Ce témoignage, relayé par La Manif pour tous, laisse apparaître les très grandes difficultés traversées par la jeune femme.

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(Capture d’écran de la bande annonce du documentaire. /  cbc-network.org)

«   Il n’y a pas de loi possible. On ne peut pas réguler la GPA.  « 

 

 

 

 

Les phrases sont de Kelly Martinez. Mardi 20  novembre, dans ce café parisien, la jeune femme de 34  ans témoigne. Le parcours de cette mère porteuse américaine est en effet au centre de   »  Big fertility  « , un film dont la promotion a lieu en France ces jours-ci, et que La Manif pour tous a fait traduire en français.

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L’histoire de mère porteuse de Kelly Martinez, racontée par ce film, a commencé il y a près de 15  ans. La jeune femme et son mari Jay, qui traversent alors de lourdes difficultés financières, tombent par hasard sur une annonce du New Hampton Tribune, le journal local diffusé dans l’Iowa, l’État où vit le couple.   »  On avait besoin d’argent, c’était dans la colonne des offres d’emploi, j’ai appelé et j’ai été prise.  « 

L’agence qui la recrute alors se fait l’intermédiaire d’un couple d’hommes français dont Kelly va porter les jumeaux. Quelques années plus tard, la jeune femme portera l’enfant d’un homme et d’une femme de l’Iowa dans ce qui lui sera présenté comme une  »  GPA altruiste   » (sans l’intermédiaire d’une agence), avant de porter deux enfants pour un couple hétérosexuel espagnol.

 »  Ils avaient payé pour avoir un garçon et une fille  « 

Le premier couple maintient le lien pendant des années mais en 2013, lorsque Kelly s’oppose à  l’adoption des enfants par le père d’intention, car elle ne veut pas que son nom disparaisse de l’acte de naissance des enfants, ils coupent définitivement les ponts. Le lien sera également rompu avec la mère du second couple, qui s’est séparé peu de temps après l’accouchement de Kelly.

Quant au troisième couple, la jeune femme en garde un très mauvais souvenir »‰:   »  Ils avaient payé une option pour avoir un garçon et une fille, et on m’avait donc implanté un embryon de garçon et un embryon de fille.   »  Mais rien ne s’est passé comme prévu. Au tout début de la grossesse, Kelly a perdu l’embryon féminin et l’autre s’est divisé en deux »‰: la jeune femme s’est retrouvée enceinte de deux garçons.   »  Le couple d’intention était dans une fureur noire, ils m’envoyaient des messages très violents, m’ont fait multiplier les examens. Ils avaient payé 5  000  dollars de plus et ne comprenaient pas pourquoi ils n’auraient pas ce qu’ils voulaient.  « 

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Au beau milieu de cette troisième GPA, la jeune femme est atteinte d’une forme grave de prééclampsie – une maladie fréquente de la grossesse associée à  une hypertension artérielle -, qu’elle attribue au stress généré par ses relations avec le couple espagnol. L’accouchement, avec dix semaines d’avance, donnera lieu à  une bataille financière, le couple d’intention refusant de payer les factures de la jeune femme. Aujourd’hui,   »  les enfants sont en Espagne et le couple a disparu. Je n’ai plus jamais eu de nouvelle  « .

Ampleur du marché

Au-delà  de l’histoire de ces trois GPA, le témoignage laisse entrevoir l’ampleur du marché de la procréation aux États-Unis, où les contrats des mères porteuses contiennent des clauses allant jusqu’à  prévoir le nombre de rapports sexuels autorisés ou le mode d’alimentation pendant la grossesse, et où les intermédiaires (avocats, agences, médecins) sont nombreux à  se rémunérer.

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En assurant la promotion de ce film et en organisant la venue de la jeune femme en France, La Manif pour tous entend alerter contre la GPA. Même si le sujet n’est pas à  l’ordre du jour de la révision des lois de bioéthique.   »  Ce n’est pas à  l’ordre du jour, mais le débat existe  « , insiste la présidente du mouvement, Ludovine de la Rochère.   »  Les témoignages qui sont énormément relayés en ce moment, comme celui de Marc-Olivier Fogiel  – auteur d’un livre sur l’histoire des GPA grâce auxquels il a eu ses deux filles, NDLR -,  laissent entendre que la GPA peut être encadrée et que les choses se passent bien aux États-Unis. Le témoignage de Kelly prouve le contraire.  « 

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 »  Ma voix n’est pas entendue aux États-Unis. La GPA est un énorme business et il est très dur d’émettre des réserves  « , poursuit-elle.   »  C’est un si grand marché que toute critique est inaudible  « , abonde Jennifer Lahl, la réalisatrice du film, qui préside également une association californienne contre la GPA. Aujourd’hui, la jeune femme, qui a trois enfants, se   »  reconstruit peu à  peu  « .   »  J’ai repris mon travail, que j’avais abandonné pendant deux ans après la troisième GPA. Je travaille avec des enfants. Mais j’ai changé. La GPA m’a cassée à  bien des niveaux. Je ne suis plus la même personne.  « 

Loup Besmond de Senneville