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Le système dénominationnel moderne a rendu acceptable la division dans le Corps de Christ. Beaucoup de chrétiens croient que les dénominations les protègent de la fausse doctrine. Mais ce n’est qu’une illusion.

La « couverture dénominationnelle » se fonde sur l’idée superstitieuse qu’en faisant partie d’une dénomination, je serais mystérieusement « protégé » de l’erreur. Pourtant, le fait que le système dénominationnel s’égare assez régulièrement prouve que cette idée est infondée. Il ne suffit donc pas d’être sous la responsabilité d’une organisation ou d’un individu lointain — comme l’Eglise catholique est sous la responsabilité du Pape — pour être « couvert »!

Ce n’est qu’en nous soumettant à l’Esprit de vérité dans le Corps de Christ que nous sommes protégés de l’erreur (1 Jean 2:20,27). Dans l’idée de Dieu, la redevabilité a lieu entre l’Esprit et Son peuple, et non entre l’individu et son pasteur! La protection spirituelle vient de la connaissance intime du Saint Esprit et du contact avec les autres chrétiens. Tel est le génie de la communauté chrétienne.

Contrairement à cela, le système compliqué et formalisé de la redevabilité dénominationnelle est un substitutif humain à la soumission mutuelle. Dans les dénominations, l’obéissance au clergé et la division remplacent la soumission mutuelle.

La tyrannie du statu quo

Si vous n’êtes pas convaincu que le système des dénominations se base sur une autorité hiérarchique, essayez de le remettre en question. Et si vous le faites, soyez prêts à vous opposer à toute la rhétorique du clergé. Car vous verrez jaillir les étincelles.

La vérité, c’est que ceux qui soulèvent des questions sur l’autorité ecclésiastique perturbent le système religieux tout entier. Et de ce fait, ils sont souvent diffamés.

Si vous êtes l’un d’eux, préparez-vous à être traité de « hérétique », de « pertubateur », ou de « rebelle insoumis. » Ce genre d’invocation de la rhétorique religieuse a pour but d’étouffer la pensée. On cherche ainsi à empêcher tout dissentiment honnête vis-à-vis de l’opinion du parti.

Ainsi, la maison de Dieu souffre encore de la main de ceux qui sont animés d’un esprit de dispute. Elle souffre de la part de ceux qui chassent de la synagogue les bien-aimés du Seigneur. Elle souffre de la part de ceux qui ferment la porte aux membres de la famille (3 Jean 9-10).

Ceux qui usurpent l’autorité ont beau dire qu’ils préservent les brebis de Dieu des périls de l’isolement — et il est vrai que les sectes se perpétuent en s’isolant du Corps de Christ — mais l’ironie, c’est que les dénominations font exactement la même chose.

L’idée de « couverture dénominationnelle » n’est pas très différente de ce système d’autorité maître/esclave qui caractérise les sectes modernes. Dans les dénominations, les membres se laissent diriger, sans aucune réserve, par un homme, ou par une organisation, alors que le principe biblique d’assujettisement mutuel met en avant la soumission les uns aux autres, plutôt que l’obéissance inconditionnelle à un dirigeant humain, ou à une organisation hiérarchisée.

On pourrait même ajouter que l’on se sert souvent de la « couverture ecclésiastique » pour exclure ces chrétiens qui ne se réunissent sous aucun drapeau dénominationnel. La « couverture » constitue une arme aux mains des groupes religieux partisans, qui leur assure du terrain théologique. Cette arme est animée d’un esprit sectaire. Et elle a pour effet de fracturer la communion du peuple de Dieu. Elle met en morceaux le Corps de Christ, et découpe l’Eglise en fragments isolés.

En un mot, le marécage dénominationnel moderne a pollué le paysage chrétien. Il a fait du « un seul Corps » une entité terriblement divisée, étouffée par ses traditions. Les partisans du dénominationnalisme trouvent ce système utile. Ils considèrent que les différentes dénominations représentent les différentes parties du Corps de Christ.

Mais le système dénominationnel est étranger au Nouveau Testament! Il est incompatible avec l’unité chrétienne. Il se base purement sur des divisions humaines qui sont sans appui biblique (1 Cor. 1-3). En fait, cette conception provient d’une vision restreinte du Corps de Christ. (Voir mon livre, « Rethinking the Wineskin » pour plus de détails.)

Le gouvernement de « l’église mère »

Toutes les églises qui sont nées dans les dix-sept années suivant la pentecôte furent engendrées par l’église de Jérusalem. Mais ces nouvelles églises n’avaient pas une relation formelle de soumission envers Jérusalem. Dans le Nouveau Testament, il est toujours question d’églises autonomes (indépendentes), mais liées fraternellement.

