Il y a trois jours (14/1/19), j’ai fait un songe. Nous étions,  des milliers et des milliers de personnes, au bas de montagnes. C’était la Suisse. Nous avions affrété un train, style train de marchandise, avec beaucoup de wagons, car nous étions très nombreux.

J’avais la charge de l’organisation du voyage, et donc je courais d’un groupe à l’autre. Nous avions prévenu tout le monde de n’emporter qu’un sac de voyage, ou une valise moyenne.

Le train tardait.

 

On nous annonçait des problèmes techniques, mais je savais qu’il s’agissait de problème administratifs: il y avait des oppositions fortes à  notre fuite.

Une heure, deux heures, trois heures… Les gens attendaient. Tous étaient silencieux. Ils portaient la marque de la détresse et de la peur, ou encore de la résignation. L’attente tétait difficile, angoissante. J’en profitais pour donner des consignes. L’une d’elle était d’être le plus discret possible lors de la traversée de la Suisse, qui ne nous laissait passer la frontière que par tolérance, et parce qu’elle savait que le train ne s’arrêterait pas dans le pays, mais se dirigerait directement vers l’Italie, où tous ces Français en fuite seraient accueillis. Ils y étaient même attendus avec joie.

Le train tardant à  arriver, beaucoup avaient faim. Ils avaient emmené des provisions pour pouvoir manger en route. Alors j’avais fait disposer des poubelles de diverses couleurs: je savais qu’en Suisse on respecte soigneusement le tri sélectif, et j’allais de groupe en groupe pour expliquer à quoi chaque poubelle servait. Il ne fallait en aucun cas que la Suisse ait un prétexte pour nous empêcher de passer.

Au bout de cinq heures, le train est enfin arrivé. Cinq heures de retard. J’ai poussé tous les groupes, que j’avais disposés chacun devant le wagon dans lequel il devrait monter dès que le train serait là. L’embarquement s’est donc fait rapidement, silencieusement. J’ai sauté dans le dernier wagon alors que le train s’ébranlait. Ça y était ! Nous échappions à  la France (je n’ai pas eu la vision de ce qui s’y passait, mais ce devrait être vraiment terrible).

La dernière image que j’ai reçue, c’est, alors que j’ouvrais mon sac de voyage pour voir si je n’avais rien oublié, d’être très étonnée de n’y voir aucun vêtement de rechange. Il y avait juste ma trousse de toilette, et une autre trousse, plus grande, fermée. Même si elle ressemblait extérieurement aux grandes trousses que j’emportais des années auparavant dans mes voyages lointains vers l’Afrique ou l’Amérique, et qui contenaient souvent des produits ou objets que je ne trouverais pas sur place et dont j’aurais besoin, je ne savais pas ce qu’elle contenait. Certainement quelque chose d’important pour y avoir sacrifié mes vêtements afin d’avoir la place d’emmener cette grosse trousse. Je ne savais même pas, au final, qui l’y avait placée. Je n’en avais aucun souvenir.

À ce jour, je n’ai pas reçu la révélation de ce qu’elle contenait.