L’ouverture des cieux
L’échelle du songe de Jacob symbolise l’ouverture des cieux pour un contact du céleste avec le terrestre. Après le péché d’Adam ce contact entre le ciel et la terre, entre l’homme et Dieu fut rompu, les cieux furent comme fermés et le lien permanent entre le naturel et le spirituel cessa.

L’accès à l’Éden, ce lieu sur terre où Dieu rencontrait l’homme, fut condamné et l’arbre de vie mis hors de portée de la race humaine. Quel drame ! L’homme ne mangeant plus du fruit de cet arbre, ne pouvait plus porter en lui la substance de vie divine qui rendait possible une relation permanente avec les cieux. Dieu étant Esprit, c’est en esprit qu’on peut le rencontrer ; or l’esprit de l’homme fut à la suite de la désobéissance d’Adam, privé de contact avec l’Esprit de Dieu.
Cependant, Dieu n’avait pas rompu tout contact avec les hommes ; mais les modalités de ce contact ont du être changées puisque la condition de l’homme avait changé à cause du nouvel état de son esprit qui avait perdu le vêtement de gloire dont il était revêtu (l’éclat visible de la sainteté Divine consécutive à la communion d’esprit) et qui lui permettait de soutenir la présence de la gloire de Dieu. La désobéissance ayant fait entrer le péché et ses ténèbres dans le monde, l’homme fut privé de ce vêtement de gloire et n’était désormais plus en mesure de supporter sans précautions la lumière de la gloire divine (Rom.3/23 : « car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu »).
Aussi, de permanent, ce contact ne pouvait plus être que ponctuel, rare, voire exceptionnel même si Dieu pouvait encore visiter les hommes. Mais Il était devenu lointain et le ciel inaccessible. C’est dans ces conditions que survint le songe de Jacob qui était la troisième génération d’une famille à laquelle Dieu avait choisi de se révéler parmi les hommes.
La porte des écluses des cieux et les portes du séjour des morts
Rappelons que le récit relatant ce songe dit que quand Jacob se réveilla, (Genèse 28/ 17) : « Il eut peur, et dit : Que ce lieu est redoutable ! C’est ici la maison de Dieu, c’est ici la porte des cieux ! ». Lorsque dans sa réponse à Nathanaël Jésus fit une référence prophétique à ce songe [Jean 1/51], il déclarait en quelque sorte qu’il était lui-même cette échelle sur qui les anges de Dieu allaient désormais monter et descendre : « Vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de Dieu ». Plus loin il dira (en Jean 10/ 9) : « Je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir ; et il trouvera des pâturages ».
Par ces deux déclarations, Jésus mettait en évidence le fait qu’il incarne en sa personne cette échelle de Jacob qui devait rétablir le lien rompu entre le ciel et la terre. L’échelle symbolise la réouverture du chemin de l’arbre de vie gardé par les Chérubins : Genèse 3/24 : « C’est ainsi qu’il chassa Adam ; et il mit à l’orient du jardin d’Éden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie ». C’est en vertu de cela que Jésus pu déclarer à ses disciples qu’il est le CHEMIN.
Jésus s’identifiait non seulement à l’échelle, mais encore à la porte de la déclaration prophétique de Jacob « c’est ici la porte des cieux ». Cette déclaration de Jésus trouve un prolongement important dans la suite de ce qu’il dit à Pierre après l’avoir interpellé dans son identité spirituelle (Matthieu 16/ 16-18-19 « … sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». Nous verrons que ces portes mentionnées par Jésus ne sont pas sans rapport avec les clés qu’il prend l’engagement de confier plus tard à ses disciples.
Deux choses néanmoins à noter dans ce passage : premièrement Jésus parle de clés au pluriel, et non au singulier ; puis il parle au futur, et non au présent : Il dit à Pierre je te donnerai les clés du royaume des cieux. L’utilisation du futur montre que c’était un événement à venir. Par ailleurs, il s’agissait ici non pas d’une seule clé mais de plusieurs clés car plusieurs portes dans le royaume des cieux étaient concernées ici par les propos du Seigneur. Et parmi elles il y en avait une qu’ouvrait la clé de la connaissance dont Jésus avait dit qu’elle avait été enlevée de la porte de telle sorte que la serrure était grippée (forcée) ; puis il était aussi question de la clé de la mort et du séjour des morts dont Jésus parlera à Jean en Apocalypse 1/ 18.