Cela signifie que pour Dieu, toutes les églises sont unies, et partagent la même vie. Mais chaque église est indépendante, et elle porte la responsabilité de sa propre direction; elle sera redevable devant Dieu de toutes les décisions qu’elle aura prises. Il est donc contraire aux principes bibliques que les affaires d’une église soient gérées par une « église-mère », ou par un centre d’administration dénominationnel.

Jamais le Seigneur n’a souhaité que les églises locales s’attachent à une dénomination, à une confédération, ni à une quelconque association diocésaine. Selon les principes bibliques, chaque église prend ses propres décisions, et se dirige de façon autonome. (Considérez les mots du Seigneur aux sept églises d’Asie. Il traite chaque assemblée selon ses propres problèmes — Apo. 1-3.)

On retrouve ce même principe dans les écrits de Paul. Celui-ci considère chaque église comme un organisme autonome, directement responable et redevable devant Dieu de toutes ses décisions (Eph. 5:24; Col. 1:9-10).

C’est donc une erreur que de rassembler les églises locales en une gigantesque fédération religieuse. La réalité, c’est que toutes les églises sont gouvernées par la même Tête, et elles partagent la même vie.

Par conséquent, les églises devraient coopérer, s’aider mutuellement, et apprendre les unes des autres (Actes 11:28-30; Rom. 15:25-29; 2 Cor. 8:1-14; 1 Thess. 2:14). Et c’est ce que pratiquaient les premières églises (Rom. 16:1; 1 Cor. 16:19; 2 Cor. 13:13; Phil. 4:22).

En même temps, chaque église doit embracer les traditions établies par les apôtres pour « toutes les églises » (1 Cor. 4:16-17; 7:17; 11:16; 14:33; 16:1; 1 Thess. 2:14). Une église ne doit donc pas se forger, dans un esprit d’individualisme, ses propres pratiques ecclésiastiques. Or, c’est exactement ce qu’a fait l’église institutionnelle. Elle a inventé tout un catalogue de pratiques religieuses qui violent les principes du Nouveau Testament.

Selon le principe divin, chaque église doit développer sa propre direction, son propre ministère, et son propre témoignage. Mais d’un autre côté, il doit y avoir une proximité spirituelle, et un soutien mutuel entre les églises.

Chaque église est directement responsable devant sa Tête (Christ), et c’est Lui seul qui la contôle. Chacune maintient une assez grande indépendance quant à ses affaires locales. Cela implique en particulier qu’une église ne doit pas discipliner ni diriger une autre église. Mais de même, chaque église doit être soutenue et encouragée par les autres églises.

Dans la pensée de Dieu, aucune église n’a le droit de réguler, de contrôler, ni de s’ingérer dans les affaires, les enseignements ou les pratiques d’une autre assemblée. Le système des dénominations viole tous ces principes.

L’unité et la proximité des églises témoignent donc que le Corps est un. Et l’indépendance et l’autonomie des églises témoignent que la Tête est souveraine.

La question de Actes 15.

Comme contre-argument, certains ont cherché à tirer de Actes 15 un précédent biblique à cette notion d' »église-mère ». Mais une analyse soignée de ce passage montre clairement que c’est là une interprétation érronée, qui contredit le reste du Nouveau Testament. De premier abord, il pourrait sembler que Paul et Barnabas s’étaient tournés vers l’église de Jérusalem parce qu’elle avait l’autorité sur toutes les autres églises. Mais cette interprétation s’effondre dès lors qu’on lit ce chapitre dans son contexte.

Voici ce qui est arrivé. Des hommes de l’église de Jérusalem ont apporté une fausse doctrine à l’église d’Antioche. On a demandé à Paul et à Barnabas de rendre visite à l’église de Jérusalem pour régler cette affaire. Pourquoi? Simplement parce c’était de Jérusalem qu’était venu cet enseignement (Actes 15:1,2,24).

Si la fausse doctrine était venue de l’église d’Antioche, Paul et Barnabas l’auraient sans doute réglée à Antioche. Mais comme l’enseignement venait de l’église de Jérusalem, les deux hommes se sont rendus à Jérusalem afin de déterminer qui l’avait introduite. Ils cherchaient aussi à s’assurer que les anciens de Jérusalem et les douze apôtres ne l’approuvaient pas.

A leur arrivée, on a identifié ceux dans l’église qui avaient enseigné cette doctrine (15:4-5). Cela a donné lieu à un conseil d’église, suite à quoi les saints de Jérusalem ont répudié publiquement la doctrine (15:6).

