Cet article est un extrait du livre  de Frank Viola et George Barna: « Le christianisme paganisé –  Éditions Oasis  

… La réforme protestante a donné un coup de poing au sacerdotalisme catholique romain. Cependant, ce n’était pas un coup fatal, mais seulement un changement sémantique. Les réformateurs ont retenu la règle de l’évêque unique. Le pasteur jouait maintenant le rôle de l’évêque.

 

L’Eglise conduite par l’évêque a évolué en une Eglise conduite par le pasteur. Le pasteur a fini par être considéré comme la tête de l’Eglise à niveau local  : l’ancien et le dirigeant. [1]Comme l’a dit un écrivain :  »  Dans le protestantisme, les prédicateurs ont une tendance à être les porte-parole et les représentants de l’Eglise et l’Eglise est souvent l »Eglise du prédicateur. C’est un grand danger et une menace pour la religion chrétienne, et ce n’est pas sans relation avec le cléricalisme.  « [2]

Dans la rhétorique, les réformateurs ont décrié la séparation clergé/laïcs. Mais dans la pratique, ils la conservaient complètement. Comme le dit Kevin Giles :  » Les différences entre les catholiques et les protestants étaient floues dans la pratique et la théologie. Dans ces deux sortes d’Eglises, le clergé était une classe à part; chez les deux, leur statut spécial était basé sur des initiatives divines (obtenues par médiation de différentes manières) et chez les deux, certaines tâches leur étaient réservées. « [3]

La tradition postbiblique de la règle de l’évêque unique, établie de longue date (et maintenant incarnée chez le pasteur) prévaut à l’heure actuelle, au sein de l’Eglise protestante. D’immenses facteurs psychologiques amènent les laïcs à penser que le ministère est la responsabilité du pasteur. « C’est son boulot. Il est expert en la matière ». Telle est fréquemment leur pensée.

Dans le Nouveau Testament, le mot employé pour ministre est diakonos. Il signifie  » serviteur « . Mais ce mot a été dénaturé parce que les hommes ont transformé le ministère en un métier. On a pris le mot ministre pour le placer au même niveau que le mot pasteur sans aucune justification scripturaire. De même, prédication et ministère ont été mis sur le même pied que le sermon au pupitre, sans aucune justification biblique.

Comment le pasteur détruit la vie du corps

Les racines peu connues du pasteur contemporain étant désormais déterrées*, concentrons-nous à présent sur les effets pratiques d’un pasteur sur le peuple de Dieu.

*Note MAV: le chapitre du livre commence par un rappel historique de l’instauration progressive du système pastoral, tel que nous le connaissons aujourd’hui.

La distinction non-scripturaire entre clergé et laïcs a occasionné un mal indescriptible dans le corps de Christ. Elle a divisé la communauté des croyants entre chrétiens de première et de seconde classe. La dichotomie clergé/laïcs perpétue un horrible mensonge, à savoir que dans le service du Seigneur, certains chrétiens ont plus de privilèges que d’autres.

Le ministère de l’homme unique est entièrement étranger au Nouveau Testament; mais on l’embrasse malgré tout alors qu’il étouffe notre fonctionnement. Nous sommes des pierres vivantes, pas des pierres mortes. Cependant, la fonction pastorale nous a transformés en pierres qui ne respirent pas.

Permettez-moi des allusions personnelles. Je crois que la fonction pastorale vous a volé le droit de fonctionner en tant que membre à part entière du corps de Christ. Elle vous a fermé la bouche et cloué sur un banc. Elle a déformé la réalité du corps, faisant du pasteur une bouche géante et vous transformant en une oreille minuscule.[4] Elle a fait de vous un spectateur tacite dont les compétences se résument à prendre des notes de sermon et passer le panier des offrandes.

Mais ce n’est pas tout. La fonction pastorale des temps modernes a renversé l’idée maîtresse de la lettre aux Hébreux : la fin de l’ancien sacerdoce. Elle a rendu inefficace l’enseignement de 1 Corinthiens 12 à 14, disant que chaque membre détient à la fois le droit et le privilège d’avoir un ministère dans une réunion d’Eglise. Elle a annulé le message de 1 Pierre 2 spécifiant que chaque frère et sœur est un sacrificateur (prêtre) en fonction.