Mais nous devrons parler de portes avant d’aborder la question des clés. Jacob avait déclaré au sujet de Béthel que ce lieu était la porte du ciel parce qu’en cet endroit il avait vu les anges de Dieu monter et descendre sur une échelle dont le sommet touchait le ciel.
La porte de ce ciel est l’antithèse des portes du séjour des morts auxquelles Jésus fait référence dans ce passage de Matthieu concernant l’édification de l’église. Quand nous parlons du Ciel (car il y a plusieurs cieux), il s’agit souvent du lieu céleste du séjour de la Vie (antithèse du séjour des morts), cet endroit où Jésus a dit que celui qui passera par Lui trouvera des pâtures et aura la Vie en abondance.
Ce ciel est le lieu de la présence de l’arbre de la Vie qui donne la vie éternelle, celle qui consiste à connaître et vivre dans l’intimité du Dieu vivant, de sorte que la sève de cet arbre se déverse constamment en ceux qui lui sont attachés faisant d’eux des êtres vivifiés. Ce lieu céleste se trouve au dessus des autres cieux, tel que nous trouvons dans la Bible l’expression « au-dessus des cieux » pour le définir alors qu’il fait aussi certainement partie des cieux.
Les Psaumes 108/4 et 113/4 disent que la bonté et la gloire de Dieu sont au-dessus des cieux ; et le Psaume 148/4 parle des eaux qui se trouvent au dessus des cieux : nous verrons plus loin qu’il s’agit des eaux des écluses divines qui déverseront sur la terre la bénédiction spirituelle de ces lieux célestes élevés. Enfin, Paul dira en Éphésiens 4/10 que c’est en cet endroit, au dessus de tous les cieux, que Jésus est monté pour remplir toutes choses. C’est pourquoi la vie qu’Il donne se trouve là dans ces pâturages élevés.
Le séjour des morts prétend faire obstruction au don de Dieu tenu en réserve en cet endroit pour Ses brebis. De fait, ce séjour des morts qui est un lieu inférieur des cieux, cherche constamment à prévaloir sur la « Vie d’en haut » que Dieu est venu accorder à Ses enfants, la vie en abondance dont parle Jésus à ses disciples : il s’agit précisément de ces pâturages que trouveront ceux qui passeront en empruntant la porte que représente Jésus-Christ. Ces pâturages qui représentent tout ce que contient notre vie cachée en Christ, se trouvent ainsi dans des lieux plus élevés que ces lieux inférieurs.
Aussi, les portes du séjour des morts n’ont de cesse d’avoir pour objectif de bloquer les enfants de Dieu, les empêcher d’accéder au lieu de la présence de Dieu où Jésus a rempli toutes choses pour eux afin qu’ils profitent de la vie en abondance qu’Il leur a acquise. Pour ce faire, ces portes obscures cherchent à les maintenant dans un état de captivité et d’incapacité, à l’image de fils qui auraient en quelque sorte la condition d’esclaves dans la maison du Père; un peu comme si Lazare sorti du tombeau par la puissance de la parole du Seigneur, était néanmoins demeuré les pieds et les mains liés et la tête encore enveloppée du linceul de mort le rendant incapable d’entrer dans sa condition de ressuscité.
Voilà en gros résumée l’emprise du séjour des morts sur ceux que Dieu a pourtant affranchis. Si le séjour des morts n’avait un tel pouvoir sur les hommes que Dieu appelle à la vie, Jésus n’aurait pas évoqué dans ce passage concernant l’église, l’éventualité d’une prévalence des portes du séjour des morts. Notons que c’est dans ce contexte que Jésus évoque le pouvoir des clés qu’il confie à Pierre mais aussi à tous ses disciples puisqu’il parlera à tous les autres après cela du pouvoir de lier et délier que confèrent ces clés (Matthieu 18/18).