La conclusion du conseil, qui avait eu l’approbation des douze apôtres, des anciens et de l’église toute entière, fut ensuite communiquée aux églises païennes, au cas où elles seraient un jour confrontés à ce même problème épineux. Et leur décision portait l’autorité de Dieu, parce que le Saint Esprit l’avait inspirée (15:28). Et l’église tout entière l’avait approuvée (15:23,28,31).

On ne peut tirer d’autre conclusion de cette histoire, si l’on tient compte sérieusement des faits historiques. C’est encore un cas où l’on cherche à justifier par un texte ses propres préconçus, plutôt que d’en prendre honnêtement le sens. Par conséquent, l’idée d’une « église-mère » qui détiendrait l’autorité absolue, est dépourvue de soutien biblique. Et elle est incompatible avec l’histoire du premier siècle.

Bien entendu, l’Eglise de Jérusalem était aimée, appréciée, et soutenue par les autres églises (Rom. 15:26-27; 2 Cor. 9:11-13). Mais il n’y a rien dans le Nouveau Testament qui laisse penser qu’elle ait détenu l’autorité suprême, ni que les autres églises lui aient été asservies. Chaque église était autonome, et directement redevable devant Dieu. Aucune église n’était subordonnée à une autre.

A cet égard, les pratiques du système dénominationnel sont sans précédent biblique. De plus, elles enfreignent les principes spirituels.

Les dénominations ont fragmenté le Corps de Christ, en donnant naissance à des partis religieux. Elles ont brisé la famille de Dieu. Elles ont dégradé la fraternité spirituelle en un amas de sectes religieuses. Elles ont engendré des milliers de clans opposés, à partir de la seule famille de Christ.

Le système des dénominations est auto-contradictoire

Un autre problème avec les dénominations, c’est qu’elles écrasent ce qu’elles prétendent protéger et préserver. En réalité, elles détruisent ce qu’elles sont sensées construire! Tout comme le zèle sectaire et déplacé qui conduit le catholicisme, les dénominations protestantes ont dégénéré en une institution humaine qui menace les dissidents du fouet du despotisme. Elle défend avec expertise les croyances du parti, et elle maudit les autres pour de supposées erreurs doctrinales.

C’est pour cette raison que Paul a durement repris les chrétiens de Corinthe pour s’être divisés en différents camps (1 Cor. 1:11-13, 3:3-4). Il n’est pas moins scandaleux qu’on impose aujourd’hui à la famille de Dieu la camisole des dénominations. En fait, la plupart des églises soi-disant non-dénominationnelles, inter-dénominationnelles, ou post-dénominationnelles, sont tout aussi sectaires et hiérarchisées que les grandes dénominations classiques. Ainsi, celles-ci appartiennent aussi au « système dénominationnel ».

Plus frappant encore, le système des dénominations perpétue l’hérésie — cela-même qu’il prétend détruire. Pensez-y. Si chaque église était autonome, la propagation de l’erreur resterait plutôt locale. Mais lorsque la tête d’une dénomination est infectée par l’erreur, toutes les églises qui y attachées embrassent cette même erreur. Ainsi, l’hérésie se répand!

Si chaque église est autonome, il sera difficile pour un faux enseignant ambitieux de prendre le contrôle d’un groupe d’églises. Il sera quasiment impossible qu’un « pape » émerge. Mais au sein des dénominations, il n’en est rien. Là, toutes les églises affiliées tiennent bon ou tombent ensemble.

On pourrait même aller jusqu’à dire que former une dénomination, c’est déjà commetre une hérésie. Le péché de l’hérésie [du grec: « hairesis »], c’est le fait de choisir de suivre ses propres principes, ses propres doctrines. Ainsi, même la vérité peut être hérétique, si l’on s’en sert pour diviser le Corps de Christ. C’est lorsque certains se séparent du reste du Corps pour suivre leurs doctrines ou leurs pratiques préférées que sont formées les dénominations.

Alors que l’église institutionnelle se vante d’être « couverte » par une dénomination, elle n’offre en réalité aucune redevabilité personnelle et directe. Dans les églises évangéliques, on dit généralement que le pasteur « couvre » l’assemblée. Mais la plupart des membres de ces églises ne connaissent pratiquement pas leur pasteur! (Et encore moins le reste de l’assemblée!)

Il n’est pas rare que ceux qui « vont à l’église » ne se disent pas plus de trois phrases au cours du culte dominical. A l’inverse, dans une église formée selon le modèle du Nouveau Testament, tous les frères et soeurs se connaissent intimement les uns les autres, y compris les travailleurs extérieurs qui aident l’église (1 Thess. 5:12).

