Les titres de l’essentiel de la presse israélienne sont féroces, ceux de la presse européenne le sont tout autant. Seul le quotidien Israel Hayom en Israël se montre plus positif. Aux Etats-Unis, c’est quasiment la même chose.

Binyamin Netanyahou trouve peu de défenseurs.

 

Il en a fort heureusement. Meyer Habib. Israel is Forever. Quelques commentateurs, dont Caroline Glick.

 

Il se trouve présenté de tous côtés comme un homme avide de pouvoir et désireux de rester en place à  tout prix, comme un corrompu cherchant essentiellement à  éviter la prison et prêt pour cela à  toutes les vilenies et à  toutes les compromissions. Avigdor Lieberman, qui est l’unique responsable de la situation présente et d’un inutile et coûteux retour aux urnes des Israéliens, se trouve décrit comme un homme courageux et intègre.

Disons ce qui doit l’être en ce contexte :

Traiter un homme qui a fait pour son pays tout ce que Binyamin Netanyahou a fait pendant sa longue et remarquable carrière politique est, de la part de nombre de journalistes et commentateurs israéliens, abject et ignoble.

Les journalistes et commentateurs européens et américains qui se joignent à  la meute sont tout aussi abjects et ignobles, et ont juste l’excuse sordide d’être des ennemis d’Israël qui détestent Binyamin Netanyahou en raison précisément de ce qu’il a accompli pour son pays. Les journalistes et commentateurs israéliens qui crachent sur Binyamin Netanyahou devraient se demander pourquoi ils se retrouvent en compagnie d’ennemis d’Israël. C’est apparemment une compagnie qui leur plaît.

1-Ne pas voir que Binyamin Netanyahou entend mener à  bien aussi loin que possible ce qu’il a mis en œuvre depuis des années, et tout particulièrement depuis que Donald Trump est Président, est se comporter comme si on ne comprenait rien à  la situation actuelle du monde et à  celle du Proche-Orient : si c’est délibéré, c’est une attitude crapuleuse, si ce n’est pas délibéré, cela relève de la stupidité crasse.

2-Ne pas voir que les adversaires politiques de Binyamin Netanyahou sont porteurs d’idées ineptes et/ou irresponsables est aussi se comporter comme si on ne comprenait rien à  la situation actuelle du Proche-Orient. Et si c’est délibéré, c’est là  encore une attitude crapuleuse, si ce n’est pas délibéré, cela relève là  encore de la stupidité crasse.

3-Ne pas voir que les ennuis judiciaires qu’on fait peser sur Binyamin Netanyahou sont spécieux, largement diffamatoires et relèvent avant tout de la façon dont la gauche se comporte dans la plupart des pays du monde occidental, et qui consiste à  tenter d’obtenir par des moyens non démocratiques ce qu’on ne peut obtenir par des moyens démocratiques. Implique d’être complice de ce recours nauséabond à  des moyens non démocratiques ou d’être complètement idiot (l’un n’exclut pas l’autre).

4-Ne pas voir qu’Avigdor Lieberman est un opportuniste de bas étage mû surtout par la haine de Binyamin Netanyahou implique d’ignorer tout de la piètre carrière politique d’Avigdor Lieberman. Et le présenter comme ce qu’il n’est pas relève, chez ceux qui le font, de l’imposture la plus sordide.

