Le roi Louis XIV a dit un jour au prédicateur Massillon après l’avoir écouté à  plusieurs reprises à  Versailles : « J’ai entendu beaucoup de grands orateurs, et j’ai toujours été très heureux en leur présence ; mais chaque fois que je vous écoute, je m’en retourne très mécontent de moi-même. »

N’est-ce pas là  la plus grande marque d’approbation discrète qui puisse être accordée à un serviteur de Dieu ?

La meilleure prédication n’est pas celle qui permet aux auditeurs de rentrer chez eux en discutant avec les autres tout en louant le prédicateur, mais celle qui les fait rentrer pensifs et sérieux, ne désirant qu’une chose, être seuls le plus tôt possible.

Un athée assistait régulièrement à certaines réunions dans une église. Quelqu’un lui demanda : « Pourquoi allez-vous dans cette église ? Vous ne croyez pas un mot de ce que le prédicateur dit ». « Oui, je ne crois pas ce qu’il prêche, mais lui, croit ce qu’il dit, et il le vit » fut sa réponse.

Quel témoignage percutant et quelle démonstration vivante de la puissance de la prédication !

1. La prédication est-elle d’un autre âge ?

L’impact de la prédication biblique est destiné à remuer les consciences et à changer radicalement des vies. Nous vivons des temps particulièrement critiques et sérieux dans le monde, mais aussi dans l’Eglise. En effet, des voix discordantes s’élèvent même dans l’Eglise pour contester la validité de la prédication en notre époque dominée par l’audiovisuel et le dialogue. Ce dernier, ne nous faisons pas d’illusion, malgré toutes les belles apparences, demeure toujours un dialogue de sourds parce que l’homme dans son for intérieur reste sourd à la voix de Dieu.

La prédication est-elle d’un autre âge ? Influencés par l’esprit de ce siècle, au sein de différentes communautés chrétiennes, on entend aujourd’hui par la bouche de certains de leurs membres des exclamations telles que : « Ne prêchez pas ! Cela est dépassé ! À notre époque, il faut débattre, discuter, dialoguer ». Combien de fois les serviteurs de Dieu n’ont-ils pas entendu de tels propos teintés à la fois de reproches et de contestation. Le comble, c’est que certains prédicateurs au lieu de rejeter de telles plaintes, en ont fait leur credo. La prédication leur semble un moyen agressif et désuet.

L’apôtre Paul a prévenu Timothée qu’il viendra un temps « où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine » (2 Ti 4:3). Le Saint-Esprit qui a inspiré l’apôtre savait que des temps défavorables à la prédication de l’Evangile viendraient. Il ordonne donc aux prédicateurs à travers Timothée de maintenir fidèlement la prédication comme un instrument vital dans l’exercice de leur ministère.

L’opposition actuelle à la prédication va totalement à l’encontre de l’enseignement biblique et de toute l’histoire du christianisme. L’auteur chrétien Merrill Unger a fait le constat suivant : « II est difficile d’ignorer l’influence profonde et bénéfique que la prédication chrétienne a exercé sur la société à  travers les vingt siècles de son histoire. Une étude approfondie et impartiale montre qu’une grande part du progrès moral, spirituel et social dont nous jouissons aujourd’hui est le résultat direct de siècles de prédications chrétiennes ».

2. Le prédicateur, tel un héraut, est chargé d’annoncer un message d’une importance capitale

La responsabilité d’un « prédicateur » ou d’un « héraut », (en grec, kéryx) était énorme du temps de l’Empire romain. La personne en question était un individu dont le caractère devait être sans reproche. Elle était chargée de transmettre un message solennel qui lui avait été confié par des personnalités officielles éminentes.

Dans les deux Testaments, cette image est utilisée pour souligner l’importance du message délivré par ceux qui sont les porte-parole de Dieu. Notons que ce n’est pas le prédicateur qui est important mais le contenu du message qu’il a reçu de Dieu Lui-même.

