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Le mouvement s’amorce un peu partout dans le monde d’un virage à 180 degrés dans le modèle de gestion de la crise sanitaire : la solution n’est pas politique, mais médicale, technologique et industrielle.

À l’heure où le gouvernement français s’enfonce encore plus dans le totalitarisme et cède de plus en plus à une panique résultant en grande partie d’un emballement médiatico-politicien dont il est loin d’avoir été absent, se dessine un peu partout une stratégie à l’opposé du sauve-qui-peut en trois phases dont on nous a rebattu les oreilles avant que les choses ne se compliquent.

Les Italiens, les Américains, les Suisses, pour ne citer qu’eux, ont ainsi entamé un virage à 180 degrés dans la gestion de la crise sanitaire et se tournent maintenant vers les succès évidents rencontrés par les pays libéraux asiatiques (Corée du Sud, Taiwan…) qui ont su très rapidement juguler l’épidémie.

Face aux manquements flagrants et à l’ampleur de la crise, la société civile Française quant à elle, réagit et on ne peut que s’en féliciter.

Par ces actions d’abord, par ces entreprises qui distribuent leurs stocks de masques et de gel ou se reconvertissent pour en fabriquer, mais aussi par la pression qu’elles mettent sur le gouvernement et l’administration afin qu’ils se tournent vers plus de raison et intègrent enfin la dimension de cette épidémie, après en avoir nié la gravité, puis sur-dramatisé celle-ci et surtout après avoir prétendu et claironné être capables de régler le problème par une série de mesures politiques et administratives, ce qui est à la fois faux et dramatique si on compare la gravité de l’épidémie dans les pays ayant choisi cette stratégie, comme l’Italie, la France, l’Espagne, par rapport aux autres pays.

IL EST LOIN LE TEMPS DU HUSSARD SUR LE TOIT

Pour bien comprendre la différence entre les deux stratégies, il faut d’abord comprendre la spécificité de l’épidémie, qui n’est pas, contrairement aux grandes épidémies d’antan, due à une maladie bactérienne ou parasitaire, mais à une infection virale.

Or nous le savons, et maintenant depuis de nombreuses années, surtout depuis l’épidémie de SIDA due à un autre virus, dans les années 1980, qu’une épidémie virale ne se traite absolument pas comme une épidémie bactérienne.

Une maladie bactérienne est une invasion : une armée de bestioles (d’organismes vivants constitués d’une seule ou de quelques cellules) envahit l’organisme. Pour les combattre, il faut une autre armée, ce sont les défenses immunitaires auxquelles on peut donner des armes, comme les antibiotiques, afin qu’elles éliminent totalement les intrus jusqu’au dernier et ne les laissent plus jamais revenir. Une fois la première infection passée, l’organisme reconnaîtra l’agresseur et repoussera tout nouvel envahisseur.

Dans ce cas, la stratégie de l’isolement des populations par quarantaine ou confinement, est donc tout à fait adaptée pour laisser passer la vague et empêcher les individus sains d’être infectés, la solution radicale pour stopper l’épidémie étant le vaccin qui protège naturellement les sujets infectés au milieu de personnes invulnérables à la maladie. Celle-ci ne pouvant plus se transmettre, elle s’éteint, faute de nouveaux territoires à conquérir.

Cette stratégie est par contre totalement inadaptée pour gérer une épidémie virale. Une maladie virale est assimilable à un empoisonnement : le virus est en quelque sorte une toxine vivante absorbée en plus ou moins grande quantité, et qui a la capacité de croître dans l’organisme, car les cellules, une fois infectées, vont permettre la reproduction de celle-ci.

CHARGE VIRALE ET PORTEURS SAINS

Bien sûr, le mécanisme en lui-même est, vous vous en doutez bien, plus compliqué que l’explication lapidaire ci-dessus : le virus apporte une « anomalie » qui affecte la programmation des cellules et modifie leur fonctionnement, mais ce qu’il faut retenir, c’est que l’on aborde deux concepts totalement différents :

  • dans le cas d’une bactérie, on parle d’infection : l’organisme héberge, ou pas, des colonies de bactéries.
  • dans le cas d’un virus on parle de charge virale : un nombre plus ou moins grand de cellules sont porteuses de cette anomalie qui s’est en quelque sorte « fondue » à l’intérieur de celles-ci.

