Le but, la muraille

Venons-en maintenant aux points particuliers dont il est question dans ce livre. Nous avons dit, dans nos études précédentes, qu’il y en avait trois : la muraille, le travail, la lutte ou encore : l’objet, la conduite, le conflit.

Nous commencerons par la muraille. Nous devons savoir clairement ce qu’elle représente et ce à quoi elle sert. Je mentionnerai d’abord trois choses au sujet de cette muraille afin que nous comprenions bien ce qu’elle était à l’époque de Néhémie et ce qu’elle représente de nos jours.

Premièrement, la muraille était quelque chose de précis, de défini – une limite. Selon la pensée divine elle distingue  » ce qui est de Christ  » de  » ce qui n’est pas de Christ « . Cette muraille de Jérusalem définit un certain territoire. Elle est là pour exprimer, depuis son origine, que tout ce qui est à l’intérieur de cette muraille est régi par un certain ordre. Ici les choses sont comme ceci et comme cela. Bien sûr, le caractère particulier de ce lieu était donné par le Temple lui-même. Mais la muraille était aussi une chose significative, et nous ne devons pas la considérer comme superficiel. Il est nécessaire de rappeler qu’en ce qui concerne la restauration du témoignage du Seigneur, nous devons avoir une définition claire de  » ce qui est Christ  » et de  » ce qui n’est pas Christ « .

Aujourd’hui, les choses sont devenues terriblement confuses. On peut voir cette muraille démolie d’une part, et les décombres d’autre part. C’est un fait certain, beaucoup de décombres gisent ça et là à la place de la muraille donnant une image de désordre et de confusion. Un nombre impressionnant de chrétiens, actuellement, n’ont pas un discernement clair de la personne de Christ ou ne savent pas ce qu’est le vrai christianisme. Au sein du mouvement évangélique également, les choses ont été terriblement embrouillées. A l’évidence, il nous faut absolument réapprendre à connaître Christ. Il faut que Christ soit clairement compris, que chacun Le connaisse personnellement et qu’ainsi toute confusion soit éliminée.

La muraille était une chose bien définie. Spirituellement, elle était là pour représenter le caractère de Christ. J’ai mentionné, quelques pages plus haut, que je pourrais aller bien plus profondément dans le sujet qui porte en lui jusqu’à l’inexprimable. Je me contenterai de dire que j’ai longuement médité au sujet de la signification des murs, de tous les murs cités tout au long de la Bible, jusqu’à celui de la nouvelle Jérusalem dont parle l’Apocalypse. Et j’ai constaté que, quelque soit le mur, il définit toujours la nature de ce qu’il protège. N’est-ce pas le cas pour ce grand mur de la nouvelle Jérusalem qui nous est décrit à la fin de nos bibles ? Sa caractéristique principale est la gloire, la beauté, la pureté. Il témoigne des attributs, du caractère de Christ. Cela doit être clairement établi pour chacun d’entre nous.

Deuxièmement, nous pourrions penser que cette distinction attribuée au mur ne revêt pas une importance capitale. Nous voyons pourtant que ce mur établit une démarcation claire et nette entre ce qui est à l’intérieur et ce qui se trouve à l’extérieur. Ce mur se tient à un endroit précis. Il ne représente pas quelque chose de banal. Il n’accepte pas le mélange entre le spirituel et le profane. C’est une chose claire, distincte, et dont le maître mot est le suivant :

 » Ce qui n’a pas revêtu le caractère de Christ, ne peut entrer et demeurer ici. « 

Nous verrons maintenant, en poursuivant notre étude que Hanani, le frère de Néhémie, devait probablement travailler dans la police. Le travail d’un policier consiste, entre autre, à garder l’entrée de lieux importants. Il doit surveiller tous ceux qui entrent, notamment tous les commerçants. Aujourd’hui encore, beaucoup de commerçants souhaitent entrer là où l’on prêche Jésus afin de servir leurs propres intérêts, de mettre en place leur propre commerce. Et ils ont tant de choses à proposer dans ce domaine qui touche à Dieu et à Jésus-Christ !

Mais le mur dit :  » Non ! « 

Et nous pouvons lire de quelle façon Néhémie et son frère policier appréhendaient les marchands. Ils les chassaient radicalement. C’est exactement ce que Jésus a fait avec les marchands du Temple. Il les a chassés avec un fouet. Oui, nous pouvons dire que le mur fait la distinction entre ce qui est vil et ce qui est précieux. Il établit un véritable fossé entre ce qui est de l’Esprit de Dieu et ce qui est d’un tout autre esprit.

Troisièmement, à l’époque de Néhémie, cette muraille représentait une véritable défense. Il se trouvait là pour protéger les intérêts du Seigneur et le peuple du Seigneur de toute invasion, de toute attaque, de tout ce qui aurait pu corrompre le lieu ou en changer le caractère.

Aujourd’hui, par Sa glorieuse présence, le Seigneur met au défi quiconque souhaiterait s’approcher de Lui sans avoir été auparavant sanctifié par Lui. Et c’est justement sur ce point que les choses ont commencé à se dégrader entre le peuple de Dieu et la gloire du Seigneur. Un grand nombre de chrétiens se sont faufilés dans le camp de Dieu et ont tenté de s’y faire une place que le Seigneur ne leur avait pas assignée. En conséquence, il n’y a pas eu un témoignage suffisamment puissant de la gloire du Seigneur, si bien que la réalité de Sa gloire n’a pas été reconnue ni comprise réellement.

