La France est belle par sa Géographie et grande par son Histoire, a dit le poète.

La « Lettre à nos gouvernants » est simplement une lettre ouverte dont le constat est ce qu’a vu et décrit Jean-Pierre Fabre-Bernadac un ancien capitaine de gendarmerie, dans son livre « Les damnés de la France ».

Elle pose donc un constat concret sur le délitement de la France reconnu par une grande majorité de Français, y compris par le gouvernement en la personne de son porte-parole M. Gabriel Attal qui déclarait à Valeurs Actuelles (numéro 2709 du 27 mai 2021) : « Le constat d’un délitement de la société est très largement partagé ». Après ce constat, un véritable SOS est adressé aux gouvernants pour qu’enfin ils réagissent.

Or, cette lettre a entraîné de nombreuses réactions de trois types :
– Certaines défavorables de la part de personnalités politiques et même du gouvernement qu’elle gênait car directement concerné.
– D’autres neutres dans la mesure où elles n’ont pas vraiment réagi, en particulier les élus parlementaires se comportant trop souvent comme de simples « godillots ».
– Enfin d’autres favorables, de la part de militaires d’active mais aussi et surtout de la part du peuple qui de par l’article 6 de la constitution est souverain.

Ce soutien de la population à son armée, dont des membres en retraite donc plus assujettis au devoir de réserve, est en contradiction flagrante avec les deux premières catégories qui demeurent dans une neutralité suspecte voire une opposition coupable. En effet, l’armée en assurant la sécurité des Français est garante de leur liberté d’action en particulier celle de décider du propre destin d’un peuple souverain.

Or qu’a-t-on observé ?
– Honte au Président de la république qui ne s’est jamais exprimé oralement ou par écrit pour défendre l’institution dont il est le chef.
– Honte au Premier ministre qui a simplement tourné en dérision ce SOS en le qualifiant de chose insignifiante.
– Honte à Mme Parly ministre des armées qui au lieu de porter elle-même plainte pour diffamation à l’encontre de M. Mélenchon, qui a été débouté par le procureur de la république alors qu’il avait attaqué les signataires, n’a eu de cesse de minimiser la démarche et a même appelé à sanctionner les signataires au travers du Chef d’état-major des armées. Elle qui aurait dû entendre le message n’a même pas retenu dans son élan délétère Mme Agnès Pannier-Runacher qui a emboité le pas de M. Mélenchon et s’est au contraire acharnée contre les sonneurs de tocsin.
– Honte à tous ces ministres qui se sont également exprimés contre la lettre ouverte par des propos dont l’inconsistance le dispute à la contradiction : Mesdames et Messieurs Darmanin, Bachelot, Schiappa, Pannier-Runacher (déjà citée).​
– Honte à ces nombreux parlementaires dont on peut compter sur les doigts d’une main ceux qui ont réagi alors qu’ils étaient destinataires de ce message qui non seulement ne critiquait pas l’action du gouvernement comme cela a été dit par Mme Parly, mais au contraire en dénonçait l’inaction et l’appelait à faire quelque chose.
– Enfin honte à Mme Parly qui non seulement n’a pas entendu le message mais s’acharne à vouloir sanctionner les six généraux qui, n’étant pas défendus par elle, ont répondu aux sollicitations de quelques médias pour rétablir une vérité que les responsables du délitement de la France ne veulent pas assumer. Et devant l’obsolescence du code de la défense et l’entreprise ubuesque du montage de la véritable usine à gaz qu’eût été la mise en œuvre de la procédure de sanction des 61 généraux signataires, elle n’a arbitrairement retenu pour cette procédure que les six cités ci-dessus. Le comble si l’on peut dire, c’est que le Conseil supérieur d’armée qui les entendra, si la procédure va jusqu’au bout, va donner un avis, non pas sur la culpabilité des comparants qui ont déjà été désignés présumés coupables par Mme Parly, mais sur les sanctions qui pourraient leur être infligées par le décideur qu’est le Président de la république, lui qui a désigné les « juges ».

Honte donc à cette pseudo justice rendue au sein des armées.

Au lieu de vouloir sanctionner le messager, nos gouvernants feraient mieux d’entendre le message. En effet, le droit à l’insurrection n’est pas inscrit dans notre constitution et d’ailleurs peu souhaitent une telle occurrence mais au contraire la redoutent. Cependant, n’oublions pas notre Histoire qui, même si le président de la république souhaite la « déconstruire », nous enseigne que le peuple souverain peut en arriver à ne plus supporter la dictature voire la tyrannie du pouvoir. On ose espérer qu’il est encore temps de réagir.

En fait, on n’a pas à avoir honte de la France, mais j’ai honte pour la France.

Le 6 juillet 2021.
Général (2S) André COUSTOU