Etre prêtre en fonction ne signifie pas qu’on peut uniquement accomplir des formes de ministère fort limitées comme chanter des chants sur son banc, lever les mains pendant le culte, installer la présentation du power point ou enseigner une classe de l’école du dimanche. Ce n’est pas ainsi que le Nouveau Testament conçoit le ministère. Ces choses ne sont que des béquilles pour le ministère du pasteur. Comme l’a dit un exégète:  » Une grande partie du culte protestant, jusqu’à  nos jours, a également été contaminée par une irrésistible tendance à  considérer l’adoration comme l’œuvre d’un pasteur (et peut-être de la chorale) avec la majorité des laïcs ayant très peu à faire si ce n’est chanter quelques cantiques et écouter pieusement et attentivement. « [5]

On s’attend à  ce que les médecins et les avocats soient à notre service; mais on ne s’attend pas à ce qu’ils nous forment pour servir les autres. Pourquoi ? Parce qu’ils sont des experts avec une formation professionnelle. Malheureusement on considère le pasteur de la même façon. Tout cela fait violence au fait que chaque croyant est un prêtre. Non seulement devant Dieu mais aussi devant les autres.

Mais il y a quelque chose de plus. Le poste de directeur détenu par le pasteur contemporain rivalise avec celui de Christ en fonction dans son Eglise. Il occupe illégitimement l’unique place de centralité et de direction parmi le peuple de Dieu. Une place qui n’est réservée qu’à  une seule Personne : le Seigneur Jésus.

Jésus-Christ est l’unique tête de l’Eglise et Il a le dernier mot en ce qui la concerne. [6]

Par sa position, le pasteur déplace et supplante la direction de Christ en se positionnant lui-même comme le chef humain de l’Eglise.

A cause de cela, rien ne fait autant obstacle à l’accomplissement du plan éternel de Dieu que le rôle actuel des pasteurs. Pourquoi cela? Parce que ce plan vise essentiellement à faire de Christ le chef visible manifesté dans l’Eglise à  travers le fonctionnement libre, ouvert de chaque membre du corps dans une participation mutuelle.[7] A partir du moment où le poste de pasteur est présent dans une Eglise particulière, celle-ci n’aura qu’une faible chance d’assister à une chose aussi glorieuse.

Comment le pasteur se détruit

Non seulement le pasteur contemporain fait du mal au peuple de Dieu, mais il s’en fait aussi à lui-même. La fonction de pasteur a pour effet de broyer une grande partie de ceux qui entrent dans ses paramètres. Dépression, épuisement, stress, et effondrement émotionnel surviennent à des taux anormalement élevés parmi les pasteurs. A l’heure où ces choses sont écrites, on dénombre plus de 500 000 pasteurs rémunérés servant dans les Eglises aux Etats-Unis.[8] Cette masse importante de professionnels religieux a donné lieu à des statistiques qui font réfléchir, attestant du danger mortel de la charge de pasteur :

*94 % se sentent obligés d’avoir une famille idéale.

*90 % travaillent plus de quarante-six heures par semaine.

*81 % disent qu’ils ne passent pas assez de temps avec leur épouse.

*80 % croient que le ministère pastoral a un effet négatif sur leur famille

*70 % n’ont pas d’ami intime dans leur entourage.

*70 % ont une estime d’eux-mêmes inférieure à celle qu’ils avaient au début de leur ministère.

*50 % se sentent incapables de faire face aux exigences de la tâche.[9]

*80 % sont découragés ou sont aux prises avec la dépression.

