(Cet article constitue l’introduction d’une série de cinq articles sur les trois offices de Christ, à savoir : prophète, sacrificateur et roi).

Car l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux (Ap 7.17).

 

Introduction

Jésus, dans son rôle de médiateur, accomplit les offices du prophète, du sacrificateur et du roi. Nous faisons peut-être une distinction entre ces rôles, mais ils ne devraient jamais être séparés. En réalité, Christ n’a qu’un seul office : celui de médiateur entre Dieu et les élus. Jésus a agi comme médiateur dans son humiliation et dans son exaltation. Ainsi, il a été humilié dans son triple office avant d’être exalté dans son triple office. De plus, il n’a pas agi à titre de médiateur seulement au cours de sa vie terrestre, mais il continue à le faire au ciel au nom de tous ses enfants qui vivent encore ici-bas.

Le triple office de Christ a toujours été son destin en tant que deuxième Adam. Adam aussi était prophète, sacrificateur et roi. Dans son rôle royal, il a reçu la domination sur la création (Ge 1.28) et a été placé dans le jardin d’Éden afin de le cultiver et le garder (Ge 2.15). Éden était le temple de Dieu (autrement dit, son sanctuaire) : il « parcourait le jardin » en compagnie d’Adam et Ève (3.8 ; voir aussi Éz 28.11-19 ; Lé 26.12 ; De 23.14). Éden était probablement sur une montagne (Éz 28.14,16) ; un endroit approprié pour un roi qui doit régner sur sa création. Christ a dû regagner ce qu’Adam avait perdu en tant que roi. C’est pour cette raison que le temple ultime se trouvera sur une montagne (Ap 21.10).

Dieu avait aussi demandé à Adam de « surveiller » le jardin d’Éden. À la manière d’un sacrificateur au temple, il devait garder la demeure de Dieu et y servir, particulièrement dans son adoration du Créateur au septième jour. Les sacrificateurs de l’Ancien Testament devaient aussi surveiller et servir au tabernacle (No 3.7,8 ; 8.25,26). De même, Christ garde son peuple, qui est le temple du Dieu vivant (1 Co 6.19 ; 2 Co 6.16). Dans son rôle sacerdotal, Jésus a « surveillé » le « temple » (son peuple) en écrasant l’oeuvre du diable, là où Adam a échoué. Adam aurait dû couper la tête du serpent, ce qu’il n’a pas fait. Jésus a écrasé la tête du serpent (Ge 3.15 ; Ro 16.20), mais pas avant que son propre temple soit détruit (Jn 2.19).

Et enfin, Adam a été le premier prophète. Il était membre du conseil divin. Dieu l’a consulté, tout comme, par exemple, il a consulté Abraham et Amos. Dieu a parlé directement à Adam lorsqu’il lui a communiqué son « grand mandat » (Ge 1.28). Cette fois encore Adam a échoué dans sa responsabilité de produire un peuple qui craigne Dieu et qui remplisse la terre, mais Christ, en tant que prophète, sacrificateur et roi d’une nouvelle création, envoie ses disciples avec les paroles suivantes, qui constituent une réaffirmation du premier grand mandat :

Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28.18‑20).

Notre Seigneur a pu prononcer ces paroles seulement parce qu’il a été fidèle comme prophète, sacrificateur et roi dans son état d’humiliation. Il était donc en mesure d’accomplir son triple rôle dans son état d’exaltation. Il a dominé sur la terre ; il domine sur la terre ; il dominera sur la terre (Hé 2.5-10 ; Ap 21 – 22). La terre sera remplie de fils et de filles de Dieu qui portent l’image du Dieu-homme Jésus-Christ.


Christ, dans son rôle prophétique, nous révèle la volonté de Dieu pour notre salut, par sa Parole et par son Esprit (1). Le Dieu-homme glorifié sera celui par qui Dieu se révélera continuellement à ses enfants au paradis. Nous pouvons penser à l’office prophétique de Christ principalement en relation avec son ministère terrestre qui a duré environ trois ans. Mais cela ne représente qu’une infime partie de l’étendue de son rôle prophétique, étant donné qu’il continuera à révéler le Père à son épouse pour toute l’éternité. D’une part, son office de médiateur et de prophète se terminera donc à la consommation. D’autre part, sa fonction de révélateur de la volonté et de la pensée de Dieu continuera au ciel. Car sans Christ, nous ne pouvons pas accéder à Dieu.

Christ, dans sa fonction prophétique, communique la vraie connaissance de Dieu et nous rend capables de la recevoir. Il est la source de toute lumière qui nous conduit au salut (2 Co 4.6). Le Fils de Dieu, dans sa personne divine, révélait la volonté de Dieu aux prophètes de l’Ancien Testament, parfois par la médiation des anges et parfois par ses apparitions comme l’ange de l’Éternel (Ge 16.13 ; Jg 13.22).

À l’ère du Nouveau Testament, l’âge de l’Évangile, Jésus, la Parole (logos), continue à révéler la volonté de Dieu à l’Église selon sa nature divine. Mais Jésus révèle la volonté de Dieu selon sa nature humaine dans son rôle de médiateur, et ce, par la puissance du Saint-Esprit (Ac 1.2). John Owen souligne ceci : « Bien que la personne du Christ, Dieu et homme, soit notre médiateur… il a acquitté ses fonctions dans sa nature humaine (2). »

Selon sa nature humaine, Jésus a reçu les dons et les grâces nécessaires à l’accomplissement de son rôle prophétique. À part ses propres capacités humaines naturelles, qui étaient exemptes du péché, Christ avait « une mesure particulière de l’Esprit », selon Owen. Ce don, « qu’il recevrait comme le grand prophète de l’Église par qui le Père parlerait et se révélerait pour la dernière fois, dépassait les frontières de toute mesure compréhensible (3) ».

