Source : https://ojycarbreizh.wordpress.com/2025/03/01/docteur-knock-superstar/

Cette semaine, j’ai eu un rendez-vous à l’hôpital de Saint-Vith en ophtalmologie. C’était la deuxième fois que je consultais ce service. Il me semblait que ma vue avait dû baisser. En tout cas, il m’arrive souvent d’avoir des migraines ou des crampes au coin d’un oeil au cours de mes longs trajets routiers vers la Scandinavie ou la Bretagne.

Mauvaise surprise à l’entrée de l’hôpital. Le port du masque a été à nouveau rendu obligatoire … à cause de la grippe !!!!!!!!! Je parlemente avec le personnel à l’accueil et comprends qu’il s’agit de « soll » et non pas de « muss ». Je ne me le fais pas dire deux fois. Mais, arrivé au secrétariat du service d’ophtalmologie, la secrétaire me dit en me tendant un FFP2 que je ne verrai pas l’ophtalmologue si je ne porte pas de masque. Comme on n’apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces, j’avais quand même un vieux masque en tissu dans ma pochette. Au moins, il m’aura été épargné d’inhaler les fibres en plastique toxiques des cochonneries de masques FFP2.

Malgré mon vif courroux, je ressens plutôt de la commisération pour le personnel de l’hôpital. Je vois bien que les mesures grotesques prises par un ministre de la santé bien corrompu, comme il se doit, leur pèsent. Les pauvres doivent passer toute la sainte journée en hypoxie. Quelle maltraitance ! J’en ai tout au plus pour une vingtaine de minutes !

Comme j’ai été malheureusement vacciné dès ma plus tendre enfance, ce qui a inévitablement perturbé mon système immunitaire, je souffre d’allergies sévères au pollen.

Au début du siècle, j’avais acheté des masques FFP2 pour voir s’ils pouvaient m’empêcher d’inhaler du pollen. Peine perdue, les grains de pollen passent au travers. Le résultat était encore pire. Le pollen s’accumulait entre le masque et mon nez, décuplant mes rhinites !

Comme on le sait, les virus sont réputés avoir une taille de l’ordre de 60 à 80 nanomètres. En comparaison, un atome d’hydrogène a une taille de 0,1 nanomètre ; un atome de fer un quart de nanomètre. Un virus est donc extrêmement petit ! Un grain de pollen fait de 20 à 50 microns, c’est à dire de 20.000 à 50.000 nanomètres. Un masque FFP2 qui n’empêche pas des grains de pollen de pénétrer arrêterait des virus ???? Mais quelle tartufferie !!! Cette grotesque mascarade est assaisonnée de dissonance cognitive puisqu’il est écrit en toutes lettres sur les paquets de masques qu’ils ne protègent pas contre les virus !!!

Le personnel d’ophtalmologie est vraiment affable et avenant. Ma sympathie pour ces pauvres victimes de l’escroquerie bouffonne qu’est devenue la médecine moderne s’accroît. Très vite, une assistante mesure efficacement ma vue. Je n’ai plus qu’à attendre la conclusion du jeune ophtalmologue qui arrive masqué, lui aussi ! Ma vue a très peu changé. La tension oculaire, l’état des yeux, tout est correct, grâce à Dieu. Il me prescrit des verres juste un peu plus forts pour prévenir les fatigues oculaires favorisées par mon astigmatisme natal.

Comme je limite au maximum l’ingestion – et évite complètement l’injection – d’aluminium, il me reste encore une bonne mémoire pour mon âge. Et je me ramentois alors les circonstances de ma première consultation d’ophtalmologie à Saint-Vith.

Dans l’institution dans laquelle je travaillais, le service médical à Luxembourg s’était assuré la collaboration d’ophtalmologues vacataires qu’il était possible de consulter dans le cadre de la visite médicale annuelle statutairement obligatoire.

