Transmis par Elisabeth – Sur le site Drzz.info, 25 décembre 2010 – Un article d’autant plus intéressant qu’il est écrit par un homme se disant lui-même agnostique, sans foi chrétienne, donc juste impartial et lucide !

Ce 25 décembre, le monde chrétien, sur la planète entière, célèbre donc la naissance d’un enfant juif, dont les deux parents étaient juifs.

Les parents et l’enfant vécurent à  Nazareth, ville d’Israël située à  mi-chemin de Haïfa et du lac de Tibériade. Mais le lieu de naissance fut Bethléem en Judée-Samarie.

Une ville sise sur des terres que Mahmoud Abbas et ses sbires voudraient rendre judenrein, vides de toute présence juive, selon un projet que des gens qui fêtent la naissance de cet enfant juif à  Bethléem approuvent.

À leur place, comme me l’a suggéré, dans une correspondance, un ami rabbin rencontré à  Miami récemment, j’aurais un problème : célébrer la naissance d’un enfant juif sur un territoire que je veux voir aujourd’hui judenrein ?

Nombre de gens ne voient pas le problème, je sais. Nombre de gens se refusent à  voir que cet enfant a grandi dans la culture et la religion juives, et est devenu le rabbi Yehoshua.

Il a rencontré Yohanan, que les Chrétiens appellent Jean le Baptiste, dans le désert de Judée, puis s’en est séparé, a prêché, s’est entouré de disciples, a été condamné à  mort pour rébellion, et exécuté. Il sera ultérieurement présenté par ses disciples et les Chrétiens comme le Fils de Dieu.

Pour les Juifs, il restera rabbi Yehoshua.

Etant agnostique, je ne prendrai pas position dans ce débat. Je dirai seulement que l’enseignement de rabbi Yehoshua, ou Jésus, est tout entier imprégné des principes du judaïsme, et que tous les disciples de Jésus étaient juifs. Je dirai que les principes éthiques fondateurs de toute la civilisation occidentale viennent de l’enseignement de rabbi Yehoshua et, en deçà , du judaïsme. Je dirai que la doctrine accusant les Juifs d’avoir été  » déicides  » n’est pas ce que le christianisme a produit de plus noble – et c’est une litote.

J’ajouterai que ce que le monde doit au judaïsme mériterait un peu plus de respect. Un peu plus de cohérence aussi : peut-on célébrer la naissance d’un enfant juif en Judée-Samarie, et en même temps approuver l’idée d’une épuration ethnique de la Judée-Samarie ?

Peut-on ignorer que non seulement les Juifs, selon l’Autorité Palestinienne, doivent quitter la Judée-Samarie pour qu’elle soit judenrein, mais que, de surcroît, les Chrétiens sont harcelés, persécutés, dans les terres qui sont aux mains de l’Autorité Palestinienne ?

Ceux qui se sont rendus à  la messe de minuit à  Bethléem, le 24 décembre, savent-ils que le patriarche latin, Fouad Twal, qui a prononcé le sermon lors de la messe, sait que ses mots sont surveillés, et que le moindre écart verbal de sa part pourrait coûter la vie à  des dizaines de ses fidèles, qui sont en situation d’otages et qui, pour ceux qui le peuvent, partent vers la seule terre de la région où les Chrétiens peuvent se dire chrétiens, sans que ce soit au péril de leur vie, Israël ?

Ceux qui verront les images de cette messe peuvent-ils ne pas savoir que Mahmoud Abbas, et tous les dignitaires de l’Autorité Palestinienne venus assister à  la messe, sont musulmans, voient en Jésus un prophète de l’islam, Issa, et considèrent les Chrétiens comme des mécréants à  soumettre, et les Juifs comme des ennemis à  abattre ?

Bien sûr, en Europe, nombre de gens savent encore à  peine ce qu’on célèbre à  Noël. C’est pour eux une occasion de manger du foie gras, et de boire du champagne. Alors, si en plus ils devaient savoir que Jésus était juif !

S’ils devaient savoir ce qui arrive aux Chrétiens en Judée-Samarie. S’ils devaient savoir que Mahmoud Abbas est un chasseur de Chrétiens, un antisémite, un partisan de l’épuration ethnique. S’ils ne pouvaient plus être persuadés qu’Israël est un pays abominable, et que Mahmoud Abbas est un brave homme, dites-moi : où serait le plaisir ?

© Guy Millière