Jésus a reçu l’Esprit au moment de son incarnation, mais la plénitude de cette communication a eu lieu à son baptême dans le Jourdain. Lorsqu’il communiquait de nouvelles révélations, c’était parce qu’il les avait reçues du Père, par l’Esprit. Christ, contrairement à Moïse qui a reçu certaines révélations à des moments particuliers, possédait tous les trésors de la sagesse, de la connaissance et de la vérité (Col 2.3). Ainsi, il a pu parler de manière infaillible et avec autorité des choses de Dieu, plus que tout autre prophète qui l’avait précédé. Jésus a compris parfaitement tout ce que Dieu lui a révélé par l’Esprit. Ce que Christ a révélé à l’Église pendant son ministère terrestre lui avait d’abord été révélé d’en haut.

Christ a révélé la volonté de Dieu selon sa nature humaine. Il y avait, donc, certaines vérités qu’il ignorait, parce que le Père avait
choisi de ne pas les révéler à son Fils. Cela explique ses paroles dans Matthieu 24.36 : « Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul » (italiques pour souligner). Jésus ne connaissait pas l’heure exacte du dernier jour, parce que le Père ne la lui avait pas montrée. Le principe de la Réforme selon lequel le fini ne peut pas comprendre l’infini demeure vrai du Christ dans les termes de son office prophétique, même dans son état d’exaltation. Cependant, il y a eu des changements dans l’étendue de sa connaissance depuis sa résurrection.

Jésus possédait l’Esprit sans mesure pendant son ministère terrestre, surtout après son baptême (Jn 3.34). Néanmoins, comme le souligne Goodwin, quand Christ a reçu l’Esprit au ciel « c’était une fois pour toutes, dans la plus grande plénitude qu’une nature humaine [glorifiée] peut recevoir (4) ».

Cela a des implications importantes pour tous ses offices. Son rôle de médiateur se poursuit au ciel et la plénitude de l’Esprit accentue sa fonction de prophète, sacrificateur et roi dans son état d’exaltation. En ce qui concerne son rôle prophétique, la connaissance de Christ est accrue, car, affirme Goodwin, « il ne connaissait pas auparavant le Jour du jugement, mais au moment où il a écrit l’Apocalypse, il le savait (5) ». Avec son ascension et son exaltation,  Christ est entré en possession de l’Esprit d’une façon tellement complète que ses grâces humaines ont été « élargies » à leur plus grande mesure.

Jésus est la somme et le centre de toute vérité, car il est la source sacrée de toute vérité. Il est le médiateur non seulement de notre salut, mais aussi de toute la communication qui a lieu entre Dieu et l’humanité déchue. Charnock a noté que Jésus est un rayon de lumière par lequel l’être divin est manifesté auprès des croyants. En effet, « tout ce qui a trait à la gloire de Dieu… est pleinement révélé en Christ (6) ». Aucun homme ne pouvait connaître Dieu sans que Christ le fasse connaître. Et ce, parce qu’il est le seul qui est en mesure de le connaître ainsi, et qui possède une telle prérogative. Christ jouissait d’une intimité avec le Père qu’aucun autre homme n’a jamais connue (Jn 3.13).

En résumé, « l’objectif ultime » de la vie terrestre de Jésus était de révéler Dieu à l’homme (Mt 13.35 ; Jn 1.18). Le contenu des Écritures reposait sur Christ. Plutôt que d’insister à lire une Bible où les paroles de Christ apparaissent en rouge, nous devrions mettre la Bible entière en rouge, car toute vérité divine nous vient de Christ et a été communiquée à travers Christ parce qu’il est la Parole du Père.

On peut même dire que les anges reçoivent leur connaissance de Dieu par l’intermédiaire de Christ, qui a été l’instrument de leur création. Quand ils ont vu Jésus crucifié sur la croix, abandonné du Père, enseveli dans le tombeau, ressuscité d’entre les morts et monté au ciel, « ils ont appris plus sur Dieu et sa nature, sur les profondeurs de sa sagesse, les trésors de sa grâce et la puissance de sa colère qu’ils avaient appris de toutes les actions de Dieu dans le monde… au cours des quatre mille ans de leur existence (7) ».

Notes :

(1). Voir le Petit catéchisme de Westminster, Q & R 24, < http://leboncombat.fr/wp-content/uploads/2013/09/Le-petit-cat%C3%A9chisme-de-Westminster.pdf > (page consultée le 7 février 2018).

(2). Owen, op. cit., vol. 20, p. 30 (traduction libre).

(3). Ibid.

(4). Goodwin, op. cit., vol. 4, p. 21 (traduction libre).

(5). Ibid.

(6). Charnock, op. cit., vol. 4, p. 131 (traduction libre).

(7). Ibid., p. 135 (traduction libre).


Lisez la suite de la série : 

  1. Christ comme sacrificateur
  2. Christ comme roi
  3. Une méditation sur l’humiliation liée aux offices de Christ (conclusion)