Matthieu 5:3 :

« Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux! » »
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Ce sont ceux qui sont pauvres en eux-mêmes, c’est-à-dire qui reconnaissent leur besoin de Dieu et qui n’ont pas cette disposition laodicéenne qui proclame :

« Je suis riche, je n’ai besoin de rien! » (Apocalypse 3:17), qui se voient ouvrir les portes du royaume des cieux.

Le salut commence donc par un dépouillement de l’esprit : l’homme que Dieu peut sauver se sait dans un état de disette spirituelle; il sait qu’il n’a rien, rien en lui-même, rien à donner à Dieu, et c’est pour cela qu’il veut se livrer sans restriction au Sauveur et se confier en Lui pour son salut.

Ceci est une vérité connue de tous les chrétiens qui, un jour, ont été régénérés et qui ont reçu Christ.

Mais, après la conversion, cet état de pauvreté du cœur doit être maintenu, car c’est la marque d’une saine spiritualité, humble, confiante dans le Seigneur et reposant sur la grâce, entièrement.

Celui que le succès a berné et qui commence à se vanter de ses accomplissements spirituels « pour » ou « dans » le Seigneur (œuvres, sentiment de piété, victoires chrétiennes, etc.) montre par là qu’il s’est laissé griser par ses propres richesses qui, de nouveau, comme avant sa conversion, l’empêchent dorénavant de rentrer dans le royaume des cieux. !

La croissance dans la maturité chrétienne et dans la grâce à la fois requiert et engendre la pauvreté en esprit.

Les pauvres en esprit se savent dépendants de Jésus, le Cep, duquel ils tirent la sève de vie.

 » Car sans Moi, vous ne pouvez rien faire.  » (Jean 15:5)

La pauvreté en esprit est un état de cœur brisé, contrit et pleinement rassasié de Christ. Elle est la marque distinctive de ceux qui sont vraiment unis au Seigneur, et consacrés.

Elle est l’antithèse même de la suffisance et de l’autosuffisance qui sont les fruits empoisonnés de la propre justice.

Chaque étape de croissance intime et douloureuse dans la grâce nous ramènera à une crise semblable à celle que nous avons expérimentée lorsque nous avons reçu le salut la première fois :

la conscience extrême et aiguë de notre pauvreté.

C’est ainsi que les accès de la chair qui cherche toujours à s’amplifier et à engloutir, à étouffer la Vie d’en haut, sont vigoureusement inhibés.

C’est en Eden que l’innocence de la pauvreté en esprit fut souillée par le désir de ne plus dépendre de Dieu.

C’est là que nos premiers parents se virent fermer l’entrée du Jardin béni

Oui, bienheureux, les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !

La pauvreté en esprit ne s’illusionne pas par une recherche de gloire personnelle. Elle est morte à elle-même, parce que son tout est en Christ, est Christ Lui-même. Elle ne cherche jamais à se cristalliser en un mouvement autonome de vie se détachant de Celui dont elle dépend totalement, car celui dans lequel elle existe s’écriera :

« Il faut qu’Il croisse et que je diminue  » (Jean 3:30).

Elle n’a pas conscience d’elle-même.

Oh ! Que Dieu nous amène tous plus près du cœur, de la poitrine du doux Fils qui ne faisait que ce qu’Il « voyait faire au Père » (Jean 5:9), c’est-à-dire qui s’effaçait totalement devant le Seigneur des seigneurs, Lui étant étroitement lié à son Père.

Celui qui vit en permanence dans les richesses de Christ possède dès maintenant le royaume des cieux

(le verbe est au présent, tandis que les autres verbes, dans les autres béatitudes, sont au futur).

C’est le début de la sainteté.