Lors de ma dernière consultation, l’ophtalmologue m’avait dit que ma tension oculaire était tout à fait correcte mais qu’elle recommandait un examen de fond d’œil. Elle était à la fois rassurante mais insistante, ce que j’avais trouvé bizarre. Elle ajoutait qu’elle recommandait que l’examen se fasse à l’hôpital du Kirchberg, tout proche, rapide, bien équipé.

J’objectai que j’avais l’habitude de consulter en Belgique mais elle revenait à la charge, argumentant qu’un examen à l’hôpital du Kirchberg serait plus pratique.

Comme j’ai juste assez de sang breton et luxembourgeois pour être bien têtu, j’étais résolu à aller consulter en Belgique. Il y avait d’ailleurs une bonne raison pour laquelle je ne voulais pas entendre parler de l’hôpital du Kirchberg.

Fin 2006, j’avais eu une crise terrible de colique néphrétique un lundi au bureau, au point que le médecin-conseil, après m’avoir injecté un analgésique, avait appelé une ambulance pour me transporter en urgence à l’hôpital du Kirchberg. Au service d’urologie, on avait commencé par demander un échantillon d’urine. A mon horreur, les urines étaient noires de sang. Pourtant, l’hôpital me renvoya ! Une fois chez moi, alors que l’injection avait cessé son effet, je passai la pire nuit de souffrance de ma vie. Impossible de dormir même quelques secondes. Je retournai dès potron-minet à l’hôpital du Kirchberg. Cette fois, des examens furent faits qui établirent qu’un calcul de grande taille bloquait une uretère. Je restai deux jours seulement dans cet hôpital. A mon arrivée chez moi – je n’avais jamais vu cela avant, je ne l’ai jamais revu depuis – les factures de l’hôpital étaient déjà dans ma boîte aux lettres !!!!! Mais, au moment de quitter l’hôpital, j’avais demandé s’il y avait d’autres calculs dans mes reins et je ouis l’incroyable réponse qu’ils ne le savaient pas et qu’il me faudrait revenir faire d’autres examens pour l’établir.

Je me suis donc bien juré de ne jamais remettre volontairement les pieds dans un hôpital dont il était à ce point évident que la maximisation de son profit était son prime objectif, peut-être même le seul.

Comme la consultation d’ophtalmologie dans mon institution m’avait rendu perplexe, j’en avais parlé à mes secrétaires et l’une d’elle m’avait dit que l’ophtalmologue lui avait prescrit de faire exactement le même examen que moi et aussi à l’hôpital du Kirchberg !!!

Je ne me précipitai donc pas pour faire cet examen que je trouvai de plus en plus suspect.

Entre-temps, intervint l’hystérie du coronacircus qui me convainquit de remettre la chose à plus tard.

C’est donc pendant une accalmie de la coronescroquerie que je fis procéder à Saint-Vith à l’examen recommandé par l’ophtalmologue vacataire. Au vu des résultats, l’ophtalmologue de Saint-Vith était visiblement décontenancé et me pressait de questions pour mieux comprendre quel symptôme, quel paramètre avait pu conduire sa confrère à demander l’examen en question. Je ne pouvais rien lui dire de plus que ce qui était dans l’ordonnance, même si j’avais évidemment une idée de plus en plus précise sur les raisons pour lesquelles ces examens étaient recommandés à moi et à d’autres collègues et surtout de les effectuer dans un hôpital en particulier.

Quelques années plus tard, les conclusions de la seconde consultation d’ophtalmologie confirment définitivement mon impression que l’examen du fond de l’œil à faire de préférence à l’hôpital du Kirchberg n’avait pas été recommandé pour des raisons principalement ophtalmologiques.

Quand j’étais lycéen, j’avais joué le Docteur Knock avec des camarades pendant un cours de français.

Cette pièce est plus qu’une pièce de théâtre: c’est une véritable prophétie !