(Plus de 40 % rapportent qu’ils souffrent d’épuisement, de programmes fous et d’attentes surréalistes.[10])

*33 % considèrent le ministère pastoral comme une réelle menace pour la famille.[11]

*33 % ont sérieusement envisagé de quitter leur poste l’année dernière.[12]

*40 % de pasteurs démissionnent pour cause d’épuisement.[13]

On s’attend à  ce que la plupart des pasteurs jonglent avec seize tâches importantes à  la fois.[14] Et la plupart croulent sous la pression. C’est la raison pour laquelle, chaque mois, 1400 ministres du culte de toutes les dénominations à travers les Etats-Unis sont renvoyés ou forcés à démissionner sous la pression.[15] Au cours des vingt dernières années, la durée moyenne d’un ministère pastoral est passée de sept ans à seulement un peu plus de quatre ans![16]

Malheureusement, peu de pasteurs ont fait le rapprochement avec leur fonction pour découvrir que c’est elle qui provoque cette turbulence sous-jacente.[17] En deux mots : Jésus-Christ n’a jamais souhaité qu’une personne porte toutes les casquettes qu’un pasteur contemporain est censé porter. Il n’a jamais envisagé d’imposer à quiconque un tel fardeau.

Les exigences du ministère pastoral sont écrasantes. A tel point qu’elles finissent par les vider jusqu’à provoquer un dessèchement mortel. Imaginez-vous un seul instant en train de travailler pour une compagnie qui vous paie sur la base de la satisfaction de votre personnel. Que se passerait-il si votre salaire dépendait de la manière dont vous savez les amuser, de votre degré d’amabilité, de la popularité de votre femme et de vos enfants, de votre élégance vestimentaire, et de la perfection de votre conduite ?

Pouvez-vous imaginer le stress absolu dans lequel vous seriez ? Pouvez-vous voir comment une telle pression vous pousserait à  jouer un rôle prétentieux : tout cela pour garder votre pouvoir, votre prestige, et la sécurité de votre emploi ? (C’est pour cette raison que tant de pasteurs sont totalement réfractaires à recevoir de l’aide.)[18]

Le métier de pasteur impose des types de comportement comme dans toutes les autres professions, que l’on soit professeur, docteur ou avocat. Cette profession dicte aux pasteurs comment s’habiller, parler et agir. C’est une des raisons majeures pour lesquelles beaucoup de pasteurs vivent des vies très artificielles.

A cet égard, le rôle pastoral encourage la malhonnêteté. Les membres de l’assemblée s’attendent à ce que leur pasteur soit toujours en forme, entièrement spirituel et disponible sur le champ. Ils s’attendent également à ce que sa famille soit parfaitement disciplinée. De plus, il ne doit jamais donner l’impression d’être rempli de ressentiment ou d’amertume.[19] Beaucoup de pasteurs jouent ce rôle comme les acteurs d’une tragédie grecque.[20]

Sur des bases de témoignages personnels, j’ai entendu dire par d’anciens pasteurs, qu’un grand nombre d’entre eux, sinon la plupart, ne peuvent pas rester en fonction sans être corrompus à un certain niveau. La politique de coercition endémique vis-à-vis de leur fonction constitue un énorme problème qui isole une grande partie d’entre eux et empoisonne leurs relations avec les autres.

Dans un article perspicace adressé à des pasteurs, intitulé  » Prévenir l’épuisement du clergé « , l’auteur fait d’étonnantes suggestions. Ses conseils aux pasteurs nous donnent un clair aperçu de la politique de coercition qui va de pair avec le ministère pastoral.[21] Il supplie les pasteurs « d’avoir une communion fraternelle avec les membres du clergé d’autres dénominations. Ces personnes ne peuvent pas vous nuire d’un point de vue ecclésiastique, parce qu’elles ne font pas partie de votre cercle officiel. Elles n’ont aucune ficelle politique à tirer pour vous détruire « .[22]

La solitude professionnelle est un autre virus qui se répand à grande échelle parmi les pasteurs. Le fléau du cavalier solitaire  mène certains ministres du culte à se diriger vers d’autres carrières. Elle en mène d’autres à des destins plus cruels.[23]

Toutes ces pathologies trouvent leurs racines dans l’histoire du pastorat. Il y a de «  la solitude au sommet «  parce que Dieu n’a jamais eu l’intention de placer quiconque au sommet si ce n’est son Fils ! Résultat : En réalité, le pasteur contemporain tente de prendre entièrement à son compte les cinquante-huit exhortations du Nouveau Testament qui mentionnent  » les uns les autres « .[24] Pas étonnant que la majorité d’entre eux finisse par être écrasée sous le poids.[25]

Conclusion

Le pasteur contemporain est l’institution la moins remise en question dans le christianisme du XXIème siècle. Pourtant, pas le moindre atome des Ecritures n’appuie l’existence de cette fonction  !

