Cet extrait fait partie du livre de Frank Viola et George Barna: « Le christianisme paganisé – Éditions Oasis  

«  Le christianisme n’a pas détruit le paganisme ; il l’a adopté. » (Will Durant, historien américain du vingtième siècle)

« Et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance: afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » Paul de Tarse

Nous en arrivons maintenant à l’une des pratiques les plus sacrosaintes en matière d’église: Le sermon. Ôtez le sermon, et le culte protestant se réduira en grande partie à un festival du cantique. Ôtez le sermon, et l’assistance au service du dimanche matin sera appelée à disparaître.

Le sermon représente le socle de la liturgie protestante. Pendant cinq cent ans, celle-ci a fonctionné comme un mécanisme d’horlogerie. Tous les dimanches matins, le pasteur monte à son pupitre et livre une allocution vivifiante à un public passif, chauffant les bancs.[i] Le sermon est tellement capital qu’il représente pour les chrétiens la raison même d’aller à l’église. En fait, la qualité de tout le service est souvent jugée d’après celle du sermon.Demandez à quelqu’un comment était le culte de dimanche dernier et vous obtiendrez vraisemblablement une description du message pour toute réponse. En résumé, la structure de pensée du chrétien contemporain assimile le sermon au culte du dimanche matin.[ii] Mais cela ne s’arrête pas là .

Ôtez le sermon et vous éliminez la source la plus importante de nourriture spirituelle pour d’innombrables croyants (du moins le pense-t-on). Pourtant, la sidérante réalité c’est que le sermon n’a aucune racine dans les Écritures ! Il a plutôt été emprunté à la culture païenne, nourrie et adoptée par la foi chrétienne. Voilà une déclaration bien effrayante, n’est ce pas ?

Mais il y a plus.

En réalité, le sermon porte atteinte au but même pour lequel Dieu a conçu le rassemblement de l’Église. Et il a très peu de rapport avec une authentique croissance spirituelle. Nous vous évanouissez pas encore… Je prouverai ces dires dans les pages qui suivent.

Le sermon et la Bible

Après lecture de ce que j’ai dit plus haut, on me répliquera sans doute: « Tout au long la Bible on trouve des gens qui prêchent. Bien sûr que le sermon est biblique !  « 

Il est clair que les Écritures mentionnent des hommes et des femmes qui prêchent, cependant, il y a un monde de différence entre la prédication inspirée de l’Esprit décrite dans la Bible et le sermon contemporain. Cette différence est presque toujours oubliée parce qu’inconsciemment nous avons été conditionnés à comparer nos pratiques modernes avec les Écritures. C’est pourquoi aujourd’hui nous nous rallions à tort au concept de la chaire comme étant biblique. Permettez que je développe un peu. Le sermon chrétien moderne possède les caractéristiques suivantes:

—> Il a lieu régulièrement (prodigué fidèlement depuis la chaire, au moins une fois par semaine.)

—> Il est exposé par la même personne (le plus souvent par le pasteur ou par un prédicateur invité consacré).

—> Il est livré à  un public passif, et consiste essentiellement en un monologue.

—> C’est un discours cultivé, suivant une structure spécifique. D’ordinaire, il se compose d’une introduction, de trois à cinq points, et d’une conclusion.

Comparez-cela avec le style de prédication mentionné dans la Bible. Dans l’Ancien Testament, les hommes de Dieu prêchaient et enseignaient. Mais leur discours ne correspondait pas au sermon actuel. Voici les éléments composant la prédication et l’enseignement dans l’Ancien Testament:

—> La participation était active et les interruptions étaient monnaie courante.[iii]

—> Ils improvisaient leurs discours sur un sujet brûlant d’actualité, plutôt qu’à partir d’un script préparé.

—> Il n’y a aucune indication que les prophètes ou les sacrificateurs de l’Ancien Testament haranguaient le peuple de façon régulière.[iv] Au contraire, la nature des prédications de l’Ancien Testament était sporadique, fluide et ouverte à  la participation. Dans les synagogues d’antan, la prédication suivait le même modèle.[v]

 

Venons en maintenant au Nouveau Testament. Le Seigneur Jésus ne prêchait pas de sermon régulier, au même public à chaque fois[vi] sa prédication et son enseignement pouvaient prendre différentes formes. Et il livrait ses messages à quantité d’assemblées différentes. (Bien entendu, il concentrait la plupart de ses discours sur ses disciples. Cependant, les messages qu’il leur apportait étaient systématiquement spontanés et informels.)

Suivant le même modèle, la prédication apostolique telle que rapportée dans le livre des Actes montre les caractéristiques suivantes  :

—> Elle était sporadique.[vii]

—> Elle était donnée en des occasions particulières, pour traiter de problèmes spécifiques.[viii]

—> Elle était improvisée et sans structure rhétorique.[ix]

—> Le plus souvent, elle était dialogique (ce qui signifie qu’elle incluait les commentaires et les interruptions du public) plutôt que monologique (un discours unilatéral).[x]

De même, les lettres du Nouveau Testament révèlent que le ministère de la parole de Dieu était exercé par l’église entière au cours des assemblées régulières.[xi] A partir de 1Corinthiens 14:26, Romains 12:6-8, 15:14, et Colossiens 3:16, nous voyons que cela incluait l’enseignement, l’exhortation, la prophétie, le chant et les réprimandes. Cette activité de  »  chaque membre   » relevait également de l’ordre de la conversation. (1 Corinthiens 14:29) et était ponctuée d’interruptions. (1 Corinthiens 14:30). De la même manière, il était habituel que les anciens locaux lancent des exhortations inopinées.[xii]

En résumé, le sermon d’aujourd’hui, tel que livré à la consommation des chrétiens, est étranger à l’Ancien et au Nouveau Testament. Il n’y a absolument rien dans les Ecritures indiquant son existence dans les rassemblements des premiers chrétiens.[xiii]

D’où est venu le sermon chrétien ?