Les clés du royaume des cieux
Bien entendu avant la venue de Jésus même si la porte des cieux avait été fermée, Dieu avait malgré tout permis un contact avec Lui en entrouvrant la porte des cieux. En ce sens, il avait confié des clés à un peuple en consacrant à la prêtrise une des tribus des fils de Jacob ; ce fut le sacerdoce Lévitique qui permit à un peuple sur la terre d’entrer en contact avec Dieu suivant des règles très strictes. En effet, cette clé ne permettait d’accéder à Dieu que dans des conditions bien définies et temporaires, et ce à cause de la gloire de Dieu que l’homme ne pouvait plus approcher de par sa condition de péché.
Et comme le dit la lettre aux Hébreux, ce sacerdoce n’était pas parfait. Néanmoins, Dieu avait par ce biais confié certaines clés pour permettre malgré tout d’accéder à sa présence même si c’était dans des conditions laborieuses et bien déterminées. Ces clés étaient temporaires en attendant le temps de la venue de Jésus dont nous avons dit qu’Il est à la fois l’échelle, le chemin qui permet de relier la terre au ciel et la porte qui donne véritablement la possibilité d’entrer en la présence de Dieu : Il dira que nul ne peut venir au Père que par Lui.
La loi qui fut donnée par Dieu à Moïse était une clé donnée aux prêtres appelés pour cela « maîtres de la Loi » ; cette clé devait servir à permettre au peuple d’accéder à Dieu en maintenant la porte entrouverte. Il s’agissait de ce que Jésus a appelé la clé de la connaissance (Luc 11/52) : les Écritures auraient du permettre à ceux qui les sondaient de reconnaître que Jésus était la porte, cette échelle de Jacob que Dieu envoyait pour réconcilier le monde avec Lui ; mais au lieu de cela les religieux en ont fait mauvais usage de telle sorte que cette clé fut rendue inopérante pour donner accès au ciel et à la vie de Dieu ; le peuple était demeuré aveuglé et captif de l’emprise du séjour des morts : Jean 5/39-40 « Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! ».
C’est pourquoi Jésus reprendra sévèrement les maîtres de la Loi à ce propos : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. ».
Ainsi, au lieu de permettre aux hommes d’entrer dans ces lieux de la présence de Dieu, les religieux avaient plutôt utilisé la clé pour en bloquer l’accès ; ils avaient fini par poser sur la porte des verrous qui ont rendu l’accès très difficile voir impossible, de sorte que Jésus put dire : « depuis le temps de Jean-Baptiste.. le royaume de cieux est forcé, ce sont les violents qui s’en emparent » (Matthieu 11/12).
A quel moment dit-on d’une porte qu’elle est forcée ? En réalité, cela signifie que vous aurez beau y introduire la clé, cela n’y fait rien la serrure résistera, la porte ne s’ouvrira pas et il faudra certainement l’ouvrir violemment en la fracturant ; or cela s’apparente plutôt à une entrée par effraction ce qui fera dire à Jésus en Jean 10 que tous ceux qui sont venus avant lui (il déclarait dans ce passage être la porte des brebis rappelons-le), sont des voleurs et des brigands : il s’agissait ici de ces religieux que les brebis ne devaient pas écouter au risque de demeurer sourds et aveugles à l’instar de la prophétie d’Ésaïe 6/ 9 et 10.
Cette clé du royaume des cieux ayant été dérobée par les religieux, Jésus promet aux disciples de la leur donner. Ces clés recèlent un pouvoir et une autorité qui permettent de mettre en accord la terre et le ciel de sorte que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme dans dans le ciel (ce qui sera lié sur la terre le sera aussi au ciel) ; les religieux avaient sans cesse mis des obstacles empêchant cet alignement. C’est pourquoi Jésus est venu comme une échelle, le CHEMIN pour permettre aux hommes d’aller à Dieu. Et Jean le Baptiste l’a précédé pour être cette voix qui crie devant Lui, enlevant les obstacles, aplanissant les sentiers des cœurs afin que cette échelle puisse trouver un terrain préparé où se poser Matthieu 3/3. Cette clé que Jésus confie à ses disciples est la clé de David qui ouvre la porte de la cité céleste sans que personne ne puisse la fermer après cela et qui ferme les portes du séjour des morts que personne ne devrait pouvoir ouvrir après cela.
