ou Église chrétienne ?

Jusqu’à  un passé récent, les prières du vendredi saint célébré dans le catholicisme, incluaient une mention particulière pour  » les juifs perfides qui ont crucifié le Christ « .

Faut-il s’en étonner, je ne crois pas quand on connait les relations plus qu’ambigües entre le Saint-Siège et Israël tout au long des siècles de la papauté régnante. Sans se replonger dans l’histoire de l’Église qui nous amènerait très loin, on peut cependant affirmer avec certitude que l’église romaine, depuis Constantin, a emprunté un chemin détourné par rapport à  l’Église telle qu’elle avait été instituée par Jésus lui-même, dont on trouve une abondante lecture et de nombreux témoignages dans les Actes des apôtres. Doit-on alors être surpris que non seulement les fausses doctrines ont fleuri au gré des conciles, mais encore que les positions de l’Église vis-à -vis du peuple juif ont été perverties du fait même de la mauvaise interprétation des Écritures.

 » Ainsi parle l’Eternel : ta blessure est grave, ta plaie est douloureuse. Nul ne défend ta cause, pour bander ta plaie ; tu n’as ni remède, ni moyen de guérison. Tous ceux qui t’aimaient t’oublient, aucun ne prend souci de toi ; car je t’ai frappée comme frappe un ennemi, je t’ai châtiée avec violence à  cause de la multitude de tes iniquités, du grand nombre de tes péchés (…) Cependant, tous ceux qui te dévorent seront dévorés, et tous tes ennemis, tous, iront en captivité ; ceux qui te dépouillent seront dépouillés, et j’abandonnerai au pillage tous ceux qui te pillent. Mais je te guérirai, je panserai tes plaies, dit l’Eternel. Car ils t’appellent la repoussée, cette Sion dont nul ne prend souci(…)  » (Jér 30 :12-14 ; 16-17)

Le principal problème de l’Église Catholique Romaine, en dehors des graves erreurs doctrinales qui la caractérisent, c’est de se proclamer porte-parole des chrétiens dans leur ensemble. L’opinion générale même, fait volontiers l’amalgame entre christianisme et catholicisme. Or ceci révèle à  l’évidence une incompréhension totale de ce qu’est le  » véritable  » christianisme, puisque la parole de Dieu elle-même est incomprise par le grand public.

Deux points fondamentaux sont à  souligner pour tenter d’apporter une explication à  une gigantesque et gravissime confusion aux conséquences planétaires redoutables.

Premièrement la papauté, en soi, est une énorme hérésie.

Tout part d’un contresens de l’Ecriture, d’un jeu de mots pourrait-on dire à  propos du nom de Pierre. Il n’a jamais été question pour Jésus de bâtir son Eglise sur Pierre (en grec Petrus) mais bien sur lui-même Jésus le roc (en grec Petra). Comment en effet une assemblée de croyants pourrait-elle être fondée sur un homme faillible sans risquer elle-même de faillir ?

D’autre part la personne du pape a endossé les attributs d’un monarque absolu qui étend ses deux pouvoirs, spirituel et temporel, au monde entier.

Le pape catholique romain, bien au-delà  d’une simple figure emblématique, est devenu une référence mondiale concernant la morale et l’éthique touchant aux problèmes des sociétés.


Deuxièmement, l’attitude de l’autorité catholique romaine vis-à -vis d’Israël et du peuple juif comporte beaucoup de zones d’ombre et par là  même, de prises (ou non-prises) de position très contestables, ce qui est une autre, et non des moindres, hérésie.

On peut facilement comprendre le pourquoi de cette hérésie par le fait que l’autorité de la Parole de Dieu qui contient en elle la source du salut par Jésus-Christ, salut qui  » vient des juifs « , n’a jamais été reconnue par l’église romaine, puisque la lecture de la Bible avait été longtemps interdite par les autorités ecclésiastiques.

Récemment une polémique touchant à  la béatification du pape Pie XII, alias Mgr Pacelli a fait ressurgir cette ambiguïté des relations entre le Vatican et les juifs :

«  Béatifier Pie XII : une décision inacceptable !

Le Pape Benoît XVI a proclamé, samedi 19 décembre, le caractère  » vénérable  » de Pie XII, Pape de 1939 à  1958. Cette proclamation est la dernière étape avant la béatification. Le comité directeur de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France (AJCF) a publié un texte le 21 décembre.