La première référence chrétienne connue relative à un sermon régulier date de la fin du IIème siècle.[xiv] Clément d’Alexandrie (150-215) déplorait l’effet peu transformateur des sermons sur les chrétiens.[xv] Pourtant, malgré ce fiasco avéré, le sermon est devenu une pratique standard parmi les croyants autour du IVème siècle.[xvi]

Ce qui soulève une question épineuse. Si les chrétiens du premier siècle n’étaient pas connus pour leurs sermons, de qui les chrétiens postapostoliques le tiennent-ils ? La réponse est percutante : le sermon chrétien a été emprunté directement à la culture grecque païenne !

Pour trouver l’origine du sermon, il nous faut retourner au Vème siècle av. J.C. à un groupe de professeurs errants appelés les sophistes. Les sophistes sont connus pour avoir inventé la rhétorique (l’art du discours persuasif). Ils recrutaient des disciples et exigeaient d’être payés pour leurs oraisons.[xvii]

Les sophistes étaient experts en débats. Ils étaient passés maîtres dans l’art d’utiliser les émotions, l’apparence ainsi qu’un discours élaboré pour  » vendre  » leurs arguments.[xviii] Avec le temps, le style, la forme, et la capacité oratoire des sophistes ont été plus appréciés que leur exactitude.[xix] Ceci engendra une catégorie d’hommes passés maîtres en expressions raffinées,  » cultivant le style par amour du style. «  Les principes qu’ils prêchaient étaient abstraits plutôt qu’issus de leurs propres pratiques. Ils étaient experts en imitation de la forme plutôt que de la substance.[xx]

Les sophistes s’identifiaient par leur habillement particulier. Certains d’entre eux avaient une résidence fixe où ils donnaient des sermons réguliers à la même assistance. D’autres voyageaient pour donner leurs oraisons raffinées. (Ils se faisaient ainsi beaucoup d’argent.) Parfois l’orateur grec entrait dans son forum parlementaire  » revêtu de sa toge de chaire.  » Il montait alors les marches jusqu’à son siège professionnel pour s’y asseoir avant de livrer son sermon.

Pour sa démonstration, il citait les vers d’Homère. (Certains orateurs avaient étudié Homère si bien qu’ils pouvaient le réciter par cœur.) Le discours du sophiste était si ensorcelant, qu’il suscitait souvent des applaudissements. Si l’assistance lui faisait bon accueil, on disait son sermon  »  inspiré.  « 

Les sophistes se classaient parmi les hommes les plus distingués de leur temps. Certains étaient même financés par les deniers publics. D’autres avaient des statues publiquement érigées en leur honneur.[xxi]

Environ un siècle plus tard, le philosophe grec Aristote (384-322 Av. J.C.) introduisit dans la rhétorique le discours en trois points.  » Un ensemble,  » dit Aristote, «  doit avoir un commencement, un milieu, et une fin. « [xxii] Avec le temps, les orateurs grecs ont fini par appliquer dans leurs discours le principe des trois points d’Aristote.

Les Grecs étaient intoxiqués de rhétorique.[xxiii] C’est ainsi que les sophistes ont tiré leur épingle du jeu. Quand Rome a succédé à la Grèce, les Romains sont tombés dans l’obsession de la rhétorique à leur tour.[xxiv] En conséquence, la culture Gréco-romaine a développé un goût immodéré pour les discours éloquents. Ils étaient tellement en vogue, que la  » sermonette  » d’un philosophe professionnel après dîner représentait une forme habituelle de divertissement.[xxv]

Les Grecs antiques et les Romains considéraient la rhétorique comme l’une des plus grandes formes de l’art.[xxvi] En conséquence, dans l’empire romain les orateurs étaient auréolés de la même fascination que les Américains d’aujourd’hui attribuent aux stars de cinéma et aux athlètes professionnels. Ils étaient les brillantes étoiles de leur temps.

Les orateurs pouvaient pousser une foule au délire par la seule puissance de leur capacité oratoire. Les professeurs de rhétorique, la science culminante de l’époque, faisaient la fierté de toute grande ville.[xxvii] Les orateurs qu’ils produisaient atteignaient le statut de célébrité. En bref, les Grecs et les Romains étaient intoxiqués au sermon païen « tout comme beaucoup de chrétiens modernes sont intoxiqués au sermon  »  chrétien  « .

L’arrivée d’un courant pollué

Comment le sermon grec a-t-il réussi à noyauter l’Église chrétienne ? Vers le IIIème siècle le ministère mutuel a disparu du corps du Christ et a laissé un vide.[xxviii] À ce moment-là, le dernier ouvrier voyageur (apôtre) ayant spontanément porté un message issu du fardeau prophétique de son cœur et de sa conviction personnelle quitta les pages de l’histoire de l’Église.[xxix] Cette absence fut comblée par l’émergence de la caste cléricale. Les réunions libres et ouvertes se sont lentement éteintes et les rassemblements d’Église sont devenus de plus en plus liturgiques.[xxx]

La  » réunion d’église  » était en train de se transformer en  » office. « 

Une structure hiérarchique a commencé à prendre racine et elle a donné naissance à l’idée du  » religieux professionnel. « [xxxi] En présence de ces changements, le chrétien vivant a eu du mal à se conformer à cette structure ecclésiastique en progression.[xxxii] Elle ne laissait aucune place à l’exercice de ses dons. Vers le IVème siècle, l’Église s’est entièrement institutionnalisée.

