Jean 14:22

Jude, non pas l’Iscariot, lui dit : Seigneur, d’où vient que tu te feras connaître à nous, et non au monde ?

Jude demande donc à  Jésus pourquoi il se fera connaître seulement aux siens après sa résurrection, et non pas au monde entier.

Ce Jude s’appelle Thaddée dans d’autres évangiles. Jésus avait aussi un frère qui s’appelait Juda (ou Jude) et qui nous a laissé une épître dans le Nouveau Testament ; elle est placée dans nos bibles juste avant l’Apocalypse.

Dommage qu’avec tant de disciples appelés Juda, les chrétiens ne portent plus ce beau prénom, qui signifie :  » celui qui rend grâces, celui qui loue Dieu « . L’antisémitisme est passé par là, on a identifié dans le christianisme les Juifs avec Juda Iscarioth, si bien que seuls des Juifs continuent encore à  porter ce beau prénom.

Mais revenons à  la question que pose Jude : pourquoi Jésus ne se fait-il pas connaître au monde entier ? C’est une bonne question. La résurrection ne devait-elle pas justement avoir un caractère public, ne devait-elle pas être une manifestation de la gloire de Dieu face à toutes les nations, au monde entier ? C’est ainsi en tout cas que les prophètes l’avaient annoncée.

Texte: Jean 14/22-31

1. Dans un premier temps, Jésus répond à  Juda que seulement ceux qui l’aiment auront cette révélation qu’il est bien vivant, toujours présent.

Aimer Jésus, qu’est-ce que cela veut dire ?

Ce n’est pas d’abord la recherche de sentiments ou d’émotions. Aimer Jésus, c’est garder sa parole. Nous sommes au cœur de la révélation du Seigneur à Israël. Israël a reçu l’ordre d’aimer son Dieu, le Seigneur, en gardant ses commandements.

Il en est de même avec Jésus. L’aimer, c’est garder sa parole. Plutôt que de contraindre tout le monde à  croire en Lui, Dieu préfère laisser à  l’homme la possibilité de l’aimer. On ne peut pas aimer sous la contrainte. Dieu donne cette possibilité en laissant Sa Parole parmi nous. Celui qui veut peut garder la parole de Dieu, la lire dans la Bible, la réciter, la transmettre. Jésus et son Père viendront alors faire leur demeure auprès de lui.

La réponse de Jésus à  la question de Jude est donc, dans un premier temps (v: 23) : Quiconque aimera le Seigneur, en gardant sa parole, aura lui aussi la manifestation de ma résurrection.

Les paroles de Jésus sont les paroles du Père. Cette manifestation de la résurrection de Jésus ne sera pas quelque chose d’épisodique, comme pendant les quarante jours entre Pâques et l’Ascension. Non ! Elle prendra la forme d’une demeure permanente du Père et du Fils avec le croyant. L’objectif de la construction du temple par Salomon est atteint : que Dieu puisse demeurer au milieu d’Israël.

2. Jésus parle dans un deuxième temps du Paraclet, du Saint-Esprit.

Le Paraclet, c’est quelqu’un qui accompagne une personne qui a besoin d’aide, notamment pour rétablir la vérité, quand elle est accusée ou quand elle est égarée. Le Saint-Esprit demeurera en permanence dans celui qui garde la parole de Jésus. C’est même Lui qui rappellera sans cesse cette parole, parce que les disciples l’ont bien vite oubliée, et même, ils ne l’ont pas comprise du vivant de Jésus.

Quand ils disent à  Jésus peu avant sa mort :  » Maintenant…nous croyons que tu es sorti de Dieu « , Jésus leur répond dubitatif:

 » Vous croyez maintenant ? Voici, l’heure vient et elle est venue, où vous serez dispersés chacun chez soi, et que vous me laisserez seul  » (Jean 16/29-32).

Jésus ne croit pas ses disciples capables de croire en Lui, avant la venue du Paraclet, du Saint-Esprit.

L’apôtre Paul dit :

 » Le Saint-Esprit nous a été donné  » (Romains 5/5).

Le Saint-Esprit n’est pas en option dans la vie chrétienne.

Contrairement à  ce que nous avons tendance à  penser, ce ne sont pas seulement les charismatiques qui ont reçu le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit, d’après l’évangile de Jean, est celui qui sans cesse nous communique le bénéfice de la croix de Jésus. Et il ne nous communique rien d’autre que cela.

Voilà  ce que Jésus répond dans un deuxième temps à Jude : le Paraclet, l’Esprit Saint va continuer à  vous enseigner et vous pourrez, vous, témoigner de cette parole au monde.

