Source: DREUZ.INFO

EUROPEPlutôt que commenter les résultats du premier tour des élections départementales, je pense utile d’élargir le regard. La France est en Europe, et l’Europe est un continent très malade, peut-être entré dans une agonie qui pourrait conduire à  sa disparition graduelle en tant que civilisation.

L’un des symptômes essentiels de la maladie est la situation économique  : la croissance moyenne en Europe au cours de deux dernières années a été quasiment nulle, particulièrement dans la zone euro (0,5% en 2013, 0,9% en 2014), alors que le reste du monde affichait des chiffres nettement supérieurs.

Les chiffres de chômage sont anormalement élevés, tout comme le taux de personnes en âge de travailler qui ne travaillent pas. Tout cela est le résultat de réglementations hypertrophiques, de systèmes sociaux très coûteux, de dépenses publiques écrasantes qui ne diminuent pas et, au mieux, sont stabilisées. Sans déréglementation, réforme très profonde des systèmes sociaux, baisse des dépenses publiques, aucune amélioration n’est envisageable, et aucun gouvernement, aucun parti ayant une chance d’arriver au pouvoir ne propose de faire ce qui serait nécessaire, car ce serait électoralement suicidaire.

La très forte dévaluation de l’euro (trente pour cent), résultat de l’émission massive de monnaie décidée par la Banque Centrale Européenne et de la monétisation de dettes, est un expédient destiné, pour la énième fois, à  sauver une monnaie mal conçue dès le départ et qu’on ne cesse de sauver quelles que soient les conséquences,  et une tentative de relance par l’inflation qui ne produira que de maigres, très maigres résultats (rendre les exportations moins chères dans des pays qui échangent très largement entre eux est une opération largement absurde, rendre plus chères les importations lorsqu’elles concernent des hautes technologies indispensables est contre-productif).

Un autre symptôme de la maladie est le vieillissement des populations, qui conduit à  des besoins d’immigration pour que tous les engrenages ne se brisent pas  : et les besoins d’immigration ont été et restent satisfaits par des populations largement musulmanes qui ne s’intègrent pas, et que les pays d’accueil n’ont rien fait pour intégrer, ce qui a conduit à  l’émergence dans les zones de forte concentration d’immigrants de zones de non droit à  fort taux de délinquance, à  islamisation intensive, et à  ressentiment anti-occidental croissant.

Les immigrants ayant plus d’enfants que les populations de souche, des basculements démographiques résultent. Et en une période où le capital essentiel est le capital intellectuel, celui-ci part et s’épuise.

Un troisième symptôme est une crise culturelle très profonde  : l’Europe fut chrétienne. Elle se déchristianise. Elle avait un socle de valeurs découlant du christianisme  : ces valeurs se dissolvent. Ce qui accentue le sentiment chez certains que s’opère un  »  remplacement  « .

Le résultat est un ensemble de mouvements, de crispations, qui incarnent non pas des nationalismes ouverts et dynamiques, mais des tentations de repli. Ces mouvements de crispation sont porteurs de rêves de remise en ordre autoritaires et xénophobes, et de réponses économiques correspondant à  la crispation et à  la remise en ordre espérée  : ces réponses sont étatistes, socialistes, porteuses d’un risque d’aggravation de la maladie plutôt que du contraire.

Nombre de commentateurs parlent des résultats du premier tour des élections départementales. Ils parleront la semaine prochaine des résultats du second tour.

Ils compteront le nombre de sièges et de département gagnés ou perdus par les uns ou les autres.

Pendant que cette obnubilation sur des détails infimes et largement insignifiants s’opérera, des choses plus essentielles se joueront ailleurs et se dérouleront sous nos yeux sans que nous les apercevions, sans mêmes qu’elles soient commentées.

C’est de ces choses là  qu’il faudrait parler.

S’il y avait en Europe non pas des politiciens, mais des hommes d’Etat, c’est de cela qu’ils parleraient. Il n’y a, semble-t-il, pour l’heure, plus d’hommes d’Etat en Europe. Et il n’y a plus guère d’économistes qui comprennent l’économie en toutes ses dimensions.

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