A la même époque, beaucoup d’orateurs païens sont devenus chrétiens, c’est ainsi que les idées philosophiques païennes se sont insinuées machinalement dans la communauté chrétienne.[xxxiii] Plusieurs de ces hommes devinrent les théologiens et les dirigeants de l’Église chrétienne primitive. Ils sont connus comme étant les  » pères de l’Église,  » et certains de leurs écrits perdurent encore parmi nous.[xxxiv]

Ainsi, l’idée païenne d’un orateur professionnel expérimenté, donnant des oraisons moyennant paiement fut directement injectée dans le flux sanguin chrétien. Notez que le concept de « l’expert enseignant rémunéré » est venu de Grèce et non du Judaïsme. Il était d’usage chez les rabbins juifs de prendre un métier afin de ne pas exiger d’honoraires contre leur enseignement.[xxxv]

L’aboutissement de l’histoire est que ces anciens orateurs païens (maintenant devenus chrétiens) ont commencé à  se servir de leurs compétences oratoires Gréco-romaines à des fins chrétiennes. Bien calés dans leur siège officiel[xxxvi] ils « exposaient le texte sacré des Écritures tout comme un sophiste aurait exposé une exégèse du texte quasi sacralisé d’Homère. « [xxxvii] Si vous comparez un sermon païen du IIIème siècle à un sermon donné par un des pères de l’Église, vous constaterez d’incroyables similitudes tant dans la structure que dans la phraséologie.[xxxviii]

Ainsi, un nouveau style de communication fut engendré dans l’expression chrétienne de l’Église, un style faisant valoir une rhétorique soignée, une grammaire sophistiquée, une éloquence séduisante, ainsi que l’art du monologue. Cette façon de faire était conçue autant pour distraire que pour illustrer les compétences oratoires du discoureur. Il s’agissait de rhétorique Gréco-romaine.[xxxix]

Et seuls ceux qui étaient formés avaient la permission de s’adresser à l’assemblée ![xl]

(Cela éveille-t-il en vous un écho familier ?)

Un érudit l’a exprimé de cette façon : le message chrétien originel était de l’ordre du partage, de la conversation…, mais lorsque les écoles oratoires du monde occidental s’en sont emparées, le contraste fut radical. L’éloquence tendit à  remplacer la conversation. L’excellence de l’orateur prit le pas sur l’histoire stupéfiante de Jésus-Christ. Et le dialogue entre l’orateur et l’auditeur se fondit en un monologue. « [xli]

En un mot, le sermon gréco-romain a remplacé le partage prophétique, la libre conversation et l’enseignement inspiré par le Saint-Esprit.[xlii] Il est devenu le privilège élitiste des fonctionnaires de l’Église, en particulier des évêques. Ces personnes devaient être formées à l’art du langage dans des écoles de rhétorique.[xliii] Sans cette éducation, un chrétien n’était pas autorisé à s’adresser au peuple de Dieu

Dès le IIIème siècle, les chrétiens ont appelé leurs sermons des  » homélies « , terme employé par les orateurs grecs pour qualifier leurs discours.[xliv] De nos jours dans les séminaires, on peut prendre des cours d’homilétique pour apprendre à prêcher. L’homilétique est considérée comme une  » science remontant à la Grèce ancienne et à Rome, appliquant les règles de la rhétorique. « [xlv]

Autrement dit, ni les homélies (sermons) ni l’homilétique (l’art de sermonner) ne sont d’origine chrétienne. Elles ont été empruntées aux païens. Un courant pollué a coulé dans la foi chrétienne et en a empoisonné les eaux. Et ce flot coule tout aussi puissamment aujourd’hui qu’au IVème siècle….

Comment le Sermon nuit-il à l’Église

Même s’il a été vénéré pendant cinq siècles, le sermon conventionnel a contribué au mauvais fonctionnement de l’Église de nombreuses manières.

D’abord, le sermon fait du prédicateur le virtuose du rassemblement régulier. En conséquence, la participation de l’assemblée est au mieux entravée et au pire exclue. Le sermon transforme l’église en poste de prédication. L’assemblée régresse au stade de spectateurs réduits au silence devant une représentation. Il n’y a pas moyen d’interrompre ni d’interroger le prédicateur pendant qu’il débite son discours. Le sermon pétrifie et comprime le fonctionnement du corps du Christ. Cela entretient une certaine docilité, permettant aux prédicateurs de dominer l’assemblée d’un signe de la main, semaine après semaine.[xlvi]

En second lieu, le sermon refoule souvent la croissance spirituelle. Puisque qu’il est à sens unique, il émousse la curiosité et produit la passivité. Le sermon empêche l’Église de fonctionner selon sa vocation. Il suffoque le ministère mutuel. Il étouffe la participation ouverte. Ce qui fait plonger tête la première la croissance spirituelle du peuple de Dieu.[xlvii]

En tant que chrétiens, si nous voulons mûrir nous devons aller de l’avant. (Lire Marc 4:24-25 et Hébreux 10:24-25) L’écoute passive semaine après semaine ne nous fait pas grandir. En fait, l’un des objectifs de la prédication du Nouveau Testament et de son enseignement est

—>  de nous mettre en état de fonctionnement. (Ephésiens 4:11-16).[xlviii]

—> De nous encourager à  ouvrir la bouche durant les réunions d’église (1 Corinthiens 12-14).[xlix]

Le sermon conventionnel fait obstacle à  ce processus particulier.