Ces clés ont toute leur utilité pour l’église, car même si Jésus est La Porte reliant la terre et le ciel, l’entrée ne se décrète pas automatiquement. En effet vous pouvez emprunter des escaliers et pourtant ne pas être en mesure de pénétrer dans une maison, si parvenu à la porte vous n’utilisez pas les clés. Le but n’est pas de connaître la porte ou d’être en sa possession (comme on dirait couramment « j’ai Christ dans ma vie »), mais de pouvoir réellement au travers d’elle pénétrer dans la maison. Beaucoup de gens professent avoir une relation avec Jésus sans comprendre que Jésus-Christ est le chemin qui mène au Père ; ainsi la destination n’est pas Christ mais le Père ; cela signifie que tant que nous ne sommes pas rétablis dans une communion d’esprit avec la personne du Père céleste, nous demeurons encore comme orphelins.
Si Jésus est le Chef qui consomme notre foi, c’est le Père qui répond à nos prières au nom du Fils. Or beaucoup d’enfants de Dieu restent sur le chemin sans aller véritablement à la rencontre du Père des lumières de qui descendent toute grâce excellente et tout don parfait (Jacques 1/17). C’est de Lui que Jésus est venu parler au monde. Et s’Il est vrai que le Père a assujetti toutes choses au Fils, Paul dit (1 Cor. 15/ 24) qu’au temps de la fin, c’est à Lui, celui qui est Dieu et Père, que Christ remettra remettra le royaume après avoir détruit toute domination toute autorité et toute puissance.
Jésus dit que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre son église, mais cette déclaration est étroitement liée à la suivante où Il parle de confier les clés du royaume des cieux à ses disciples. L’apôtre Paul démontrera plus tard qu’être assis dans les lieux célestes doit être notre position naturelle dans la vie spirituelle; cependant force est de constater que garder cette position nécessite une lutte permanente contre le séjour des morts qui voudrait nous maintenir dans les contingences terrestres de façon à garder son emprise sur les âmes.
Dans la même déclaration faite à Pierre, Jésus rajoute : « ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » : lier et délier revêt ici le même sens qu’ouvrir et fermer ou encore permettre et interdire. Une autre version dit même : « ce que tu excluras sur terre sera exclu dans les cieux et ce que tu accueilleras sur terre sera accueilli dans les cieux ». C’est parce que ces clés accordent réellement le pouvoir d’ouvrir et de fermer les différentes portes situées dans le royaume des cieux  avec comme conséquences ces différents effets (lier et délier, permettre et interdire, accueillir et exclure sur la terre comme dans les cieux).
Le parallèle entre la possession des clés du royaume des cieux et le fait de fermer et ouvrir des portes dans les cieux se trouve parfaitement illustré dans le passage de Luc 11/ 52 qui reprécise l’idée émise en Matthieu 23/13 : « Malheur à vous, docteurs de la loi ! Parce que vous avez enlevé la clef de la science ; vous n’êtes pas entrés vous-mêmes, et vous avez empêché d’entrer ceux qui le voulaient ». Dans l’un de ces passages il est dit que les religieux ont fermé aux hommes le royaume des cieux, et dans l’autre qu’ils en ont dérobé ou enlevé la clé.
La clé des écluses célestes et les clés du séjour des morts
Dieu a prévu que nous recevions la clé des écluses des cieux, celle qui permet aux eaux de la justice divine (Cf. Ps 148/4 cité plus haut) de couler sans entrave sur nous ; celle qui ouvre les tabernacles éternels recelant toutes les bénédictions spirituelles dont nous sommes bénis en Jésus-Christ (Éphésiens 1/3). C’est la clé de la connaissance donnant accès aux pâturages dont Jésus parle en Jean 10/ 9-10, ces pâturages qui nourrissent notre esprit en y faisant couler en abondance la vie de Dieu. Cette clé donne de vivre dans « l’économie du ciel ouvert » en nous plaçant au bénéfice de la providence divine par le service permanent des anges chargés d’exercer le ministère envers les élus de Dieu ; il s’agit ici de ces anges vus par Jacob (et dont Jésus a parlé à Nathanaël), qui se mettent en mouvement afin de libérer sur la terre les promesses de Dieu.
