»  Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu «  (Mat 10 :26)

La Grèce symbole de l’Europe décadente  ?

L’Afrique est le berceau de l’humanité dit-on  ; la Grèce, elle, est le berceau de notre culture et de notre civilisation. Le culte de la beauté, l’esthétisme, tout ce qui se rapporte de près ou de loin à  l’humanisme, la philosophie, la politique, la loi, les sciences, vient du bassin méditerranéen et particulièrement de la Grèce Antique. Mais la Grèce est aussi le berceau, avec la Rome antique, de siècles de mythologies, d’idolâtries et d’occultisme dont le monde, qui en souffre, persiste cependant à  en méconnaître les effets sournois et dévastateurs.

Déjà  l’Apôtre Paul s’indignait de cette adoration aux faux dieux  :  »  Comme Paul les attendait à  Athènes, il sentait au-dedans de lui son esprit s’irriter, à  la vue de cette ville pleine d’idoles.  » (Ac 17 :16)

Pour comprendre la politique d’une nation il est indispensable de connaître son histoire.

Les grecs ont  »  inventé  » la démocratie, système longtemps idéalisé mais qui n’a jamais fait les preuves de son infaillibilité. Mais quel système politique peut se déclarer infaillible  ? Le peuple Hébreux avait réclamé un roi et c’est Saül qui régna en despote. Les nations réclament des chefs d’État, et ceux qu’on leur impose ne font que semer la corruption et la misère.

 »  En démocratie, la politique est l’art de faire croire au peuple qu’il gouverne « . (Louis Latzarus)

 »  Les démocraties ne peuvent pas plus se passer d’être hypocrites que les dictatures d’être cyniques « . (G. Bernanos)

Les Grecs, vers la fin du VIe siècle avant Jésus-Christ, ont divisé le monde connu en trois  »  parties  »  : l’Europe, l’Asie et la Libye c’est-à -dire l’Afrique actuelle. Dans son poème  »  l’Iliade  » Hérodote évoque  »  la prairie d’Asie « . L’Europe, elle, apparaît un peu plus tard dans l’Hymne homérique III à  Apollon. Étymologiquement, Europe vient d’Eurôpé, qui signifie Terre vaste, sans limites. Beaucoup connaissent par ailleurs l’histoire mythologique d’Europe, fille d’un roi phénicien, enlevée par Zeus métamorphosé en taureau s’élançant sur les flots de la Méditerranée jusqu’en Crète où, reprenant forme humaine, il s’unit à  elle…

Aujourd’hui la Grèce fait reparler d’elle, non pas à  cause de tout ce qu’elle a pu apporter de  »  bénéfique  » au monde occidental, mais parce qu’elle se trouve dans une situation économique et financière catastrophique. Le problème crucial que traverse ce pays n’est-il pas un indicateur de la crise financière européenne et même mondiale  ? Précisément, c’est à  cause de ce qu’elle a laissé comme héritage que toutes ces faillites surviennent, et ce n’est que le  »  commencement des douleurs « …

Une dette programmée

L’avidité des banques est une évidence incontournable. Celle des banques américaines l’est encore davantage. On sait maintenant de source sûre, que dans la perspective d’une union Euro-atlantique, nos nations s’acheminent inexorablement vers une économie fabriquée de toutes pièces, que le dollar est en passe de disparaître, que l’économie américaine ainsi que l’économie britannique sont en chute libre, et que rien à  priori ne peut empêcher cette lente mais certaine descente aux enfers.

Pour nous européens, c’est Bruxelles qui décide de tout, secondée en cela essentiellement par l’Allemagne de Madame Merckel et la France de Monsieur Sarkozy, tous deux âpres défenseurs, à  l’instar du  »  Grand frère américain  » d’un Nouvel Ordre Mondial, aussi bien économique que social et politique. Mais… c’est toujours l’Amérique qui tire les ficelles par l’intermédiaire de sa puissance financière. L’Amérique a, pour une très grande part, financé le nazisme du IIIe Reich, c’est encore l’Amérique qui va mettre petit à  petit les pays européens  »  sur la paille « . La faillite de la Grèce, n’est que le prélude à  une faillite généralisée des pays européens, dont le seul but, faut-il l’avouer, est d’amener un nouveau système financier imparable qui fera les délices des magnats de la politique et des banques. Ce système prévoit également de faire disparaître l’Euro, ce qui semble tout à  fait plausible, le processus entrant dans une logique de destruction massive pour ensuite  »  reconstruire  » quelque chose de nouveau, qui permettra non seulement de satisfaire la cupidité des élites, mais qui surtout mettra les pays à  genoux, désormais impuissants à  assumer leur propre économie.