Troisièmement, le sermon perpétue la mentalité non biblique de clergé. Il crée une dépendance excessive et pathologique à l’égard du clergé. Le sermon fait du prédicateur le spécialiste religieux, le seul ayant quelque chose d’important à partager. Tout autre chrétien est considéré comme seconde-classe (se tenant coi tout en chauffant le banc). (Même si ce n’est pas précisé d’ordinaire, c’est une réalité tacite.)[l]

Que pourrait apprendre le pasteur des autres membres du corps du Christ si ceux-ci sont réduits au silence ? Que pourrait apprendre l’Église du pasteur si ses membres sont contraints de ne pas poser de questions pendant son message ?[li] Comment les frères et les sœurs pourraient-ils apprendre les uns des autres s’ils sont bâillonnés lors des réunions ?

Le sermon rend « l’église  » à la fois distante et impersonnelle.[lii] Il prive le pasteur de tirer des ressources spirituelles de l’église. Et il prive ses membres de nourriture spirituelle réciproque. Pour toutes ces raisons, le sermon est l’un des plus grands barrages à un sacerdoce actif ![liii]

Quatrièmement, plutôt que d’équiper les saints, le sermon les prive de développer leurs compétences. Peu importe la force des palabres du pasteur sur l' » équipement des saints pour l’œuvre du ministère,  « 

la vérité est que les sermons équipent très peu pour le service et l’action spirituels.[liv]

Malheureusement, cependant, la majorité du peuple de Dieu est tout aussi accro aux sermons que la plupart des pasteurs sont accros à  la prédication.[lv]

En revanche, le style prédication du Nouveau Testament équipe l’Église de sorte qu’elle puisse fonctionner sans la présence d’un ecclésiastique.[lvi]

Par exemple, j’ai récemment assisté à  une conférence où un fondateur d’église contemporain a passé un week-end entier avec tout un réseau d’églises de maison. Chaque jour, ce fondateur immergeait les églises dans une révélation de Jésus-Christ. Mais il leur donnait également des instructions très pratiques sur la façon de vivre ce qu’il prêchait. Il les laissait ensuite livrés à eux-mêmes, et il n’allait pas probablement revenir pendant des mois. Ayant été équipée ce week-end là, l’église a tenu ses propres réunions, lors desquelles chaque membre a partagé quelque chose de Christ à travers des exhortations, des encouragements, des enseignements, des témoignages, des chants nouveaux, des poèmes etc. Voilà  essentiellement ce qu’était le ministère apostolique du Nouveau Testament.

Cinquièmement, le sermon moderne n’est absolument pas praticable. La plupart des prédicateurs parlent en experts de ce qu’ils n’ont jamais vécu eux-mêmes. Qu’il soit abstrait/théorique, dévot/inspiré, exigeant/contraignant, ou amusant, le sermon ne met pas directement les auditeurs en situation pratique de ce qui a été prêché. Ainsi, le sermon typique est une leçon de natation sur la terre ferme ! Il est vide de toute valeur pratique. On prêche beaucoup, mais très peu de choses sont mises en pratiques. La majeure partie des prédications vise le lobe frontal. Le « sermonisme » moderne ne va pas au-delà de la simple diffusion d’information et n’équipe pas les croyants pour éprouver et utiliser ce qu’ils ont entendu.

À cet égard, le sermon reflète sa véritable origine : la rhétorique Gréco-romaine. La rhétorique Gréco-romaine baignait dans l’abstraction.[lvii] Elle  » était faite d’expressions conçues pour divertir et faire valoir le génie plutôt que pour instruire ou développer des talents chez les autres. « [lviii]

Un sermon contemporain bien affiné peut réchauffer le cœur, inspirer la volonté, et stimuler l’esprit. Mais il équipe rarement, voire jamais, les gens pour arriver à  maturité et fonctionner librement !Ainsi donc, le sermon n’est pas à  la hauteur de ses promesses de promouvoir la croissance spirituelle. En définitive, il accentue l’appauvrissement de l’Église.[lix] Le sermon agit comme un stimulant momentané. Ses effets sont tout au plus temporaires.

Soyons honnêtes. Il existe une foule de chrétiens qui, ayant été  » sermonnés  » pendant des décennies sont toujours des bébés en Christ.[lx] Nous les chrétiens ne sommes pas transformés par une simple audition hebdomadaire de sermons. Nous sommes transformés par nos rencontres régulières avec le seigneur Jésus-Christ.[lxi] Les responsables de ministères sont donc appelés à rendre leur ministère foncièrement pratique. Ils sont appelés non seulement à révéler le Christ, mais à enseigner à leurs auditeurs comment l’expérimenter, le connaître, le suivre, et le servir. Les sermons contemporains omettent trop souvent ces éléments si résolument importants.

Si un prédicateur ne peut conduire ses auditeurs dans une expérience spirituelle vivante de ce qu’il enseigne, les résultats de son message seront de courte durée. Par conséquent, l’Église a moins besoin de prédicateurs que d’auxiliaires spirituels. Elle est en grand besoin de personnes capables de proclamer le Christ et d’amener le peuple de Dieu à  vivre ce qui est prêché.[lxii] Et de surcroît, de leur montrer comment partager ce Christ vivant avec le reste de l’église pour une édification mutuelle.