Matthieu 5:4′

« Heureux les affligés, car ils seront consolés »

La pauvreté en esprit nous amène immanquablement à ressentir de l’affliction dans notre cœur :

 

– Le chagrin de nous savoir si peu aimer Dieu, alors qu’Il a tant fait pour nous ;

– Le chagrin de nous savoir si indignes de Son amour de par nos péchés et nos manquements journaliers et de chaque moment qui blessent cruellement Son cœur;

  • le chagrin venant de l’Esprit de Dieu qui nous révèle la profondeur abyssale de la corruption de notre propre chair par rapport aux normes élevées de la sainteté de Dieu;
  • le chagrin et la peine que déverse en nous le Saint-Esprit vis-à-vis de l’Eglise de Christ infidèle, prostituée, mondaine et impuissante ou blessée et pillée, affaiblie et ravagée par toutes sortes de calamités et de péchés; vis-à-vis des enfants de Dieu rétrogrades, ou sans repère ni soutien, dans cette heure avancée de la nuit;
  • le chagrin qui vient du spectacle effrayant qui s’offre à nos regards d’un monde malade qui a désavoué le Christ de Dieu; des multitudes nombreuses cheminant vers le chemin de la perdition éternelle.

Heureux ceux qui pleurent avec le Seigneur, car ils recevront en partage la consolation qui vient d’en haut.

Il n’est nullement question ici d’une joie superficielle, frivole, mondaine.

Par cette béatitude, le Seigneur Jésus nous révèle la forme le plus élevée du christianisme.

L’affliction du cœur est le seul état permanent qui puisse permettre au Divin Consolateur de résider en plénitude dans le cœur du croyant, car, tandis que la joie et l’exaltation restent insensibles aux faibles gémissements de l’Esprit, l’affliction nous rapproche des battements du cœur de Jésus.

Les larmes qui coulent des yeux de ceux qui pleurent et savent s’attendre à Dieu sont des fontaines qui purifient, humidifient la terre de notre cœur, la rendant apte à la récolte.

L’affliction signifie silence, désert, labour et humiliation.

Ceux qui s’affligent ont délaissé les plaisirs du monde et les joies de la vie, y compris les joies normales de la vie chrétienne. Ils se sont consacrés à un ministère plus grand, caché, incompris de ceux qui n’ont pas saisi la vision de Christ dans toute sa beauté étincelante, celui de l’intercession sobre, le ministère de la douleur.

Ils enfantent dans la douleur et la solitude pour un monde nouveau, une nouvelle terre et de nouveaux cieux.

‘ »Un lit arrosé de larmes, une gorge desséchée par la prière, des yeux changés en une fontaine de larmes pour les péchés du pays doivent rarement se trouver parmi nous. » – Andrew A. Bonar

Les affligés le sont aussi parce qu’ils sont prophètes et qu’ils ont goûté aux puissances des siècles à venir, et proclament la vanité de la vie présente avec sa corruption

– ils se condamnent à être la risée d’une Eglise moqueuse, pétillante de remous extérieurs et abondant en puissance, en signes et miracles; ils se condamnent à être des voyageurs sur la terre, rejetés, eux dont le monde n’est pas digne (Hébreux 11:38).

Ils accumulent la souffrance et l’angoisse dues à l’indifférence et l’incompréhension, et le rejet de la part de ceux qui professent appartenir pourtant à la Maison de Dieu.

Oui, ils seront consolés par le doux et cher Sauveur de leur âme, car ce sont des sentinelles cachées, des vierges sages qui ne sommeillent point, et qui les premiers, voient arriver le Jour Heureux du Retour de l’Époux bien-aimé.

Ils partagent ici-bas l’opprobre de Christ à Gethsémané et à la croix.

Mais, dans la Cité Céleste, une place d’honneur leur est réservée parmi ceux qui jubileront d’allégresse.

Par cette béatitude, le Seigneur Jésus définit ainsi un grand principe spirituel que les saints hommes de prière seuls connaissent :

Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d’allégresse. Celui qui marche en pleurant, quand il porte la semence, revient avec allégresse, quand il porte ses gerbes.

(Psaumes 126:5-6) »

Un chrétien revêtu du manteau intérieur de l’affliction est un chrétien mûri dans la souffrance de Christ – le caractère du Divin Consolateur s’est formé en Lui, l’imprègne de l’odeur qui donne, à son tour, vie et consolation.