Cette différence peut sembler couper les cheveux en quatre (dans les deux cas, on est malade), mais elle a d’énormes conséquences en termes de traitement, de prévention et de gestion de la contagion.

Bien sûr, il faut être au contact du virus comme il faut être au contact d’une bactérie pour être infecté.

Mais dans le cas d’une infection bactérienne, une seule et unique bactérie peut suffire pour déclencher la maladie, si elle parvient à coloniser un endroit propice pour elle et à s’y reproduire. Une fois le premier foyer installé, elle se reproduit ensuite très vite, avant que l’organisme ne réagisse.

Alors que dans le cas d’une infection virale, il faut que la charge virale soit suffisamment importante pour que celle-ci ait de réels effets sur l’organisme. Ce qui explique que l’on peut rester porteur sain pendant très longtemps avant de déclencher une réelle maladie, comme c’est le cas des porteurs sains séropositifs au VIH.

LE VIRUS N’EST PAS LA MALADIE, IL EN EST LA CAUSE

Ceci explique également pourquoi une personne ayant été exposée à une forte charge virale a davantage de risque d’être gravement malade, comme cela est malheureusement arrivé aux personnels soignants Chinois qui ont été confrontés au début de l’épidémie sans protection et qui ont rapidement développé des cas graves alors qu’ils étaient en parfaite santé, et comme c’est le cas pour le personnel de santé français qui paie aujourd’hui un lourd tribut au manque de préparation incompréhensible devant une épidémie dont on connaissait dès le début l’origine virale et la grande difficulté de s’en prémunir par les mesures de protection habituellement suffisantes pour éviter les infections bactériennes.

Ce qui explique aussi pourquoi nous sommes tous totalement inégaux devant la maladie : le seuil de charge virale selon lequel le virus va ou non coloniser l’organisme, plus ou moins facilement se reproduire, entraîner des symptômes plus ou moins graves et être plus ou moins bien combattu par l’organisme est fonction de très nombreux facteurs quasiment impossibles à déterminer et très différents selon les individus (dont la charge initiale, le nombre de fois à laquelle un individu a été exposé à différentes charges, la voie de pénétration du virus, etc.)

Ce qui explique également pourquoi apparaissent ainsi des foyers de contaminations importants (et non des clusters, comme c’est le cas pour les maladies bactériennes) car porteurs d’une charge virale « latente » : une présence statistique plus importante du virus : comme les villes, les transports en commun, les marchés, etc.

Ceci veut surtout dire qu’un virus ne se transmet pas, oui ou non (on est infecté ou on ne l’est pas), mais que plus la charge initiale est élevée ou plus le chemin pris dans l’organisme est perméable (ce qui est le cas pour le SIDA qui ne pénètre l’organisme que par des voies bien précises) et plus le malade est « porteur », plus le virus parviendra à coloniser l’organisme et aura des conséquences sur la santé de celui-ci. Cela explique aussi qu’un nombre très important de porteurs ne présentent aucun symptôme.

D’où l’importance de la prise en charge le plus rapidement possible, dès le début de l’infection pour éviter les empilements de charge virale. D’où l’importance aussi des protections : les masques, la distanciation et l’éloignement des espaces clos où l’on peut se trouver confronté à une forte charge virale.

Si la grippe, la gastro-entérite hivernale ou le rhume sont moins virulents en été, c’est en grande partie parce que les gens vivent à l’extérieur, utilisent moins les transports en commun… et sont donc globalement moins exposés à des charges virales importantes.

CE SONT LES COMPLICATIONS QUI TUENT

Ensuite, contrairement à une maladie bactérienne, ce n’est pas principalement l’agent pathogène qui rend malade, mais surtout les modifications qu’il provoque dans l’organisme. Alors que les bactéries attaquent les cellules, allant jusqu’à les détruire et en se reproduisant en grand nombre et produisant des toxines, les virus provoquent un changement de comportement des cellules qui ne fonctionnent plus normalement. Ce changement est plus ou moins étendu dans l’organisme en fonction de la charge virale, de la quantité de cellules « empoisonnées ».