Par conséquent, la famille chrétienne a besoin que soit restaurée la pratique du premier siècle en matière d’exhortation et de ministère mutuels.[lxiii] Car le Nouveau Testament articule la transformation spirituelle autour de ces deux choses.[lxiv] Assurément, le don de l’enseignement est présent dans l’Église. Mais celui-ci devrait venir de tous les croyants (1 Corinthiens 14:26, 31) ainsi que de toutes les personnes particulièrement douées pour enseigner. (Ephésiens 4:11, Jacques 3:1). Nous outrepassons de loin les limites bibliques lorsque nous permettons à l’enseignement de prendre la forme d’un sermon conventionnel et le reléguons ainsi à un cours magistral d’orateurs professionnels.

En résumé

La prédication et l’enseignement de la parole de Dieu sont-ils bibliques ? Oui, absolument. Mais, le sermon n’est pas l’équivalent de ce que l’on retrouve dans les Écritures.[lxv] On ne le trouve ni dans le Judaïsme de l’Ancien Testament ni dans le ministère de Jésus ni dans la vie de l’Église primitive.[lxvi] Qui plus est, Paul dit à ses convertis grecs qu’il a refusé d’être influencé par les modèles de communication de ses contemporains païens (1 Corinthiens 1:17, 22; 2:1-5) Mais, qu’en est-il de 1 Corinthiens 9:22-23, où Paul dit  (en résumé):  » Je tente de trouver un terrain d’entente avec tout le monde, tentant par tous les moyens d’en sauver quelques-uns  « ? J’argumenterais que ceci n’implique pas que l’on fasse du sermon hebdomadaire le centre de tous les rassemblements cultuels, étouffant ainsi la transformation des croyants et l’édification mutuelle.

Le sermon est une vache sacrée ayant été conçue dans l’utérus de la rhétorique grecque. Il a été engendré dans la communauté chrétienne lorsque les ‘ex-païens/nouveaux-chrétiens’ ont commencé à introduire leurs modèles oratoires dans l’Église. Vers le IIIème siècle, il était devenu habituel pour les conducteurs chrétiens de donner des sermons. Vers le IVème siècle c’est devenu la norme.[lxvii]

Le christianisme s’est imprégné de la culture environnante.[lxviii] Lorsque votre pasteur monte en chaire revêtu de sa robe pastorale et livre son sermon sacré, il joue inconsciemment le rôle de l’orateur grec antique.

Néanmoins, même si le sermon ne possède pas un atome de valeur biblique pour étayer son existence, il continue d’être vénéré, sans être décrié, par la plupart des chrétiens de notre temps. Il s’est tellement ancré dans l’esprit chrétien que la plupart des pasteurs et laïcs attachés à la Bible ne se rendent pas compte qu’ils alimentent et perpétuent une pratique non biblique par pure tradition. Le sermon s’est incorporé de manière rémanente dans une structure d’organisation complexe, très éloignée de la vie de l’Église du premier siècle.[lxix]

En tenant compte de tout ce que nous avons découverts au sujet du sermon moderne, réfléchissez à la pertinence des questions suivantes :

Comment un homme peut-il prêcher sur la fidélité à la parole de Dieu lorsqu’il donne un sermon ? Et comment un chrétien peut-il être passivement assis sur un siège et, dans cette position, proclamer le sacerdoce de tous les croyants ? Pour couronner le tout, comment pouvez-vous, cher chrétien, proclamer votre soutien à la doctrine protestante de sola scriptura (par l’Écriture seule) et appuyer malgré tout la pratique du sermon en chaire ?

Comme le dit un auteur avec éloquence : «  Dans la pratique, le sermon est au-delà de toute critique. Il est devenu une fin en soi, sacré, produit d’une vénération tordue de ‘la tradition des anciens’… Il semble étrangement contradictoire que les personnes les plus disposées à proclamer que la Bible est  » la parole de Dieu, guide suprême dans toutes les questions de la foi et de ses observances  » soient parmi les premières à rejeter des méthodes bibliques au profit des  » citernes crevassées  » de leurs pères (Jérémie. 2:13). « [lxx]

A la lumière de ce que vous avez lu dans ce chapitre, y a-t-il vraiment de la place dans le corral de l’Église pour des vaches sacrées telles que le sermon?

Approfondissements

1. Vous n’êtes pas d’accord avec le fait de faire de la proclamation de la parole le centre d’une réunion d’église. Cependant, Paul semble mette l’accent sur la prédication dans l’instruction de Timothée. En 2 Timothée 4:2, il lui dit: « proclame la Parole, insiste, que l’occasion soit favorable ou non, convaincs, réprimande, encourage par ton enseignement, avec une patience inlassable. »

Timothée était un ouvrier apostolique. Son rôle était d’équiper le peuple de Dieu afin que celui-ci fonctionne bien et connaisse le Seigneur. Il était aussi de gagner des âmes dans la perspective de construire l’église. (En 2 Timothée 4:5, Paul dit à Timothée de « remplir son rôle de prédicateur de l’évangile. ») C’est pourquoi, la prédication de la parole de Dieu fait partie de l’appel apostolique. C’est certainement ce qu’a fait Timothée, ainsi que Paul lorsqu’il prêchait sur la place du marché d’Athènes et sous le portique de Tyrannus à  Ephèse. Ces réunions étaient apostoliques et conçues pour équiper l’église et forger la communauté en amenant les gens à  se convertir à  Christ. Par contraste, la norme d’une réunion d’église, c’est de se réunir et que chacun partage la portion que Christ lui a donnée. (1 Corinthiens 14:26, Colossiens 3:16, Hébreux 10:24-25). Tous sont libres d’enseigner, de prêcher, de prophétiser, de prier et de conduire un chant.