Le pasteur contemporain est plutôt issu de la règle de l’évêque unique établie au départ par Ignace et Cyprien. L’évêque est devenu le presbytre local. Au Moyen-âge, le presbytre est devenu le prêtre catholique. Pendant la Réforme, il s’est transformé en  » ministre « ,  » prédicateur « , pour devenir finalement  » le pasteur « , l’homme dont dépend tout le protestantisme. Pour résumer cela en une seule phrase : le pasteur protestant n’est rien de plus qu’un prêtre catholique légèrement réformé. (Une fois de plus, je parle de la fonction et non d’une personne en particulier.)

Les prêtres catholiques avaient sept fonctions à l’époque de la Réforme : la prédication, les sacrements, les prières pour le troupeau, une vie pieuse, la discipline, les rites de l’Eglise, l’aide aux démunis, et la visite des malades.[26] Le pasteur protestant se charge de toutes ces responsabilités, sans parler des évènements civiques qu’il bénit quelquefois.

C’est le fameux poète John Milton qui a le mieux exprimé cette pensée en disant :  » Un nouveau presbytre n’est qu’un ancien prêtre en gros caractères  ! « [27] Ce qui signifie  : le pasteur contemporain n’est qu’un ancien prêtre, écrit en plus gros caractères !

Approfondissements

1. Vous faites remarquer que les églises primitives bénéficiaient de la supervision d’implanteurs d’église qui ne restaient pas longtemps parmi elles, ceci n’était-il pas dû au fait que les leaders formés étaient rares en ce temps-là et devaient se partager entre plusieurs églises ? (Ce qui est encore le cas aujourd’hui dans de nombreuses parties du monde.)

Non. Les implanteurs d’église partaient délibérément afin que l’église puisse fonctionner sous la direction de Christ. Si un implanteur d’église reste dans une église, les membres de celle-ci s’attendent naturellement à ce qu’il la dirige. Le fonctionnement au moyen de tous ses membres est ainsi bridé. C’est toujours le cas aujourd’hui. Le modèle qui se détache dans tout le Nouveau Testament est que les implanteurs (ouvriers apostoliques) partaient toujours après avoir posé les fondations. Pour plus de détails, lisez ‘La vie normale de l’église’ de Watchman Nee (Editions ‘Fleuve de vie’).

2. Jacques 3:1 dit, « Mes frères, ne soyez pas nombreux à enseigner; vous le savez: nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement ».

1 Corinthiens 12:27-31 déclare clairement que le Saint-Esprit a donné des dons différents à chaque personne (tout le monde n’a pas le don d’être apôtre, prophète, ou enseignant, et chaque croyant a une fonction différente.) Ces versets n’appuient-ils pas l’idée que Dieu n’appelle que quelques-uns à prêcher, à enseigner et à exercer un ministère envers l’église en général?

Si, absolument. Nous sommes d’accord avec le fait qu’il y a des enseignants, des prédicateurs, des prophètes, des apôtres, des évangélistes et même des bergers dans l’église de Jésus-Christ. Cependant, l’office pastoral contemporain ne cadre pas avec la vision que donnent ces textes. En fait, étant donné que l’on attend des pasteurs qu’ils endossent tellement de rôles à la fois, ils doivent souvent exercer un ministère qui va au-delà  de leurs dons. Ce n’est pas juste, ni pour eux ni les membres du corps qui possèdent précisément ces dons et n’ont pas la permission de les exercer.

