Néhémie n’a pas regardé la situation de loin avec un esprit critique. Il n’a pas uniquement pointé le doigt sur ce qui n’allait pas. Il a immédiatement envisagé tout ce qu’il allait falloir entreprendre pour réhabiliter la gloire de Dieu. Il est entré dans l’action.

Si dans la Bible (ou en tous cas dans l’Ancien Testament), il se trouve un livre caractérisé par l’action, c’est bien celui de Néhémie.

Lorsque Néhémie est entré dans l’action, qu’a-t-il fait en tout premier lieu ? Il a pris connaissance de la situation dans ses moindres détails. Nous pouvons lire le verset suivant :

 »  Hanani, l’un de mes frères et quelques hommes arrivèrent de Juda. Je les questionnai au sujet des juifs rescapés qui étaient restés de la captivité et au sujet de Jérusalem  » (Néhémie 1:2).

Lorsqu’il s’est rendu lui-même à Jérusalem, nous pouvons lire également ce qu’il fit dans ce petit compte-rendu :

 » Puis, je me levai pendant la nuit avec quelques hommes, sans avoir indiqué à personne ce que mon Dieu m’avait mis au cœur de faire pour Jérusalem. Il n’y avait avec moi d’autre bête de somme que l’animal que je montais. Je sortis de nuit par la Porte de la Vallée… en inspectant les murailles de Jérusalem qui avaient des brèches et ses portes dévorées par le feu  » (Néhémie 2:12-13).

Nous pouvons constater que le prophète n’a pas ménagé ses efforts. Il est vrai qu’il avait déjà été informé de la situation par ceux qui étaient revenus de Jérusalem mais, dès que possible, il s’est rendu lui-même sur place. Ainsi, il a pu vérifier le rapport qu’on lui avait fait, et voir exactement ce qu’il en était. C’est ce que nous devrions faire nous-mêmes lorsque le Seigneur nous amène à agir pour la restauration de Son témoignage. Nous devrions nous rendre compte par nous-mêmes de la situation et la connaître de façon précise. Nous ne devons pas nous contenter d’un rapport fait par d’autres personnes mais connaître exactement l’état des choses par nous-mêmes. Le Seigneur ne nous utilisera pas tant que nous ne connaîtrons pas l’état spirituel des choses et le moyen d’y remédier. Nous devons connaître parfaitement et intimement la situation.

Le fait est qu’aujourd’hui, pratiquement partout dans le monde, rare sont ceux qui déplorent la situation spirituelle au sein du peuple de Dieu. S’il s’en trouve quelques-uns, ils pensent tous à peu près la même chose. Comme nous l’avons dit plus haut, ils murmurent, critiquent ou se plaignent sans jamais proposer de remède. Néanmoins, leur appréciation de la situation est juste. Car il est vrai qu’aujourd’hui plus rien ne va dans l’Eglise. Les choses ne sont pas comme elles devraient être, comme le Seigneur les souhaiterait. Par ailleurs, nous ne pouvons pas nous baser sur le sentiment que plus rien ne va dans l’Eglise sous prétexte que ce sentiment est général…

Notre prise de conscience doit être toute personnelle. Il ne s’agit pas d’aller faire un bilan et de dresser la liste de tout ce qui est à déplorer aujourd’hui. Mais je dis que si nous nous sentons appelés à coopérer avec Dieu, la situation actuelle de l’Eglise doit tout d’abord toucher notre cœur. Nous devons la connaître pour nous-mêmes. Ne pas devenir des experts de la critique mais être de ceux qui ont le cœur brisé à cause de tout ce qu’ils voient, tout ce qui saute aux yeux et cause beaucoup de peine.

Tout d’abord, Néhémie s’est informé de la situation. Elle était si catastrophique que n’importe qui aurait pu en être affecté. Le prophète était si déconcerté qu’avant de faire quoi que ce soit, il est retourné à Babylone et s’est écrié :  » Nous devons absolument renverser la situation. Les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être, elles sont désastreuses. « 

Cependant, dans cette situation si désespérante, il n’a pas baissé les bras. Je suis certain que si vous aviez accompagné Néhémie lors de sa visite à Jérusalem cette nuit-là, vous auriez dit :  » Voilà quelque chose qui me dépasse, on ne pourra pas faire grand-chose. C’est sans espoir. «  Mais Néhémie ne s’est pas exprimé de la sorte. Je crois qu’il était l’un des hommes les plus courageux de l’Ancien Testament. Un vrai héros. Il a fait face à la situation avec toute sa foi en Dieu parce qu’il savait que Dieu était sur le point de tout restaurer. C’était dans la volonté de Dieu qu’il en soit autrement. Et si c’est effectivement Dieu qui souhaite une chose particulière, nous avons une bonne raison de mettre notre foi en action, quand bien même la situation nous paraîtrait sans espoir. Néhémie n’a pas abandonné. Il a fait face à cent pour cent.

En parallèle avec le livre de Néhémie, je me suis tourné vers les autres livres de la Bible et, en particulier, vers ceux du Nouveau Testament, comme nous le verrons plus loin. Je me suis intéressé à l’apôtre Paul, ce grand homme de la nouvelle dispensation. Lui aussi a dû affronter une situation terrible parmi les chrétiens. Nous avons le sentiment, en lisant la première lettre aux Corinthiens, qu’à sa place nous aurions abandonné la partie. Prenant conscience de l’état de l’Eglise de son époque, nous aurions probablement dit :  » C’est abominable ! Peut-on encore qualifier cela de christianisme ? « 

Mais nous constatons que Paul, lui, a courageusement fait face à la situation. Il n’a pas baissé les bras.