2. Les Grecs et les Romains ont peut-être usé de rhétorique pour faire vibrer la foule, cependant, en quoi cela invalide-t-il le fait de se servir des principes de la rhétorique et du commentaire verset par verset? Après tout, Dieu nous commande de l’aimer de « toute notre pensée », autant que de tout notre cœur et de toute notre âme.

L’objet de notre argumentation visait à dire que le sermon tire son origine du paganisme Gréco-romain plutôt que de Jésus ou des apôtres. C’est au lecteur de décider si oui ou non le sermon gréco-romain est bon ou mauvais (un développement amélioré de la prédication apostolique ou un point de départ pour celle-ci.)

3. Lorsque vous décrivez l’œuvre des implanteurs d’église, vous dites qu’ils ont » immergé l’église dans une révélation de Jésus-Christ. » Que signifie cela exactement, et en quoi cela est-il censé influencer la façon de se réunir d’une église?

Les implanteurs d’église du premier siècle avaient une profonde révélation (ou vision) de Jésus-Christ. Ils le connaissaient bien, et même très bien. Il était leur vie, leur respiration, leur raison de vivre. Alors, à  leur tour ils communiquaient cette même révélation aux églises qu’ils implantaient. Jean 1:1-3 est un bon exemple de cette dynamique. Le message que Paul de Tarse prêchait sur Christ était d’une telle profondeur qu’il incitait les païens immoraux et buveurs de sang à devenir des chrétiens accomplis, passionnés de Jésus-Christ, en seulement quelques mois. (Ces nouveaux croyants formaient les églises de Pisidie, d’Antioche, d’Iconium, de Lystre, de Derbe, de Philippe, de Thessalonique, et de Bérée [Actes 13-17].) Paul partageait les profondeurs de Christ avec eux d’une telle manière qu’ils savaient qu’ils étaient saints à ses yeux et qu’ils pouvaient le connaître intimement, car Christ habitait en eux. Cette compréhension profonde et personnelle de la demeure de Christ en nous affectait leur façon de se réunir et le contenu de leurs réunions. En outre, Paul restait habituellement avec ces nouveaux convertis pendant plusieurs mois, puis les laissait livrés à eux-mêmes pendant de longues périodes, parfois des années. Et lorsqu’il revenait, ils se réunissaient toujours, s’aimaient toujours et suivaient toujours leur Seigneur. Quelle sorte d’évangile prêchait-il donc pour obtenir cet effet remarquable? Il l’appelait « les richesses insondables du Christ » (Ephésiens 3:8). Autrement dit, il les immergeait dans une révélation de Jésus-Christ.

4. On dirait presque que vous argumentez contre la prédication et l’enseignement. Est-ce bien cela votre propos? Sinon, en quoi consiste votre argumentation?

Nous croyons fermement en la prédication, la prophétie, l’exhortation et en toutes les façons de partager la parole de Dieu. Nous disons simplement que le sermon moderne, que nous définissons comme une allocution donnée par une seule et même personne (usuellement un membre du clergé) à un même groupe de personnes, semaine après semaine, mois après mois, année après année, n’est pas seulement anti biblique mais également contreproductif. Nous aimerions que le lecteur examine les indices bibliques et historiques sur ce point et décide par lui-même si nous avons raison ou non dans notre analyse. En réalité, la recherche menée par le groupe Barna a démontré l’inefficacité générale des sermons à  amener les gens dans l’adoration, à  les attirer plus près de Dieu et à  leur transmettre un message qui va bouleverser leur vie.


[i]  » Rien n’est plus caractéristique du protestantisme que l’importance attachée à  ce qui est prêché.  » Niebuhr et Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.110.

[ii] En France, le service de l’Eglise protestante est appelé  » aller au sermon  » (White, Protestant Worship, p.20).

[iii] Esaïe 5:3ff.; Amos 3:3-8. Norrington, To Preach or Not, p.3.

[iv] Les prophètes s’exprimaient en réponse à  des événements spécifiques. (Deutéronome 1:1; 5:1; 27:1, 9; Josué 23:1-24:15; Ezéchiel; Daniel; Jérémie; Esaïe; Amos; Zacharie; Aggée, etc.). Ibid., p.3

[v] Ibid., 4. La seule différence dans la prédication de la synagogue est que le message donné en fonction d’un texte biblique était régulier. Même ainsi, la plupart des synagogues permettaient de prêcher à  chaque membre qui le désirait. Bien entendu, ceci est en contradiction directe avec le sermon moderne où seuls les spécialistes de la prédication sont autorisés à  s’adresser à  l’assemblée.

[vi] Augustin a été le premier à  intituler Matthieu 5-7 Le Sermon sur la montagne, dans son livre (écrit entre 392 et 396). Mais ce passage ne s’est pas nommé ainsi avant le XVIème siècle (Green, Dictionary of Jesus and the Gospels, p.736; Douglas, Who’s Who in Christian History, p.48). Malgré ce titre, le Sermon sur la montagne est très différent des sermons modernes, à  la fois dans le style et dans la rhétorique…

[vii] Ibid., 7-12. Norrington analyse les discours du Nouveau Testament et les compare avec les sermons actuels.