3. Bien que vous qualifiiez l’ordination de rite chrétien protocolaire ayant des racines païennes, ce procédé nous assure toutefois que les dirigeants d’église possèdent une compréhension correcte des Ecritures et s’engagent publiquement pour la croissance de l’église. Dès lors, l’ordination ne sert-elle pas de protection pour les membres d’une église?

Cette question est basée sur l’hypothèse que le système clérical moderne représente le modèle du ministère chrétien. Comme nous l’avons démontré, les chrétiens primitifs ne connaissaient pas le concept même de clergé. Et encore moins celui de son ordination. Les ouvriers apostoliques reconnaissaient des anciens au niveau local dans certaines églises. (Actes 20:28, 1 Timothée 3, et Tite 1 décrivent les qualités de ces anciens.) Et les églises envoyaient des ouvriers apostoliques pour exécuter l’œuvre d’implantation d’églises. Cependant, ces pratiques n’ont pas beaucoup en commun avec les cérémonies d’ordination modernes, qui élèvent des chrétiens au-dessus des autres.

4. Que voulez-vous dire lorsque vous dites que beaucoup de pasteurs (sinon la plupart) ne peuvent pas conserver leur poste sans courir le risque d’être  » corrompus à un certain stade.  » ? Quelques-unes des personnes les plus pieuses et des plus consacrées que je connaisse sont des pasteurs qui travaillent incroyablement dur pour le Royaume.

Nous connaissons aussi beaucoup de pasteurs travailleurs, pieux et consacrés. Mais nous connaissons également d’innombrables pasteurs ayant admis, souvent assez tard au cours de leur carrière, qu’ils avaient été corrompus par leur poste à un certain stade. Certains nous ont fait cette confession personnelle : « Cela ne m’a pas affecté pendant des années, mais après un moment, cela a commencé à me changer sans que je le réalise. » Ils ont expliqué comment ils sont arrivés à vouloir plaire à tout le monde, tentant de jouer un rôle pour leur  » auditoire  » et de maintenir une certaine image. Cette observation n’a rien à voir avec la motivation d’un pasteur. Il s’agit plutôt de la puissante influence d’un système anti biblique.

Ceci mis à  part, la vraie question est : devons-nous cautionner un rôle ou un poste n’ayant aucune base dans le Nouveau Testament? Si la fonction ou le rôle pastoral représente une évolution divinement inspirée, alors certes, nous le cautionnerons. Mais si ce n’est pas le cas, ne soyons pas surpris d’apprendre que cela ait des effets nuisibles sur ceux qui remplissent ce rôle.

5. Que diriez-vous aux pasteurs qui lisent ce chapitre et se sentent attaqués personnellement?

Nous n’avons pas à cœur de dénigrer les pasteurs ou les ministres du culte quels qu’ils soient. Nous pensons que la plupart d’entre eux sont appelés par Dieu, aiment Dieu et sont les serviteurs de son peuple. Cependant nous comprenons que certains pasteurs peuvent se sentir attaqués en lisant ce chapitre. Nous pensons que dans certains cas, c’est parce que leur identité est trop attachée à leur position, ce qui n’est pas surprenant si nous considérons la structure et le système de direction que nous avons instaurés et transmis pendant des années. Les pasteurs qui se sentent sûrs d’eux dans leur position ou dans leur rôle ne devraient pas se sentir menacés en lisant ce livre. Nous ne revendiquons pas l’infaillibilité de nos conclusions. Nous demandons simplement à nos lecteurs de les prendre en considération.

