Le mouvement des gilets jaunes n’a pas faibli: quand bien même il y a eu le 24 moins de manifestants que le 17 (et encore, ce n’est pas sûr: des chiffres très contradictoires circulent), les sondages indiquent que le soutien des trois-quarts de la population francaise persiste.

 

Le gouvernement ayant dit vouloir tenir le cap, et Macron étant reste sourd à  une population qu’il méprise et qu’il n’a cessé d’insulter, il était à  attendre qu’une radicalisation se dessine. Il était à  attendre aussi que des éléments violents se saisissent de l’opportunité pour passer à  l’émeute. Et c’est ce qui s’est produit sur les Champs Elysées.

Après avoir compté sur le retour à  la résignation, le gouvernement a choisi d’utiliser les débordements pour diaboliser le mouvement et jouer le grand air du « fascisme » qui ne doit pas passer et pour dépeindre les gilets jaunes sous la couleur de chemises brunes.

La stratégie est grossière, ignoble et indigne. Comme à  chaque fois dans ce type de circonstances, les éléments violents étaient gauchistes et membres de bandes ethniques de banlieue, et le gouvernement le sait.

Pour faire suite à  la diabolisation, qui ne semble pas fonctionner, le gouvernement semble vouloir choisir maintenant la diversion, et tenter d’éteindre l’incendie en usant de subterfuges.

La « transition écologique » et le « dérèglement climatique » qui n’existe pas continueront à  servir de prétextes pour taxer la population à  outrance, mais il y aura des « mesures d’accompagnement » et la création d’un haut comité chargé de je ne sais quoi et peuplé de technocrates et d’écologistes patentés.

Après avoir tenté de faire « honte » aux gilets jaunes, sans évoquer une seule seconde leurs souffrances et leurs revendications, Macron a daigné parler des « classes laborieuse » sur le ton faussement compassionnel de celui qui feint de s’apitoyer mais ne s’apitoie pas du tout.

Il n’a, à  l’évidence, rien compris et ne veut pas comprendre, ce qui n’est pas surprenant. Les membres de son gouvernement n’ont rien compris et ne veulent pas comprendre non plus, ce qui n’est pas davantage surprenant.

Ce qui se passe est un élan de révolte générique contre un niveau de taxation devenu absolument insupportable et spoliateur, contre l’arrogance d’une caste de gouvernants totalement détachée du peuple qu’elle est censée gouverner, et plus largement contre une confiscation graduelle de toutes les libertés essentielles, à  commencer par la liberté de se déplacer.

Cet élan de révolte n’a pas vraiment de cohérence intellectuelle, et c’est hélas logique : la connaissance en France a été confisquée et largement remplacée par de l’imposture (j’explique cela dans mon livre Voici revenu le temps des imposteurs). Il n’a pas toutes les données requises pour analyser l’état du pays, et c’est logique encore : l’information depuis des années est elle aussi confisquée et remplacée par de l’imposture.

Mais il est porteur d’une certitude : ceux qui gouvernent mentent et sont en train de détruire le pays.

Il résulte un mélange de désespoir et de colère qui alimente la révolte.

Si Macron et le gouvernement persistent dans la direction qui est la leur, ils obtiendront peut-être la résignation qu’ils souhaitent, mais on peut penser que désespoir et colère persisteront, et que la révolte ressurgira tôt ou tard., exacerbée par l’amertume

Macron et le gouvernement crachent depuis des mois sur la vague « populiste » qui déferle en Europe centrale, qui a touché l’Italie, qui prend une dimension planétaire avec la victoire de Jair Bolsonaro au Brésil et qui a trouvé un inspirateur de génie en la personne de Donald Trump.

Ils sont confrontés au déferlement de la vague populiste en France.

Il est à  attendre que le Rassemblement national, qui est en France, l’incarnation très imparfaite de cette vague, l’emporte aux élections européennes dans quelques mois.

Il est à  attendre aussi que les propos de Macron prétendant incarner le « progrès » contre les défenseurs de la souveraineté nationale se désagrègent, et que l’Europe que prétend incarner Macron se délite.

La France peut-elle encore être sauvée ? Je reste pessimiste. Le pays est en voie d’islamisation rapide et lacéré de zones de non droit. Des blocages socialistes le sclérosent de multiples côtés, et une large partie de la population vit d’un Etat providence en faillite.

Une nomenklatura régnante tient tous les pouvoirs dans le pays : les principaux partis politiques, les médias, la culture, la justice. Elle ne se laissera pas reprendre les pouvoirs sans se battre.

La démocratie est essentiellement réduite à  un simulacre. Il sera très difficile de lui redonner vie.

Ce qui vaut pour la France vaut pour la plupart des pays d’Europe. Et la civilisation européenne, sous les coups de ses fossoyeurs est moribonde, comme je l’explique dans mon livre Comment meurt une civilisation.

Il semble néanmoins que plusieurs peuples européens ne veulent pas mourir sans réagir.

Le sursaut que j’évoque depuis longtemps, en vain, finira-t-il par se produire ?

Macron et le gouvernement font le pari que la réponse est non.

J’aimerais faire le pari inverse.

Je reste pessimiste, oui. Je ne demanderai pas mieux de voir que je me trompe.

Patrick Henry, l’un des Pères fondateurs des Etats-Unis a déclaré en 1775, « Give me liberty or give me death« *.

*(donnez-moi la liberté ou donnez-moi la mort)

C’est l’alternative devant laquelle le peuple français se trouve placé aujourd’hui. C’est l’alternative devant laquelle tous les peuples européens, à  des degrés divers, se trouvent placés eux-mêmes.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.