[viii] Actes 2:14-35; 15:13-21, 32; 20:7-12, 17-35; 26:24-29 Norrington, To Preach or Not, p.5-7.

[ix] Le caractère spontané et non rhétorique des messages apostoliques exposés en Actes semble évident si on les examine attentivement. Voir par exemple en Actes 2:14-35; 7:1-53; 17:22-34.

[x] Jeremy Thomson, Preaching as Dialogue: Is the Sermon a Sacred Cow? (Cambridge: Grove Books, 1996), p3-8. Le terme grec souvent employé pour décrire les prédications et les enseignements du premier siècle est dialegomai (Actes 17:2, 17; 18:4, 19; 19:8-9; 20:7, 9; 24:25). Ce terme désigne une forme de communication bilatérale. Notre terme français de  » dialogue  » en est dérivé. En résumé, le ministère apostolique relevait plus du dialogue que du sermon monologique. William Barclay, Communicating the Gospel (Sterling: The Drummond Press, 1968), p.34-35.

[xi] 1 Corinthiens 14:26, 31; Romains 12:4ff.; Ephésiens 4:11ff.; Hébreux 10:25.

[xii] Kreider, Worship and Evangelism in Pre-Christendom, p.37.

[xiii] Norrington, To Preach or Not, p.12.

[xiv] Ibid., 13. Le premier sermon chrétien attesté est contenu dans la prétendue Seconde lettre de Clément datée entre 100 et150 de notre ère. Brilioth, Brief History of Preaching, p.19-20.

[xv] Norrington, To Preach or Not, p.13.

[xvi] Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.109.

[xvii] Douglas J. Soccio, Archetypes of Wisdom: An Introduction to Philosophy (Belmont, Calif.: Wadsworth Publishing, 1998), p.56-57.

[xviii] Ibid.

[xix]Nos termes de sophisme et de sophistique sont hérités du sophisme. Le sophisme se réfère à des raisonnements spécieux et fallacieux (sophistiqués) employés pour persuader (Soccio, Archetypes of Wisdom, p.57). Les Grecs célébraient le style et la forme employés par l’orateur plutôt que l’exactitude du contenu de son sermon. Ainsi, un bon orateur pouvait manier son sermon de façon à  inciter son public à croire ce qu’il savait être faux. Pour la pensée grecque, triompher d’une polémique était une plus grande vertu que distiller la vérité. Malheureusement, un élément du sophisme a toujours imprégné le modèle chrétien. Norrington, To Preach or Not, p.21-22; Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.113).

[xx] Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.113.

[xxi] Ibid., p.54, 56, 91-92, 96, 97-98, 112.

[xxii] Aristote, On Poetics, ch. 7. Même si Aristote se référait à  la rédaction d’  » intrigues  » ou de  » fables  » son principe était néanmoins appliqué aux discours.

[xxiii] L’amour du discours était une seconde nature chez les Grecs.  » Ils formaient une nation de discoureurs  » (Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.27).

[xxiv] Norrington, To Preach or Not, p.21

[xxv] Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.40.

[xxvi] Brilioth, Brief History of Preaching, p.26.

[xxvii] Robert A. Krupp,  » Golden Tongue and Iron Will,  » Christian History 13, no. 4 (1994): p.7.

[xxviii] Norrington, To Preach or Not, p.24.

[xxix] Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.106-107, 109.

[xxx] Norrington, To Preach or Not, p.24-25.

[xxxi] Ibid., p.24-25; lire le chapitre 5 de ce livre.

[xxxii] Ibid., p.25.

[xxxiii] Ibid., 22. Smith, From Christ to Constantine, p.115.

[xxxiv] Parmi lesquels: Tertullien, Cyprien, Arnobe, Lactance, et Augustin (Norrington, To Preach or Not, p.22). Lire aussi Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.7-9, 109; Richard Hanson, Christian Priesthood Examined (Guildford and London: Lutterworth Press, 1979), p.53.

[xxxv] F. F. Bruce, Paul: Apostle of the Heart Set Free (Grand Rapids: Eerdmans, 1977), 220. Le célèbre Rabbin juif Hillel a dit:  » Celui qui fait usage de la couronne de la Torah à  ses propres fins périra  » (p.107-108).

[xxxvi] Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.110.

[xxxvii] Norrington, To Preach or Not, 22. Une exégèse est une interprétation et une explication d’un texte biblique

[xxxviii] Hatch, Influence of Greek Ideas and Usage, p.110.

[xxxix] Un étudiant en rhétorique avait terminé ses études lorsqu’il était capable de disserter au pied levé sur tout sujet qu’on lui présentait. La logique, sous forme de débat, était commune dans l’étude de la rhétorique. Tout étudiant apprenait à  argumenter et à  exceller dans cet art. La logique était naturelle dans la pensée grecque. Mais il s’agissait d’une logique dissociée de la pratique et construite sur des arguments théoriques. Cette mentalité s’est répandue très tôt dans la foi chrétienne. (Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.32-33).

[xl] Ibid., 108. Hatch écrit:  » … avec la croissance de l’organisation il y a eu non seulement une fusion de l’enseignement et de l’exhortation mais également une restriction graduelle de la liberté de la communauté de s’adresser à  la classe officielle.  »

[xli] Wayne E. Oates, Protestant Pastoral Counseling (Philadelphia: Westminster Press, 1962), p.162.