 


[1] Beaucoup d’Eglises réformées font la distinction entre  » les anciens qui enseignent  » et les  » anciens qui dirigent « . Ceux qui enseignent occupent la position traditionnelle d’évêque ou de ministre, alors que ceux qui dirigent tiennent les rênes de l’administration et de la discipline… Cette forme d’administration d’Eglise fut exportée en Nouvelle Angleterre en provenance de l’Europe. (Hall, Faithful Shepherd, p.95). En fin de compte, à  cause de l’impopularité de la fonction, on a laissé tomber les anciens qui dirigent et les anciens qui enseignent sont restés. C’était également vrai chez les Eglises baptistes du XVIIIème et du XIXème siècle. La plupart du temps, ces Eglises manquaient de ressources financières pour soutenir un  » ministre.  » De cette manière, vers la fin du XIXème siècle, les Eglises évangéliques ont adopté la tradition du  »  pasteur en solo  « . Mark Dever, A Display of God’s Glory (Washington DC: Center for Church Reform, 2001), 20; R. E. H. Uprichard,  » The Eldership in Martin Bucer and John Calvin,  » Irish Biblical Studies Journal (June 18, 1996): 149, 154. Ainsi le pasteur en solo dans les Eglises évangéliques a été l’évolution d’une pluralité d’anciens dans la tradition réformée.

[2] Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.114. Le prétendu  » prédicateur laïc  » a émergé des réveils évangéliques du dix-huitième siècle (p. 206).

[3] Kevin Giles, Patterns of Ministry among the First Christians (New York: HarperCollins, 1991), p.195-196.

[4] Pour transformer cette tragédie en question biblique :  »  S’ils étaient tous un seul organe, où serait le corps?   » (1 Corinthiens12:19).

[5] Davies, New Westminster Dictionary of Liturgy and Worship, p.292.

[6] A cet égard, et contrairement à l’opinion publique) le pasteur n’est pas  » le cervelet qui centralise les messages à communiquer, les fonctions à coordonner, et les réponses à  donner de la Tête au Corps.  » Et il n’est pas  »  celui qui communique avec précision à  la tête les besoins venant du corps.   » Le pasteur est décrit en ces termes fort imagés dans le livre de David L. McKenna  : The Ministry’s Gordian Knot,  » Leadership, Hiver 1980, p.50-51.

[7] Le plan éternel est mentionné dans Ephésiens 3:11. Pour une discussion complète de ce plan, voir le livre de Frank God’s Ultimate Passion…

[8] The Barna Group,  » A Profile of Protestant Pastors,  » The Barna Update, 25 septembre 2001(http://www.barna.org). La moitié de ces Eglises ont moins de 100 membres actifs. ( » Flocks in Need of Shepherds « , The Washington Times, 2 juillet 2001).

[9] H. B. London and Neil B. Wiseman, Pastors at Risk (Wheaton, IL: Victor Books, 1993);  » Is the Pastor’s Family Safe at Home?  » Leadership Fall 1992; Physician Magazine, septembre /22 octobre1999; The Barna Group,  » Pastors Feel Confident in Ministry, But Many Struggle in their Interaction with Others,  » [« Les pasteurs se sentent en confiance dans leur ministère, mais beaucoup peinent à  interagir avec les autres »] The Barna Update, 10 juillet 2006. www.barna.org.

[10] Compilation d’enquêtes à  partir d’une mise au point sur les rassemblements de familles de pasteurs.

[11] Fuller Institute of Church Growth (Pasadena: Fuller Theological Seminary, 1991).

[12] Larry Witham,  » Flocks in Need of Shepherds,  » Washington Times, 2 juillet 2001.

[13] Vantage Point, Denver Seminary, 2 juin 1998.

[14] The Barna Group,  » A Profile of Protestant Pastors,  » The Barna Update, 25 septembre 2001. Ces seize tâches comprennent la vision de lancement, l’identification et la formation de dirigeants, la prédication et l’enseignement, la collecte de fonds, le service auprès des nécessiteux, la proposition de stratégies et de planning, l’organisation d’activités d’Eglises et de programmes, la supervision de toute l’administration, la gestion du personnel et des volontaires, la résolution des conflits, la représentation de la congrégation dans la communauté, la dispensation de soins et de conseils pour la congrégation, l’évangélisation des perdus, l’administration des sacrements, et la formation de disciples.