La décision du Pape Benoît XVI de signer le décret d’héroïcité des vertus du Pape Pie XII, première étape en vue d’une béatification, et ce conjointement avec le décret concernant Jean-Paul II, scandalise non seulement les autorités juives mais aussi un grand nombre de chrétiens. Nous pensions qu’une telle décision, souhaitée depuis longtemps par la Congrégation pour le culte des Saints, n’interviendrait qu’après la publication des archives du pontificat de Pie XII selon la promesse faite par Jean-Paul II qui disait en substance que l’Eglise n’avait rien à  craindre de la vérité. La question des historiens ne concerne pas, comme on le répète sans cesse, l’aide directe ou indirecte apportée par Pie XII pour sauver des vies humaines juives pendant la guerre, mais l’absence de sa parole publique dénonçant le massacre des juifs. Que les nazis aient compris la portée du radio-message de Noël 1942 (où Pie XII n’a pas prononcé le mot  » juif « ) ne fait aucun doute, mais le problème est celui de la réception de l’ensemble du peuple chrétien éduqué depuis des siècles dans une vision morale négative des juifs. La vraie question est celle de la responsabilité du Pasteur suprême de l’Eglise catholique d’éclairer le peuple chrétien par ses enseignements, indépendamment des circonstances, au nom des exigences de la Parole de Dieu dont il est le premier interprète dans la tradition catholique. La déclaration de l' » héroïcité des vertus « , employée avant tout procès en béatification, est-elle suffisante dans le contexte du temps ? Une béatification, et a fortiori une canonisation, propose la personne du saint à  la vénération des fidèles et ceux-ci perçoivent alors sa vie comme un modèle à  suivre. N’appartenait-il pas au Pape de dénoncer avec vigueur ce qu’il y avait de pervers et de radicalement contraire aux prescriptions bibliques dans le massacre des juifs ?Heureusement, de nombreux catholiques, évêques, prêtres et laïcs ont passé outre cette carence pontificale et ont su prendre leur propre responsabilité de croyants.

En conséquence, la décision de Benoît XVI est pour nous inacceptable. « 

(Publié dans  » Réforme  » du 25/02/2010)

La pierre d’achoppement : le Concordat du 8 juillet 1933

(Pie XII)

Du temps où il n’était que secrétaire d’Etat du pape Pie XI son prédécesseur, Pie XII avait fait signer par Von Papen un concordat avec Hitler le 8 juillet 1933, considéré par le Führer comme  » un succès indescriptible « . Pour le maître du Reich ce concordat lui permet de mettre à  terre le clergé allemand (catholique majoritaire) et d’avoir ainsi les mains libres. D’aucuns diront que la porte était désormais largement ouverte pour une collaboration du St Siège avec le pouvoir nazi… ce que beaucoup de théologiens (de droite) bien-pensant réfuteront.

L’Église catholique allemande est forcée par ce concordat à  laisser de côté ses organisations politiques et syndicales qui lui accordaient une puissance certaine, qu’Hitler voulait à  tout prix réduire au silence. Le Cardinal Pacelli lui, voyait dans ce concordat le moyen de prôner une protection de l’institution religieuse. Le pape Pie XI était allé encore beaucoup plus loin en déclarant en mai 1933  » s’il s’agit de sauver quelques âmes ou d’éviter une plus grande catastrophe, alors nous avons le courage de négocier avec le diable « .

Tout était dit dans cette déclaration  » catastrophique  » !

Hitler proclamait sa victoire devant les membres du parti nazi le 22 juillet 1933 en ces termes :  » Le fait d’avoir conclu un traité avec la Nouvelle Allemagne signifie que l’Église Catholique reconnait l’Etat National-Socialiste. « , ce à  quoi répondait Pie XI :  » loin d’être pour l’Église une approbation de l’État nazi, ce traité signifie que l’Etat reconnait et accepte sans réserve la loi de l’Église… « .

Le journal français  » La Croix  » voyait dans ce concordat  » un succès religieux inespéré « .

Lorsque la guerre éclate en 1939, Rome entend adopter une position de neutralité qu’elle maintiendra jusqu’à  la fin. C’est l’opération Barbarossa, c’est-à -dire l’invasion de la Russie par les armées d’Hitler qui déclenche les premiers massacres de Juifs. Entre l’été et l’hiver 41 en sont tués plus d’un million et demi. Malgré les informations que reçoit le St Siège à  ce sujet, il n’en dit mot. Ce silence, lourd de conséquence durera jusqu’à  la mise en œuvre de la sinistre  » solution finale « .