Voici, par exemple, un extrait de la célèbre scène où le Docteur Knock rencontre pour la première fois l’apothicaire de son nouveau canton d’exercice. Après s’être étonné de la modestie de ses gains, le Docteur Knock se livre à un véritable interrogatoire dont il ressort que son prédécesseur lésinait sur la production d’ordonnances.

Il s’exclame à cet égard : « Quand je rapproche tout ce que je sais de lui maintenant, j’en arrive à me demander s’il croyait en la médecine ». Quelle savoureuse réplique !!!!

Alors que Knock part du principe que tous les habitants du canton sont ipso facto leurs clients désignés, le pharmacien objecte qu’il faudrait toutefois qu’ils tombassent malade.

C’est alors que le Docteur Knock se fend de cette magistrale profession de foi médicale : « Tomber malade », vieille notion qui ne tient plus devant les données de la science actuelle. La santé n’est qu’un mot, qu’il n’y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide. Naturellement, si vous allez leur dire qu’ils se portent bien, ils ne demandent qu’à vous croire. Mais vous les trompez. Votre seule excuse, c’est que vous avez déjà trop de malades à soigner pour en prendre de nouveaux ».

Dans une scène ultérieure, le Docteur Knock rencontre son prédécesseur, le Docteur Parpalaid, incrédule, auquel il expose les éblouissants résultats – économiques – qu’il a obtenus sur sa nouvelle patientèle. C’est ainsi qu’il lui montre différents graphiques et une carte au sujet de laquelle il lui donne l’explication suivante:

« C’est la carte de la pénétration médicale. Chaque point rouge indique l’emplacement d’un malade régulier ».

Perplexe, le Docteur Parpalaid finit par formuler la question suivante:

« Vous allez dire que je donne dans le rigorisme, que je coupe les cheveux en quatre. Mais, est-ce que, dans votre méthode, l’intérêt du malade n’est pas un peu subordonné à l’intérêt du médecin ? »

La réplique de Knock est délectable: « Vous oubliez qu’il y a un intérêt supérieur à ces deux-là. (…) Celui de la médecine. C’est le seul dont je me préoccupe ».

Un peu plus loin, il y a encore cette perle. Knock se dirige vers une fenêtre de laquelle il montre le bourg au Docteur Parpalaid: « (…) C’est un paysage rude, à peine humain, que vous contempliez. Aujourd’hui, je vous le donne tout imprégné de médecine, animé et parcouru par le feu souterrain de notre art. La première fois que je me suis planté ici, au lendemain de mon arrivée, je n’étais pas trop fier ; je sentais que ma présence ne pesait pas lourd. Ce vaste terroir se passait insolemment de moi et de mes pareils. Mais maintenant, j’ai autant d’aise à me trouver ici qu’à son clavier l’organiste des grandes orgues. Dans deux cent cinquante de ces maisons – il s’en faut que nous les voyions toutes à cause de l’éloignement et des feuillages – il y a deux cent cinquante chambres où quelqu’un confesse la médecine, deux cent cinquante lits où un corps étendu témoigne que la vie a un sens, et grâce à moi un sens médical. La nuit, c’est encore plus beau, car il y a les lumières. Et presque toutes les lumières sont à moi. Les non-malades dorment dans les ténèbres. Ils sont supprimés. Mais les malades ont gardé leur veilleuse ou leur lampe. Tout ce qui reste en marge de la médecine, la nuit m’en débarrasse, m’en dérobe l’agacement et le défi. Le canton fait place à une sorte de firmament dont je suis le créateur continuel. Et que je ne vous parle pas des cloches. Songez que, dans quelques instants, il va sonner dix-heures, c’est la deuxième prise de température rectale, et que, dans quelques instants, deux cent cinquante thermomètres vont pénétrer à la fois… »

Tout est dit ! Jules Romains avait intitulé sa pièce « Knock ou le triomphe de la médecine ». Il était vraiment un visionnaire …