Une personne qui nous visitait récemment semblait surprise par la pratique qui existe dans notre église de la pluralité des anciens. Elle assista à des réunions de semaine, des classes où les membres étaient enseignés par les anciens et elle put voir des hommes différents prêcher, enseigner et exercer le ministère de bergers.

Quand un traitement contre le cancer contraignit le pasteur principal, que j’étais depuis 32 ans, à un isolement de quatre mois, cette personne put observer que l’église continuait à adorer, proclamer la Parole, servir et s’activer dans les missions alors que je n’étais nulle part en vue. Elle réalisa que les anciens fonctionnaient tout à fait bien sans que je dirige les activités.

L’égalité entre les anciens semblait être bonne, lui avait-on dit, mais elle n’existe pas réellement.

Et elle n’existe certainement pas là où des anciens dysfonctionnels se caractérisent par l’absence d’unité et l’inégalité. Mais des hommes humbles servant à plusieurs – le modèle du Nouveau Testament — s’efforcent de rendre la pluralité complètement fonctionnelle. Tout ce qui est moins que cela trahit l’appel que l’Écriture adresse aux anciens à être semblables à Christ.

Le niveau fixé par Dieu

Les pasteurs s’attendent à ce que la congrégation manifeste une unité comme ceux qui montrent « une profonde affection les uns envers les autres dans l’amour fraternel ; qui se surpassent les uns les autres en s’honorant mutuellement » (Romains. 12:10). Ceci arrive quand l’église est « d’une même pensée, maintenant le même amour, unie en esprit, poursuivant un seul but . . . avec humilité de pensée, considérant l’autre comme plus important que soi-même » (Philippiens. 2:2–3).

Alors que l’unité devrait être véritable dans tout le corps, elle commence avec les anciens. Les anciens ne sont pas seigneurs sur l’église, mais les exemples du troupeau (1 Pierre. 5:3). Puisque l’ exemple implique un modèle que les autres doivent suivre, les anciens devraient être les modèles d’une vie qui caractérise une communauté pieuse. En d’autres termes, ce que les pasteurs aspirent à voir dans le corps, devrait être évident parmi les anciens.

Cependant, le péché peut se glisser parmi les anciens et les amener à batailler avec l’unité : fierté de leur position et de leurs capacités, désir de reconnaissance et de louanges, vision exagérée de leur utilité, abus d’autorité, et plus encore. Quand les anciens laissent s’exprimer ces péchés, ils utilisent des mots mordants, démontrent des attitudes de supériorité, abusent de l’autorité et montrent du dédain pour les autres. La beauté de l’égalité et de l’unité se désintègre.

Qu’en est-il du pasteur principal ?

Parmi les membres du personnel et les anciens qui ne font pas partie du personnel, le pasteur principal sert comme le premier parmi ses pairs. Il n’a pas plus d’autorité que celle qu’ont les anciens ensemble, mais il est dans la position la plus importante à cause de l’appel de Dieu et des dons du ministère. Il conduit l’adoration, instruit la congrégation, exprime les fardeaux pastoraux et représente ses collègues anciens devant tout le corps de l’église locale.

Le fait de proclamer la Parole de Dieu chaque dimanche le met dans la position du plus visible des anciens dans l’église. Il n’a pas plus d’autorité, toutefois que le moins doué des anciens. Comme tout le monde, il n’a qu’une voix pour voter les décisions. Son autorité, en tant que le premier parmi des égaux, ne doit jamais être coercitive, aboutir à la promotion de soi, autoritaire, agressive, dominatrice ou cherchant à avoir le contrôle. Son autorité découle de la Parole de Dieu.

Être le premier parmi ses pairs est un sujet capital où l’humilité est mise à l’épreuve. Est-ce qu’il cherche à s’emparer du pouvoir ? Fait-il mauvais usage de la chaire en élaborant des sermons qui défendent ses plans et ses désirs ? Dénigre-t-il ses collègues anciens dans des conversations avec les membres de l’église ? Est-ce qu’il court-circuite la sagesse, les conseils, le fait de devoir rendre des comptes et la pluralité ordonnée par Dieu, pour s’emparer du pouvoir ? Oublie-t-il qu’il est appelé à présenter un exemple d’humilité ?