De nos jours, nous pouvons nous sentir profondément découragés et penser qu’il n’est plus possible d’avoir un témoignage authentique qui glorifie Dieu. Nous voyons que l’Eglise est détruite, nous voyons que la muraille est démolie, que les portes ont été consumées. Nous voyons que tout le témoignage est déchiré, en ruines. Oui, la situation est déconcertante, mais nous devons nous poser les questions suivantes :

Dieu ne souhaite-t-Il pas qu’il en soit autrement ? Ne veut-Il pas changer les choses ? Nous aurait-Il abandonnés ? N’est-Il pas en train de se mouvoir pour établir de nouvelles choses ?

Si nous avons la certitude que Dieu est complètement concerné par la question, alors nous ne pouvons pas baisser les bras. Il nous faudra beaucoup de courage, tout le courage que Dieu peut nous donner si nous voulons affronter la situation présente. Ceux qui parmi nous en ont pris conscience savent parfaitement que je n’exagère pas.

La vision et l’inspiration de Néhémie

Tout d’abord, Néhémie ne dit à personne ce que le Seigneur lui met à cœur de faire. Il garde cela pour lui-même. C’est une affaire entre lui et Dieu. Tout cela prend forme et mûrit dans son esprit parallèlement à ses investigations. Ce n’est que bien plus tard qu’il ouvre son cœur aux autres et qu’il les fait entrer dans sa vision. Voilà quelque chose que nous devrions bien retenir car il est facile d’avoir de bonnes idées et de les diffuser largement pour finalement laisser le fardeau aux autres. Mais c’est tout différent de prendre la situation en mains, d’en saisir toute la portée, d’être constamment travaillé seul avec Dieu par l’importance de la tâche à accomplir, et ensuite, de faire entrer nos frères dans notre vision.

Voyez-vous, à la lecture de son livre, nous constatons que Néhémie était non seulement inspiré par Dieu, mais qu’il était un homme de persuasion. Beaucoup, grâce à sa vision se sont lancés dans une tâche qui paraissait impossible à réaliser. Il était capable de remonter le moral de tous ceux qui étaient découragés. Il faisait vraiment entrer les autres dans sa vision.

Ne pensez-vous pas que le besoin soit le même aujourd’hui ? Oui, nous avons besoin de chrétiens qui ont soupesé les choses, qui ont cerné les problèmes et qui ont une totale confiance en Dieu. Des chrétiens qui ont l’assurance que Dieu va changer les choses et qui, par leur impact font entrer leurs frères dans leur vision.

Il est plus aisé, évidemment, de jouer le rôle de passager plutôt que celui de transporteur. Il est facile de devenir un parasite, de vivre par les autres et de se faire constamment tirer par les autres. Il est plus difficile d’être un homme d’inspiration, d’être de ceux qui aident leurs frères afin de les amener à entrer dans le plan de Dieu. Néhémie était de ceux-là. Si vous avez le sentiment profond que les choses doivent changer, si vous avez conscience que Dieu voudrait qu’il en soit tout autrement, alors soyez tout d’abord objectif dans votre façon de voir, et ensuite vous serez capable de faire entrer vos frères dans votre vision.

Néhémie, après avoir mesuré et soupesé toutes choses, s’est senti complètement concerné par la tâche à accomplir. Et plutôt que de tomber dans le désespoir face à cet immense travail, il s’est tourné vers les autres et leur a ouvert son cœur, disant :  » Levons-nous et bâtissons ! « 

Aujourd’hui encore, que le peuple de Dieu qui a saisi l’urgence du moment puisse se lever et s’écrier :  » Levons-nous et bâtissons ensemble ! « 

C’était là le tout premier pas de l’action de Néhémie. Et vous serez d’accord avec moi qu’il était déjà à ce moment-là dans l’action. Évidemment, dans ce travail de reconstruction, nous ne pouvons pas considérer les choses d’un point de vue humain uniquement, car personne ne peut faire face à une telle tâche s’il n’est pas poussé par l’Esprit de Dieu.

Revenons à l’apôtre Paul qui connaissait les conditions de vie de l’Église et qui savait que le peuple de Dieu peut très facilement se décourager dans certaines situations. Sa prière était la suivante :  » Que le Père vous donne selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par Son Esprit dans l’homme intérieur » (Ephésiens 3:16).

 » Devenez puissants à tous égards par Sa force glorieuse, en sorte que vous soyez tout à fait persévérants et patients  » (Colossiens 1:11).

La puissante énergie de l’Esprit de Dieu pénétrant dans notre être intérieur est la seule énergie par laquelle nous pouvons aller de l’avant. Nous devons accorder une grande place à ce travail dans l’Esprit que Dieu a accompli dans la vie de Néhémie, car nous savons pertinemment que c’est uniquement par l’Esprit de Dieu que ce prophète a été capable de faire face à la situation du moment.

À suivre…

Référence: The Recovering of the Lord’s Testimony in Fullness, Austin Sparks – chapitre 2: « The State of the Wall ».