On a souvent défendu Pie XII en citant les rares occasions où il a pu prêter secours aux Juifs, ce qui est partiellement vrai. Tout d’abord en 1944, il adresse un message à  Horthy le dictateur hongrois, en lui demandant d’interrompre la déportation des Juifs vers Auschwitz. Une autre intervention papale a lieu à  Rome lors de la grande rafle de la nuit du 15 octobre 1943. Pie XII prendra des dispositions pour abriter le plus grand nombre possible de Juifs, et il semble qu’il ait réussi à  en sauver plusieurs milliers.

La question que l’on peut se poser est celle-ci : a-t-il agit par amour véritable du peuple Hébreu, ou par intérêt, sachant qu’il avait, d’une part, peur que la Ville Eternelle ne soit livrée au pillage et au massacre des populations, et que d’autre part, il avait accepté que les Juifs pourchassés lui livrassent cinquante kilos d’or sous peine de déportation… il craignait en plus que le Vatican ne devienne la proie des bombes et que le riche patrimoine de la Cité ne soit volé ou détruit, ce qu’il appelle  » des trésors inestimables, sacrés non seulement pour le St Siège mais pour tout le monde catholique. « 

En fait il semblerait bien que le silence de Pie XII ait été une arme défensive. Le Saint Père considère l’Allemagne comme la pièce maîtresse de l’échiquier européen contre l’expansion du marxisme-léninisme. N’oublions pas qu’il avait été d’abord nonce de Bavière (patrie des Illuminati de Weishaupt) en 1914, puis de Berlin en 1920. Durant ces années passées en Allemagne il s’était familiarisé et appréciait la culture et le peuple allemands, ce qui explique son inertie face à  la montée du régime hitlérien. L’Allemagne trouve donc en quelque sorte grâce à  ses yeux car c’est par elle que pourra être détruit le communisme, bête noire des chrétiens, catholiques ou non, et particulièrement du St Siège.

Il le dit clairement dans cette citation :  » La Providence emploie les armes allemandes à  l’exécution de la justice divine. Elles s’abattent comme la foudre sur les pâles tyrans moscovites qui ont commis le crime sans nom de chercher à  tuer Dieu dans le cœur du peuple russe. Cette mission impose des devoirs. « .Il ajoute un peu plus tard, lorsque l’armée allemande progresse vers Minsk en repoussant les Soviétiques de Lituanie :  » il ne manque certes pas de spectacles réconfortants qui ouvrent le cœur à  l’attente de grandes et saintes choses. « 

Plus d’un million et demi de Juifs trouveront la mort lors de cette avancée de la Wehrmacht…

L’attitude pour le moins curieuse et énigmatique de Pie XII se renforcera encore, même après la fin du conflit. Non seulement il ne condamnera jamais la Shoah, du moins publiquement, mais il ira jusqu’à  contester les sentence finales du procès de Nuremberg qui désigne le peuple allemand complice, indirectement, des crimes nazis, tout en prônant le pardon de ceux-là  même qui sont considérés et jugés en tant que criminels contre l’humanité…en portant assistance à  plusieurs d’entre eux, les logeant dans ses propriétés, en leur fournissant de l’argent et des faux passeports afin de faciliter leur fuite en Amérique du Sud. Toutes ses préoccupations sont centrées sur la montée du communisme dont il a peur et lui font oublier la Shoah qu’il relèguera dans les histoires du passé.

Pie XII a pu être un moment attristé par le sort cruel du peuple hébreu, mais plutôt que de clamer haut et fort sa désapprobation du nazisme, il a préféré user de la voie diplomatique pour tenter d’apaiser l’agressivité de l’ennemi nazi et ainsi éviter autant que possible de potentielles victimes supplémentaires. Ce fut caractéristique d’une politique de compromission qui ne faisait guère honneur à  l’Église se proclamant gardienne du dogme et de la morale…

Épilogue

 » Après les déclarations de plusieurs groupes juifs, ce sont des théologiens catholiques reconnus qui ont demandé à  Benoît XVI de ralentir la procédure de béatification du pape Pie XII*. Ils  » implorent  » le pape d’attendre qu’une  » enquête historique  » ait lieu concernant la position exacte de Pie XII face à  l’holocauste durant la Seconde Guerre Mondiale, avant de continuer son projet.