La pluralité des anciens ne fonctionne tout simplement pas dans certaines églises. Mais le problème ne réside pas dans l’idée biblique de la pluralité ; le problème c’est le péché parmi ceux que Christ a chargés d’être des gabarits d’humilité pour l’église.

Quand les anciens ont du mal à s’entendre ou à travailler ensemble, le même dysfonctionnement va s’instiller dans toute l’église. Au lieu de contribuer à ce que la communauté rende beau le message de l’Évangile dans l’unité, ceci souille le témoignage de l’église face à un monde qui l’observe. Une église peut avoir une évangélisation admirable et peut bien servir, mais l’absence d’unité, l’amertume et l’animosité vont finalement émerger au travers de conversations marquées par le péché (Matthieu. 12:34).

Corriger la trajectoire

Si une église est tombée en devenant un exemple destructeur de manque d’unité et d’inégalité parmi les anciens, le premier pas est d’appeler à une repentance immédiate. Mais avant d’appeler les autres à se repentir, il est important de voir la poutre dans notre propre œil (Matthieu. 7:1–5). Aussi, posez-vous les questions suivantes :

Est-ce que je donne aux autres un exemple de ressemblance à Christ à suivre ?

Est-ce que, délibérément, j’édifie et encourage mes collègues anciens ?

Est-ce que je valorise l’apport, les opinions et les idées des autres anciens ?

Est-ce que je suis sur la défensive quand quelqu’un émet une opinion différente ?

Est-ce que je me soumets volontiers à mes collègues anciens dans les décisions ?

Est-ce que je suis quelqu’un qui argumente, qui est antagoniste ou explosif dans les conversations avec mes collègues anciens ?

Est-ce que je reconnais ma propension à l’orgueil et à la recherche de la prise du pouvoir ?

Si certaines de ces questions suscitent des réponses pénibles, confessez ces péchés particuliers et repentez-vous de ceux-ci. Humiliez-vous devant vos collègues anciens. Demandez pardon et cherchez la réconciliation avec ceux que vous avez offensés. Écoutez leurs soucis avec un cœur brisé et une volonté d’apprendre.

Il se peut que vous deviez faire des excuses publiques devant la congrégation pour avoir manqué d’amour, d’attitude de soutien et d’une vie dans l’égalité, selon l’Évangile, avec vos collègues anciens. Quand le gabarit pour l’église en matière d’humilité, d’égalité et d’unité s’effiloche, les anciens manquent à l’église qu’ils ont été appelés à paître comme bergers. Une repentance publique peut être nécessaire pour restaurer la confiance et la santé au sein du corps (1 Timothée. 5:19–21).

Ne soyez pas une parodie

À moins que les membres de l’église ne voient l’humilité, l’unité et l’égalité pratiquées parmi les anciens, il est probable qu’ils ne voudront pas pratiquer ces qualités rédemptrices les uns envers les autres. Au contraire ils vont parodier le christianisme dans leur adoration et leur service au lieu de refléter la vie de Christ (Galates. 4:19).

Hébreux 13:7 appelle les chrétiens à s’efforcer avec persévérance à imiter la foi de leurs conducteurs spirituels. La logique de Paul pour nommer plusieurs anciens par église dans ses voyages missionnaires incluait l’exemple fidèle de la manière de vivre les uns avec les autres au sein du corps de Christ (Actes 14:23Tite 1:5). C’est la raison pour laquelle la plus importante qualification pour être ancien est un caractère pieux (1 Timothée. 3:1–7Tite 1:5–9).

Dans le tourbillon difficile du ministère des anciens, ne négligeons pas la responsabilité la plus fondamentale : donner l’exemple de ce qu’est vivre, aimer, servir et prendre soin les uns des autres dans le corps.