« Je suis resté, moi seul, et ils cherchent à  m’ôter la vie »  (1 Rois 19.10).

Même si nous ne le voulons pas, la souffrance développe une tendance à  s’analyser et à  ne parler que de soi. C’est ce qui est appelé l’égotisme. A ne pas confondre avec l’égoïsme. Remarquez le « je » et le « moi » employés par Elie.

Lorsque nous considérons le livre de Job, nous voyons que la souffrance de Job capte toute son énergie, elle est l’occasion d’une introspection profonde, elle devient l’objet de son discours et de ceux qui l’approchent. Les échanges entre Job et ses amis tournent autour de ces deux pronoms  : ‘je’ et ‘tu’. Quand Job parle c’est ‘je’ et ‘moi’ et quand ses amis parlent c’est  : ‘tu’ et ‘toi’. La souffrance favorise le développement excessif du moi. Le malade ne parle plus que de lui, de sa maladie et de ses douleurs.

Si vous parlez à  quelqu’un qui souffre, soit de votre famille, de vos projets, du temps qu’il fait etc. et si, dès qu’il va ouvrir la bouche, c’est pour vous parler de lui, et de ses douleurs, c’est qu’il est déjà  enfermé dans ce piège de l’égotisme. Il donne le sentiment que vous ne l’intéressez pas, ou que rien d’autre ne l’intéresse, car il n’est centré que sur sa souffrance. Ce comportement, est involontairement renforcé par le fait, que la compassion que nous éprouvons envers ceux qui souffrent, nous amène à  les placer au centre de nos échanges. Nous les encourageons, même sans le vouloir, à  ne parler que de leur souffrance. C’est ce qui ressort de la lecture du livre de Job. Les propos de ses amis l’obligent à  ne considérer que sa douloureuse situation.

Pour échapper à  cette fâcheuse tendance, l’Ecriture nous encourage à  considérer les souffrances que vivent les autres.D’abord nous sommes invités à  nous souvenir de Jésus et de ses propres souffrances  :  « Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l’âme découragée »  (Hébreux 12.3). De même nous sommes invités à  considérer les souffrances auxquelles sont exposés nos frères dans la foi  :  « Résistez au diable avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à  vos frères dans le monde »  (1 Pierre 5.9).

La tendance naturelle, c’est de croire que personne ne souffre comme nous. Si nous restons dans cette tendance naturelle, nous serons pris au piège de l’égotisme  ; par contre si nous considérons que d’autres souffrent autant et, même plus que nous, nous dominerons l’égotisme par l’allocentrisme, et aurons une relation équilibrée, face à  notre propre souffrance.

Ma prière en ce jour  :  
Alors que la souffrance me pousse vers le repli sur moi-même, je te prie, Seigneur, que ma souffrance ne me fasse pas oublier que d’autres ont souffert, et souffrent bien plus que moi. Amen  !

Paul Calzada