Binyamin Netanyahou est dans une phase de négociations complexes et ardues qui concernent très directement le plan de paix préparé par l’administration Trump, et ces négociations impliquent outre les Etats-Unis, la Russie, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les émirats du Golfe, la Jordanie, la Turquie, ainsi, bien sûr que les ennemis d’Israël, l’Iran en tête. Déstabiliser Binyamin Netanyahou en ce moment précis est nuire gravement à  ces négociations, cruciales pour Israël, et donc nuire gravement à  Israël.
Nul ne peut douter sans une vomitive mauvaise foi qu’en voulant absolument former un gouvernement et éviter de nouvelles élections, Binyamin Netanyahou pensait aux négociations en cours et à  Israël, pas à  son intérêt personnel. Ce n’est certainement pas l’attelage hétéroclite et opportuniste Gantz-Lapid (qui semble d’ailleurs sur le point de se défaire) qui pourrait reprendre les choses en main au stade où elles en sont. Et je n’évoque même pas ce qui reste de la gauche israélienne ou Avigdor Lieberman. Ce qui est en jeu, c’est la paix régionale, le futur de Gaza, celui de la Judée-Samarie, la question « palestinienne », la menace iranienne, les relations d’Israël avec le monde arabe sunnite, et bien davantage encore. Seul un diplomate hors pair peut faire le nécessaire.

Quiconque examine un tant soit peu les motifs évoqués de mise en examen de Binyamin Netanyahou (essentiellement cigares, champagne, et conversations avec Noni Mozes, du journal de gauche Yedioth Ahronoth) voit que ces motifs sont futiles, ont des allures de prétextes, ne tiennent souvent pas debout, et relèvent avant tout de l’intention de nuire (que des gens tels qu’Avichai Mandelblit y contribuent me mène à  m’interroger non pas sur Binyamin Netanyahou mais sur Avichai Mandelblit, qui a dans un passé récent affiché des positions « pro-palestiniennes » étranges de la part d’un Juif religieux). Le moins qu’on puisse dire est que la présomption d’innocence doit jouer en faveur de Binyamin Netanyahou, et l’immunité dont Binyamin Netanyahou veut disposer existe dans toutes les grandes démocraties du monde. Les ennemis de Binyamin Netanyahou le savent et font les ânes en espérant avoir du foin.

En refusant tout compromis et en présentant des exigences démesurées, en prenant la posture de l’intransigeance absolue, Avigdor Lieberman ne défend pas une position laïque (il a montré voici peu qu’il pouvait s’allier à  des ultra-orthodoxes et il sait que la question de la conscription des ultra-orthodoxes est en voie de résolution) : il utilise un prétexte de manière cynique et opportuniste pour tenter d’obtenir ce que ses performances électorales ne peuvent lui permettre d’obtenir, et pour nuire à  Binyamin Netanyahou, quelles que soient les conséquences. Ce qui est l’attitude d’un irresponsable sans le moindre scrupule.

Il est regrettable que Binyamin Netanyahou n’ait pas obtenu en avril une majorité plus large et ait été placé à  la merci des sombres manœuvres d’Avigdor Lieberman. Si Naftali Bennet et Ayelet Shaked avaient obtenu le nombre de voix requis pour avoir des élus, la situation aurait été différente.

Que de nouvelles élections doivent avoir lieu en septembre à  cause d’un seul homme (et quel homme !) est lamentable. Si cela devait offrir l’opportunité à  Binyamin Netanyahou de disposer d’une majorité plus large, ces nouvelles élections serviraient au moins à  quelque chose. Si cela pouvait éliminer Avigdor Lieberman de la vie politique israélienne, ce serait un bienfait. Il semble, hélas, que si Binyamin Netanyahou a des chances de pouvoir disposer d’une majorité plus large, Avigdor Lieberman, lui, va trouver l’opportunité d’accroître le nombre des élus dont il disposera, ce qui fera, le cas échéant, mentir le vieil adage disant que le crime ne paie pas.

On peut espérer dans le contexte actuel que l’absence d’un gouvernement stable ne nuira pas trop gravement aux négociations en cours.

On peut espérer aussi que ceux qui cherchent à  abattre Binyamin Netanyahou par des moyens non démocratiques ne parviendront pas à  leur fin, que Binyamin Netanyahou disposera de délais supplémentaires, et qu’il pourra pleinement mener à  bien ce qu’il a mis en œuvre depuis des années.

On dit aux Etats-Unis à  propos de Donald Trump que rarement un homme qui fait autant de bien se trouve aussi maltraité. On pourrait dire la même chose de Binyamin Netanyahou.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.