[15] Ibid. Du 2 au 6 juillet 2001, The Christian Citizen (novembre 2000) a rapporté que 1400 pasteurs quittent le ministère pastoral chaque mois. Dans la même veine, The Washington Times a diffusé une série de cinq articles sur  » la crise du clergé  » qui balaie l’Amérique (par Larry Witham). Voici ce qu’on y disait: Dans ce pays, très peu de membres du clergé sont jeunes. 8 % seulement ont 35 ans et en dessous. Sur les 70 000 étudiants enrôlés dans les 237 séminaires théologiques accrédités de la nation, un tiers seulement veut diriger une Eglise en tant que pasteur. Le pasteur attire un plus grand nombre de candidats plus âgés, habituellement ceux qui arrivent après avoir quitté un travail sans perspective d’avenir ou subi un divorce. De la même manière, une pénurie de membres du clergé a frappé la plupart des principales Eglises protestantes au Canada.  » Alors que cela peut être personnellement enrichissant d’exercer un ministère auprès de ses ouailles, c’est aussi intimidant pour une seule personne (et pour peu d’argent) de répondre à  des attentes en tant que théologien, conseiller, orateur public, administrateur et organisateur d’une communauté  » (Douglas Todd,  » Canada’s Congregations Facing Clergy Shortage,  » Christian Century, 10 octobre 2001,13).

[16] Le Barna Group, données tirées des études sur les élections de pasteur menées de 1984 jusqu’à  2006.

[17] Le marketing pour The Zondervan 2002 Pastor’s Annual, a employé cette promotion ironique:  » L’homme travaille du lever au coucher du soleil, mais le travail d’un pasteur n’est jamais terminé. C’est parce qu’il doit porter tant de casquettes différentes : prédicateur, enseignant, conseiller, administrateur, conducteur de louange, et souvent réparateur de meubles également! Pour les pasteurs désireux d’avoir de l’aide avec certaines de ces casquettes, nous avons exactement ce qu’il vous faut ici au Christianbook.com. « 

[18] Pour un compte-rendu sur les première des pressions psychologiques du pastorat moderne, voir  : C. Welton Gaddy, A Soul Under Siege: Surviving Clergy Depression (Philadelphia: Westminster, 1991).

[19] Larry Burkett,  » First-Class Christians, Second-Class Citizens,  » East Hillsborough Christian Voice, février 2002, 3.

[20] Je me rends compte que les pasteurs ne jouent pas tous ce rôle. Mais le petit nombre qui parvient à  résister à  cette incroyable pression constitue, semble-t-il, l’exception à  la règle.

[21] De façon alarmante, 23 % des membres du clergé protestant ont été renvoyés au moins une fois, et 41 % des congrégations ont renvoyé au moins deux pasteurs. Etude faite par Leadership, imprimée dans G. Lloyd Rediger’s Clergy Killers: Guidance for Pastors and Congregations Under Attack (Philadelphia: Westminster/John Knox, 1997).

[22] J. Grant Swank,  » Preventing Clergy Burnout,  » Ministry, novembre1998, p.20.

[23] Larry Yeagley,  » The Lonely Pastor,  » Ministry, septembre 2001, 28; Michael L. Hill and Sharon P. Hill, The Healing of a Warrior: A Protocol for the Prevention and Restoration of Ministers Engaging in Destructive Behavior (Cyberbook, 2000).

[24] Pour une liste des exhortations  » réciproques « , voir Viola, Who is Your Covering? ch.1. Par exemple: Aimez-vous les uns les autres (Romains 13:8); prenez-soin les uns des autres (1 Corinthiens 12:25); soyez serviteurs les uns des autres (Galates 5:13); recherchons ce qui contribue à  l’édification mutuelle (Romains 14:19); supportez-vous les uns les autres (Ephésiens 4:2); exhortez-vous les uns les autres (Hébreux 3:13), etc.

[25] Searching Together 23, no.4, Hiver 1995, examine cette question dans le détail.

[26] Johann Gerhard dans Church Ministry par Eugene F. A. King (St. Louis: Concordia Publishing House, 1993), p.181.

[27] Du poème de Milton (1653)  » On the New Forcers of Conscience under the Long Parliament. «