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Le 27 janvier dernier était la journée internationale de commémoration de la    Shoah. C’était aussi le 74ème  anniversaire de la chute du camp d’extermination d’Auschwitz.

Les derniers survivants de la Shoah se font rares. Les articles dans la presse française sur le sujet se font plus rares encore. Pour une raison logique. Ces dernières années, une irritation est montée dans les opinions publiques européennes au nom du fait qu’il était bien trop question de la Shoah et qu’il était temps de tourner la page. La presse française en a tenu compte et s’est adaptée, ce qui, je pense, ne lui a pas été très difficile.

 

Je ne peux m’empêcher de me souvenir que lorsque j’étais enfant, nul ne parlait de l’extermination des Juifs d’Europe dans les cours d’histoire : c’était à  l’évidence un sujet tabou qu’il fallait occulter. Le film « Nuit et brouillard »  était projeté dans les écoles et les lycées, mais il y est question de déportations, de camps de concentration et des horreurs du nazisme, mais pas de ce que les nationaux-socialistes allemands ont appelé la « solution finale ».

Je dois me rappeler que j’ai découvert ce qui s’était passé bien plus tard, alors que j’allais avoir vingt ans, grâce à  une survivante d’Auschwitz qui m’avait expliqué ce qu’était le tatouage bleu qu’elle portait sur son bras. Elle m’avait dit que dans les années 1945-50, la vérité n’intéressait personne.

Je dois me rappeler qu’on a commencé en France à  parler de l’extermination des Juifs d’Europe lorsque la série télévisée américaine « Holocauste«   a été diffusée très largement, et je dois me rappeler aussi qu’à  ce moment, nombre de gens ont réagi sur le mode hypocrite de la « surprise », et en disant « nous ne savions pas ». Que les gens de ma génération, nés après la Guerre, n’aient pas su n’était pas étonnant. Que des gens qui avaient atteint l’âge adulte en 1940 n’aient pas su était bien davantage qu’improbable.

Je dois me rappeler que le film « Shoah »  de Claude Lanzmann est venu ensuite, et qu’a été imposé en France ce qu’on a appelé un « devoir de mémoire ». Et je dois dire que l’expression « devoir de mémoire » a toujours laissé un goût amer en moi. Après l’amnésie et l’occultation, il a fallu retrouver la mémoire, mais ce fut un devoir, un exercice imposé qui ne pouvait que finir par irriter un nombre croissant de ceux à  qui il était imposé.

Je dois constater que l’époque où le « devoir de mémoire » a été imposé a été aussi celle ou la détestation de l’Etat d’Israël a commencé à  envahir l’atmosphère française, en même temps que le soutien à  la « cause palestinienne ». Et je dois dire que je n’ai pas vraiment vu là  un hasard.

Les Français avaient soudain l’obligation de se souvenir du crime abject commis en Europe contre les Juifs et ne pouvaient plus l’occulter. C’était, ont pensé des Français, la faute des Juifs. S’il n’était pas resté des Juifs susceptibles de parler du crime abject, nul n’en aurait parlé. Et il y avait même un Etat juif et un mémorial, Yad Vashem, destiné à  faire que le souvenir du crime ne s’efface pas !

Accuser l’Etat juif de tous les maux fut une compensation, et accuser les soldats juifs de se comporter comme des nazis devint un moyen, pour des Français, de se déculpabiliser : si des Juifs sont nazis désormais, a-t-on commencé à  entendre, Auschwitz n’est plus qu’une horreur à  classer parmi d’autres horreurs. On a parlé de « concurrence des mémoires » en comparant la Shoah à  de multiples crimes, dont, bien sûr, celui censé être commis par Israël contre les « Palestiniens ». Avec une perversité cynique et calculée, les propagandistes « palestiniens » et « propalestiniens » en ont rajouté en s’efforçant de comparer le sort des « Palestiniens » à  celui des Juifs sous les nazis. On parla de la  « nakhba« , censée être l’équivalent « palestinien » de la Shoah. On parla de « diaspora » palestinienne et de la Palestine comme de la terre promise des « Palestiniens ».

En France, on n’évoque plus guère la journée internationale de commémoration de la Shoah, non.

On évoque toujours l’antisémitisme, mais c’est le plus souvent pour le brandir tel un ustensile idéologique destiné à  diaboliser quiconque défend la civilisation occidentale et la souveraineté nationale, et on évoque rarement l’antisémitisme qui agresse les Juifs en France : l’antisémitisme islamo-gauchiste. C’est normal : les antisémites islamo-gauchistes sont « propalestiniens » et détestent l’Etat juif qui est l’Etat qu’il est bienséant de détester en France.

J’écoute assez peu les radios françaises. En cherchant ce qui avait pu se dire ou s’écrire en France sur le 27 janvier, je suis tombé sur une chronique de l’infâme François Clemenceau, qui a autrefois été un grand désinformateur sur les Etats-Unis. Après s’être verbalement « inquiété » de la remontée de l’antisémitisme en France (et après avoir accusé les « gilets jaunes » d’être antisémites avec des mots que n’aurait pas désavoué Benjamin Griveaux1), cet abject individu a osé dire que l’on peut ne pas être antisémite et critiquer la « colonisation » de la « Palestine » par Israël et les exactions et les crimes du « gouvernement d’extrême droite » de Netanyahou.

On peut cacher son antisémitisme sous l’antisionisme politiquement correct, n’est-ce pas Monsieur Clémenceau ?

Autres temps, autres mœurs, un autre Clémenceau, Georges celui-ci, avait écrit en 1898 ces mots : « La race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la fièvre du prophétisme, manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d’extorsion ». Le Clémenceau d’aujourd’hui pourrait-il les utiliser en remplaçant « race juive » par Israël ? A mes yeux, il pourrait.

 

 

 

Note  :

1  Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement actuel en France

 

 

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