3. Dans un troisième temps, Jésus parle de la paix qu’il laisse. La sienne.

Pas celle du monde, qui est une pause entre deux guerres, ou bien la paix des cimetières, quand l’adversaire a été tué ! Il est touchant de voir, particulièrement dans l’évangile de Jean, combien Jésus veille à  ce qu’aucun de ses disciples ne soit pas emporté dans la tourmente.

Quand il est arrêté et condamné à  mort, c’est Jésus qui va au-devant de son arrestation, en prenant bien soin que les gardes et les soldats laissent rentrer les siens chez eux :

 » si c’est moi que vous êtes venus arrêter, laissez aller ceux-ci «  leur dit-il dans le jardin (Jean 18/8).

Seul Pierre voudra aller plus loin, suivre encore Jésus jusqu’au supplice, mais il le reniera trois fois.

Jésus avait tout prévu : que les siens ne soient pas emportés dans la tourmente vers laquelle il est allé de son plein gré, et il a prié pour Pierre, avant que ce dernier ne le renie, pour que cette abjuration ne le conduise pas au suicide, mais à  un amour renouvelé, métamorphosé.

Jésus s’en va, mais il nous donne sa paix.

4. Jésus a cherché la confrontation avec le chef de ce monde.

Ce sera le quatrième temps de sa réponse à Juda :

 » je ne vous parlerai plus guère, car le chef du monde vient, et il n’a rien en moi, mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a ordonné, ainsi je fais. Levez-vous, partons d’ici !  » (v.30-31).

C’est la fin de la réponse de Jésus. Finies les paroles ! Passage à  l’acte ! Jésus se confronte volontairement au chef de ce monde. Il y aurait donc un chef à  ce monde ? Oui, au cœur de ce monde est tapi un chef, appelé par Jésus dans d’autres passages de l’évangile

  •  » meurtrier dès le commencement « ,
  •  » menteur et père du mensonge  » (Jean 8/44).

Jésus oblige le chef de ce monde à  sortir de sa tanière et à  agir à  découvert avec lui.

Je voudrais, pour illustrer cela, vous raconter une histoire : je me promenais dans la garrigue ardéchoise avec mes enfants, et un des mes fils a attrapé une petite sauterelle, qu’il a eu l’idée de placer sur une belle toile d’araignée que nous venions tout juste d’admirer. La petite sauterelle s’est évidemment débattue, ce qui a fait sortir l’araignée de sa tanière. Nous avons observé comment elle liait la sauterelle avec son fil, pour l’ajouter à  son garde-manger.

Jésus est allé au-devant du chef de ce monde : il l’a fait sortir de sa tanière.

En s’occupant de Jésus, le chef de ce monde a perdu le monde, sa tanière a été libérée, la place est libre.

C’est ainsi que l’on voit tous les disciples de Jésus libres de rentrer chez eux, alors que Jésus est arrêté.

Et chez eux, de retour dans leurs maisons des bords du lac de Tibériade, de retour à  leur métier de pécheurs de poissons, au quotidien, ils ont découvert un nouveau chef : Jésus le Ressuscité, celui que le chef de ce monde a cru vaincre en le tuant.

Cette grande vérité, le Paraclet, l’Esprit Saint nous la communique toujours à  nouveau au cœur de ce monde dont le chef a été vaincu.

En Jésus nous avons la paix, tout en ayant la tribulation en ce monde.

Si Jésus a vaincu le chef de ce monde, pourquoi encore des tribulations ? Prenons encore une image : quand un général en chef signe une reddition, il faut un certain temps pour que la nouvelle de la capitulation parvienne à  tous les régiments, sur tous les fronts. Des batailles peuvent encore avoir lieu, pendant quelques jours. Il peut encore y avoir des morts, alors que la guerre est terminée. C’est dans cette période intermédiaire où nous sommes aujourd’hui : la bataille décisive ayant déjà  eu lieu, il reste encore dans ce monde quelques régiments qui n’ont pas été informés de la défaite de leur chef, du chef de ce monde, qui n’ont pas encore entendu lecture du document où il a signé sa capitulation.

Ce document, c’est la parole de Jésus, la Parole du Dieu d’Israël, la Bible.

Alors, si nous aimons Jésus, réjouissons-nous de ce qu’Il soit allé au Père, car le Père est plus grand que lui. C’est en étant ainsi allé vers le Père, qu’il peut sans cesse venir à  nous :

 » je m’en vais, et je viens à  vous «  (v.23).

Je viens à  vous :

le verbe est au présent. C’est aussi sa dernière parole dans l’Apocalypse :

«  oui, je viens bientôt « 

(Apocalypse 22/20).

Amen, viens Seigneur Jésus !

Matthias HELMLINGER, pasteur des églises réformées de Chalon sur Saône, Tournus et disséminés et de Sornay-Branges