Une nouvelle tribune parue dans le Journal du dimanche appelle à rendre la vaccination obligatoire pour les soignants. Parmi les 96 signataires, de nombreux cadres de l’AP-HP, connus autant pour leurs positions alarmistes que pour leurs liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique.
On prend les mêmes et on recommence. Après la série de tribunes qui exhortaient en février le chef d’État à confiner le pays, le JDD se fait à nouveau l’écho des réclamations sanitaires les plus autoritaires. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de mettre la population sous cloche, mais d’obliger les soignants à se vacciner. En effet, les 96 signataires appellent le gouvernement à décider l’obligation vaccinale pour « toute personne qui, dans un établissement ou organisme public ou privé de prévention ou de soins, ou hébergeant des personnes âgées, exerce une activité professionnelle l’exposant ou exposant les personnes dont elle est chargée à des risques de contamination ». Ils se permettent également d’ajouter une échéance à leur requête : à savoir que cette décision soit effective « avant le début du mois de septembre ».
Les auteurs du court texte invoquent pour cela un « devoir éthique de protection des personnes vulnérables dont ils ont la charge ». Personnes pour la plupart vaccinées — et donc a priori protégées des formes graves — et que la vaccination généralisée ne protègera pas forcément davantage étant donné le fait que le sérum n’empêche pas totalement ceux qui l’ont reçu de transmettre le virus. On ne voit pas tellement ce que vient faire l’éthique là dedans, surtout quand la balance bénéfice/risque n’est pas favorable.
Ensuite, les signataires ont formulé cette demande « pour en finir au plus vite avec la pandémie, pour éviter une quatrième vague avec ses conséquences humaines, sociales et économiques ». Pas certain que ce dernier baroud d’honneur des partisans de la « vaccination, sésame de sortie de crise » ne convainque grand monde après la reprise des cas au Royaume-Uni ou en Israël, qui ont massivement vacciné leur population. Ce qui n’empêche pas ces médecins d’affirmer que « tous les citoyens n’ayant pas de contre-indication doivent se faire vacciner contre la Covid-19 ».
Lorsque l’on s’intéresse à la liste de ces professionnels de l’injonction sanitaire, on retrouve certaines têtes déjà bien connues, comme l’alarmiste forcené Gilles Pialoux ou l’inénarrable Karine Lacombe et ses 235 800 euros de liens d’intérêts déclarés avec l’industrie pharmaceutique. Mais elle n’arrive en réalité qu’en 9ème position sur le classement des déclarations. Devant lui, nous retrouvons entre autre le professeur Jean-François Bergmann, ancien vice-président de la Commission d’AMM de l’Agence du médicament, avec pas moins d’1,1 million d’euros de liens d’intérêt avec les labos — dont 661 000 euros de rémunération. Dans une tribune publiée en mai dernier dans Le quotidien du médecin, il fustigeait les lourdeurs et les lenteurs de la recherche clinique française qui constituerait, selon lui, un « terrain fertile pour voir émerger les sorciers, les gourous, les complotistes et la pseudo-science »en période de pandémie. Pas certain que ce soit cela qui crée le plus de suspicion parmi la population…
Nous retrouvons ensuite entre autres Véronique Leblond, chef du service Hématologie à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière de Paris, avec 289 000 euros déclarés dont 94 500 euros de rémunération, l’endocrinologue Ronan Roussel, qui a déclaré près de 720 000 euros de liens d’intérêt, dont 49 000 euros avec AstraZeneca, ou encore le rhumatologue Bruno Fautrel, qui cumule lui 348 000 euros de liens d’intérêts — dont 174 500 euros de rémunération — avec notamment l’équivalent de 12 000 euros reçu de la part de Johnson & Johnson et 30 000 euros de Pfizer. Au total, parmi les 10 signataires ayant le plus de liens d’intérêts, tous ont des liens d’intérêts avec Pfizer, AstraZeneca ou Johnson & Johnson, voire les trois en même temps.
Outre les liens d’intérêt avec les labos, dont beaucoup se trouvent être fabricants des vaccins anti-Covid actuellement inoculés, un autre point commun relie une grande partie des signataires de la tribune : l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, dont Bas les masques avait déjà commenté la lutte d’influence sur l’exécutif et les collusions avec le Parti socialiste et Anne Hidalgo, qui se trouve par ailleurs en être la présidente du Conseil de surveillance.
Entre intérêts financiers et influence politique, il y a matière à douter que ce coup de pression émanant de la sphère AP-HP ait pour objectif des simples considérations sanitaires. D’autant que si la question de la vaccination obligatoire des soignants est sur la table de l’exécutif, cette position ne fait pas forcément l’unanimité chez les médecins et pourrait conduire à une vague de démission mettant en péril un système de soin déjà en branle. Pas certain dès lors qu’une telle tribune soit si raisonnable.
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