Tout a commencé après avoir été humiliée, rejetée par des pasteurs auprès desquels j’allais demander le baptême de l’eau en leur racontant ma rencontre avec Jésus. A cette période, rentrant d’Afrique, dormant ici et là et dans ma voiture, à la recherche d’un emploi, découvrir ce manque d’amour flagrant était très difficile. Je ne comprenais pas non plus l’organisation des églises, une organisation copiée sur le système du monde… Mais le Seigneur m’a fortifiée, Il m’a appris que je devais prier pour ces pasteurs, les aimer comme Lui aime toutes ses créatures.

Un soir, j’ai dit à Dieu que je n’avais plus la force de chercher «une église», ou un frère pour me baptiser, je Lui ai demandé de m’amener Lui-même les personnes qui m’accompagneraient au baptême et m’enseigneraient à marcher dans Ses voies.

Peu après, j’ai trouvé un travail pour lequel j’étais logée dans un mobile home, et le verset 27 du chapitre 1 de Jacques tournait en boucle dans ma tête :

La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde.

 

Durant mes nuits dans ma voiture, j’avais beaucoup médité sur la vie de Jésus, allant de lieu en lieu sans toit fixe, et je louais Dieu de me permettre de vivre cette expérience, lui demandant qu’elle me rapproche de son cœur et transforme le mien.

Un jour presque énervée d’entendre sans cesse ce verset tourner en boucle dans ma tête, j’ai dit : «OK Seigneur, si tu veux que je prenne soin de pauvres, tu me les amènes».

Moins d’une semaine après j’ai été mise en contact avec Daisy et Gilbert, qui ont monté  l’association pour venir en aide à des enfants de la rue « Envol Enfants de Madagascar ».

En vacances dans un centre chrétien, ils ont confiés à une sœur proche de ma maman qu’ils avaient besoin de bénévoles avec certaines compétences. Et l’amie de ma maman a pensé à moi et leur a donné mon téléphone.

Ils sont venus me rencontrer, me disant qu’ils avaient besoin de quelqu’un pour monter un atelier formation couture, et trouver des solutions pour l’hygiène de l’internat des garçons, où après leur week-end en famille (souvent à la rue ou dans une cabane de tôles avec poules, chèvres…) les enfants rapportaient toutes sorte de vermines.

Bien que touchée, je ne voyais pas comment je pourrais prendre en charge un tel voyage (rien que le billet coûtait plus que mon salaire et après mon contrat saisonnier mon projet était de partir à la frontière Suisse chez ma maman qui ne pouvait plus vivre seule).

Je ne comprenais pas, pourquoi Dieu « m’envoyait » des enfants de l’autre bout du monde. Après une vie dans une dizaines de pays et mon expérience à Dakar, je n’aspirais qu’à vivre proche des miens, prendre soin de ma maman isolée et devenir une vraie disciple de Christ.

J’avais une petite collection de bijoux, ceintures, tapis, sacs pas mal d’objets que j’avais fabriqués avec de la récup, des sacs avec des vêtements usagers, des tapis avec de vieux draps… Le Seigneur ma mise à cœur de les vendre au profit des enfants et comme je travaillais à l’accueil d’un centre de vacances, j’ai commencé à porter ce que je faisais pour les montrer.

Puis j’ai obtenu de ma direction l’autorisation pour organiser des ventes avec un stand sur la résidence, et le maire de Tourrettes sur Loup m’a accordé la gratuité d’un stand sur le marché du village.

Motivée par les premières ventes, j’ai continué à fabriquer des objets tous les soirs en écoutant la bible en audio. Le Seigneur a ouvert de belles portes, j’ai reçu un gros stock de matériel pour faire des bijoux d’un collègue avec des perles magnifiques… et tout le matériel d’un vrai stand de marché. Et le collègue était heureux de débarrasser sa cave de ses cartons de matériel inutilisé depuis des années!

Plus tard, en Mai, quand le jasmin sauvage diffuse ses exquises arômes et que je pars faire des cueillettes pour en faire un macérat, un matin de congés je décide d’aller dans un quartier résidentiel de Vence où je savais trouver quantité de jasmin. Après ma cueillette qui embaumait toute ma voiture, j’ai eu à cœur de louer le Seigneur et suis partie vers les bois. Marchant, louant, priant le Seigneur dans cette campagne et le remerciant pour cette nature qui nous offre tant et tant de merveilles et de leçons, en revenant vers ma voiture j’ai vu un bâtiment. Et à vrai dire je ne sais ni pourquoi, ni comment, mais je me suis retrouvée à entrer dans ce bâtiment et j’ai demandé ce qu’il s’y faisait. La dame qui m’a accueillie me dit que ce sont les locaux de sa société et qu’elle récupère les cartouches vides pour les recycler.

