Source MAV : Merci à Jérôme Prekel de donner cet éclairage. J’ai vu tant de communautés et de ministères sombrer depuis des décennies car ils sont tombés dans ce subtil piège du diable (2 Co 11-3/4) que j’ai souvent tenté d’alerter certains prédicateurs sur le danger de se mettre à prier « un autre esprit », sans même en avoir conscience !

Nous est-il réellement permis de prier, de louer, d’adorer le Saint-Esprit ? Cette question délicate n’aura pas manqué de se poser aux observateurs attentifs, responsables et enseignants.

La première réponse qui peut être apportée, c’est que les Ecritures ne font mention d’aucun exemple d’une telle prière. Ce sera là le point central, le plus important de notre réflexion (voir la note 1). N’en déplaise aux analyses émotionnelles et superficielles. Ce point — l’absence d’exemple biblique — aura à lui seul la capacité d’éclairer bon nombre de chercheurs de la vérité. Pour les autres, essayons d’aller plus loin.

Le modèle biblique qui nous est proposé est de prier le Père au nom du Seigneur Jésus Christ. On ne voit donc pas l’intérêt d’un enfant de Dieu de s’écarter ou d’innover – même un tant soit peu – de l’enseignement donné par la Bible.
La véritable question sera donc : pourquoi l’église de Jésus-Christ serait-elle tentée d’introduire une autre forme de prière, de louange, d’adoration ? Quelle pourrait être la raison de cette nouvelle pratique qui consiste non plus à s’adresser au Père, mais à l’Esprit Saint ?

On avance évidemment, ici ou là, que le mal n’est pas bien grand puisqu’en toute circonstance, Dieu sera toujours prié, Père ou Esprit ! Ne serait-ce d’ailleurs pas là un de ces mauvais procès biblico-biblique, qui ne servent qu’à noircir des pages et à dégrader le lien de la paix parmi les frères ?

Si ces arguments ont quelque chose de sensé, il ne répondent pas à la question posée: pourquoi faire une chose en dehors du modèle biblique ? Il ne s’agit pas ici de se réfugier dans un fondamentalisme sécurisant, mais de réfléchir à la raison de l’absence du modèle biblique de la prière au Saint-Esprit.

Sur ce sujet, il est bon de se souvenir que les temps d’obscurités que l’Église a connu au cours des siècles passés ont systématiquement été précédés de mélanges et de compromis avec la pensée divine, et qu’à l’inverse, tout réveil a toujours commencé par un retour à la stricte Parole de Dieu.

Que dit le Seigneur Jésus-Christ au sujet de la prière ? : «vous donc, priez ainsi : NOTRE PERE qui es aux cieux…» (Mat. 6/9).
Puis, plus tard, les enseignements du Nouveau Testament nous montrent que la prière doit aussi être adressée à Dieu au nom de Jésus-Christ : «et quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai» (Jean 14/13-15/16); pourquoi ? … car en Lui a habité «toute la plénitude de la divinité» (Colossiens 2/9); afin «… qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, terrestres et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Philippiens 2/10).
Peut-on imaginer le Seigneur Jésus-Christ, au cours de ses nombreuses prières publiques, s’adresser au Saint-Esprit plutôt qu’au Père ? Il lui aurait pourtant été facile, comme à ses apôtres après lui, de créer un précédent clair, qui aurait ouvert à chacun de larges avenues d’expressions de leur souhait, mais cela ne s’est pas produit, et nous assistons plutôt à un exemple suivi et confirmé par tous.

le Saint-Esprit

Dans son annonce de la venue et du don de l’Esprit-Saint, Jésus explique bien : «mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom vous enseignera toutes choses, et vous rappellera les choses que je vous ai dites» (Jn 14/26); «le consolateur, que moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de Vérité qui procède du Père rendra témoignage de moi» (Jn 15/27);

«il vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de par lui-même … il me glorifiera» (Jean 16/13).

Le Seigneur Jésus révèle donc un aspect important, qu’IL A VOULU INTÉGRER ICI afin que notre vision ne bascule pas dans une forme d’idolâtrie : « Il ne parlera pas de lui-même ». Pouvons-nous trouver un seul exemple biblique où le Saint-Esprit se définit lui-même ? Non. Jésus précise bien qu’il n’existe pas de possibilité d’une action séparée, et la porte d’une quelconque forme d’autonomie est ici fermée. Le Saint-Esprit est défini ici comme un instrument de Sa volonté (Jean 15/27).

Nous prierons donc PAR l’Esprit (Ephésiens 6/18), mais jamais le Saint-Esprit lui-même.

