En fait, Goliath avait tout aussi peur qu’Israël. Il était plus grand, plus robuste, mais il percevait un ennemi bien plus grand, bien plus fort et bien plus puissant.

C’est pourquoi il se présentait devant Israël et repartait vers sa tente.

Même si les enfants des Philistins le voyaient comme un héros, les vieillards savaient bien que quelque chose n’allait pas chez lui. Ils savaient que s’il était si fort que ça, il aurait déjà  détruit Israël.

Mais Goliath avait peur. Il profitait de son temps de gloire, et il voulait en profiter le plus longtemps possible. Il rentrait dans sa tente et recevait des massages pour un combat qu’il n’avait pas fait. Goliath était un simple mirage, un chien muet sans pattes qui essaie d’aboyer. Goliath n’avait pas encore donné un seul coup d’épée. Il n’avait encore fait de mal à  personne parmi le peuple d’Israël. Pas même un animal n’avait souffert malgré la grandeur et la force qu’on lui attribuait.

Les Israélites regardaient trop par terre. Ils ne regardaient pas à  celui qui est invisible, et c’est pourquoi ils avaient peur. Ils voyaient le nombre important de poussière qu’il avait fallu pour former une musculature comme celle de Goliath, et ils regardaient leurs propres muscles. Sa renommée se faisait grande parmi le peuple d’Israël, et on en parlait dans toutes les maisons.

 » Avez-vous vu celui qui lance un défi aux troupes d’Israël ? «  (1 Samuel 17:25).

Combien de mirages nous entourent chaque jour ! Ils ont l’air de lions, mais ils se font simplement passer  » pour un lion rugissant « . Ce ne sont pas des lions rugissants, ce ne sont que des brebis apeurées par leur propre ombre. Je discutais avec un homme imposant. Il avait environ 60 ans, il était beau, musclé, et il avait l’air de sortir tout droit d’un Western, dont il aurait été le héros. Mais lorsque son coeur s’ouvrit, en quelques secondes, je réalisai qu’il s’agissait là  d’une brebis apeurée. Apeurée par sa vie, apeurée par des géants qui paraissaient indestructibles, apeurée par des situations qu’il ne pouvait maîtriser. Les incroyants ont parfois l’air de Goliath indestructibles, mais si nous pouvions voir leur coeur, percevoir leurs souffrances et la douleur de leur coeur, nous serions émus de compassion envers eux et nous les arracherions de la gueule de l’ours.

Jérémy Sourdril