Il est bien entendu que ne peut être libéré dans le cadre de cette économie du ciel ouvert, que ce dont nous sommes bénis en Jésus-Christ dans les lieux célestes, il s’agit là de toutes les promesses de Dieu qui sont pour nous « oui » en Jésus-Christ (2Cor. 1/20) ni plus ni moins.
Mais en plus de cette clé, c’est aussi la volonté de Dieu de nous donner d’autres clés qui ont pour but de fermer les portes des séjours des morts lorsqu’elles s’ouvrent injustement contre l’église. Lorsqu’elles sont utilisées, ces clés ont pour conséquence de lier l’action de ceux qui habitent ce lieu inférieur tout en déliant de leur emprise ceux qui en sont prisonniers, de leur interdire toute prétention ou réclamation de tourments à l’encontre de âmes qui fatiguées et chargées ont cherché le repos en Jésus, et enfin (étant donné qu’à l’instar du prince de la puissance de l’air ils polluent régulièrement l’atmosphère spirituelle de la terre) les exclure de l’environnement immédiat de ceux qui appartiennent à Dieu. Jésus-Christ n’a jamais dit que les portes du séjour des morts ne chercheront pas à s’ouvrir contre l’église mais uniquement qu’elles ne prévaudront pas contre elle. Cela signifie que dans leur lutte contre l’église, ces portes seront tenues en l’échec chaque fois que l’église utilisera les clés confiées par Jésus afin d’exercer contre elles l’autorité spirituelle que confère la victoire de Christ à la Croix.
Il est important de saisir que le séjour des morts est situé non pas dans le monde matériel mais dans le monde spirituel, tout comme les esprits méchants dont parle Paul en Éphésiens 6, se trouvent aux cieux. Aussi, il n’est pas étonnant que les portes du séjour des morts puissent être actionnées par des clés dit du « royaume des cieux ». Cette partie du royaume des cieux abritant le séjour des morts est un lieu inférieur des cieux, c’est pourquoi parfois nous rencontrons pour le désigner la traduction « enfer » qui vient du Latin signifiant « lieu inférieur ». Ainsi certaines versions traduisent cette déclaration du Seigneur comme suit : «les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle », mais en réalité ce qui est désigné ici est bien le « séjour des morts ».
Comme nous l’avons vu précédemment, Jésus parle à Pierre au futur en lui disant « je te donnerai les clés du royaume des cieux », parce que ces clés devaient auparavant être arrachées des mains de ceux qui les avaient ravies afin de pouvoir être restituées aux enfants de Dieu ; et c’est ce que Jésus a fait lorsqu’il est descendu dans les régions inférieures. Il y est allé non seulement pour rendre captive la captivité, mais encore pour récupérer ces clés qui avaient été dérobées dans le but de maintenir les hommes indéfiniment dans la captivité de la mort. Le livre de la Révélation de Jean lève un peu le voile sur cet événement : selon Apocalypse 1/18 Jésus dit  « Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J’étais mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts ». C’est après être allé récupérer ces clés dans les lieux inférieurs du séjour des morts, qu’il est monté au dessus de tous les cieux pour remplir toutes choses comme le dit Paul dans le passage d’Ephésiens 4/ 10 cité précédemment.
Ce sont ces clés qui donnent aux croyants l’autorité et la victoire sur le séjour des morts. Jésus a non seulement récupéré ces clés par Sa victoire sur la mort et les liens du séjour des morts, mais de plus il a confié ces clés à qui devait les recevoir (c’est-à-dire ses disciples dont Pierre est le représentant), afin de leur permettre d’exercer eux aussi cette victoire à la face des oppresseurs. Bien que les habitants de ces lieux inférieurs aient été dépouillés de leur pouvoir de domination sur les hommes par le sacrifice de Jésus à la Croix (Colossiens 2/15), il nous reste en tant que disciples du Christ à manifester cette victoire quotidiennement dans nos vies en faisant usage de ces clés dans le combat de la foi qui est le nôtre durant notre pèlerinage sur terre.