Tous les médias accusent la Grèce d’avoir été trop dispendieuse et surtout d’avoir caché ses déficits dans sa comptabilité, ce qui est en partie vrai, mais ce qu’on oublie de préciser c’est que certaines banques américaines, et parmi elles, Goldman Sachs, ne sont pas innocentes dans ce jeu cruel. Témoin cet article paru dans le New-York Times du 15 février dernier  :

 »  Grâce à  des produits dérivés, les banques américaines auraient permis à  la Grèce de  »  camoufler  » une partie de sa dette. Au fait de ces informations, elles en auraient aujourd’hui profité pour spéculer sur la baisse de sa qualité d’emprunteur. (…) Comment ne perdre jamais? Chez Goldman Sachs, la plus puissante des banques d’affaires de Wall Street, et sans doute du monde, on a une réponse simple  : jouer sur deux tableaux, un double jeu en réalité. Ce double jeu est proche de celui du fourgue qui encaisse sa part du butin, puis dénonce les auteurs du larcin pour encaisser la prime promise par l’assureur. C’est peu ou prou le modus operandi de Goldman vis-à -vis de la Grèce, comme le révèle le New York Times dans son édition de ce matin, lundi 15 février. Ces révélations complètent celles de Der Spiegel, notre confrère allemand. Et elles sont accablantes. Selon leurs informations, la banque a joué ce double jeu très profitable avec la Grèce.

 »  Wall Street n’a pas créé le problème de la dette en Europe. Mais les banquiers ont rendu possible un endettement qui va très au-delà  des moyens de la Grèce comme d’autres pays, selon des opérations qui étaient parfaitement légales « , précise le New York Times. Mais, en tant que banque conseil, elle s’est trouvé depuis le début 2000, très au fait de la véritable situation des finances publiques. Bien plus que ce qu’en disait officiellement le gouvernement. Et pour cause. Moyennant 300 millions d’euros de commissions, Goldman a taillé un produit sur mesure pour la Grèce. Objectif d’Eole c’est le nom de ce swap (les banquiers raffolent de ce genre de petits surnoms pour leurs produits toxiques): dissimuler une partie de la dette de la République hellénique aux yeux de ses partenaires européens, notamment sur ses obligations liées au traité de Maastricht.

Comme Goldman ne fait pas que dans le conseil (…), l’établissement New-yorkais aurait profité de ces informations sensibles. Car la banque d’affaires fait aussi dans la banque de marché. Cette seconde activité consiste à  anticiper, spéculer sur la valeur des actifs, celle des actions comme… des dettes des Etats.  »  Depuis des semaines, Goldman joue la dette grecque à  la baisse. C’est scandaleux. Elle est clairement initiée, puisqu’elle est depuis longtemps, la banque conseil du gouvernement. Elle connaît autant sinon mieux que le nouveau gouvernement la réalité de la situation financière du pays. Et il ne se prive d’aucune arme. Même les fausses rumeurs. Elle est à  l’origine de celle qui donne l’Etat grec aux abois allant mendier 25 milliards d’euros à  la Chine… « , s’énerve un important banquier d’affaires français, par ailleurs concurrent de Goldman… «  (Emmanuel Lévy-Marianne 16/02/2010)

Ainsi donc les banques spéculent sur les dettes des États, ce qui en soi n’est pas nouveau. Cette spéculation n’enrichit finalement personne d’autre que les banquiers eux-mêmes, sans aucune contrepartie pour les États, spoliés par des manœuvres qui, si elles sont d’une certaine façon  »  légales « , n’en sont pas moins immorales.