[xlii] Ibid., p.107.

[xliii] Brilioth, Brief History of Preaching, p.26, 27.

[xliv] Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, 109; Brilioth, Brief History of Preaching, p.18.

[xlv] J. D. Douglas, Encyclopedia of Religious Knowledge (Grand Rapids: Baker Book House, 1991), p.405.

[xlvi] L’expression d’un signe de la main est dérivée de la magie scénique. Le magicien agite ses mains pour dessiner un lapin dans l’air. De la même façon, le sermon se targue lui-même de faciliter la croissance du chrétien. Mais cette idée est mal orientée et prête à  confusion.

[xlvii] Viola, Rethinking the Wineskin, ch 1.

[xlviii] Ce passage souligne aussi qu’il est nécessaire d’être actif pour mûrir spirituellement.

[xlix] La réunion décrite dans ce passage est clairement un rassemblement d’église.

[l] Certains pasteurs sont connus pour avoir promu l’idée idiote que  » tout ce que fait un mouton c’est faire  » bêê  » et manger de l’herbe.  »

[li] Reuel L. Howe, Partners in Preaching: Clergy and Laity in Dialogue (New York: Seabury Press, 1967), p.36.

[lii] George W. Swank, Dialogical Style in Preaching (Valley Forge: Hudson Press, 1981), p.24.

[liii] Kevin Craig,  » Is the Sermon Concept Biblical?  » Searching Together p.15 (Dresser: Word of Life Church, 1986), p.22.

[liv] Alors que de nombreux pasteurs parlent  » d’équiper les saints  » et de  » libérer la laïcité « , les promesses de tirer la laïcité de sa torpeur et d’équiper l’église pour le ministère se révèlent presque toujours vaines. Tant que le pasteur continue de dominer le culte par ses sermons, le peuple de Dieu n’est pas libre de fonctionner dans les rassemblements. C’est pourquoi, l’expression,  » équiper les saints  » est de la rhétorique vide de sens.

[lv] Pour ceux d’entre nous qui considèrent le sermon vraiment ennuyeux, nous connaissons la sensation d’être  » sermonnés à mort « . La citation de l’auteur ecclésiastique anglais du XIXè siècle, Sidney Smith capture ce sentiment :  » He deserves to be preached to death by wild curates!(il mérite d’être sermonné à  mort par des curés sauvages)  »

[lvi] Songez à la méthode de Paul qui prêchait à une église naissante pour ensuite la quitter et la laisser seule pendant de longues périodes. Pour les details, lire le livre de Frank Viola: So You Want to Start a House Church? First-Century Styled Church Planting For Today (Jacksonville, Fla.: Present Testimony Ministry, 2003).

[lvii] Craig,  » Is the Sermon Concept Biblical?  » p.25.

[lviii] Norrington, To Preach or Not, p.23.

[lix] Clyde H. Reid, The Empty Pulpit (New York: Harper & Row, 1967), p.47-49.

[lx] Alexander R. Hay, The New Testament Order for Church and Missionary (Audubon, NJ: New Testament Missionary Union, 1947), p.292-293, 414.

[lxi] On peut rencontrer Christ soit dans la gloire soit dans la souffrance (2 Corinthiens 3:18; Hébreux 12:1…).

[lxii] Actes 3:20; 5:42; 8:5; 9:20; Galates 1:6; Colossiens 1:27-28. Que l’on prêche (kerygma) à  des inconvertis ou que l’on enseigne (didache) des croyants, pour les uns comme pour les autres le message est Jésus-Christ. C. H. Dodd, The Apostolic Preaching and Its Developments (Londres: Hodder et Stoughton, 1963), 7ff. Michael Green écrit à  propos de l’Eglise primitive:  » Ils prêchaient une personne. Leur message était nettement Christocentrique. En effet, on se référait à  l’évangile simplement comme étant Jésus ou Christ: ‘Il lui a prêché Jésus, Jésus l’homme, Jésus crucifié, Jésus ressuscité, Jésus élevé à  la position du pouvoir dans l’univers. Jésus qui entretemps était présent au milieu de son peuple par l’Esprit. Le Christ ressuscité était sans équivoque le centre de leur message.  » Green, Evangelism in the Early Church (London: Hodder and Stoughton, 1970), p.150.

[lxiii] See Viola, Rethinking the Wineskin, ch. 1.

[lxiv] Hébreux 3:12-13; 10:24-26. Remarquez l’importance accordée à   » les uns les autres  » dans ces passages. L’auteur visait l’exhortation mutuelle .

[lxv] Craig A. Evans,  » Preacher and Preaching: Some Lexical Observations,  » Journal of the Evangelical Theological Society 24, no. 4 (December 1981), p.315-322.

[lxvi] Norrington, To Preach or Not, 69.

[lxvii] Ibid.

[lxviii] George T. Purves,  » The Influence of Paganism on Post-Apostolic Christianity,  » The Presbyterian Review 36 (October 1988):p. 529-554.

[lxix] Pour avoir plus de détails sur la nature non biblique de la structure d’organisation moderne de l’Eglise Protestante, lire le livre de Frank Viola, Who is Your Covering? A Fresh Look at Leadership, Authority, and Accountability (Brandon, Fla.: Present Testimony Ministry, 2001), ch. 1-3. Lire aussi le chapitre 5 de ce livre.

[lxx] Norrington, To Preach or Not, p.102, 104.