CHRONIQUE – Le 6 décembre 2020, sur FranceSoir, alors que la chasse à l’homme était ouverte à son endroit, j’ai signé une « Lettre au professeur Perronne » dans laquelle j’écrivais notamment : « Vos interventions à la télévision ont fait apparaître à mes yeux un homme dont l’intégrité, la rectitude morale étaient éclatantes ». Je lui exprimais « mon soutien le plus chaleureux », et l’assurais que c’était « un grand honneur pour moi » de lui adresser « ce témoignage de sympathie » et de « profond respect ».
Deux ans plus tard, je n’ai évidemment pas la moindre retouche à apporter à ce texte. Je me réjouis simplement que mon jugement m’ait amené à soutenir, par la plume, un homme de qualité, de courage et de conviction. Par comparaison, comment ne pas déplorer que, dans le monde politique, des dirigeants de premier plan aient trouvé refuge dans un silence prudent, au seul motif qu’ils n’étaient pas médecins ? Je n’étais pas plus médecin qu’eux !
Voici quelques semaines, le 31 août 2022, je décernais la Légion d’honneur au Pr Perronne. Plus précisément, dans une tribune intitulée « La Légion d’honneur du professeur Perronne », je soulignais qu’il n’était « pas seulement un praticien et un enseignant. Il était aussi, il était surtout l’homme qui avait géré les crises sanitaires sous trois présidents de la République successifs : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande ». Ajoutant : « Décidant de peser dans le débat public, il pouvait même caresser l’espoir d’être entendu. Christian Perronne a donc parlé. Mieux même, il a écrit deux ouvrages qui ont contribué à ouvrir les yeux d’un grand nombre de Françaises et de Français qui doutaient du discours officiel ».
J’assénais alors ce qui me paraissait une évidence : « C’était son devoir. Il l’a accompli au mépris des critiques et des sarcasmes (…). Il s’est levé pour porter haut et fort une voix certes discordante, mais combien indispensable tant l’information circulait à sens unique ». Et je concluais : « Il a agi (…) dans le droit fil des très hautes fonctions qu’il avait assumées en France, mais aussi au sein de l’Organisation mondiale de la santé. C’était son honneur, et même sa Légion d’honneur ».
Le 3 septembre dernier, le Pr Perronne a donc comparu devant la chambre disciplinaire d’Île-de-France de l’Ordre des médecins, qui lui a donné gain de cause sur toute la ligne dans sa décision du 21 octobre 2022.
J’en retiens principalement ces quelques phrases : « Le Dr Perronne, spécialiste internationalement reconnu comme un expert dans le domaine de l’infectiologie, était le mieux à même de comprendre les enjeux de santé publique. S’il s’est exprimé dans la presse sur l’action du gouvernement et sur l’industrie pharmaceutique, ainsi qu’il était légitime à le faire et en avait même l’obligation dans ce domaine qui relevait de sa compétence, il s’est borné à porter publiquement, mais sans invectives, une voix discordante sur un sujet d’intérêt général (…). Les dispositions du Code de la santé publique n’ont pas été méconnues ».
Je n’aurai évidemment pas la vanité de penser que ma tribune du 31 août ait pu inspirer en quoi que ce soit la décision de la chambre disciplinaire. Mais, à la lecture de la décision du 21 octobre, je n’ai pu m’empêcher de rapprocher les deux textes, argumentés de manière très comparable.
Le Pr Perronne est donc réhabilité, à défaut d’être décoré de la Légion d’honneur comme ses confrères du Conseil scientifique. Au mot « réhabilité », le Larousse donne la définition suivante : « Mettre un terme aux soupçons, critiques, mépris etc, dont quelqu’un faisait l’objet en prouvant officiellement qu’il méritait ou qu’il mérite de nouveau la confiance, l’estime d’autrui ». Pour toutes celles et pour tous ceux qui n’ont eu de cesse de le soutenir dans son combat difficile, mais légitime, cette confiance et cette estime n’ont jamais été entamées par les procès d’intention dont il a été l’objet.
Certes, il ne s’agit que d’une décision de première instance, et l’Ordre national des médecins en a interjeté appel. Sans préjuger du sort qui sera réservé à ce jugement, on peut néanmoins remarquer qu’il est fortement motivé, et que ce ne sont pas les regrets exprimés par le Pr Delfraissy sur sa gestion de la pandémie dans les Ehpad, ses propos sur les vaccins qui « protégeaient peu ou mal contre l’infection ou la transmission », ses doutes sur l’obligation de « vacciner la population générale », sa reconnaissance « des effets secondaires du vaccin », qui amèneront de l’eau au moulin des procureurs de Christian Perronne.
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