Car malgré la victoire incontestable du Seigneur Jésus-Christ, nous serons toujours en guerre contre l’ennemi de nos âmes, sinon Paul ne parlerait pas de cette lutte en Éphésiens 6 où nous voyons que même si ces dominations et puissances sont dépouillées elles continuent de chercher à harceler non seulement les incroyants mais encore les enfants de Dieu. On ne donne pas des armes à des gens qui ne sont pas en guerre ; et notre simple positionnement en Christ est une déclaration de guerre à la face de l’ennemi. Dans une guerre, posséder les portes de ses ennemis est un signe de victoire, mais en posséder également les clés est incontestablement un signe d’autorité et de domination sur eux.
Les « puissances » spirituelles dont certaines sont des dominations et autorités sont appelées de la sorte parce qu’elles ont reçu pouvoir d’exercer autorité et domination dans certaines conditions. Et la possession de ces clés du royaume des cieux amène en faveur des enfants de Dieu un renversement dans cet ordre des choses car la clé de David est précisément une clé de domination sur les ennemis ainsi que l’illustre Esaïe 9/6 et Esaïe22/22.
Ces clés, comme dit plus haut, nous donnent le pouvoir d’interdire toutes les réclamations audacieuses provenant de ce lieu inférieur obscur du séjour des morts; elles nous donnent non seulement le pouvoir de fermer leurs portes, mais encore de mettre hors d’état de nuire les esprits de tourments qui habitent ce séjour. Jésus a dit à ses disciples qu’il leur donne le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, c’est parce qu’Il savait que nous aurions à rencontrer de tels tourmenteurs spirituels sur notre chemin. Il s’agit d’esprits méchants habitant dans la vallée de l’ombre de la mort : c’est ici une métaphore de ces lieux inférieurs du séjour des morts.
Le livre de Job évoque les portes de l’ombre de la mort (Job 38/ 17), Job parle aussi de l’ombre de la mort comme d’un pays d’obscurité profonde où règne la confusion et où la lumière est semblable aux ténèbres (Job10/21-22). Le Psaume 107/10 en parle quant à lui, comme d’un lieu de captivité qui maintient ses prisonniers dans la misère et les chaînes. C’est ce lieu qui cherche à maintenir les incroyants dans les ténèbres de l’incrédulité en leur voilant la splendeur de la gloire de Dieu révélée en Jésus-Christ. En outre, les portes de ce lieu obscur cherchent constamment à empêcher les enfants de Dieu d’accéder aux eaux paisibles et aux pâturages abondants du pays de leur repos (Jean 10 et Psaume 23) : ce Psaume ne parle t’il pas de la traversée de la vallée de l’ombre de la mort ?
Ainsi donc, Jésus n’a pas dit que nous n’aurions pas à rencontrer les serpents et les scorpions, mais qu’Il nous a donné les moyens de les mettre hors d’état de nous nuire. Non seulement nous serons en position de nous défendre par rapport à leurs velléités, mais encore nous serons en position d’engager l’offensive contre eux pour les débusquer des endroits où ils se glissent (Marc 16) : « ils saisiront les serpents ». Ce « pouvoir » de les vaincre, de marcher sur eux ou de les saisir se trouve dans l’utilisation des clés du royaume des cieux qui agissent comme des armes à la fois défensives et offensives pour fermer, lier, interdire et exclure tout ce qui dans ces lieux se place entre nous et les tabernacles éternels du pays de notre repos.
Car les portes du séjour des morts sont une véritable frustration sur le chemin lorsque nous voulons accéder aux trésors du royaume des cieux, à ces bénédictions spirituelles dont nous sommes bénis dans les lieux célestes en Jésus-Christ. Nous aurions besoin à ces moments de frustration que Dieu relâche pour nous « l’onction de Cyrus » (Ésaïe 45/2 et 3): «… pour lui ouvrir les portes, afin qu’elles ne soient plus fermées… Je romprai les portes d’airain, Et je briserai les verrous de fer. Je te donnerai des trésors cachés, Des richesses enfouies,..» ; et nous avons plus loin au verset 8 de ce chapitre du livre d’Ésaïe une illustration de ce qui se passe lorsque la terre est ramenée en accord avec les cieux grâce au pouvoir des clés : lorsqu’elles sont utilisées pour ouvrir les écluses des cieux, la bénédiction coule des nuées, la terre qui la reçoit devient un lieu fertile pour le salut et la délivrance.
Mais les portes du séjour des morts se dressent parfois comme de véritables digues qui retiennent ces eaux de parvenir jusqu’à nous. Aussi, avant de voir fructifier sur la terre le salut et la délivrance, nous devons permettre à ces eaux de franchir spirituellement ces portes des tyrans comme l’annonce prophétiquement Ésaïe dans un autre passage; nous devons affronter victorieusement ces portes, les vaincre et les fermer à clé. Alors seulement, nous expérimenterons ce qui est décrit dans la suite du Psaume 107 cité plus haut, le verset 14 dit : « Il les fit sortir des ténèbres et de l’ombre de la mort et il rompit leurs liens ».
En effet le résultat en est que l’emprise du séjour des morts est brisée sur les vies : les Lazare sortis du tombeau de l’ombre de la mort, voient tomber à terre les liens qui les maintenaient dans la captivité, le linceul de la mort qui couvrait leur visage et voilait leur esprit est enlevé de sorte que la lumière de l’évangile peut briller avec force sur eux. Ils expérimentent alors ce que dit Jésus en Matthieu 4/16 et qui avait été prophétisé auparavant par Ésaïe : « Ce peuple, assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière ; Et sur ceux qui étaient assis dans la région de l’ombre de la mort la lumière s’est levée ». Cette lumière qui se lève sur nous à ce moment-là, est celle de la glorieuse présence de Dieu qui ne nous est plus cachée. Il n’y a plus d’obstacle, les cieux sont ouverts, l’échelle de Jacob est opérationnelle pour libérer des cieux sur nous (l’église) les bénédictions dont nous sommes bénis dans les lieux célestes en Jésus-Christ.
La seconde fois où Jésus a parlé de l’autorité qu’Il donne de lier et délier sur la terre et dans les cieux, il s’adressait non plus à Pierre seulement, mais à ses disciples en général (Matthieu 18/18). Et à la suite de cela, Jésus leur dit  (au verset suivant) : « Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux ». Et ici encore une fois, comme lorsqu’il s’était adressé à Pierre, la déclaration du verset 19 se trouve étroitement liée à celle du verset 18 : Jésus parle ici de la « prière d’accord » qui lie les cieux et la terre ; celle qui fait que la volonté de Dieu, parfaite dans les lieux célestes, descend en exaucement sur la terre. Cette chose quelconque que le Père qui est dans les cieux accordera à la suite d’une telle prière n’est pas n’importe quoi qui nous passerait par la tête, mais uniquement ce qui est dans Sa volonté (tel que mentionné dans le « Notre Père ») ; ce sont ces choses qui font partie de nos bénédictions spirituelles dans les lieux célestes là où notre vie est cachée en Christ. Toutes ces choses que le bon Berger trouve bon de donner à son troupeau lorsque celui-ci cherche Son royaume et Sa justice (Matthieu 6/33 et Luc 12/32).
C’est la clé de David qui donne accès à ces verts pâturages des Tabernacles éternels ; la clé qui ouvre et personne ne ferme, qui ferme et personne n’ouvre. Lorsqu’elle est actionnée, la porte des écluses des cieux s’ouvre et ainsi l’activité angélique est décuplée : les anges de Dieu montent et descendent librement comme dans le rêve de Jacob. Ils montent avec la coupe de nos prières (celle que nous déversons sur l’autel de nos cœurs devant Dieu), puis descendent avec la coupe des bénédictions contenant les réponses de Dieu qui seront déversées sur la terre. Ce sont là les conséquences de l’ouverture des cieux décrite par Jésus : « Désormais vous verrez le ciel ouvert et les anges monter et descendre au dessus du Fils de l’Homme ».
Eliane Colard