Si cette tendance à prier le Saint-Esprit venait à se renforcer et s’affirmer parmi les chrétiens, elle pourrait s’apparenter à une dérive en ce qu’elle contesterait indirectement les droits du Seigneur Jésus-Christ dans Son église, car «Il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes: Jésus-Christ l’Homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous …» (1 Tim. 2/5).

Bien que la prière adressée au Saint-Esprit puisse être innocente, considérant que le Saint-Esprit de Dieu est une émanation de Dieu, nous devrons néanmoins nous référer au modèle biblique, et non à ce que nous pouvons nous autoriser sur la base de notre théologie. Le danger de l’émergence de l’idolâtrie d’une manifestation céleste est réel, comme l’ennemi y parvint avec le serpent d’airain durant plusieurs générations (2 Rois 18/4). Ce fait historique devrait nous enseigner davantage de rigueur et de prudence sur un sujet aussi sensible que celui-ci, et nous aurions tort de considérer les appels à revenir à la pureté et à la révélation des Écritures comme des formes de protectionnisme, ou de traditionalisme rigide.

La tentation de prier le Saint-Esprit (et d’instituer cette prière, et ce rapport à Dieu) installerait dans l’esprit de ceux qui s’y livreraient la confusion et l’erreur, terrain propice à l’ensemencement des coeurs par des doctrines de plus en plus éloignées de la révélation des pères de la foi.

Ce qui est dit ici ne fait que plaider en faveur du modèle biblique. Lors d’une première édition de cet article, certaines personnes ont réagi d’une manière virulente, probablement parce qu’elles ont été choquées : comment oser proscrire la possibilité de prier le Saint-Esprit ? La réponse est que le Seigneur, c’est l’Esprit (2 Corinthiens 3/18); mais bien que le Seigneur soit l’Esprit (Jean 4/24), Il a pris TOUTES les précautions pour que n’apparaisse aucune prière « à l’Esprit ».
Certains pensent que le coeur de l’homme est désespérément religieux, et tombe facilement dans l’idolâtrie : sans doute est-ce une des raisons principales.

« Nous sommes le temple du Saint-Esprit» (1 Corinthiens 3/16), mais la gloire de la Schékinah ne peut remplir le temple que lorsque toutes choses sont conformes au plan divin, et que la construction dans son ensemble est consacrée à l’Eternel, et à Lui seul (Exode 40 et 2 Chroniques 5).
C’est lorsqu’Il est Lui-Même le réel objet de l’adoration, et qu’Il est élevé au-dessus de tout (culte, service, connaissance, ministère, dons, et surtout : dogmes) que Son témoignage apparaît sur Sa Maison (1 Timothée 2/15).
Pour parvenir à cet aboutissement, un attachement inaltérable à la Parole de Dieu est nécessaire. Le Seigneur veut que nous apprenions à dire « oui » à Sa voix afin de pouvoir dire « non » à celle de l’ennemi et de ses subterfuges, et que nous entrions dans cet exercice qui consiste sans relâche à «séparer ce qui est précieux de ce qui est vil» afin d’être comme Sa bouche (Jérémie 15/19).

Jérôme Prekel, Le Sarment

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Note 1 : Le contre-exemple le plus emblématique de l’absence de prière (ou d’adoration) adressée au Saint-Esprit se trouve … au moment même de la Pentecôte,. Dans un premier temps, nous voyons que l’apôtre Pierre, rempli de l’Esprit, atteste que c’est Jésus-Christ qui est le déclencheur de cette onction, ce qui n’est pas sans importance :

Actes 2:33
Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez.

Dans un second temps, nous constatons qu’au moment où les disciples rencontrent leur première difficulté, qui annonce les persécutions à venir, ils se retrouvent ensemble pour prier et apporter leur fardeau. Il n’existe sans doute pas de meilleure occasion pour que des hommes prient le Saint-Esprit, mais ce n’est pas dans cette forme qu’ils sont conduits :

Actes 4:23 à 31

« Et ayant été relâchés, ils vinrent vers les leurs et leur rapportèrent tout ce que les principaux sacrificateurs et les anciens leur avaient dit.
Et l’ayant entendu, ils élevèrent d’un commun accord leur voix à Dieu, et dirent: O Souverain! toi, tu es le Dieu qui as fait le ciel et la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont: qui as dit, par la bouche de David ton serviteur: « Pourquoi se sont déchaînées les nations, et les peuples ont-ils projeté des choses vaines? Les rois de la terre se sont trouvés là, et le chefs se sont réunis ensemble, contre le Seigneur et contre son Christ ».
Car en effet, dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont assemblés et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé devoir être faites. Et maintenant, Seigneur, regarde à leurs menaces, et donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse, en étendant ta main pour guérir, et pour qu’il se fasse des miracles et des prodiges par le nom de ton saint serviteur Jésus.
Et comme ils faisaient leur supplication, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé, et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse ».