Un pasteur évangélique français s’exprime dans une vidéo de 10 mn sur Youtube :
« Un nouveau pas a été franchi dans la discrimination aveugle et indigne au sein de notre institution française en ce qui concerne le monde évangélique. Depuis déjà plusieurs années, les gouvernements successifs dans notre pays ont jeté le discrédit et ont mené une guerre administrative et fiscale contre les chrétiens protestants évangéliques. Nous devons réagir ! Et nous devons réagir particulièrement face à la déclaration de Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, qui dit que les évangéliques sont un problème très important en France ».
Une guerre administrative et fiscale contre les protestants évangéliques ? Est-ce vraiment la vérité ? Même si on peut comprendre la nécessité de réagir à une menace, il serait bon de garder une certaine mesure dans notre présentation de la vérité.
La vidéo totalise 53 000 vues à l’heure où ces lignes sont écrites, avec des internautes qui renchérissent, comme GLORY TV INTERNATIONAL : « C’est une pure dictature et une discrimination absolue ». Rien que ça !
Alors on pense sans doute que c’est l’occasion rêvée de capitaliser sur une émotion, et de se victimiser à bon compte, mais qu’y a-t-il de vraiment spirituel dans cette attitude ? L’Église est accusée injustement : on a envie de dire « et alors ? » Ce n’est pas la pire des choses qui puisse lui arriver, et loin s’en faut.
Un faux problème qui cache un vrai
On nous rapporte que le ministre de l’Intérieur a dit que les évangéliques « sont un problème très important en France » ?
MAIS SI SEULEMENT ILS POUVAIENT L’ETRE ! Comme à la manière de l’église de la première foi, celle de Pierre et des apôtres qui eux aussi étaient accusés de jeter le trouble à l’ordre public dans les rues de la capitale, parce qu’ils parlaient trop d’un Jésus ressuscité et faisaient trop de miracles : « vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement ! Ne vous avons-nous pas défendu expressément défendu d’enseigner ? … Ils mirent les mains sur eux, et ils les jetèrent en prison ». Et plus tard : « ils les firent battre de verges, ils leur défendirent de parler au nom de Jésus, et ils les relâchèrent. Les apôtres se retirèrent de devant le sanhédrin, joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus ».
Mais ni les tribunaux (le sanhédrin), ni la police religieuse (les pharisiens), ni le pouvoir séculier (les romains) ne pouvaient quoi que ce soit contre l’évangile vivant. Si on le mettait en prison, Dieu l’en faisait ressortir, si on le chassait de la ville, il se répandait dans la région, et si on le bannissait du pays, il inondait l’empire. Parce qu’on ne peut faire aucun mal à l’évangile vivant, au contraire : plus on l’écrase, plus il se multiplie.
Alors, ne nous y trompons pas : nous sommes encore loin de cette persécution, sans doute parce que nous sommes encore trop loin de cette église-là. La bonne nouvelle, c’est que Dieu travaille à nous en rapprocher.
Une expression du christianisme qui a besoin d’être retrouvée
Aujourd’hui, les évangéliques qui s’expriment de cette manière, prouvent qu’ils ne sont pas disposés à se laisser faire si on prend leur tunique, et pas prêts à accepter d’être accusés injustement sans réagir. Ils sont plutôt déterminés à demander des excuses. C’est peut-être en cela que les évangéliques sont devenus moins évangéliques, pourrait-on dire. Et il n’est pas impossible que Dieu cherche un moyen de le leur rappeler.
L’évangile du vieil homme s’insinue et s’installe subrepticement, et lorsqu’on se rend compte que nous sommes devenus des chrétiens qui veulent régner avec Christ sans souffrir avec lui (de son rejet du monde par exemple), il est trop tard. Et si cette souffrance est une richesse, alors c’est peut-être pour cette raison que Laodicée est pauvre, misérable et nue.
L’Église qui ne veut pas qu’on dise du mal d’elle ferait mieux de rendre son tablier et de faire autre chose.
Mais on ne va pas se mentir : il n’y a rien d’agréable à être mis dans le même sac que les fanatiques terroristes ; personne n’aime être insulté. Et la perspective d’avoir à présenter ses comptes associatifs régulièrement à l’autorité préfectorale est, de fait, une réduction des libertés. Très bien. Mais quel est le conseil biblique face à ces situations, que la grande nuée de témoins qui nous environne ont bien connues ? « quelle gloire y a-t-il à supporter de mauvais traitements pour avoir commis des fautes ? Mais si vous supportez la souffrance lorsque vous faites ce qui est bien, c’est une grâce devant Dieu » ( 1 Pierre 2:20). Et si nous pensons que cette option relève de la faiblesse, de la passivité, du mysticisme ou de la religiosité, c’est que nous n’avons rien compris aux enseignements et surtout à l’exemple de Jésus et des disciples.
2 Corinthiens 4/17
« Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles ».
1 Pierre 4/12-14
« Bien-aimés, ne soyez pas surpris, comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous.… »
La persécution n’est pas le pire
Si nous pensons que nous sommes entrés dans un temps de persécution, alors dispensons les enseignements qui étaient donnés dans l’Église persécutée. « Ils fortifiaient l’esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu ». Ils remplaceront avantageusement la mode des enseignements sur le développement de soi, qui ne serviront bientôt plus à rien.
À Jérusalem, l’opposition à l’évangile vivant était grande de la part des autorités, et pour le coup, c’était une guerre qui n’était ni administrative, ni fiscale. Mais en dépit de l’adversité sévère, l’église tenait ferme et le soutien de la population lui était acquis, à cause des fruits visibles et des miracles : « Quelqu’un vint leur dire : Voici, les hommes que vous avez mis en prison sont dans le temple, et ils enseignent le peuple. Alors le commandant partit avec les huissiers, et les conduisit sans violence, car ils avaient peur d’être lapidés par le peuple » (Actes 5/25).
Nous voudrions tous évoluer dans cet évangile vivant, tout en conservant nos acquis, et sans avoir à payer le prix pourtant inévitable : « Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S‘ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre » .
Mieux vaut cette guerre-là, que de passer pour être vivant alors que l’encéphalogramme spirituel est plat. Ne pas craindre cette guerre ou cette perspective de guerre, mais la regarder en face. Le confort, la sécurité, l’institutionnalisation, c’est le bonheur de la religion, mais le cercueil de l’homme spirituel.
JeromePrekel2021©www.lesarment.com
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