Le message du prédicateur est rempli de la puissance divine. Après avoir exprimé son désir de prêcher à  Rome, l’apôtre Paul ajoute que  » l’Evangile est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit  » (Ro 1:16). Lorsque ce message est fidèlement proclamé, le Saint-Esprit, par le miracle de la grâce, produit la foi et amène les aveugles à  la lumière. Il donne la vie à  ceux qui étaient voués à  la mort à  cause du péché (1 Co 1:18 ; Ep 2:1). Le mot  » prédication « , (en grec, kérygma) avec toutes ses expressions dérivées, est mentionnée plus de 120 fois dans le Nouveau Testament, révélant par là-même son importance dans le plan de Dieu, tout en soulignant ce moyen par excellence pour communiquer la Parole de Dieu. Cette méthode ne sera jamais démodée parce que Dieu en a décidé ainsi. Les temps peuvent changer, mais le prédicateur ne doit pas modifier son message puisque les besoins du cœur de l’homme restent invariablement les mêmes, et cela en dépit de toutes les apparences.

3. Jésus ordonne à ses disciples de prêcher l’Evangile

La prédication occupant une place centrale dans l’Eglise est absolument vitale pour la vie spirituelle et la croissance des chrétiens. Elle est voulue de Dieu, ointe par le Saint-Esprit et expressément approuvée par Jésus-Christ. Jésus Lui-même, notre divin modèle de tous les temps, a incontestablement été le plus grand et le plus efficace des prédicateurs. Dans les Evangiles, nous le voyons sans cesse en train de prêcher, sur le point de prêcher ou achevant de prêcher. « Il parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues et prêchant la bonne nouvelle du royaume… » (Mt 4:23).

Il envoya ses disciples en leur demandant de faire la même chose : « Allez, prêchez, et dites : le royaume des cieux est proche » (Mt 10:7). Après sa résurrection, il donna l’ordre universel à  ses disciples « que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en Son Nom à toutes les nations » (Lu 24:47).

Dans bon nombre de pages de la Bible, il est parfaitement clair que la prédication est voulue et ordonnée par Dieu, même si elle semble être une folie aux yeux du monde. Elle est le moyen divin parfait pour faire avancer le royaume de Dieu dans les cœurs.

La prédication fait partie intégrante de la vie de l’Eglise (Ac 3:11-26 ; 8:4 ; 15:35). Elle est un mandat confié par Dieu (Ga 2:7 ; 1 Th 2:4 ; 1 Ti 1:11 ; Tit 1:3) et un ordre apostolique (1 Ti 4:13 ; 2 Ti 4:2).

4. Des prédicateurs changent le message pour satisfaire leurs auditeurs

De nos jours, les prédicateurs de l’Evangile subissent de telles pressions pour avoir toujours plus de succès, qu’ils sont prêts à dénaturer le message et les exigences bibliques dans le seul but de satisfaire les chrétiens, et parfois même les inconvertis. Les conséquences en seront malheureusement désastreuses pour la vie de l’Eglise.

Un seul mot d’ordre semble obnubiler beaucoup d’entre eux : « La fin justifie les moyens ». Si la majorité est d’accord, pensent-ils, c’est la preuve qu’ils sont sur la bonne voie. Quelle illusion ! Un esprit frénétique de compétition s’est emparé de beaucoup de prédicateurs, à  savoir comment être le plus grand, le plus impressionnant, le plus  » dans le vent « , tout cela dans le but de plaire au plus grand nombre et d’attirer le plus de monde possible à  leurs réunions.

En conséquence, dans bien des églises aujourd’hui, l’adoration s’est transformée en un spectacle et la prédication en une profusion de bons conseils sur toutes sortes de sujets, dans lesquels on évite surtout de parler du péché, de la repentance et même de la croix, afin de ne choquer ou effrayer personne.

5. Dieu récompense la fidélité et non le succès

Or, un jour, ce ne sera pas le succès à son service que Dieu récompensera, mais bien la fidélité à sa Parole (1 Co 4:2). Nous avons besoin d’entendre à  nouveau les paroles inspirées de Paul destinées à  Timothée :  » Prêche la Parole  » (2 Ti 4:2). Le Saint-Esprit, à  savoir l’Esprit de vérité (Jn 16:13), utilise exclusivement la Parole de vérité pour faire son œuvre incomparable et libératrice dans les cœurs (2 Ti 2:15).