Elle m’a expliqué qu’elle rachète ses cartouches à qui veut bien lui vendre.

Là a commencé l’opération de récupération de cartouches usagées. Amis, collègues et surtout mes petits-enfants s’y sont mis.

Par la suite, bénévole pour le temple protestant de Belfort où résidait ma maman, (j’apprenais le français à des réfugiés irakiens), un carton de récup a été mis dans le temple, puis dans d’autres églises. Daisy et Gilbert qui voyagent et présentent leur association dans nombres de centres chrétiens ont continué à parler de cette récupération et l’information a aussi été mise en ligne sur leur site.

https://www.envol-enfants-madagascar.fr/agir-avec-nous/#cartouche

Pour moi ce fut glorieux de voir que le Seigneur m’utilisait, je ne cessais de Lui rendre grâce de me permettre de participer à une de ses œuvres.

Mais la plus grande richesse reçue vient d’avoir vu la foi en action de Daisy et Gilbert, qui s’en remette à Dieu et marche vraiment par la foi, sachant que cette œuvre n’est pas la leur, mais celle du Seigneur.

Je me rappelle notre première rencontre et leur paroles : « OK, tu n’as pas les moyens, ni ne sais comment tu peux venir à Tuléar, mais si c’est la volonté de Dieu comme nous le croyons, laisse Dieu agir, Lui Il sait tout et c’est Lui qui fait ses œuvres à travers ses enfants ». Ils ont prié en remerciant Dieu de m’avoir mise sur leur chemin pour répondre à certains besoins. Je ne comprenais pas, je me répétais, leur disant : « Je ne suis pas disponible pour un tel voyage, je dois prendre soin de ma maman et je n’ai pas les moyens ».

 

Je me rappelle qu’en Septembre j’ai appelé Daisy pour lui dire qu’avec mes ventes j’avais acquis presque 1000 euros et souhaitait le rib de l’association pour les envoyer. Daisy m’a répondu : « Non, cet argent est pour ton voyage. Le Seigneur pourvoit pour son œuvre et son plan pour toi. »

Je croyais rêver, elle ne comprenais vraiment rien selon moi de ma situation et du besoin de ma maman. Eux restaient confiants, et plus même ; je les voyais heureux de m’avoir trouvée et toujours plus me poser toujours plus de question sur la mise en place de l’atelier couture. Mais pour cela, je n’avais rien fait.

Bien qu’affaiblie, tous les mardis chez maman, il y avait réunion de « prières et actions » des sœurs retraitées. Elles se retrouvaient non seulement pour prier et des partages en Christ, mais chacune amenait toute un ouvrage en cours (tricot, broderie, couture…) qui serait mis en vente dont les bénéfices leur servaient pour des actions de soutien. Elles parrainaient un enfant Thaï, soutenait un pasteur d’un village au BurkinaFasso qui lui-même pouvait organiser des journées d’évangélisation et offrir un repas.

Je trouvais ma place dans ces réunions, continuant à faire mes objets et organisant des ventes dans des centres chrétiens.

Un jour, à cette réunion, une sœur est venue m’apporter quantité de tissus et petit matériel, fils, ciseaux, mètres ruban… me disant que le Seigneur lui avait mis à cœur de donner tout cela pour l’atelier couture des enfants de Tuléar. Cela a été le début des dons arrivés pour les besoins de cet atelier à mettre en place. J’ai acheté d’énormes valises pour les ranger.

De vente en vente, de récupération de cartouches en récupération j’avais un jour bien assez d’argent pour ce voyage.

Ma maman très affaiblie, me disait maintenant que tu as assez d’argent pour partir, tu dois obéir, suivre le plan de Dieu. Mais elle était si dépendante, je ne pouvais pas la laisser seule.

Un après-midi alors que je priais j’ai demandé une direction à Dieu. Ouvrant ma bible, elle s’est ouverte sur  1 Timothée 5:8 « Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle ».

A cette lecture, j’ai juste demandé à Père que sa volonté soit faite. Mais je pensais que Dieu me confirmait de ne pas laisser ma maman qui avait besoin de moi. Aussi je me voyais au réveil de maman qui faisait la sieste, lui citer ce verset et lui dire pourquoi je ne pouvais pas partir et la laisser.

Or maman a été réveillée par le téléphone. Mon fils l’appelait pour lui dire qu’il préparait  un appartement voisin de sa maison pour la recevoir quelques mois, et ainsi je pourrais partir à Tuléar. Maman avait le cœur en joie, non seulement de savoir que Dieu ouvrait les portes, mais elle allait passer du temps avec son petit-fils, et ses arrières petits-enfants et pouvoir rencontrer la dernière qui n’avait que quelques mois.