Bien sûr, ce changement de comportement peut provoquer des réactions, des symptômes, mais surtout, il déséquilibre l’organisme, le fragilise, le rendant plus vulnérable aux autres infections, en particulier microbiennes. Ce n’est pas réellement le virus qui tue, mais les maladies opportunistes, les traumatismes que le virus déclenche, facilite ou aggrave.

Il est donc primordial de traiter les symptômes, le malade, et surtout empêcher les complications. Pour reprendre l’exemple du rhume, éviter qu’un simple éternuement provoqué par le virus ne se transforme en irritation des voix nasales, puis en dérèglement de la sécrétion de mucus, puis en infection microbienne (la fameuse question du médecin sur la couleur de ce qui coule du nez).

Il est donc très important que les porteurs d’un virus très pathogène soient en meilleure santé possible et se soignent rapidement des diverses infections et autres pathologies qui risquent grandement d’être aggravées par l’infection virale, car elles affaiblissent l’organisme, diminuent le fameux seuil et facilitent ainsi  l’accroissement et la virulence de la charge virale.

IL FAUT IMPÉRATIVEMENT METTRE EN PLACE LES SOLUTIONS EXISTANTES

Ces mécanismes sont maintenant très bien connus, de très nombreuses vidéos de vulgarisation mises à la disposition du grand public par les diverses facultés de médecines, des centres de recherche, des chercheurs, sont disponibles sur Internet. Ils devraient faire partie du sens commun quand il s’agit de décider d’une stratégie à adopter face à l’épidémie qui sévit actuellement et dont la solution ne pourra être autre que médicale, technologique et industrielle.

La stratégie asiatique, développée et perfectionnée lors de la précédente épidémie due à un coronavirus en 2003 (l’épidémie actuelle n’est pas la première du genre), repose sur cette connaissance et sur la mise en place de moyens que la technologie et l’industrie ont pu mobiliser et très rapidement mettre à la disposition de la population :

  1. Dépister intensivement les populations pour isoler les individus infectés. Pas prioritairement pour empêcher ces personnes de contaminer d’autres personnes, mais surtout pour mettre en place un suivi thérapeutique préventif et potentiellement curatif et empêcher à la fois qu’ils ne développent des complications et des symptômes graves pouvant finir en soins intensifs ; et surtout pour faire baisser la charge virale des patients et donc la charge virale latente.
  2. Réduire la « charge virale latente » en désinfectant intensivement, voire en fermant les lieux à promiscuité forte, comme les transports en commun, les marchés ; et en dispersant la population saine une fois contrôlée dans des zones moins peuplées.
  3. Tout faire pour ne pas impacter l’économie du pays, afin de renforcer la capacité de mise en œuvre des moyens nécessaires à cette stratégie très consommatrice en ressources (matériel de protection, moyens de communications, continuité des circuits de distribution…) et surtout afin que les populations restent en bonne santé, continuent à faire du sport, ne restent pas inactives, etc.

Une stratégie que l’on peut résumer ainsi : dépister, protéger, guérir.

Une stratégie médicale et technologique, qui par de nombreux cotés est à l’opposé complet des mesures mises en place actuellement par le gouvernement.

Une stratégie qui repose sur des solutions existantes déjà nombreuses même si elles ne sont pas ni parfaites ni complètes (comme la multiplication des tests qui sont disponibles depuis bien longtemps, ou comme la chloroquine utilisée depuis le début de l’infection en Asie) et sur la mobilisation de l’énorme force industrielle et technologique qui caractérise le XXIe siècle inexistante lors de l’épidémie de Choléra de 1832 ; l’une des dernières fois avant aujourd’hui, où un confinement massif a été imposé à la population, qui ne l’a pas respecté, et a plongé la France dans un profond chaos.

Une stratégie qui repose sur l’action et non sur la paralysie et l’attente, dans l’espoir que la vague ne nous submergera pas.