Contentieux Germano-Grec

La Grèce reproche à  l’Allemagne, principal  »  négociateur  » dans le cadre d’une recherche de solutions d’assainissement de cette crise grave, de n’avoir pas entièrement payé les dédommagements dus au second conflit mondial. Ce contentieux fait suite aux nombreuses critiques de l’Allemagne qui accuse la Grèce de mauvaise gestion, et de corruption qui l’auraient ainsi mise  »  dans le rouge « . Rappelons qu’une enquête officielle a permis d’établir en 1997 que l’Allemagne nazie avait confisqué pour financer son effort de guerre, 580 millions de dollars en or aux banques centrales des pays occupés – soit près de 7 milliards de dollars du début du 21è siècle.

Quoiqu’il en soit, l’occupation de la Grèce a eu des effets désastreux sur l’économie du pays, anéantissant sa capacité de production pour des années. Athènes doit, comme les autres pays occupés, fournir hommes, matériel et matières premières au Reich. Ainsi, entre mai et septembre 1941, les prélèvements agricoles portent sur 71 000 tonnes de raisins secs, 1 000 tonnes d’huile d’olive, 110 000 tonnes de tabac, 5 000 tonnes de coton, 4 000 tonnes de figues.

Pour mettre la main sur les richesses minières du pays, des contrats avec les entreprises allemandes ou italiennes sont imposés aux entreprises grecques. Des cadres de grands groupes industriels comme Krupp ou IG Farben se voient confier des postes de conseillers auprès de la direction des finances du haut commandement de la Wehrmacht.

Entre le 1er et le 10 mai 1940, la production entière des mines grecques de pyrite, de chrome, de nickel, de magnésite, de bauxite et d’or, passent dans les mains allemandes. L’Allemagne met également la main sur la production d’électricité, les chantiers navals, les usines de munitions. La compagnie pétrolière Shell est contrainte de vendre sa succursale grecque aux Allemands après avoir subi des menaces de sabotage et de confiscation.

Cette tactique d’expropriation et de pillage perturbe grandement l’équilibre économique de la Grèce, avec à  la clé une montée brutale du chômage et la chute de la production industrielle, les usines étant pour la plupart dépourvues de matières premières, et leurs stocks étant expédiés hors de Grèce. La rareté des produits disponibles et l’augmentation de l’argent en circulation entrainent une inflation galopante et la destruction du système monétaire. (*)

Quelles solutions pour quel avenir  ?

Un plan de secours a été élaboré le 25 mars dernier à  Bruxelles lors du sommet européen. Il s’agit d’un compromis établissant un dispositif conjoint entre l’Union Européenne et le Fonds Monétaire International par l’octroi d’une enveloppe de 22 milliards d’euros dont un tiers à  la charge du FMI. Ce compromis a été âprement défendu par l’Allemagne, encore elle, qui trouve là  l’occasion de se glorifier en imposant cette intervention, pourtant non envisageable de prime abord, du FMI. Une fois de plus hélas, l’Europe aura démontré son incapacité à  résoudre ses propres problèmes en faisant appel à  une entité  »  étrangère « – en principe du moins- ce qui prouve bien l’hégémonie de ce tout puissant organisme sur le monde qui ne demande qu’à  agir avec la complicité des pays les plus forts de l’UE tels l’Allemagne ou la France…

Nous sommes à  présent pleinement convaincus que l’avenir de l’Europe dépend du bon vouloir des puissances d’outre-Atlantique, et que le désastre qui menace la Grèce aujourd’hui risque fort de s’étendre aux autres nations, telle une pandémie, pour laquelle personne n’a encore trouvé de vaccin efficace  !

L’Europe, esclave d’un passé entièrement placé sous la domination humaniste, est en proie à  une lente et certaine agonie, que ni les banques, ni les gouvernements ne pourront enrayer. La destruction et l’anéantissement des États-nations sont programmées depuis de nombreuses décades par l’intermédiaire de cette pieuvre qu’est le mondialisme.

Oui nous sommes les malheureux héritiers des philosophes, des penseurs, et surtout nous payons le prix fort d’être les sujets une civilisation décadente qui s’est fabriqué au fil des siècles, des idoles qui  »  ont une bouche et ne parlent point, elles ont des yeux et ne voient point, elles ont des oreilles et n’entendent point, elles n’ont point de souffle dans leur bouche. Ils leur ressemblent, ceux qui les fabriquent, tous ceux qui se confient en elles.  » (Ps 135 :16-18).

Soyez bénis.

(*)Sources  : JDD, Reuters, Wapedia, Mark Mazower « Dans la Grèce d’Hitler »