S’il existait encore aujourd’hui un « crieur » pour clamer les dernières nouvelles dans ce petit village du Berry, il serait habillé de noir pour annoncer la mort de ce centenaire connu de tous.

Mais nous sommes au 21ème siècle et ce n’est pas en criant mais avec une voix douce et attristée qu’elle m’annonça ce que je pressentais déjà.  Elle, c’est ma cousine, Lui, c’est son père et pour moi un oncle bien-aimé.

Père, grand-père, arrière-grand-père, ancien résistant, c’était un homme humble et d’une grande sagesse.

Il était aussi ce père qui a su combler l’absence du mien bien souvent, à sa manière, d’une douce protection.

Je sais hélas ce qu’une fille ou un fils peut traverser, tels que ces moments d’intense chagrin, de manque, de questionnements, de vide et tout ce que la mort apporte pour ceux qui restent.

Parce que je l’ai déjà vécue et que j’en connais toutes les morsures.

Je repense à la dernière fois où j’ai entendu sa voix, et j’aurais voulu avoir un autre souvenir que celui-là.  Oui, un autre adieu que ce « non » en réponse à sa demande ferme pour cette injection infernale, un « non » qui l’avait tant déçu et inquiété aussi.

Il n’a pas compris, il ne pouvait comprendre, la réalité semblait si lointaine pour lui : elle lui arrivait étouffée dans cette existence qui lui échappait déjà.

Mais je sais qu’à présent, là où il se trouve, il sait et qu’il serait fier qu’une nouvelle résistante, du même sang,  se soit élevée pour la liberté, celle lumineuse et authentique de Vérité. Un combat qui n’est pas tout à fait le même, ni fait avec des armes de guerre, mais toujours contre le véritable ennemi : Le déchu.

Je me dis que le temps était venu pour lui… pourtant ça fait mal, ça fait toujours mal pour ceux qui seront les gardiens de la mémoire et des souvenirs.

Souvenir de cette nuit aussi, avec un étrange pressentiment, une autre alerte, un autre danger.

Un lieu sombre, d’une noirceur pesante, intense et profonde, pire qu’une nuit sans étoiles. Et puis des lumières dansantes sur des flambeaux un peu partout, entourant ces ténèbres comme des sentinelles.

Ces feux embrasent, illuminent telles des flammes flamboyantes et puissantes. Ces torches lumineuses repoussent cette obscurité lourde de menaces, j’en ai la certitude. Elles sont réconfortantes, et j’entends presque le crépitement de leurs feux.

Et puis soudain, une à une, elles s’éteignent brutalement, je hurle et je tente d’arrêter ce souffle meurtrier !

« Il ne faut pas les éteindre ! »

Est-ce ma voix ou celle d’un autre ? Je ne sais.

Ce que je sais en revanche, c’est les pensées qui m’assaillent à mon réveil.

Nous allons être attaqués, un à un, dans des temps proches, avec acharnement. Et plus particulièrement les « sentinelles » !

Ces « veilleurs » sont inestimables. Ils représentent les tours des portes et des angles qui offrent une position élevée où l’on peut observer les dangers approchant et repousser les attaques de l’ennemi. Naguère, ils étaient employés pour protéger les villes, ainsi que les vignes, les champs ou les pâturages.

Mais, pour nous, ce sont nos frères et sœurs qu’il nous faut protéger coûte que coûte et jamais cesser d’avertir et d’informer comme l’ont fait nos aîné(e)s à travers les siècles, et ceux et celles d’aujourd’hui.

Et IL le sait, ce chérubin vaincu.

« Élevez une bannière contre les murs de Babylone! Fortifiez les postes, placez des gardes, dressez des embuscades! Car l’Éternel a pris une résolution, Et il exécute ce qu’il a prononcé contre les habitants de Babylone. » Jérémie 51.12

Ce sont donc nos « murailles » dont il nous faut prendre soin, protéger et veiller attentivement.

Plus que jamais. Car la guerre est déclarée, pas seulement envers nous, les disciples de Jésus-Christ, mais contre ce que nous avons de plus précieux :

Les Enfants.

Ces loups ont engagé une traque sans pitié contre les petits d’hommes.

Néanmoins, le Seigneur prépare déjà des « bergers » et des lieux, ainsi que l’inspiration pour ceux qui ne le savent pas encore.

La mort de ce centenaire bien-aimé et ce rêve ne sont pas vains, non, ils ne seront pas vains.

Pour l’amour de Celui qui est ma raison d’être, ma raison de vivre, je ne peux ni ne veux abdiquer car mon esprit est captif de la Parole de Dieu. (Martin Luther)

Nous avons une guerre à remporter en son nom, avec Lui, et nous la gagnerons !

« Fortifiez-vous et ayez du courage! Ne craignez point et ne soyez point effrayés devant eux; car l’Éternel, ton Dieu, marchera lui-même avec toi, il ne te délaissera point, il ne t’abandonnera point. » Deutéronome 31.6

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