En somme, la « couverture dénominationnelle » est un concept artificiel. Et elle ne procure de sécurité que dans la mesure de sa superficialité inhérente. Dieu au contraire, désire que Son peuple mette en pratique la vie et l’enseignement de Son Fils dans une communauté de vie intime et personnelle. Ce désir constitue l’essence-même de Son dessein éternel (Eph. 2:18; 3:11).

En un mot, la soumission mutuelle maintient l’unité et la proximité des membres de l’église. La « couverture » dénominationnelle en fait une société hiérarchisée!

Un mot sur l’orthodoxie chrétienne.

Il est clair que le simple fait d’employer les structures ecclésiastiques traditionnelles comme le système pastoral protestant, la prêtrise catholique, ou le système dénominationnel, ne peut suffire à préserver le peuple de Dieu de l’erreur doctrinale. Tout comme les nombreuses églises indépendantes qui ont quitté les rails de l’orthodoxie chrétienne, beaucoup de dénominations à dominance cléricale ont suivi le même chemin. La société Watchtower, « Way International », l’Eglise de l’Unification et l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, en sont des exemples.

Complémentaire à la soumission mutuelle, l’enseignement historique des doctrines essentielles de la foi joue un rôle crucial pour éviter à une église de faire fausse route spirituellement. Au cours des siècles, les chrétiens ont préservé les croyances fondammentales de notre foi. Ces croyances ont été explicitées en des confessions de foi, alors que surgissaient des hérésies doctrinales de toutes parts.

Des confessions de foi comme le credo de Nicée, le credo des apôtres, et cetera, représentent la voix unilatérale de l’église, à un moment donné de l’Histoire, concernant les bases de notre foi. Ils attestent les vérités fondammentales du Christianisme : Jésus Christ est Dieu fait homme, Il est né d’une vierge, il a été crucifié pour nos péchés, et il est ressuscité des morts.

Ces credos n’appartiennent à aucune tradition ecclésiastique ni aucune dénomination particulière. Ils sont l’héritage de tout vrai chrétien. Ils reflètent avec exactitude la voix de l’église au travers de l’Histoire. Bien-sûr, le langage employé dans ces credos est désuet. Mais par leur sens ils convoient un solide enseignement biblique.

Autrement dit, les credos écuméniques représentent ce que C.S. Lewis a appelé « les fondements du christianisme » — « les croyances qu’ont partagées pratiquement tous les chrétiens à toutes les époques. » (Vincent de Lerins avait précédemment exprimé en ces mots la même idée: « Le christianisme, c’est que ce que tous ont toujours cru partout. »)

S’il est vrai que les credos à eux seuls ne suffisent pas à protéger de l’erreur doctrinale, ils servent néanmoins de points de repère qui nous avertissent si nous nous égarons des croyances fondammentales du christianisme.

Les credos ne constituent pas nécéssairement des affirmations théologiquement parfaites, mais ils servent de panneaux directeurs, dont la validité a été prouvée par l’Histoire, quant à notre foi commune. Ils ne prévalent pas sur l’Ecriture. Et ils méritent peut-être élargissement ou amélioration. Mais, si l’on s’en sert judicieusement, ils peuvent aider une église à rester dans l’orthodoxie chrétienne.

Ainsi, les credos historiques sont des instruments utiles que nous ont laissé nos pères dans leur marche fidèle avec Jésus Christ. Ce serait donc une erreur grave que de négliger la contribution de ces hommes sous prétexte que certains d’entre eux faisaient partie de « l’église organisée » de leur époque.

N’oublions pas que le canon même des Ecritures auquel nous tenons tant a été établi formellement et défendu par les structures d’églises institutionnelles. Cela ne les a pas empêché de se joindre à la voix des apôtres en ce qui concerne les oracles sacrés de Dieu. N’oubliez pas que le Corps de Christ comprend tous les chrétiens de tous les âges — indépendemment des structures ecclésiastiques auquelles ils appartenaient.

L’appel à rétablir l’église du Nouveau Testament n’implique donc pas qu’on doive réinventer la roue, en matières religieuses, ni rejeter tout ce que nous ont légué nos pères spirituels.

Au contraire, cet appel est en accord avec toutes les voix du passé qui étaient restées fidèles à la révélation apostolique — peu importe à quel segment de l’église de leur époque ils appartenaient. L’église primitive était enracinée dans le sol fertile de la vérité chrétienne. Et si nous voulons rester dans ce sol, nous devrons nous tenir sur les épaules de ceux qui nous ont précédés.