Dans leur lettre, ces 18 théologiens originaires des Etats Unis, d’Australie et d’Allemagne affirment que les recherches en cours donnent à  penser que Pie XII  » n’a fait aucune déclaration claire  » condamnant les crimes commis contre les juifs par le régime nazi. Ils supplient Benoît XVI de ne pas prendre une décision qui pourrait porter un grave préjudice aux relations qui unissent juifs et chrétiens dans le monde, en béatifiant celui qui est encore aujourd’hui le  » symbole de l’antijudaïsme chrétien « .

Lors de sa visite à  la synagogue de Rome, en janvier dernier, Benoît XVI avait déclaré que si, durant la guerre,  » beaucoup de catholiques  » avaient été  » indifférents « , un grand nombre d’autres avaient fait preuve de  » courage  » face aux persécutions des juifs. Avant d’ajouter que le  » Siège apostolique (le Vatican) mena également une action de secours, souvent cachée et discrète*. « 

Ce procès en béatification de Pie XII rouvre un débat sur la légitimité du St Siège quand il s’agit de donner des avis et imposer des vues concernant les évènements graves qui secouent ce monde.

Nous partageons l’idée que le Vatican est un creuset occulte réunissant des forces spirituelles chargées de gouverner non seulement le monde chrétien (catholique) mais le monde tout court. Bien des scandales ont émaillé l’Histoire de la papauté, jusqu’aux plus récents, notamment les  » affaires  » financières, jamais élucidées de la Banque Vaticane (Banco Ambrosiano) et le rôle joué par la loge maçonnique P2, l’assassinat du chef des gardes suisses Aloïs Estermann, ancien agent de la Stasi Est-Allemande, de sa femme et de l’un de ses soldats.

L’Église romaine, à  défaut d’avoir pu vaincre la franc-maçonnerie et tous les autres ordres secrets en découlant- Opus Dei, illuminatis, sous le couvert de la puissante confrérie des Jésuites, la  » police noire  » du pape et de son bras armé les Chevaliers de l’Ordre de Malte, (auxquels appartiennent bon nombre de  » têtes  » de la CIA et du FBI chargés de contrôler la politique américaine), pour ne rien perdre de son prestige et de son autorité, non seulement aux yeux de ses ouailles mais également à  ceux du monde politique international, a préféré rallier et accepter en son sein toutes ces sociétés occultes et ainsi gouverner dans la plus incroyable compromission et la plus honteuse hypocrisie, quitte à  renier sans vergogne son éthique morale et spirituelle .

Hitler, ironie du sort, se prétendait catholique, ainsi que l’attestent certaines pages de  » Mein Kampf « , (qu’il n’a d’ailleurs pas écrit lui-même), et appartenait à  une confrérie secrète le Groupe de Thulé dont les théories ont forgé le mythe de l’aryanisme propre au IIIe Reich. La majeure partie de l’économie et de l’armement nazi provenait de grandes sociétés et industries américaines (General Motors, Ford etc…) et le Führer était  » couvert  » par Prescott Bush, aïeul de l’ancien président américain…

Comment le Vatican n’aurait-il pas été au courant de tout cela, étant donné qu’il avait à  sa disposition tout un réseau de  » taupes  » chargés d’informer le St Père de ce qui se tramait dans les officines internationales ?

Ces mêmes services secrets auraient bien pu, si le Pape l’avait vraiment voulu, organiser des filières de sauvetage des Juifs pour éviter ce massacre abominable qui ne trouve pas d’équivalent dans toute l’Histoire.

Mais les intérêts des uns ne font pas nécessairement la fortune des autres…

On attend, et le peuple Juif également, avec impatience l’ouverture-plus qu’improbable d’ailleurs- des archives vaticanes qui pourraient nous éclairer sur cet épisode dramatique de l’Histoire juive, et sur d’autres  » affaires  » qui, si elles ne sont pas forcément aussi sordides, comportent néanmoins leur part de mystère que nul ne semble vouloir vraiment élucider.

 » La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive…  » (Rom 1 :18)

 » Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. «  (Gen 12 :2-3)

À l’heure où les évènements de ce monde se précipitent, nous entrevoyons de plus en plus nettement à  travers l’attitude du Vatican l’image de la prostituée dont l’esprit inique agit parmi les peuples depuis si longtemps déjà , et la concentration de plus en plus flagrante de haine contre le Peuple Élu.

Soyez bénis.

  • *citation de Pierre de Rougé extraite du magazine « La Vie » du 17/02/2010.