« Alors Jésus dit à  ses disciples: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à  lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive » (Matthieu 16.24).

Seigneur, la forme même de ta croix m’interpelle. Tout d’abord, elle pointe vers le bas. Elle me rappelle ainsi jusqu’où tu t’es abaissé pour nous rejoindre sur cette terre de péché. Elle m’invite donc à  l’humilité, mais aussi à  la prudence, car le chemin que tu m’appelles à  parcourir à  ta suite est semé d’embûches. Il me suffit d’une seconde d’inattention pour chuter et, parfois, me faire très mal.

Me charger de ta croix, c’est donc rester humble et prudent(e), sachant que je suis sur un chemin escarpé et parfois dangereux.

Ta croix pointe aussi vers le haut. Cela me rappelle que bien souvent, malgré la fatigue de la veille, tu te levais avant l’aube pour partir dans la pénombre, à  la lueur des étoiles, à  la rencontre de ton Père. Tu voulais une entrevue en tête-à -tête, sans distractions d’aucune sorte.

À notre époque frénétique, me charger de ta croix, c’est donc tout faire pour avoir un moment privilégié et ininterrompu devant ta face, parfois en pleine nuit, parfois à  l’aube ou à  tout autre moment pourvu que je sois seul(e) avec toi… Ta précieuse présence est l’oxygène de ma foi.

Enfin, ta croix comporte aussi une barre horizontale qui me fait penser à  ton amour plus vaste que l’univers et à  tes bras largement ouverts pour nous bénir tous et toutes. Pendant tes journées si chargées sur la terre, tous tes sens étaient en alerte. Tu savais entendre l’appel au secours d’un mendiant aveugle perdu dans la foule. Tu sentais qu’une femme à  bout de forces venait de toucher le bord de ton vêtement. Tu observais avec compassion les multitudes affaiblies, semblables à  des brebis sans berger, mais aussi chaque personne, même – et surtout – les plus humbles : une pauvre veuve éplorée, qui allait enterrer son fils unique… des possédés répugnants que tous fuyaient… Tu les regardais, tu les touchais, tu les bénissais.

Tu semais la vie, la joie et le salut partout où tu passais.

Me charger de ma croix, c’est donc avoir ton regard compatissant envers les êtres humains qui croisent chaque jour mon chemin, c’est être attentif/attentive à  l’impulsion de ton Esprit qui veut faire de moi (privilège incroyable !) ton canal de bénédiction pour ce monde en détresse.

Cette croix me parle aussi, bien sûr, de souffrance, mais je n’ai pas peur, car tu m’as ouvert la voie. Parfois, je me sens comme perdu(e) dans le blizzard, mais je sais que tu me précèdes. Je vois devant moi la lumière rassurante de ta lanterne, et je place chaque pas dans l’empreinte des tiennes. Ainsi, peu à  peu, j’avance vers la Bergerie céleste où je goûterai ton incomparable repos pour l’éternité !

Ma résolution :  Je n’aurai pas peur de marcher à  ta suite. Je me chargerai de ma croix chaque jour de ma vie. Je sais que ton fardeau est léger. Avec toi, je suis certain(e) d’arriver un jour au but !

Aline Neuhauser