Le prophète Jérémie, par exemple, ne s’est pas servi de beaux discours, de diplomatie ou d’une psychologie élaborée pour accomplir la volonté de Dieu sur la terre. Il a entendu la Parole de Dieu, l’a reçue dans son cœur, puis l’a proclamée sans crainte et c’est Dieu qui a fait le reste.

Selon le fameux prédicateur G. Campbell Morgan,  » la prédication est parmi toutes les vocations la tâche suprême du ministère chrétien « . C’est aussi le travail le plus pénible, s’il est effectué fidèlement.

Lorsqu’un ministère est vraiment béni par Dieu, les récompenses sont grandes, mais les responsabilités le sont tout autant, de telle sorte qu’aucun prédicateur ne peut prendre ces choses à  la légère. La Parole de Dieu ne nous exhorte-t-elle pas lorsqu’elle dit :  » Maudit soit celui qui fait avec négligence l’œuvre de l’Eternel !  » (Je 48:10) ?

6. Les chrétiens reflètent l’image de leurs dirigeants

L’histoire d’Israël nous enseigne une vérité incontestable et valable pour toutes les autres nations, à  savoir que les populations reproduisent tôt ou tard les comportements de leurs leaders. Le prophète Ezéchiel, par exemple, prophétise au chapitre 33 contre tous les leaders d’Israël, ses rois, ses sacrificateurs et ses prophètes. En fait, leur avidité du gain, leur corruption et leur égoïsme les ont empêchés de conduire le peuple sur le chemin voulu par Dieu. Au lieu de les aider spirituellement (v. 4), ils les exploitaient (v. 3) et les utilisaient à des fins personnelles. C’est ainsi qu’on peut leur imputer la captivité de Juda et l’obligation de Dieu de les juger pour cela. De nos jours, il en est toujours ainsi : le christianisme passé et actuel, reflète l’image de ses dirigeants. L’église locale est à l’image de son pasteur.

Le pasteur bien connu A.T.Tozer, dans un de ses livres en anglais God tells the man who cares (Dieu parle à  l’homme soucieux du besoin des autres) a déclaré dans un chapitre sur  » La responsabilité du leader «  p. 52-56 :  » La triste condition des églises d’aujourd’hui peut se retrouver dans l’état spirituel de ses responsables. Personne ne peut conduire son prochain plus loin qu’il n’est allé lui-même. Que d’églises actuelles sont encombrées d’amateurs religieux inaptes à servir efficacement, et dans lesquelles les chrétiens ne font qu’en subir les fâcheuses conséquences.

Combien d’entre eux s’égarent, sans que leurs dirigeants n’en prennent conscience ou ne s’en soucient. Ils s’attendent à  leurs dirigeants pour qu’ils les conduisent dans de verts pâturages, mais ces derniers au contraire, ils les mènent dans un désert sablonneux. « 

Quelle tragédie ! La responsabilité incombe à  chaque prédicateur ou serviteur de Dieu de consacrer à nouveau sa vie et son ministère au Seigneur pour une plus grande fidélité au service du Maître.

7. Dieu cherche des prédicateurs fidèles et courageux

Dans ces temps de la fin où la confusion spirituelle et l’apostasie règnent, Dieu cherche des prédicateurs fidèles et courageux prêts à nourrir le peuple de Dieu en lui enseignant inlassablement la saine doctrine. Il recherche aussi des sentinelles qui avertissent et protègent le troupeau des loups ravisseurs, et dont le seul but est l’approbation divine quant à leur ministère et non l’obtention de l’assentiment des hommes.

Dieu cherche des prédicateurs saisis d’une semblable crainte de Dieu, haïssant le péché sous toutes ses formes ainsi que tous les compromis religieux. De tels hommes n’auront alors qu’une seule vision, l’amour de la vérité, et une seule passion, l’amour des âmes.

Aujourd’hui, l’oeuvre de Dieu souffre dans le monde parce que de telles personnes sont rares dans l’Eglise. Le ministère n’est pas une affaire de pouvoir, ni de cupidité ; il s’agit par contre de donner et se donner sans compter pour le salut des pécheurs et de veiller à  la bonne santé spirituelle des chrétiens.

Quelles sont donc les qualités essentielles requises par le Seigneur pour qu’un prédicateur soit approuvé par Dieu ? Un vrai prédicateur,  » un homme de Dieu « , est un grand trésor, le plus grand qui soit au monde !