Le Saint-Esprit est le Représentant de Christ dans l’Église. L’église locale devrait toujours reconnaître la souveraineté de l’Esprit.

Par ceci, nous entendons qu’Il peut agir comme Il lui plaît, et qu’Il peut ne pas toujours choisir de faire les choses exactement de la même façon, même s’Il n’agira jamais en contradiction avec la Parole.  Les symboles de l’Esprit utilisés dans les Ecritures –le feu, l’huile, l’eau, le vent- parlent d’un comportement incontrôlable et imprévisible. Par conséquent, le chrétien sage sera flexible afin de laisser au Saint-Esprit cette divine prérogative. C’était ainsi dans l’Eglise primitive, mais très vite les gens se sentirent mal à l’aise avec des réunions qui étaient  » libres et sociales, avec un minimum de forme.  » Ainsi, un contrôle fut ajouté et le formalisme et le ritualisme prirent le dessus. L’Esprit Saint fut attristé et l’Eglise perdit de sa puissance.

Ce passage de la liberté de l’Esprit au contrôle humain a été décrit par James Denney. Commentant le verset :  » N’attristez pas le Saint-Esprit « , il dit :

 » Dans la Première Epître aux Corinthiens, Paul décrit une assemblée chrétienne primitive. Il n’y avait personne qui restait silencieux parmi eux. Lorsqu’ils venaient ensemble, chacun avait un psaume, une révélation, une prophétie, une interprétation. La manifestation de l’Esprit avait été donnée à chacun avec en plus un profit; et sur toutes les mains, le feu spirituel était prêt à s’embraser. La conversion à la foi chrétienne, l’acceptation de l’Evangile apostolique, n’était pas une chose qui affectait légèrement les hommes; cela ébranlait leur nature entière jusque dans sa profondeur; ils n’étaient plus jamais les mêmes; ils étaient de nouvelles créatures, avec une nouvelle vie en eux, pleins de ferveur et de passion. Dans une église primitive, quiconque voulait pouvait parler –même s’il aurait été préférable pour lui de garder le silence. Cela pouvait le conduire à éclater en prière ou en louange ou en exhortation, dans un style qui faisait soupirer le sage. Et pour ces raisons, le sage, et ceux qui se croyaient eux-mêmes sages, étaient aptes à décourager l’exercice des dons spirituels en communauté.

 » Contenez-vous « , diraient-ils à celui dont le cœur brûle au dedans de lui, et qui ne peut rester tranquille jusqu’à ce que le feu jaillisse hors de lui; contenez-vous; exercez un peu de contrôle sur vous-mêmes; c’est indigne pour un être rationnel que vous êtes d’être transporté de cette manière.

Il est interdit de verser de l’eau froide sur un tel enthousiasme lorsqu’il éclate en paroles de feu. C’est ce que signifient les mots  » N’éteignez pas l’Esprit « . Le commandement présuppose que l’Esprit peut être éteint. Des expressions froides, des paroles dédaigneuses, le silence, une indifférence étudiée sont autant d’attitudes qui éteignent l’Esprit.

Il en est de même de la critique impitoyable. Tout le monde sait qu’un feu brûle le mieux lorsqu’il vient d’être allumé; mais une façon de se débarrasser de la fumée ne consiste pas à verser de l’eau froide sur le feu, mais à le laisser s’éteindre de lui-même. Lorsque vous rencontrez un disciple dont le zèle brûle comme le feu, il est très probable que la fumée brûle vos yeux; mais la fumée bientôt est ignorée; et il se peut très bien qu’elle soit tolérée juste pour sa chaleur. Car ce précepte apostolique qui suppose comme un fait accompli cette ferveur de l’esprit, et considère l’enthousiasme chrétien comme quelque chose de bon, est la meilleure chose au monde. Il se peut qu’il ne soit ni enseigné ni expérimenté; il se peut qu’il soit magnifiquement aveugle aux limitations que les sévères nécessités de la vie mettent sur les espoirs généreux de l’homme, mais il vient de Dieu; il est expansif, il est contagieux; il vaut plus comme force spirituelle que toute la sagesse du monde.

Je vais suggérer plusieurs façons dont l’Esprit peut être éteint. Il est triste de remarquer que, suivant un point de vue, l’histoire de l’Église est une longue série de transgressions de ce précepte, confirmée par une série également longue de rébellions à l’Esprit.  » Là où est l’Esprit du Seigneur « , dit l’apôtre quelque part,  » là est la liberté. « 

Mais la liberté dans la société a ses dangers; elle est, dans une certaine mesure, une guerre menée contre l’ordre, et les gardiens de l’ordre ne sont pas aptes à avoir trop d’égards envers elle. Ainsi, il arriva un moment très tôt dans l’histoire où, dans l’intérêt du bon ordre, la liberté de l’Esprit fut supprimée dans l’Église.  » Le don de diriger « , comme cela a été dit, comme le bâton d’Aaron, semblait avaler les autres dons. Les dirigeants de l’Eglise devinrent une classe entièrement séparée de ses membres  » ordinaires « , et tout exercice des dons spirituels pour l’édification de l’Eglise leur était confiné. Qui plus est, l’idée monstrueuse qu’eux seuls étaient les gardiens de la grâce et de la vérité de l’Evangile fut créée et enseignée comme un dogme; uniquement par leur intermédiaire les hommes pouvaient-ils entrer en contact avec le Saint-Esprit. En langage explicite, l’Esprit était éteint lorsque les chrétiens se rencontraient pour adorer. Un grand extincteur était placé au-dessus de la flamme qui brûlait dans les cœurs des frères; elle n’était pas autorisée à se montrer, elle ne devait pas perturber, par son éruption de louange ou de prière ou d’exhortation enflammée, la décence et l’ordre du service divin. Je dis que c’est la condition à laquelle l’adoration chrétienne fut réduite très tôt dans l’histoire, et c’est malheureusement la condition dans laquelle, la plupart des cas, elle se trouve en ce moment. « 

Ainsi, l’Église ne devrait jamais enchaîner le Saint-Esprit, soit par des règles non scripturaires, soit par des programmes stéréotypés, soit par des liturgies. Dans quel chagrin doit se trouver souvent le Saint-Esprit à cause de la compréhension qu’une réunion doit se terminer à une heure donnée, qu’une réunion doit toujours suivre une certaine routine ! De telles régulations sont souvent des tentatives de manipuler et de contrôler l’Eglise, ce qui entraîne comme conséquence la perte de la puissance spirituelle.

 

 

Source: The Watchword