Nous avons loué Dieu qui ouvre toutes les portes pour que ses plans s’accomplissent. Il faut préciser que mon fils n’est pas encore à Christ, et qu’il a souvent exprimé qu’il ne comprenait pas pourquoi j’avais fait autant d’humanitaire au lieu de préparer ma retraite et profiter un peu pour moi.

Ainsi j’ai pu conduire ma maman chez mon fils et partir participer à cette œuvre du Seigneur à Madagascar.

Mais surtout j’ai appris à laisser Dieu agir, car Lui seul à la solution avant même que notre problème arrive.

J’ai à l’esprit un passage du Psaume 33 : « Car Il dit, et la chose arrive ; Il ordonne, et elle existe. »

Depuis que je diffuse l‘information de cette action, j’ai remarqué que les enfants sont les plus actifs et heureux de pouvoir y participer. Si leur cœur est touché par la pauvreté et la douleur des autres, ils sont bien souvent sans ressources, et frustrés de ne pouvoir faire grand-chose. Or là, ils peuvent agir, je les vois motivés, heureux d’apporter leur soutien, de voir qu’avec cette action ils ont pu récolté de l’argent pour nourrir des enfants. Je vois le sourire de mes petits enfants m’apportant des cartouches vides. Ils aiment que l’on aille sur le site internet pour leur montrer comment cette œuvre de Dieu grandit et nous regardons les photos rapportée de mon voyage.

Mon voyage a débuté plus d’un an après ma rencontre avec Daisy et Gilbert et pas à l’automne comme ils l’espéraient, Dieu m’a fait arriver à Tuléar au moment où il n’y avait personne pour assurer l’étude des collégiens, et où à l’école maternelle il manquait un institutrice. Ainsi j’ai été fort occupé et ai vécu de magnifiques partages avec ses enfants qui m’ont beaucoup appris.

Après mon voyage, nous avons ouvert un compte auprès de la société afin que le produit des ventes reviennent directement à l’association.

Voilà, je me suis un peu étendue, mais c’est si bon de voir le Seigneur agir, de se rappeler ses bontés, son Amour, sa grâce et sa justice. Et se rappeler que ses voies sont tellement inattendues et qu’elles empruntent des chemins que nous ne pourrions pas même imaginer.

Aujourd’hui, 6 ans après, cette opération apporte un soutien financier non négligeable à l’association qui prend en charge environ 340 enfants. D’autres formations sont mises en place, agriculture, apiculture, crèche. Le Seigneur fait prospérer son œuvre.

Je suis toujours très touchée qu’Il m’ait conduite dans cette entreprise, et de constater que des années après, ce qu’Il a semé par ma main continue d’apporter des récoltes.

Le plus important dans cette expérience c’est qu’elle m’a appris que je ne suis pas là pour faire des œuvres pour Lui et son royaume, non. Je suis là pour Lui obéir et être actrice des œuvres qu’Il a préparées d’avance, pour marcher non par la vue et ma petite intelligence, mais pour marcher par la foi.

Apprendre que tout ce qu’Il accorde à chacun de ses enfants est pour l’édification de son corps, que nous sommes Un en Lui. Ainsi nous entrons  dans l’Unité et l’Amour ardent que nous devons manifester en Lui, et un jour à la fois nous apprenons à obéir, à le laisser agir et à nous transformer pour entrer dans notre destinée.

J’espère que mon témoignage encouragera un frère où une sœur qui, comme moi, marche sur le ciel du ciel et ne comprend pas comment les plans de Dieu se réaliseront dans sa vie. Si le Seigneur nous donne une parole, une direction, ce n’est que pas après pas que nous découvrons l’itinéraire. Cela me ramène à David que Samuel a oint roi d’Israël. Ensuite pendant des années il a vécu non en Roi mais en fuite, pourchassé, et des années se sont écoulées avant qu’il ne voit la promesse de Dieu se réaliser.

Comme David, quelles que soient les circonstances de nos vies, restons confiant en notre Dieu. Ne regardons pas les circonstances de ce monde, ne croyons pas aux mensonges de satan, appuyons-nous sur la parole du Dieu Vivant, sur ses promesse sachant qu’Il est fidèle à sa parole et reste le maître des circonstances. Comme David, faisons de l’Eternel notre secours, notre appui, notre espérance : Il est fidèle et juste. Il nous a promis d’être avec nous tous les jours de notre vie, et que tout ce qu’Il permet dans la vie de celui qui le craint concourt à son bien. Loué soit Le Père de notre Seigneur Jésus-Christ.

 

Une servante du Dieu Vivant. Thess