Pour revenir au Nouveau Testament, nous voyons que, dès la naissance de l’Eglise, un mur spirituel avait été construit, une barrière claire, un rempart puissant de l’Esprit Saint, si puissant qu’au début, beaucoup hésitaient à se joindre aux disciples. Ils n’osaient pas, ils avaient peur. Sa situation était telle que chacun tremblait lorsqu’il ne se sentait pas en règle avec Dieu. Et celui qui souhaitait vraiment entrer dans l’Eglise tombait à genoux devant les disciples et s’écriait :  » Oui, je reconnais que Dieu est vraiment au milieu de vous.  » N’est-ce pas une telle attitude de cœur que notre Seigneur attend de nous aujourd’hui ? A l’époque, ce témoignage était si puissant que tous ceux qui ne saisissaient pas les choses de Dieu préféraient s’éloigner rapidement.

 » Ils sont sortis de chez nous mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous ; mais de la sorte, il est manifeste que tous ne sont pas des nôtres  » (1 Jean 2:19)

Cela était un signe de bonne santé de l’Eglise. Les choses vont bien lorsqu’il en est ainsi. Et lorsque l’Eglise craint de perdre ses membres et essaie par tous les moyens de les retenir, c’est alors que le Seigneur dit :  » N’essayez pas de retenir tout le monde, n’essayez pas de faire entrer tout le monde « . Cette muraille, ce témoignage de la présence de Dieu est un rempart contre tout individu non sanctifié, contre toute chose non sanctifiée. Comme cela était indispensable à la ville de Jérusalem du temps de Néhémie ! Tout le livre nous le démontre. Elle avait une grande signification pour l’ennemi Tobija et ses acolytes. Ces derniers avaient finalement compris ce que représentait la muraille et ne se hasardaient plus à la franchir !

Voilà ce qu’était cette muraille dans un sens pratique. Mais essayons d’aller un peu plus loin dans sa signification.

La muraille représente Christ de deux manières :

Extérieurement, elle représente Christ face aux nations. Intérieurement, elle représente Christ par rapport à Son peuple. En d’autres termes, la muraille est le témoignage de la réalité du Fils de Dieu : Fils de Dieu face au monde, et Fils de Dieu pour le peuple de Dieu.

La nécessité de réparer la muraille

Je voudrais, tout d’abord, donner une petite précision au sujet de la muraille pour éviter tout malentendu. Néhémie n’a pas construit la muraille depuis ses fondations, depuis sa base. Si vous regardez les choses de plus près, vous constaterez que les travaux consistaient à réparer uniquement ce qui avait été démoli. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que nous ne sommes pas appelés à construire la muraille depuis ses fondations. Dieu merci, les fondations étaient déjà posées et la muraille avait déjà été construite avant l’intervention de Néhémie.

Le livre des Actes également nous présente le mur comme reflétant la présence du Seigneur en gloire, en grandeur, en plénitude. Ce mur est non seulement un puissant rempart mais aussi une révélation de Christ pour les nations. Il a également une signification extraordinaire pour le peuple de Dieu. La muraille existe depuis très longtemps. Ce n’est pas Néhémie qui en a commencé la construction. Mais quand ce dernier arrive sur les lieux, il constate que ce qui, à l’origine, devait être parfait n’est que ruines. Son travail va consister à réparer les brèches jusqu’à l’obtention d’une muraille aussi parfaite que la muraille d’origine. Pour traduire cela dans un sens spirituel, si nous n’avons pas un appel précis de la part du Seigneur, nous sommes en tous cas appelés à réparer la muraille. Nous ne serons peut-être pas appelés à faire ce qu’ont fait les apôtres. Ils ont fait leur travail et celui-ci a été efficace. Mais, tout comme à l’époque de Néhémie, nous pouvons constater aujourd’hui que l’état dans lequel se trouve le peuple de Dieu ressemble fort à l’état de la muraille : délabrement, désintégration, effondrement, pillage. Et le Seigneur nous appelle à rebâtir, à retrouver ce qui était à l’origine. Voilà sans aucun doute le travail auquel chacun d’entre nous est appelé.

 » Je leur dis alors : Vous voyez le malheur où nous sommes ! Jérusalem est détruite et ses portes sont consumées par le feu ! Venez rebâtissons la muraille de Jérusalem et nous ne serons plus dans le déshonneur  » (Néhémie 2:17).

Le dernier mot de ce verset nous révèle un point crucial. Si nous considérons un instant le grand ennemi de Dieu, nous sommes d’accord pour dire qu’il s’emploie sans cesse à jeter le discrédit sur le nom du Seigneur. Par tous les moyens, que ce soit par des assauts directs ou par de subtiles manœuvres, il déshonore le témoignage de notre Seigneur.  » Que nous ne soyons plus dans le déshonneur « . Voilà le mobile qui a rassemblé le peuple en vue de la reconstruction de la muraille.

À suivre…

Référence: The Recovering of the Lord’s Testimony in Fullness, Austin Sparks – chapitre 2: « The State of the Wall ».